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Iran : Le faux récit des blogs féminins par le Figaro
02.05.2007

Delphine Minoui, la correspondante du Figaro à Téhéran est connue pour ses articles qui sont dans la droite lignée des attentes politico-médiatiques du régime des mollahs. Après une longue période de repos, elle revient avec un article qui dépasse nos espérances car il démontre sa méthode très particulière qui consiste à glisser dans ses écrits les noms de personnages que le régime veut promouvoir.



Actuellement, le régime des mollahs a choisi de faire une mise en scène bruyante de la répression des femmes, à en croire que durant ces 28 dernières années, la condition féminine en Iran aurait été presque normale. Nous avions dès le début de l’année fait remarquer que le régime des mollahs a choisi de féminiser les thèmes de la dissidence. Mais un des points faibles du régime est qu’il ne peut que recycler les mêmes thèmes car cette dissidence n’a aucun bilan et tourne en circuit fermé ; sa seule actualité est l’arrestation factice d’un des membres de la tribu et le bruit qui en est fait autour par les autres.

C’est dans ce cadre que Delphine Minoui a écrit un article sur les bloggeuses réprimées pour relancer la machine : elle a fondé son article sur une super bloggueuse du nom de Parastoo. D’après Minoui, Parastoo est une rebelle qui parle des sujets les plus tabous.

Le code pénal islamique en Iran (depuis la révolution islamique en 1979) est basé sur la charia et de ce fait il est entièrement favorable aux hommes. Par exemple, dès l’âge de neuf ans, les fillettes sont considérées comme adultes : elles peuvent ainsi être jugées en tant que telles au pénal, et encourir la peine de mort et être mariées (l’âge légal du mariage est de 13 ans mais le père ou le tuteur peut la marier avant si un tribunal l’y autorise). En revanche, les garçons deviennent légalement adultes à 15 ans.

Si un homme et une femme sont blessés dans un accident, l’homme obtient deux fois plus de dommages et d’intérêts. Les femmes doivent avoir la permission d’un père, d’un mari ou d’un tuteur pour voyager. Les hommes ont le droit incontesté de divorcer et peuvent pratiquer la polygamie (les mollahs, les bazaris et les Pasdaran qui sont les plus fortunés sont les seuls qui peuvent se le permettre car la majorité des jeunes Iraniens ne peut même pas rêver au mariage car trop coûteux).

La femme reçoit moitié moins d’héritage et peut être condamnée à mort par lapidation pour adultère. Mais aucune de ces inégalités n’est épinglée par les pseudo-féministes du régime et ces dernières rappellent sans cesse que les médias occidentaux interprètent mal la condition féminine sous les mollahs car selon elles, il y a une forme de liberté en Iran pour les femmes et surtout la possibilité de s’exprimer sur ces sujets. Ces « féministes attitrés » du régime sont un alibi pour le régime et contribuent à dissiper cette mauvaise image. Ce sont des produits publicitaires.

Nous avons donc fait un tour sur le blog de Parastoo où il n’y a rien de tabou, mais conformément aux dires de Minoui, il y a un bandeau où elle crie sa rage et déclare qu’elle ne se conformera pas à la loi et n’enregistrera pas son blog. du genre, je suis la blog gueuse masquée !

Mais le problème est que la donzelle est déjà enregistrée : son blog se trouve sur un domaine enregistré à son nom avec la terminaison.ir (Parastoo.ir). Son identité [1] et son IP sont donc connues des mollahs et les autorités du très surveillé réseau Internet iranien peuvent à tout moment bloquer l’accès à son site [2]. La super bloggueuse de Minoui est au mieux une fausse disidente et au pire un élément d’infiltration du régime autorisé à jouer les rebelles pour attirer les vraies rebelles afin de les identifier, les ficher et les livrer aux autorités. Ce n’est pas la première fois que les mollahs font appel à cette stratégie ignoble et le bloggeur iranien le plus médiatiquement connu sur le plan international, Hossein Derakhshan, a été le premier initiateur de ce projet.

Comme toutes les filles dans son cas, Parastoo est une rebelle (sic) mais pas contre les mollahs ou la charia mais contre quoi ? à vrai dire, son site a 4 fonctions !

Pour les internautes iraniennes :
- être un lieu de recyclage d’autres sites de même nature
- être un lieu de repérage des vraies opposantes ou mécontentes.

Pour les internautes et médias occidentaux :
- communiquer les priorités des iraniennes (priorités très dépolitisées et non hostiles aux régime ou à la charia)
- être un lieu de publicité pour d’autres fausses dissidentes sans bilan ni actualité.

D’ailleurs Minoui cite les personnages ou sites qui se rangent dans la seconde catégorie, son article cible les lecteurs du Figaro et non les ressortissants Iraniens qui connaissent les ruses du régime. Minoui cite 3 femmes (Talat Taghinia, Mansoureh Shojai et Farnaz Seyfi) et 3 sites : Zanestan, Meydaan, We-change !

