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Iran : Le projet ABM et le rapport de réévaluation du danger nucléaire
10.12.2007

C’est au cours de l’été 2007 que les américains ont intensifié leurs efforts pour le déploiement du bouclier anti-missile ABM au prétexte d’une menace balistique nucléaire iranienne. Les russes insistaient sur l’absence d’une telle menace et voyaient dans ce bouclier un projet hostile à leur pays. Le rapport américain de réévaluation du danger nucléaire iranien aurait normalement dû désactiver ce projet. Il n’en est rien : Tony Fratto, un porte-parole de la Maison-Blanche, a déclaré que les États-Unis avaient l’intention de poursuivre leur projet antimissile ABM !



D’un point de vue purement pragmatique, il n’y a effectivement aucun rapport entre les deux affaires puisque le rapport a été conçu pour aider les Etats-Unis à prolonger les délais avec l’Iran afin de prolonger la durée des sanctions unilatérales américaines contre ce pays. L’objectif des américains est de pousser les mollahs à l’agonie économique afin qu’ils cèdent à leurs exigences et acceptent une entente provisoire qui déboucherait à terme sur une évolution du régime vers un Etat islamico-fédéraliste du modèle irakien.

Le rapport n’a pas été pensé dans ses moindres détails et il a des effets indésirables. Cette légèreté de conception laisse entrevoir que contrairement aux efforts de la Maison-Blanche pour le dater du mois d’août le rapport a été écrit dans l’urgence pour saboter une nouvelle résolution.

Décodages | En l’absence de cette résolution onusienne que les Etats-Unis continuent de demander, ce pays reste aux commandes de ses propres sanctions unilatérales contre la soi-disant menace iranienne. Les Etats-Unis ont toujours justifié ces sanctions unilatérales comme un palliatif, en attendant un front uni international contre le nucléaire iranien. Ce front uni et efficace était impossible car la Chine s’y opposait plus ou moins mollement. La publication du rapport américain (sur la réévaluation de la menace) date très exactement de l’acceptation par la Chine de ne pas s’opposer à une nouvelle résolution. Le rapport a été conçu dans l’urgence, d’où ses zones de flou quant à ses sources, ses méthodes de travail… d’où également ses effets indésirables.

Effets indésirables | Le rapport a donné raison aux mollahs, à la Russie, à la Chine et l’AIEA qui ne cessaient de hurler que le programme iranien n’avait pas de volet militaire. Le rapport a renforcé la Chine et la Russie dans leurs rôles d’alliés et l’AIEA dans le rôle du seul interlocuteur fiable. Logiquement, il a également remis en cause le déploiement de l’ABM !

Si les Etats-Unis ne renoncent pas à ce projet, c’est bien parce que d’un côté le rapport sur l’Iran n’est qu’un outil pour faire durer le calvaire économique de l’Iran, mais aussi parce que le bouclier ABM est effectivement conçu indépendamment de la soi-disant menace balistique iranienne et uniquement pour sonder le territoire russe. Puisqu’il ne peut en être autrement, Washington se perd dans des explications invraisemblables et floues pour expliquer le maintien de ce projet désormais illogique.

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