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L’Iran et l’option militaire : Les lecteurs du Monde bernés !
02.04.2007

Flynt Leverett, agent notoire du « Lobby des mollahs aux Etats-Unis » a été interviewé par le responsable politique du Monde. Sylvie Kauffmann a dressé un portrait élogieux de Flynt Leverett. Nous publions l’interview avec nos remarques.



Selon Kaufmann, « Flynt Leverett a successivement travaillé à la CIA, au département d’Etat puis au Conseil de sécurité nationale de la Maison-Blanche, où il était chargé des affaires du Moyen-Orient jusqu’à mars 2003, date à laquelle il a démissionné pour désaccord politique. Il a ensuite rejoint la Brookings Institution. Il est aujourd’hui chercheur à la New America Foundation et enseignant à l’Institut de technologie du Massachusetts (MIT) ».

Nous avons consacré un long article à la New America Foundation et à Flynt Leverett qui est proche des personnages iraniens les plus louches vivant aux Etats-Unis. La New America Foundation est un Think Tank américain axé sur la nécessité d’ouverture de dialogue avec l’Iran et un dialogue basé sur l’écoute et le respect (des demandes des mollahs). Parallèlement, la New America Foundation et Flynt Leverett se trouvent mêlés aux dernières rumeurs d’une attaque imminente contre l’Iran.

Rumeurs infondées puisque ces attaques n’ont pas eu lieu aux dates annoncées. Mais ce cher Flynt Leverett ne travaille pas en solo, son épouse Hillary Mann lui donne de temps en temps un coup de main pour la diffusion des rumeurs. Ainsi, l’agence de désinformation russe Ria Novosti avait consulté Hillary Mann le 13 février 2007 qui annonçait déjà :

  • « La Maison-Blanche cherche à provoquer un conflit armé avec Téhéran ! » [1]

Son mari Flynt recycle cet avis. L’agence de presse Russe qui agit en digne successeur de la Pravda présentait Hillary Mann comme une spécialiste de l’Iran et une ex-conseillère de Bush ! Qu’en est-il ?

En fait, ceci est à la fois vrai et faux ! Hillary Mann Leverett a été une spécialiste auto-proclamée de l’Iran au sein d’un Think Tank connu pour ses positions favorables à l’Iran (Washington Institute for Near East Policy), et elle a été une employée très secondaire du Conseil de sécurité nationale américain et une assistante de l’ambassadeur américain en Egypte.

Ce ne sont pas ses états de services officiels qui nous intéressent mais sa carrière de lobbyiste. Après avoir passé deux ans au Washington Institute for Near East Policy (de 1996-1998), elle a rejoint Le Strategic Energy and Global Analysis. Peu importe le nom de ce Think Tank, l’organisme est censé reconnaître la valeur de l’expertise de ces « chercheurs ».

Hillary Mann appartient comme son mari à la planète des « experts universitaires qui font du lobbying illégal ». Le lobbying est une activité reconnue aux Etats-Unis, le lobbyiste se déclare l’agent d’un groupe ou d’un régime voyou ; ainsi le frère de Jimmy Carter était officiellement l’agent du Lobby de Kadhafi. Mais ceux dont nous parlons sur ce site comme le « Lobby universitaire des mollahs », ce sont des personnes qui ne se disent pas ouvertement avocats du régime des mollahs, mais ils déguisent leur lobbying en avis d’experts ou de chercheurs dans divers domaines.

Ainsi pendant que Flynt Leverett organise des conférences à Washington pour promouvoir « le dialogue avec les modérés ou les pragmatiques du régime des mollahs », son épouse participe à des conférences ou des séminaires en Europe sur le même thème. Nous en avons même trouvé un exemple de ces conférences où les deux époux sont présents mais sans faire état de leur lien familial.

