En effet, ce dernier a déclaré que « jusqu’à présent, l’Iran était une aide et une solution »". Cette déclaration a créé des remous à Washington où Bush a affirmé le contraire.

Robert Gates, le secrétaire américain de la Défense, a essayé de corriger le tir en déclarant que Karzaï avait à moitié raison ! « Je pense qu’ils agissent pour aider le gouvernement afghan. Je pense qu’ils agissent pour aider les talibans, y compris en fournissant des armes ».

Cette déclaration ambigüe est le résultat de la diplomatie hybride des américains à l’égard du régime des mollahs : les Etats-Unis veulent arriver à une entente avec ce régime et par conséquent ils ne peuvent associer ce régime à Al Qaeda ou l’associer à des livraisons d’armes à ces Talibans qui tuent les GIs.

Il en résulte un discours hybride que nous avons entendu lors de la visite de Gates à Kaboul en juin 2006. A ce moment là, les américains avaient partagé le message en 2 : Gates réitérait ses inquiétudes au sujet d’un trafic présumé d’armes iraniennes en Afghanistan, et Karzai faisait part de ses « très bonnes relations » avec Téhéran.

Entre temps, il y a eu d’autres déclarations au sujet de ces livraisons d’armes, surtout les déclarations du N°3 de la diplomatie américaine qui ont donné lieu à des démentis gênés de l’administration Bush.

Or, si les américains peuvent sans cesse changer de positions sur les différents sujets liés à l’Iran, il n’en va pas de même avec Karzaï qui doit garder une ligne moins tortueuse afin de ne pas perdre le peu de crédibilité qu’il a en Afghanistan.

Ce pauvre Karzaï, ex-VRP d’Unocal - une société américaine de la pose de pipeline en Asie Centrale-, est donc resté sur ses réponses antérieures, mais il a eu le malheur de donner plus de vigueur à ses propos pour avoir l’air moins mou.

Il a ainsi affirmé que les Afghans avaient de très très bonnes et très très étroites relations avec l’Iran. Il a cru bien faire en ajoutant que l’Iran avait été un soutien pour l’Afghanistan, dans son processus de paix et dans la lutte contre le terrorisme et contre le trafic de drogue...

Tout ceci n’est pas grave et les Américains ont pris le relais pour relativiser ses propos et sans doute demain on ne parlera plus de cette gaffe qui ecclipse les livraisons d’armes aux Talibans !

Finalement, le malheur est bon à quelque chose, il permet aux Américains de moins parler de ces livraisons d’armes qui gênent les Etats-Unis et de plus parler du rôle positif que pourraient jouer les mollahs !

C’est Jacadi Bush qui l’a dit ! Interrogé sur les propos de Karzai, Bush a relevé que le leader afghan « est mieux à même de savoir ce qui se passe dans son pays (...) Mais je serai très prudent sur le fait de savoir si l’influence iranienne en Afghanistan est une force positive... Cependant c’est à l’Iran de prouver au monde qu’il est une force stabilisatrice et pas une force de déstabilisation » !