La première réaction de Moscou est venue de son représentant à l’ONU qui a plaidé contre toute négociation séparée et en faveur d’une négociation en présence de tous les membres du Conseil de Sécurité plus l’Allemagne. Une opération fine qui avait pour objectif d’inciter les alliés européens de l’Amérique à se désolidariser du processus de sanctions voulu et appliqué unilatéralement par Washington.

Par la suite, le flambeau a été repris par le Tsar Vladimir qui a appelé Bush à alléger ses pressions sur l’Iran et finalement le ministre russe des affaires étrangères a proposé d’offrir de nouvelles incitations économiques et même des « garanties de sécurité » aux mollahs.

 En bref, en peu de temps, les russes ont non seulement cherché à contrer une entente séparée, mais aussi ils se sont proposés comme le chef de fil du front anti-sanctions au sein même du groupe des 5+1.

En réponse à ces efforts non négligeables de Moscou, Washington s’est empressé de prendre le dessus en envoyant balader les russes sur un ton désormais familier de mépris. Rice a pris la parole non pas pour répondre à son homologue Lavrov (qu’elle déteste), mais pour saluer les livraisons de combustible russe à la centrale iranienne de Bouchehr, afin de confiner Moscou dans un rôle secondaire, celui d’un commis utile de Washington.

En revanche, pour rejeter les propositions subversives de Lavrov, Washington a fait intervenir Gregory Schulte, l’ambassadeur américain à l’AIEA. Schulte a précisé que les Etats-Unis ne proposeront pas de nouvelles offres supplémentaires quand les représentants les 5+1 se réuniront le 16 avril à Shanghai. Mais ce porte-parole de Washington a précisé que des discussions sur ces propositions ne seraient pas à exclure : une manière de casser l’initiative russe de présider le front anti-sanctions au sein du groupe des 5+1 . Parallèlement, Bush a encore tendu la main à Téhéran pour exaspérer les russes !

Moscou n’a pas encore dit son dernier mot pour ruiner les espoirs de Washington. Il est revenu aux valeurs sûres. Le Douma, la chambre basse du Parlement russe, a appelé Ban Ki-moon à un renforcement du rôle de l’ONU dans les affaires internationales. C’est le seul espoir de Moscou : inventer un « front onusien autonome » contre les « initiatives unilatérales des Etats-Unis » !

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