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Iran - sanctions : Le bras de fer entre les Etats-Unis et la Chine
17.11.2007

Le rapport d’El Baradei qui traitait non pas de l’état des activités nucléaires iraniennes, mais de la qualité de la coopération entre les mollahs et l’AIEA a suscité des réactions très différentes. Téhéran a accueilli avec bonne humeur ce rapport qui lui a décerné des bons points, les mollahs ont même rebondi en réaffirmant qu’ils souhaitaient continuer cette bonne coopération qui semble satisfaire l’AIEA. Tour d’horizon des autres réactions.



Les Etats-Unis ne sont pas dupes et voient bien que Téhéran veut placer le débat sur sa coopération pour éclaircir les zones d’ombres du passé afin de détourner les regards de ses activités nucléaires présentes. George Bush a donc vu dans ce rapport la preuve d’une volonté de dissimulation de la part de Téhéran et il a souhaité que la pression internationale puisse s’accentuer si Téhéran refusait de geler ses activités nucléaires sensibles.

Le Premier ministre japonais Yasuo Fukuda en visite à Washington a été associé à ce souhait. Cependant, d’autres Etats dont la Chine refusent de s’aligner sur la position américaine et pour l’heure il n’y a même pas eu de consensus entre les 5 membres permanents du Conseil de Sécurité plus l’Allemagne sur la date de la première réunion préparative de discussions pour de nouvelles sanctions entre les directeurs politiques des ministères des Affaires étrangères des six puissances !

Ce retard est dû à l’opposition de la Chine à de nouvelles sanctions. Pour amadouer Pékin, un grand allié des Etats-Unis, l’Arabie Saoudite a promis de remplacer les barils iraniens destinés à la Chine en cas où l’Iran frappé par de nouvelles sanctions (peut-être énergétiques) serait incapable d’honorer ses livraisons pétrolières en destination de la Chine. Il faut également rappeler que le Qatar a fait une promesse identique au Japon. C’est ce qui explique pourquoi le 1er ministre japonais a accepté aussi facilement d’être associé au souhait de Bush d’accentuer les pressions internationales sur l’Iran.

Pour ce qui est de la Chine, il s’agit d’un premier geste décisif dans la direction d’une nouvelle résolution mais les Etats-Unis devront sans doute faire d’autres concessions envers les chinois. Ironie du sort, c’est un rapprochement des saoudiens et des chinois qui avait affolé Washington et l’avait renforcé dans l’idée qu’il fallait isoler l’Arabie Saoudite en s’alliant l’Iran et l’Irak remodelés par ses soins. À présent, par la force des choses, Washington est contraint de demander aux saoudiens de devenir le premier partenaire énergétique de la Chine !

Comme toujours pétrole et politique restent très liés et sans doute les Etats-Unis devront faire d’autres concessions dans ce domaine à d’autres partenaires énergétiques de l’Iran comme les français (Total) ou les italiens (ENI) : au final le souhait de Bush d’appliquer des sanctions internationales contre l’Iran est loin d’être évident. Les Etats-Unis devront également prendre en compte les russes qui sont avec les chinois les deux alliés stratégiques des mollahs.

Bien plus que les réticences des français ou des italiens d’abandonner l’Eldorado énergétique iranien, ce sont les concessions accordées aux chinois et aux russes qui pourront faire évoluer la situation. Cependant, ces deux super-puissances prendront garde à ne pas laisser choir les mollahs car ce pays est la clef d’accès aux richesses pétrolières de l’Asie Centrale, et les mollahs qui le gouvernent sont des alliés indispensables pour affaiblir la domination américaine en Asie Centrale, dans le Golfe Persique et au Moyen-Orient.

En attendant que les américains et les sino-russes arrivent à un deal, d’autres Etats qui ont des intérêts en Iran restent dans l’attentisme et ont adopté une position neutre. Celle de Paris est un parfait exemple de cette prudence à juste titre mesurée. Pascale Andréani, la porte-parole du ministère des Affaires étrangères a déclaré : « Le rapport de l’AIEA montre que l’Iran, sous la pression de la communauté internationale, a apporté de nouveaux éléments de réponse aux questions de l’AIEA mais que ces réponses demeurent partielles. Des incertitudes importantes demeurent, voire augmentent, en ce qui concerne l’existence de centrifugeuses de nouvelle génération, inconnues jusqu’ici et auxquelles l’AIEA n’a pas eu accès ». La France demande à Téhéran de répondre de « manière claire, complète et exacte » aux questions sur ses activités nucléaires passées et présentes, « de façon active, et non seulement réactive ». La France demande aussi aux « iraniens » de suspendre leurs activités nucléaires sensibles, afin de rassurer enfin la communauté internationale et créer « un contexte positif qui permettrait l’ouverture des négociations » qu’elle appelle de ses vœux.

C’est un sans faute sobre et bien fait qui peut satisfaire les américains par la demande de clarifier les « activités présentes », mais la déclaration n’évoque ou ne contredit une accentuation des pressions internationales telles que souhaitées par George Bush. Peut-être les français souhaitent-ils aussi s’assurer que les Etats-Unis ne se sont pas contentés de satisfaire les japonais ou les chinois en oubliant au passage leurs amis européens.

La balle est donc plus que jamais dans le camp américain qui doit trouver des compromis avec ses amis français, allemands ou italiens, mais surtout avec ses adversaires russes et chinois. Or, un tel compromis est par essence contraire aux intérêts supérieurs de ces deux Etats et par conséquent, les Etats-Unis seront amenés à combiner concessions et pressions et même des menaces de représailles contre la Chine, la Russie et leurs alliés pour débloquer la situation dans leur sens.

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Tous les enjeux géopolitiques de la « crise iranienne » :
- Iran : Etat des lieux de la crise nucléaire iranienne
- (17 septembre 2007)

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Pétrole et politique :
- Iran - 11 février : La révolution de Khomeiny, l’héritage de Mossadegh
- (11 février 2007)

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