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L’Iran peut-il supporter de nouvelles sanctions économiques ?
12.10.2007

Un article écrit par Dr. Manoutcher Razmara, ancien ministre de la Santé dans le dernier gouvernement laïque iranien avant la révolution islamiste en Iran.



À la veille de la révolution, l’Iran n’avait aucune dette extérieure, et même il avait prêté et investi de grosses sommes dans d’autres pays ; par exemple 2 milliards de dollars accordés à la France au compte d’Eurodif .

Le trésor iranien à cette époque avait une réserve de devises de 12,8 milliards de dollars. Actuellement la dette extérieure de l’Iran dépasse 20 milliards de dollars.

La monnaie iranienne est en réalité une monnaie de singe : au temps du Shah, la valeur du dollar flottait entre 73 et 100 rials, actuellement il vaut 12000 rials et l’euro entre 14000 et 15000 rials.

L’Iran compte actuellement 72 millions d’habitants auxquels il faut ajouter 2 millions d’Afghans et autres.

Le taux d’inflation annoncé par le régime est de 14%, mais d’après les instances économiques mondiales il est entre 24 et 25 %.

La population active est évaluée à 23,68 millions de personnes. 40 % de la population vit sous le seuil de pauvreté et 25 % de la population survit grâce au système D.

Le régime iranien perdure en réalité avec l’exportation et la manne pétrolières de l’ordre de 160 à 200 millions de dollars par jour.

La production totale de pétrole est de 3,962 millions de barils par jour. La consommation interne est de 1,4 millions de barils par jour et l’exportation est de 2,500 millions de barils par jour.

En tenant compte de cette situation économique grave, on s’aperçoit que l’Iran pourra difficilement supporter de nouvelles sanctions économiques ; c’est précisément pour cette raison que le régime rapatrie ses avoirs placés à l’extérieur : il y a quelques mois, il a repris clandestinement ses 250 tonnes d’or qui étaient placées dans les coffres du Crédit Suisse.

Mais pour répondre à la question de savoir si l’Iran peut supporter des sanctions économiques, il faut rappeler que ces sanctions et un embargo ont leurs limites d’efficacité, sinon leur inefficacité totale.

Les exemples du passé : Afrique du Sud, Irak (époque Saddam Hussein), Libye, Cuba, ont démontré leurs résultats, c’est-à-dire leur échec.

L’Iran possède de vastes et de nombreuses frontières avec les Républiques d’Asie Centrale (ex-URSS), l’Afghanistan, le Pakistan, tout le littoral du Golfe Persique, donc les Emirats, ainsi que l’Irak et la Turquie : l’Iran pourra facilement contourner tout blocus et toute sanction économiques.

En pratique, il semblerait que le seul moyen de mettre économiquement l’Iran à genoux serait un embargo total sur l’exportation du pétrole brut et surtout sur l’importation de 450,000 à 500,000 barils de pétrole raffiné par jour dont l’Iran a besoin pour sa consommation interne.

Cela comporterait également de très grands risques : faire exploser le prix du baril de pétrole à 150 même 200 dollars, et sur le plan géostratégique d’embraser toute la région du Proche et du Moyen-Orient, mais ne rien faire pourrait se révéler pire.

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sur le même sujet :
- Chahdortt Djavann : L’Iran, régime aux pieds d’argile
- (29 Juin 2007)

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