En affirmant que les mollahs étaient depuis 5 ans ouverts au dialogue constructif dans une ambiance apaisée, l’article remettait en cause l’approche de l’administration Bush qui alterne des sanctions lourdes et des propositions d’entente, propositions qui permettraient aux américains de prendre le contrôle du régime en plaçant leurs pions à des postes clefs. L’article n’évoquait en aucun cas ces rencontres discrètes entre les officiels des deux pays, rencontres dont on parle parfois dans les médias, mais il insistait sur une volonté de dialogue du côté iranien.

Cette volonté iranienne de dialogue a été mise en valeur par l’initiative d’un certain Thomas Pickering, ex-diplomate et ex-vice président de Boeing très actif au sein d’American Iranian Council, le principal lobby des mollahs aux Etats-Unis. Pickering a même siégé au conseil d’administration de cet organisme. La volonté iranienne de dialogue a également été mise en valeur car ce Pickering affirmait qu’il avait négocié avec des universitaires iraniens. Il s’agissait de donner une plus value intello à cette opération médiatique. Au passage, nous rappelons que nous avions déjà signalé l’existence des lobbies iraniens d’universitaires pro-mollahs aux Etats-Unis (ou encore en France).

Cette opération finement conçue devait mettre l’administration Bush médiatiquement dans l’embarras afin qu’elle renonce à cette politique à deux couches qui est sur le point de réussir. La proposition d’entente conçue par l’administration Bush bouleverserait le paysage politique iranien et priverait de nombreux pays des réseaux de relations qu’ils ont tissés avec les mollahs.

En tête de ces pays se trouve la Grande-Bretagne qui a une présence quasi-coloniale en Iran depuis 170 ans et il y a encore 50 ans, elle possédait l’ensemble des ressources pétrolières iraniennes. Londres, avec l’aide d’un ex-diplomate proche des mollahs, a cherché à mettre l’administration Bush médiatiquement dans l’embarras tout en affirmant que les mollahs étaient fréquentables. Si l’on comprend l’embarras de Washington et son démenti, le silence de Téhéran mérite des explications.

Il y a d’abord de la satisfaction dans ce silence : l’on a reconnu leur ouverture au dialogue, leur implication dans le dialogue, la nécessité de négociations directes avec Washington, et surtout l’absolue nécessité de donner un gage à l’Iran pour dénouer la crise, notamment en l’autorisant à enrichir de l’uranium sur son sol, comme il le demande, au sein d’un consortium international.

Mais pour en arriver à ce point et justifier cette autorisation assimilable à une reconnaissance des mollahs comme puissance nucléaire, il fallait trouver un compromis. En se basant sur un rapport rédigé Pickering et l’avis d’un expert nucléaire britannique, The Independant a affirmé que les mollahs maîtrisaient à peine l’utilisation de leur 3000 centrifugeuses, ce qui les rend inoffensifs. Compromis : Puisqu’ils sont inoffensifs, laissons-les faire, autorisons les à enrichir de l’uranium en Iran.

Silence agacé de Téhéran qui a fondé sa stratégie sur une revendication ostentatoire de sa maîtrise du savoir faire nucléaire. Silence d’autant plus agacé que Téhéran ne peut pas attaquer un article et un ami qui plaident en faveur d’une négociation en direct et défendent sa proposition de créer un consortium international d’enrichissement de l’uranium en Iran.

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