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Comment Al Qaeda ou le Hezbollah reçoivent les fonds qui leur sont destinés ?
14.05.2007

Washington, le 1er mai – L’avancée dans la technologie mobile, la coopération entre les fournisseurs des communications internationales et les institutions financières et le manque de régulation font un moyen de paiement rapide, peu coûteux et pratiquement intraçable – connu sous le nom de « m-payment » (m-paiement) - n’importe où, n’importe quand, par n’importe qui avec un téléphone mobile.



Les membres de la GSM association et de MasterCard sont en train de développer un service m-paiement pour permettre à 200 millions de travailleurs immigrés de transférer des sommes d’argent internationalement. Selon la Banque Mondiale, 175 millions d’immigrés ont transféré près de 230 milliards de dollars en 2005. Une récente étude sud-africaine sponsorisée par les Nations Unies a montré que les m-banques peuvent être jusqu’à 1/3 moins chères pour ses clients que les banques traditionnelles actuelles.

Cependant, la diffusion des m-paiements dans les pays les moins développés, qui souvent manquent de services permettant de surveiller les blanchiments d’argent ou les financements de groupes terroristes, et où la corruption est légion, augmentera de ce fait le blanchiment d’argent sale et le financement du terrorisme.

Les abus possibles avec le m-paiement sont faciles quand des cartes prépayées sont utilisées. Il n’est pas nécessaire d’avoir un compte bancaire, une carte de crédit, ou une autorisation approuvée par le gouvernement pour l’utiliser. Cela ne demande que des liquidités. La plupart des cartes fixent une somme limite, mais la plupart d’entre elles peuvent être rechargées, permettant ainsi le transfert de milliers de dollars. En vérité, ce service de paiement anonyme et sans domiciliation est le meilleur moyen pour des organisations criminelles ou terroristes de transférer ou de recevoir de l’argent.

3 milliards de personnes dans le monde ont un téléphone portable, mais seulement 1 milliard disposent d’un compte bancaire, rapporte le GSM Association. BearingPoint, une importante société de consulting en technologie, estime que le marché hors circuit bancaire aux Etats-Unis avoisinait les 500 milliards de dollars en 2006. Aucun doute que des banques telles que Citigroup, HSBC, JPmorgan, Chase ainsi que des compagnies de télécommunication telles que Cingular, Verizon et Sprint souhaiteraient avoir une part du gâteau. Une douzaine de fournisseurs (providers) de service de paiements opèrent actuellement et se partagent le marché. Le plus important d’entre eux est Paypal qui gère plus de 100 millions de comptes virtuels à travers le monde.

Voici comment les m-paiements fonctionnent : Vous achetez une carte téléphonique d’un certain montant et un téléphone portable à carte SIM prépayée. Ensuite, vous vous enregistrez chez un fournisseur de service de m-paiement en utilisant un compte email anonyme. En utilisant votre téléphone, vous vous loguez (loggin) au service de m-paiement et vous donnez le numéro de téléphone du mobile de la personne à qui vous désirez transférer des fonds. Le fournisseur de service m-paiement envoie un message sur le téléphone du receveur lui demandant où il désire transférer les fonds. Le receveur peut demander le transfert vers sa propre carte téléphonique et retirer ensuite ces fonds grâce à un distributeur ATM. L’envoyeur et le receveur peuvent alors tous les deux se débarrasser de leurs cartes SIM et en racheter d’autres pour répéter l’opération, sans craindre d’être repérés.

Aux Etats-Unis, le 27 Février, Citigroup a lancé avec Obopay, un service de paiement personne à personne, permettant non seulement aux travailleurs immigrés sud américains et philippins de transférer des fonds vers leurs familles, mais également offrant aux trafiquants de drogues et aux réseaux de soutien au Hamas et au Hezbollah une façon sûre d’envoyer de l’argent vers le Moyen-Orient.

La banque HSBC, qui compte plus de 5000 bureaux dans 79 pays, offre (avec ses filiales aussi) une solution de m-paiement sur le réseau Internet. Un tel réseau bancaire étendu au travers de nombreux pays dont certains ont des liens avec des groupes terroristes, ferait échouer n’importe quelle tentative d’arrêter le financement terroriste.Combien de sympathisants du Hamas ou d’Al Qaeda au Royaume-Uni utilisent ce service ?

