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Iran : Mitraillettes et indignations allemandes
11.08.2007

Le quotidien allemand Bild-Zeitung qui a la plus forte diffusion d’Europe occidentale a fait une découverte qui a bouleversé les députés allemands. Les hommes cagoulés chargés des pendaisons publiques sont équipés du pistolet-mitrailleur le plus connu au monde, le Heckler et Koch MP-5.



La pendaison de Madjid Kavoussifar qui a bouleversé le monde entier.

Pour Burkhardt Müller-Sönksen de la FDP et Christoph Strässer de la SPD, il est inadmissible que l’image de ce produit allemand soit associée à un Etat qui organise comme au Moyen-âge des pendaisons publiques comme s’il s’agissait d’un spectacle de rue.

En réalité, l’Etat allemand ne vend pas directement ce pistolet-mitrailleur aux mollahs. C’est pendant les années 60 que l’Iran, alors qu’il n’était point hostile à l’égard d’Israël et de l’occident , avait obtenu la licence de production de ce pistolet mitrailleur dédié aux combats rapprochés et qui équipe les meilleures armées ou marines du monde.

L’arme était produite sur place avec l’assistance d’une société allemande du nom de Fritz Werner Industrie. A cette époque l’armée iranienne était la cinquième armée du monde et garantissait la stabilité d’une région où déjà les baassistes irakiens se montraient très turbulents. Cependant, il semblerait qu’aujourd’hui Fritz Werner soit toujours impliquée directement dans cette production, c’est ce qui révolte les députés allemands vue la nature hostile et barbare du régime.

Cette indignation des médias et politiciens allemands est tout à leur honneur, mais il nous semble qu’elle est liée à la volonté des Allemands de faire pression sur les mollahs car en 1984, les Allemands s’inquiétaient surtout de faire durer la guerre Iran-Irak afin de ne pas voir mises en péril les commandes de munitions et de mitraillettes auprès de Fritz Werner ou encore les commandes de poudre auprès de la SNPE (source : « Des armes pour l’Iran » de Walter De Bock et Jean-Charles Deniau) [1]

On peut également citer la firme Mercedes Benz qui réalise d’importants chiffres d’affaires avec les mollahs et dont les automobiles équipent ces cagoulés chargés des pendaisons publiques. Mais cette présence n’indigne guère les politiciens allemands.

Les Européens se montrent malheureusement très calculateurs même dans leur indignation. Et que dire des Français qui espèrent une solution à la Libyenne pour supplanter leurs camarades allemands sur le marché des armes livrées aux mollahs !

© WWW.IRAN-RESIST.ORG

| Mots Clefs | Pays : Allemagne |

| Mots Clefs | Enjeux : Intérêts Européens en Iran |

[1« Des armes pour l’Iran » de Walter De Bock et Jean-Charles Deniau | Extraits :

Guy Chevallier, Français, dirigeant de la SNPE, secrétaire général du Cartel des poudres, à Mats Lundberg, le 4 février 1984 : « Les commandes en RDX sont complètes pour 1983 et il y a des commandes pour 1984. Mais il y a des risques politiques, c’est-à-dire que la guerre se termine. » Manfred Leder, responsable du secteur Iran chez Fritz Werner : « Espérons qu’ils ne vont pas arrêter la guerre. » Henry Kissinger : « Il serait vraiment dommage que l’un des deux pays perde la guerre. »

Il faut s’y faire : la guerre Iran-Irak continue parce que tel est le bon vouloir des marchands de canons. Faute d’armes, de munitions, d’explosifs, le combat ne finirait-il pas par cesser ? C’est entendu : la paix ne fait pas l’affaire des industries d’armement occidentales. II faut écouler, vendre, et donc tuer. En ces temps de réalisme, même les gouvernements socialistes les plus hostiles aux ventes d’armes en sont venus à composer : la France et le Portugal socialistes ont vendu, fourni, négocié sans grands états d’âme.

Ironie ultime, les pays neutres sont parmi les premiers exportateurs et, donc, parmi les premiers à faire durer la guerre Iran-Irak. Dilemme réaliste : pour rester neutres, il leur faut disposer d’un potentiel militaire autonome, cohérent et développé. Mais cela coûte cher. Pour le financer, on exportera donc à tout va, impérativement. Ainsi vont les neutralités autrichienne, suisse et, bien sûr, suédoise.|