En novembre 2007, les américains ont annoncé que selon leurs estimations les mollahs avaient interrompu en 2003 les activités liées au développement d’une arme nucléaire. Nous avions attribué ce rapport à une volonté délibérée des américains de modifier le timing du dossier, pour disposer de plus de délais pour affaiblir les mollahs avec « leurs sanctions » afin de leur imposer un deal géopolitique aux enjeux régionaux.

Ce deal géopolitique a pour objet le Moyen-Orient, l’Asie Centrale et le pétrole. En effet, si l’Amérique veut rester maître de cette région, elle doit soumettre les mollahs et les intégrer à son jeu. Elle disposerait alors d’un couloir d’accès vers le gaz de l’Asie Centrale qui cesserait d’être une source fiable d’approvisionnement pour la Chine. De plus, du moment où l’Iran serait l’allié des Etats-Unis, il cesserait de vendre du pétrole ou du gaz aux chinois qui seront doublement lésés par l’alliance Téhéran-Washington. Donc en aucun cas, l’Amérique ne peut ni ne doit détruire les mollahs : elle doit uniquement leur imposer son deal à l’issue d’une négociation directe et officielle.

Pour imposer ce deal très précis, les américains ont choisi de sanctionner les mollahs sur la base de soupçons sur leurs activités revendiquées dans le domaine nucléaire et balistique. C’est un bras de fer de substitution. En novembre 2007, Washington a publié un rapport qui redéfinissait l’urgence du dossier car il n’avait pas réussi à imposer son deal. Washington voulait se donner plus de délais espérant y parvenir d’ici 2015.

En face, les mollahs ne cèdent pas car ce deal ne leur accorde aucun rôle régional. Ceci veut dire qu’ils doivent renoncer à leurs milices armées comme le Hamas ou le Hezbollah. Sans ces assurances vie, les mollahs seront des alliés amovibles. Pour éviter cela, ils mènent une guerre non déclarée contre les américains en Irak. Désireux de conclure une entente avec Téhéran, les américains ont accepté cet autre bras de fer de substitution et ont profité de l’occasion indésirée pour proposer la tenue de négociations directes avec Téhéran.

Chaque fois que Téhéran durcit sa position en Irak et repousse une offre de négociations des américains, ces derniers donnent un tour de vis à leur estimation du danger nucléaire iranien qui se traduira par un renforcement de leurs sanctions.

Ce fut le cas le 7 février 2008 . Dans son témoignage devant le Sénat, le chef du renseignement national, John McConnell (qui est le supérieur de Hayden) laissa entendre que « l’Iran avait peut-être recommencé à développer l’arme nucléaire ces 6 derniers mois, après une interruption de 4 ans… » Le lendemain, les américains et les mollahs sont parvenus à un accord pour la tenue de nouvelles négociations en direct et tout le monde a oublié cette déclaration de John McConnell. Ces jours-ci nous sommes en présence d’une forte résistance des guérillas pro-mollahs en Irak et l’on reparle de cette fameuse reprise du développement d’un programme nucléaire militaire.

Nous avions prévu une telle réaction des américains. Cette déclaration télévisuelle sous forme de confidence est un avertissement d’un niveau moindre que la déclaration officielle de McConnell devant le Sénat, il s’agit donc d’un mini avertissement, prélude à une intervention plus officielle.

Il s’agit sans aller trop loin de faire comprendre aux mollahs que Washington peut revoir son jugement et intensifier ses sanctions dans les limites inimaginables et qu’ils feraient mieux de cesser leurs guérillas en Irak et d’accepter une reprise des négociations en direct pour conclure un deal.

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