La déclaration diffamatoire de Zawahiri intervient à un moment où Téhéran et Washington travaillent avec énergie pour trouver un terrain d’entente avant novembre 2008. Une telle entente sonnera le glas de la lutte armée des Talibans et d’Al Qeada en Afghanistan, lutte qui dépend presque entièrement des fournitures d’armes russes et chinoises livrées via le territoire iranien.

Zawahiri ne s’est pas aperçu du manque de fatwa des mollahs car par le passé il était en bons termes avec les mollahs : les fils Ben Laden ont vécu en Iran, et Al Qaeda a disposé (dispose encore) de bases d’entraînement dans l’est du pays. Téhéran a aussi soutenu Al Qaeda en Irak, Al Qaeda au Yémen, Al Qaeda au Sahel… Zawahiri a retrouvé la mémoire au moment où tout ceci est sur le point d’appartenir au passé.

Alors pour se venger, il s’en prend à la réputation d’islamiste des mollahs : l’accusation remet en cause leur légitimité dans le monde musulman, et crée un malaise chez ses alliés, le Hamas et le Hezbollah, qui seront éclaboussés et aussi accusés de manque de solidarité avec l’Afghanistan, « le plus grand front de guerre contre l’Islam » !

L’opération est censée déstabiliser les alliés islamistes de Téhéran et faire paniquer les mollahs qui sans ces alliances ne seront plus rien.

La diffusion du document diffamatoire sur Al-Jazira montre que les alliés arabes des Etats-Unis ne sont guère enchantés par les perspectives de cette entente qui risque de se traduire par une reconnaissance de l’intégrisme révolutionnaire hostile aux monarchies régnantes. Pour faire échouer cette entente dangereuse, ils ont choisi de s’associer avec le diable « Al Qaeda ».

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