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Iran : Frappes chirurgicales sur un pétrolier Français !
19.09.2008

Dans un entretien accordé au Figaro, Christophe de Margerie, le patron de Total s’est dit sceptique sur les chances de nouveaux investissements massifs en Iran. Ses propos clairs et limpides ont été légèrement déformés par les médias iraniens pour qu’ils aillent dans le sens des déclarations du régime.



Question du Figaro. En 1997, toute l’Europe vous avait soutenu, contre les Américains, pour vous permettre d’investir en Iran sur le champ géant de South Pars. Pourquoi venez-vous de décider votre retrait d’Iran ?
Christophe de Margerie. Nous sommes encore présents en Iran (avec le redéveloppement du gisement de pétrole de Dorood sur l’île de Kharg qui produit environ 120 000 barils par jour ; avec un projet de lubrifiants à Saveh, à une centaine de kilomètres de Téhéran) et nous souhaitons y rester.

Là encore, la réalité géologique s’impose à tous : ce sont les deuxièmes réserves mondiales prouvées de gaz et les troisièmes de pétrole. J’ai simplement dit que Total ne peut pas aujourd’hui prendre le risque d’investir massivement dans ce pays. Les opérateurs sont déjà gênés par les sanctions internationales ; et personne ne peut exclure la possibilité d’un durcissement de ces sanctions.

De surcroît, ne croyez pas que les affaires soient faciles avec les Iraniens à l’heure actuelle. Nous n’avons d’ailleurs pas de contrat prêt à signer pour le moment. Cet exemple est typique des contradictions auxquelles nous devons faire face : des États consommateurs, qui sanctionnent des pays producteurs pour des considérations de politique internationale, peut-être légitimes, mais tout en réclamant une plus grande sécurité d’approvisionnement et une baisse des prix des hydrocarbures. Il appartient aux compagnies pétrolières de trouver une voie face à ce dilemme.

© WWW.IRAN-RESIST.ORG

Dans ses propos Christophe de Margerie a évoqué deux points qui ne conviennent pas aux mollahs : l’impact des sanctions sur les investissements et les réticences des compagnies pétrolières à opérer en Iran.

Les mollahs prétendent que les sanctions n’ont pas entamé la puissance économique de leur régime et que les compagnies pétrolières se bousculent aux portillons pour signer des contrats avec l’Iran. Hier encore après l’annonce d’un Nième refus de l’Inde de signer l’accord pour le pipeline IPI, Nozari le ministre du pétrole a déclaré qu’il n’allait pas supplier ce client car il avait l’embarras du choix.

Les artistes de l’info à l’iranienne sont alors intervenus pour limiter les dégâts. La phrase « les opérateurs sont déjà gênés par les sanctions internationales » a été retirée et les artistes iraniens ont ajouté « Nous voulons rester en Iran », sorte de dérivée de « nous souhaitons y rester » que Margerie dit en début de sa réponse. Cette phrase inventée sert d’ailleurs de titre à cette dépêche qui a été reprise par l’ensemble des médias du régime (et les sites iraniens qui reprennent les dépêches iraniennes sans vérifier l’authenticité des propos reproduits) !

Ce texte déformé est aussi agrémenté d’une touche de malice par le remplacement d’un mot presque anodin par un autre dans les mêmes sonorités, mais avec un sens lourd diamétralement opposé. C’est une frappe chirurgicale : dans la version iranienne, le mot « géologique » a été remplacé par l’adjectif « géopolitique » !

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La version originale disait : Là encore, la réalité géologique s’impose à tous : ce sont les deuxièmes réserves mondiales prouvées de gaz et les troisièmes de pétrole. J’ai simplement dit que Total ne peut pas aujourd’hui prendre le risque d’investir massivement dans ce pays. Les opérateurs sont déjà gênés par les sanctions internationales ; et personne ne peut exclure la possibilité d’un durcissement de ces sanctions.

La version iranienne dit :« Nous voulons rester en Iran, car ce pays a, pour tous, une importance géopolitique et l’Iran est le deuxième pays détenteur des réserves prouvées de gaz et de pétrole ». (cliquez sur l’image et zoumez pour agrandir 2 fois)

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Pour en savoir plus :
- Tous les contrats de Total en Iran
- (8 OCTOBRE 2007)

Pour en savoir encore plus :
- Revenus pétroliers : l’Iran veut rassurer ses créanciers !
- (9 SEPTEMBRE 2008)

| Mots Clefs | Enjeux : TOTAL |

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