Ces sites et ces militantes ne cherchent aucunement à promouvoir l’idée d’une ingérence humanitaire en Iran : ils disent laissez-nous faire mais faites-nous de la publicité. Ils veulent être l’interface reconnue des droits des femmes et ne rendre de compte à personne à propos de leur choix.

Parmi les 3 femmes citées, Farnaz Seyfi est promue à une carrière internationale, son interview qui circule sur la toile est éloquente, elle commence ainsi : les médias occidentaux ont donné une très mauvaise image de l’Iran... Les sites ou personnages promus par Minoui, que nous qualifions à juste titre d’attachée de presse des mollahs, ne critiquent pas la révolution islamique qui a privé la société la plus libérée du monde musulman de ses droits.

Leur discours est basé sur le maintien à son état actuel islamisé la société iranienne. Ce discours attribue les reculs des droits des femmes non pas à l’islam ou à la charia mais à la nature patriarcale de la société iranienne. Cette nature patriarcale existait avant la révolution islamique, mais malgré cela, la femme iranienne avait commencé à avoir des droits égaux à ceux de l’homme dès 1931.

A l’époque le coupable était reconnu et c’était l’islam et l’application de la charia. La révolution islamique a aboli l’ensemble des droits accordés aux hommes et aux femmes par les Pahlavi. En vérité, l’œuvre des fausses féministes iraniennes est clairement politique car elle justifie l’avènement de cette révolution qui idéologiquement est née des rancoeurs du clergé chiite iranien contre le soutien de la dynastie Pahlavi à la laïcité et à la modernité.

Nous retrouvons la même haine de la laïcité imposée par l’Etat (à l’exemple de la France), chez Marjane Satrapi qui dans toutes ses interviews justifie et loue cette révolution aux conséquences si tragiques.

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Main-basse sur la dissidence | Nous ne le dirons jamais assez : lisez les articles de ces fausses dissidentes, écoutez attentivement leurs audios, ce sont des « agents publicitaires » du régime, car ils laissent entendre que le régime n’est pas incompatible avec l’exercice de la démocratie et que les choses sont améliorables uniquement par l’intérieur en respectant l’islam et la charia. En d’autres termes, selon ces pseudos féministes (souvent charmantes), les droits de l’homme sont dissociables de la laïcité (concept formulé par les soeurs Boroumand - The Washington Institute for Near East Policy (WINEP) le 16 février 2003 [3].

Le Sexe en Iran | Et pour finir, un détail que même Delphine Minoui n’ignore pas : ces bloggeuses autorisées sont de celles qui ont les moyens d’avoir un ordinateur chez elles, des riches proches du régime. 85% des Iraniens et des Iraniennes vivent sous le seuil de pauvreté et ceux-là connaissent la prostitution du côté prestataires de services et non des consommateurs.

La prostitution est une réalité économique en Iran. Le secteur rapporte beaucoup aux mollahs, aux bazaris et aux pasdaran. L’une des choses les moins choquantes dans ce pays re-islamisé en 1979 est le sexe. Les sites de sexe sont d’ailleurs très accessibles depuis l’Iran mais pas les sites des opposants exilés.

Selon « Google Trend », les internautes iraniens sont au 5ieme rang mondial des visiteurs des sites sexuels.

Ce discours sur les « bloggueuses qui racontent leurs aventures sexuelles » est encore un récit formaté pour les Européens comme d’ailleurs l’ensemble des efforts médiatiques des mollahs. Les articles de Minoui sont comme d’habitude du grand n’importe quoi, mais si utiles pour connaître l’état d’esprit du régime des mollahs. Merci Delphine, continuez.

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| Recherche Par Mots Clefs : Internet |

| Mots Clefs | Resistance : FAUSSE(s) OPPOSITION(s) |

| Mots Clefs | Institutions : Désinforamation et fausses rumeurs |

| Mots Clefs | Auteurs & Textes : Delphine Minoui |

Encore du recyclage | Farnaz Seyfi est officiellement une journaliste indépendante de vingt-trois ans qui a écrit des articles pour le site Zanestan. Elle aussi a un site enregistré et non un blog (www.farnaaz.com). Elle est membre du Centre culturel des Iraniennes, qui gère le site de Zanestan et c’est un autre compagnon de route de Khomeiny, Shirin Ebadi, qui l’a défendue après son pseudo arrestation de 3 jours. C’est le grand recyclage du régime.

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Voici enfin un blog intéressant : sarbazekuchak.blogspot.com enregistré chez un serveur de blogs est non sur le site perso de l’auteur du blog !

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[1Parastoo Dokoohaki | une autre chouchou de RSF au look super étudié avec un PC portable hors de prix pour au moins 85% des iraniens !

[2Parastood.ir |

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Capture du Blog de Parastoo

[3WINEP | un Think Tank « bigame » qui fait du recyclage à la fois le Lobby universitaire des mollahs aux Etats-Unis mais aussi le Lobby américain des Moudjahidines du Peuple (l’OMPI)|