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Iran : La banque des pauvres
11.09.2008

Il y a une semaine, nous avons publié notre premier ensemble de « brèves économiques » où l’on évoquait une annonce de la Banque Centrale Iranienne sur la maîtrise du taux de l’inflation à 18,1%. Dès le lendemain, la BCI évoquait un taux à 22,3% et le surlendemain, elle évoquait un troisième taux encore plus élevé (27,6%) ! Nous y reviendrons dans notre prochaine édition des « brèves ». En attendant, voici un aspect plus terre-à-terre du phénomène de l’inflation : le prêt islamique sans intérêt.



Dès le début de la révolution, le régime a mis en place le projet démagogique des Caisses de prêts sans intérêt. Officiellement, elles étaient alimentées par de généreux donateurs anonymes ou des dépôts de leurs futurs bénéficiaires réunis dans un élan de solidarité islamique. Ces caisses devaient accorder sur dossier ou par tirages façon loto de petits prêts (400 à 500 dollars) à un taux de 0% et remboursables en 10 ou 20 mois. Il s’agissait en fait de distribuer des subventions étatiques ponctuelles pour compenser le manque de pouvoir d’achat des jeunes ménages.

Ce projet démagogique et irréaliste a échoué et les Caisses de prêts sans intérêt ont disparu. Actuellement, alors que le pouvoir d’achat est en chute libre, le régime tente de relancer ce projet de subventions ponctuelles via la banque islamique de prêts sans intérêt.

Pour faire de la publicité pour cette banque complice de sa politique de distribution d’argent, la BCI a annoncé qu’elle accordait enfin son approbation aux activités de la banque de prêts sans intérêt alors que cette banque existe depuis un an et possède 250 succursales indépendantes, un site de prêts online et 1700 guichets dans les autres banques !

Pressés de faire fonctionner à fond cette nouvelle source de liquidités, la BCI et surtout G. Mostafapour, le directeur de cette banque soi-disant hors la loi, ont oublié d’évoquer l’avis de la BCI sur les 7900 prêts déjà accordés. Ils ont seulement évoqué les réserves de la banque (53 millions de dollars), le nombre des bénéficiaires (7900) et le montant global des prêts (14 millions de dollars) pour mettre l’eau à la bouche des postulants.

La moyenne des prêts accordés depuis un an s’élève à 1772 dollars par personne, somme suffisante pour acheter une auto d’occasion et se lancer dans l’aventure du taxi au noir en espérant franchir le seuil de la pauvreté. L’exemple du taxi a même été évoqué dans les déclarations de Mostafapour, bien que cette activité soit illégale !

C’est le point le plus inquiétant de ce nouveau projet dépanneur mais inflationniste du régime. Les mollahs ont conscience des besoins des Iraniens ! C’est sur la base de cette connaissance que cette banque des pauvres a fixé le plafond de ses prêts à 2000 dollars pour les particuliers, mais elle précise qu’elle accordera de 5000 à 10,000 $ aux PME.

Cette information publicitaire atteste du fait que les commerçants iraniens sont également descendus sous le seuil de pauvreté. Le régime sait qu’ils ont de plus en plus recours à des chèques sans provision pour retarder le règlement de leurs factures : il leur montre le moyen de retarder leur faillite. [1].

Les Iraniens (et le régime) vivent au jour le jour.

© WWW.IRAN-RESIST.ORG

| Mots Clefs | Instituions : Politique Economique des mollahs |

| Mots Clefs | Fléaux : Pauvreté (et Disparité) |

| Mots Clefs | Instituions : Economies Parallèles |

[1Le nombre des chèques sans provision a augmenté de 35% en un an. Au total presque 4 millions de chèques pour une valeur de 14,8 milliards de dollars ont été émis en 2007.