Au Moyen-Orient, Access2Arabia basée à Amman offre des services bancaires via Internet et les réseaux mobiles à des clients situés en Algérie, en Tunisie, au Niger, au Liban, en Syrie, en Arabie Saoudite, au Bahrain, au Qatar, au Soudan, en Irak, au Ghana, à Chypre, à Gaza et au Yémen. En Janvier, la banque Nationale de Dubaï a signé un accord pour des services de m-paiement avec la compagnie norvégienne LUUP pour satisfaire 300 millions de personnes au Moyen-Orient. Dubaï, place financière internationale, est aussi réputée pour son blanchiment d’argent, son trafic d’armes et de drogue pour le compte d’Al Qaeda, du Hamas, de l’Iran et du Hezbollah.

Aux Philippines, pays qui a été qualifié par PBRC consulting comme « le plus corrompu des pays asiatiques » et où Al Qaeda est actif, on peut estimer qu’au moins 3,5 millions de personnes utilisent un service leur permettant de transférer de l’argent, de payer des factures, de contribuer à aider des œuvres caritatives grâce à deux majors des télécommunications mobiles qui sont SMAT Communication et Globe Telecom.

Les dispositifs spéciaux de sécurité du système de m-paiement constituent un obstacle important à l’application de la loi et aux services secrets qui cherchent à détecter des transactions suspectes d’argent. La difficulté vient du fait que le processus de m-paiement n’est pas auditable et que le manque de régulation rend les transactions intraçables.

La seule exigence applicable aux fournisseurs de carte de fonds est la règle du Rapport de Transaction de devises (RTD). La RTD doit être enregistré pour les montants excédants $10000 par jour. Cependant, la RTD peut être enregistré 15 jours après le transfert, ce qui donne aux terroristes assez de temps pour disparaître.

De plus, bien que presque tous les fournisseurs de service m-paiement américains soient enregistrés comme Money Services Businesses par la FinCEN, les réglementations ne prévoient aucune disposition spécifique les concernant et de ce fait ils bénéficient du secret professionnel bancaire comme aux Iles Cayman, à Chypre, en Belgique et au Panama.

Aujourd’hui, les fournisseurs de service ne peuvent pas vérifier les informations données par leurs clients afin de déterminer si les numéros de sécurité sociale fournis proviennent d’une carte volée ou empruntée ou d’une personne encore en vie, morte ou en prison. Mais les attentats du World Trade Center de 1993 ainsi que la commission d’enquête du 11 septembre ont révélé que les terroristes pouvaient se procurer des faux papiers en règle (permis de conduire, visas, cartes de sécu et cartes de crédit).

Depuis que le terrorisme et les cartes de fonds sont mondialisés, les fournisseurs de service m-paiement, comme tous ceux qui surveillent les financements terroristes, devraient avoir un accès immédiat et en temps réel à tous les individus, organisations, business et pays suspectés d’avoir des liens avec des groupes terroristes.

En Janvier, le Treasury’s Financial Crimes Enforcement Network (FinCEN) a rapporté au Congrès que « le contrôle des transferts de fonds par les institutions financières est techniquement faisable. Cependnat le FinCEN ajoute avoir besoin d’une année supplémentaire pour estimer l’efficacité de ce genre d’enquête dans la lutte contre le blanchiment d’argent et le financement du terrorisme.

Les auteurs de cet article, Rachel Ehrenfeld et John Wood, estiment qu’il faut agir de toute urgence et recommandent aux décideurs américains d’accélérer l’allure et ne pas perdre un an de plus. Ehrenfeld et Wood estiment qu’il faut se mettre au travail dans les plus brefs délais pour arrêter le blanchiment d’argent et le financement du terrorisme : les gouvernements ont besoin d’identifier, de développer et de mettre en place les meilleures méthodes et technologies disponibles pour réguler les services de m-paiement. Si le fait d’agir en temps réel est insuffisant, agir immédiatement est presque trop tard.

WWW.IRAN-RESIST.ORG

par John Wood et Rachel Ehrenfeld.

Rachel Ehrenfeld est une spécialiste des financements occultes, auteur d’un livre sur le sujet. Subventionner le Mal : comment le terrorisme est financé et comment l’arrêter (écrit en 2003).

| Mots Clefs | Terrorismes : Terrorisme Islamique |