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Iran : Le CEPP, un contrat pour séduire la Chine et la Russie
26.08.2008

Le mollah Ghanimi-Fard, directeur des investissements de la Compagnie nationale du pétrole iranien (NIOC), a laissé entendre que l’Iran pourrait accorder des contrats de partage de production pour exploiter son pétrole dans la mer Caspienne (à condition que le Parlement l’accepte)... Qu’est-ce qu’un contrat de partage de production ? A qui s’adresse ce message et quel est sa signification ?



Le nom complet de ce dont parlent les mollahs est Contrat d’Exploration et de Partage de Production ou CEPP : une compagnie pétrolière est chargée de faire des explorations, en cas de découverte, ils partagent la production en guise de rétributions des prestations réalisées par la société contractante. Il n’y a rien dans le CEPP qui oblige les deux partenaires à consentir à un partage 50/50.

En termes de rendement, le CEPP pourrait même être plus profitable aux compagnies prestataires que les contrats buy-back grâce auxquels les mollahs vendent le pétrole iranien à un prix fixe et très bas. Contrairement au buy-back qui est à durée déterminée, le CEPP est à durée indéterminée et en plus, la compagnie prestataire n’est plus tenue de payer d’avance les mollahs pour acheter un droit d’exploitation, et peut différer le premier paiement à l’obtention des premiers profits.

Logiquement, on pourrait en conclure que le CEPP serait un appel du pied en direction des compagnies pétrolières occidentales qui sont les plus solides partenaires du régime et ses meilleurs lobbies pour s’opposer à de nouvelles sanctions. Or, Téhéran n’a pas parlé de recours au CEPP pour ses gisements du golfe Persique, mais pour le pétrole de la Mer Caspienne, domaine où ce sont les compagnies pétrolières russes et chinoises qui mènent la danse.

Cet appel du pied s’adresse donc à la Chine et à la Russie, les deux principaux fondateurs de l’Organisation de Coopération de Shanghai (OCS), qui par le plus grand des hasards sont hostiles à une adhésion iranienne à cette OTAN et marché commun sino-russe. Ces deux Etats soupçonnent Téhéran de vouloir utiliser le parapluie de protection militaro-économique de l’OCS pour échapper aux sanctions américaines et utiliser cette liberté d’action retrouvée pour être plus à l’aise pour négocier une entente plus avantageuse avec Washington.

En agitant sous leurs yeux le très profitable CEPP, Téhéran espère avoir des atouts pendant le prochain sommet de l’OCS qui doit se tenir à Douchanbé, la capitale du Tadjikistan, les 27 et 28 août en présence des chefs d’Etats des pays membres et des pays postulants comme l’Iran et l’Inde. Ahmadinejad y rencontrera d’ailleurs Medvedev.

Il convient de signaler que le directeur des investissements de NIOC a d’ailleurs précisé que son pays avait déjà entamé des négociations sur le CEPP avec la compagnie pétrolière indienne ONGC. Or, l’Inde ne fait pas partie de l’OCS, c’est là une autre ruse des mollahs, une manière d’exciter l’appétit des Chinois et des Russes, les patrons récalcitrants de l’OCS.

Si le projet échoue, Téhéran oubliera le CEPP Caspien en évoquant un refus du Parlement, entité sans véritable pouvoir, mais utilisée à des fins politiciennes dans les affaires diplomatiques comme la crise nucléaire iranienne.

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L’OCS obsède les mollahs :
-  L’Iran cherche à trouver des alliés au sein de l’OCS
- (26 MARS 2008)

Le rôle des contrats pétroliers dans l’histoire iranienne :
- Iran - 11 février : La révolution de Khomeiny, l’héritage de Mossadegh
- (11 FÉVRIER 2007)

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