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Iran : Des manœuvres diplomatiques et éphémères (Bouchehr, Europe, Russie, Etats-Unis)
27.07.2007

Après la rencontre du 24 juillet à Bagdad entre les ambassadeurs iranien et américain, le matin du mercredi 25 juillet, Mottaki, le ministre iranien des Affaires étrangères avait déclaré qu’il jugeait opportun d’envisager une prochaine rencontre au niveau des adjoints des ministres des affaires étrangères des deux pays. Or, nous sommes à la veille d’une prochaine décision internationale en réponse au refus des mollahs de suspendre leurs activités nucléaires, c’est pourquoi ces derniers se lancent dans des manœuvres diplomatiques éphémères qui chercher à sonder leurs interlocuteurs.



Dans le cas de cette proposition de rencontre à plus haut niveau, la réponse de Washington a été négative. Placé devant ce rejet, Mottaki qui avait proposé cette solution a déclaré tout bonnement qu’élever le niveau des discussions n’était pas à l’ordre du jour.

D’autres manœuvres diplomatiques et éphémères ont eu lieu à la même date que la rencontre de Bagdad. Le 24 juillet, une délégation iranienne conduite par Javad Vaïdi, l’adjoint de Larijani, s’est rendue à Vienne puis à Moscou. A Vienne, la délégation a fait des promesses de coopération (ou de droit d’inspections) : ces inspections seront bien en dessous des attentes de l’AIEA car ces promesses relèvent de pures manœuvres dilatoires. Mais ce déplacement à Vienne a été exploité par la partie iranienne dans une de ses manœuvres diplomatiques et éphémères dont elle a le secret.

Mais la même délégation s’est ensuite rendue à Moscou, mais cette fois avec un objectif précis : sonder le partenaire Russe afin de savoir si l’agence atomique Russe avait finalement décidé d’achever les travaux de la centrale nucléaire de Bouchehr.

Comme à leur habitude, les représentants du régime des mollahs ont fait des déclarations unilatérales (sans avoir consulté la partie Russe) où ils prétendaient que la centrale serait achevée et livrée par la Russie en septembre ou octobre 2007.

L’achèvement de cette centrale est crucial pour le régime des mollahs qui justifie la poursuite de ses activités nucléaires sous prétexte de vouloir approvisionner sa future centrale électrique avec du combustible nucléaire iranien. Pourtant cet argument est entièrement sans fondement d’un point de vue technique car les machines Russes ont été réglées pour un combustible spécifique développé par la Russie. Cependant par leurs déclarations relatives à une livraison au cours de l’automne 2007, les mollahs voulaient forcer la main aux Russes !

Et pour y arriver, ils avaient, dans le cadre de leurs manoeuvres diplomatiques éphémères, laissé entendre qu’ils envisageaient de confier l’achèvement de la Centrale de Bouchehr à des compagnies Européennes. Une information confidentielle avait été communiquée à un site de rumeurs et ce dernier a bien sûr divulgué ce que lui avaient confirmé des « sources proches du Conseil suprême de sécurité nationale (CSSN) et du ministère des Affaires Etrangères iranien ».

Le site en question est Tacticalreport.com, site auquel nous avons déjà consacré un article afin de dénoncer son rôle de diffuseur des rumeurs que le régime des mollahs veut répandre par des canaux indirects. Tacticalreport.com a ainsi diffusé la soi-disant promesse des mollahs aux Européens, le jour de la réunion entre la délégation iranienne et la partie Russe.

Tacticalreport.com a écrit : De nouveaux pourparlers ont été engagés mardi 24 juillet à Vienne entre l’Iran et l’Agence Internationale pour l’Energie Atomique (AIEA). Pour l’AIEA, ces pourparlers doivent lui permettre de mieux évaluer la nature du programme nucléaire iranien. Mais pour des sources proches du Conseil suprême de sécurité nationale (CSSN) et du ministère des Affaires Etrangères iranien, ces pourparlers avec l’AIEA ont été jugés positifs à plus d’un niveau. Ces sources s’accordent à dire par ailleurs, que ces pourparlers auront des répercussions directes sur les relations de l’Iran avec l’Union Européenne (UE).

Une source proche du CSSN rapporte en outre que son Secrétaire Général Ali Larijani aurait indiqué qu’il s’était entendu avec le chef de la Diplomatie européenne Javier Solana sur plusieurs points concernant la coopération de l’Iran avec l’AIEA. Cette même source fait état de l’existence d’un projet irano-européen qui consiste à faciliter l’exécution des travaux de la centrale nucléaire de Bouchehr et son fonctionnement à partir de l’hiver prochain en échange de quoi l’Iran garantit à l’UE que les travaux d’enrichissement de l’Uranium se feront sous la supervision de l’AIEA.

Ces sources affirment que Larijani et Solana se rencontreront en août prochain à Téhéran. Ils devront s’entendre sur de multiples points sur la base desquels sera déclarée une entente de principe entre Téhéran et l’AIEA. En fonction de cette entente de principe, l’Iran pourrait réduire ou ralentir ses travaux d’enrichissement pour un temps déterminé, explique la source.

La Russie ne s’est pas sentie menacée et elle a annoncé un ajournement d’un an pour l’achèvement des travaux de la centrale nucléaire de Bouchehr.

« La mise en service de la centrale est reportée à l’automne 2008 », l’annonce a été faite par Atomstroiexport, l’entreprise de soutraitance russe chargée de construire cette centrale. Et encore cette prévision n’est qu’une supposition car le directeur de cette société a précisé que la mise en service ne pourrait intervenir à cette date que « si tous les problèmes créés par la partie iranienne étaient levés rapidement », dans une allusion aux retards de paiements que les Russes reprochent aux Iraniens. Cette annonce est la réplique exacte d’une déclaration faite par Sergueï Kirienko, le responsable de l’agence fédérale russe de l’Energie atomique (Rosatom) qui avait déclaré début juillet que l’achèvement des travaux de Bouchehr ne pourrait pas intervenir avant 2008.

En réalité Bouchehr est beaucoup plus qu’une centrale nucléaire. Pour les mollahs, elle est un argument pour justifier leurs travaux d’enrichissement, alors que pour les Russes, elle est devenue un moyen de pression sur le régime des mollahs.

Les Russes sont les alliés stratégiques des mollahs, mais ces derniers sont des alliés incommodes sans cesse tentés par des alliances éphémères avec les adversaires de la Russie (Chine, Europe et même les Etats-Unis). La Russie les tient en haleine en leur refusant ce dont ils ont absolument besoin pour justifier leurs travaux d’enrichissement. Et l’affaire n’est pas récente, la Russie aurait dû délivrer cette centrale le 9 juillet 1999 !

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Pour tout savoir sur ces retards délibérés et les enjeux de Russo-iraniens :
- Iran : Bouchehr, la centrale Russe, otage de Moscou
- (6 juillet 2007)

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