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Iran – El Baradei : Encore des délais supplémentaires !
23.10.2007

Dans un entretien accordé au Monde, Mohamed El Baradei a confié à Natalie Nougayrède son intention de donner encore plus de temps aux mollahs car il n’y a, selon lui, pas de menace nucléaire iranienne urgente.



A la question de savoir où en est la coopération que les mollahs avaient promise à El Baradei, ce dernier a répondu par des ellipses qui n’apprennent rien sur cette coopération. Il signale notamment que cette coopération sur la base d’un accord signé le 21 août (entre El Baradei et Larijani) stipule que l’Iran clarifie les questions nucléaires restées en suspens en permettant à l’AIEA d’avoir accès à des personnes, à des documents et à des installations.

C’est finalement deux mois après la signature de cet accord, qu’El Baradei évoque pour la première fois que la tâche nécessitera plus de temps que prévu. Mais cet imprévu n’est pas dû à l’étendue de la tâche, mais au refus persistant des mollahs d’autoriser l’accès à des installations et à leurs décisions délibérées d’espacer les réunions : à l’heure d’aujourd’hui, l’AIEA n’a eu accès qu’à une seule usine et la visite a eu lieu juste avant les réunions pour l’adoption d’une nouvelle résolution. En autorisant l’inspection du site de production du plutonium, les mollahs voulaient impressionner leurs interlocuteurs du Conseil de Sécurité et les rassurer sur la qualité de l’accord conclu le 21 août.

Dès qu’ils ont eu gain de cause, c’est-à-dire un report de la prochaine résolution et un délai supplémentaire, la coopération est entrée dans une nouvelle phase. Après la décision d’accorder 1 mois et demi de délai à cette coopération, l’accès aux installations a été oublié et la coopération s’est réduite à des explications invérifiables fournies par Téhéran.

Peu auparavant, les mollahs avaient annoncé la couleur : ce seront des inspections sans inspections ou rien. Ils avaient annoncé que toute protestation serait perçue comme une volonté de faire échouer la soi-disant coopération.

Dernière surprise de cette phase 2 de la coopération : le signataire iranien de l’accord, Larijani a été remplacé par un novice pour perturber la prochaine étape, la troisième, qui rappelons-le devait initialement avoir lieu la semaine dernière, mais elle a été renvoyée à une date ultérieure.

Non seulement, El Baradei n’évoque pas ces péripéties fâcheuses, mais il reste très discret au sujet des maigres résultats de cette soi-disant coopération dont il ne contrôle ni la vitesse ni la direction. En lisant sa réponse on pourrait croire qu’il travaille à plein temps sur ce projet et c’est pourquoi il se voit contraint de demander encore un mois pour la remise de son rapport. Alors qu’il nage dans le flou le plus total, il assure ses arrières et rassure l’opinion publique.

On peut également signaler l’absence de réactivité de Natalie Nougayrède, la journaliste vedette du Monde, qui évite de poser les questions qui pourraient coincer ce pauvre docteur El Baradei. Elle évite également de revenir sur les propos très pro-mollahs de ce dernier à la veille des rencontres onusiennes qui auraient pu déboucher sur une nouvelle résolution.

S’agit-il de réhabiliter El Baradei ou encore d’une volonté dissimulée de modérer le débat, notamment en rappelant les retards des mollahs dans le domaine nucléaire ?

Si tel était l’objectif de l’entretien, il a fait mouche, puisque l’article n’est pas accompagné d’une note pour préciser que les délais accordés aux mollahs sont utilisés par ces derniers pour conforter leur influence régionale : en Irak comme au Liban, où le Hezbollah contrôle la situation et bloque la vie politique.

Cette approche laisse présager une nouvelle période de modération avec Téhéran et cette modération est voulue aussi bien par les Européens qui ont de nombreux intérêts en Iran que par les Etats-Unis qui ne souhaitent pas la disparition brutale du régime des mollahs, mais une transition interne qui leur permettrait de garder une république chiite en Iran.

L’objectif des américains est régional : contrôler les leviers de désordre dans la région pour contrôler l’accès des chinois aux ressources de cette région. Il leur faut donc éviter un effondrement du régime qui se traduirait par un effondrement des Pasdaran. Cette modération est également obligatoire pour les américains car l’économie iranienne est totalement dans le rouge et ne peut supporter la moindre sanction supplémentaire.

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Pour en savoir + sur le sujet :
- Iran : Sanctions retardées, les Etats-Unis tablent sur une guerre d’usure
- (29 septembre 2007)

| Mots Clefs | Nucléaire 2 : AIEA : El Baradei |

| Mots Clefs | Nucléaire 2 : AIEA : inspections, actions et rapports |

| Mots Clefs | Enjeux : Sanctions (du Conseil de Sécurité) |