Le GIPRI (Geneva International Peace Research Institute) a organisé un séminaire sur l’Iran, le 25 janvier 2007. La liste des noms des participants est éloquente : outre Hillary Mann Leverett et Flynt Leverett, on retrouve Thierry Antoine Kellner, membre du lobby des mollahs en France et collaborateur avec le très louche Journal d’Iran (lobby pour l’encouragement des investissements en Iran), et aussi Mohammad-Reza Djalili que nous connaissons bien.

Il y avait aussi d’autres experts : Narsi Ghorban (présenté comme un consultant indépendant), la très voilée Saideh Lotfian, professeur à l’université de droit et de sciences politiques de Téhéran (qui ne quitte jamais son hijab même à Genève) et Shahram Chubin (un membre lettré du lobby, Chubin est proche des Britanniques). Il y avait, comme il se doit, un membre de l’IFRI (Institut Français des Relations Internationales [2] et non pas comme le prétendent les mauvaises langues : « Institut Français de la République Islamique »).

Le représentant de l’IFRI, Clément Terme, a d’ailleurs écrit un speech [3] très largement inspiré par notre théorie de l’offensive énergétique Russe, mais cet organisme (l’IFRI) étant très pro-Russe, Terme a minimisé la portée et la menace de cette stratégie Russe de conquête territoriale ainsi que le rôle joué par l’Iran dans cette offensive. Terme n’a également cité le Hezbollah qu’une seule fois et non pas en évoquant le rôle régional des mollahs mais en parlant de l’hostilité de Poutine au Hezbollah et au Hamas ! Ce qui est hilarant quand on connaît l’origine des armes utilisées par le Hezbollah et surtout au vu des dernières déclarations de Poutine.

C’est d’ailleurs étonnant de constater que les partisans des mollahs en France sont également les partisans d’une alliance Française avec la Russie de Vladimir Poutine (Le Pen, Chevènement, Alexandre Adler, Emmanuel Todd...). Il existe un « Lobby non déclaré Russo-Iranien » en Europe. Nous consacrerons prochainement un article aux participants iraniens de ce séminaire suisse d’un genre particulier.

  • Washington pousse l’Iran à la guerre (écrivait en février 2007 Mme Leverett)
  • Bush veut « préparer l’opinion à une riposte directe » contre l’Iran
  • (déclare en mars 2007, Mr. Leverett !)

Les époux Leverett sont des éléments très actifs de ces rencontres et ils écument les conférences internationales pour délivrer le même message ou les mêmes expertises. C’est pourquoi l’interview de Flynt Leverett par Sylvie Kaufmann a attiré notre attention. La question est de savoir si c’est Flynt qui a pris contact avec Sylvie ou si c’est l’inverse. Le résultat est le même et le lecteur du Monde est berné.

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Le Monde : Entretien avec Flynt Leverett

Bush veut « préparer l’opinion à une riposte directe » contre l’Iran

Notes IRAN-RESIST | La première réponse de Flynt Leverett reprend la rumeur qu’il a lui-même promu depuis quelques mois : la fameuse « proposition de Téhéran, transmise par les Suisses au printemps 2003 et refusée par Cheney » : consulter notre article sur le montage de cette rumeur et le rôle joué par la BBC dans ce montage.

Vous considérez que l’administration Bush a perdu plusieurs occasions de négocier avec l’Iran, en particulier au printemps 2003. Les choses s’en trouvent-elles plus compliquées aujourd’hui ?

Cette proposition de Téhéran, transmise par les Suisses au printemps 2003, était assez remarquable : les Iraniens se disaient prêts à parler de tous les problèmes bilatéraux avec Washington, y compris de leur programme nucléaire. Nous n’avons même pas pris la peine de répondre.

On m’a expliqué que le vice-président (Dick Cheney) était résolument opposé à un dialogue avec l’Iran. J’ai vu Colin Powell (alors secrétaire d’Etat) un mois après mon départ de l’administration et il m’a dit qu’il n’avait pas réussi à « vendre » cette proposition à la Maison-Blanche.

Par la suite, son directeur de cabinet a déclaré que le secrétaire d’Etat et le vice-président avaient fait un deal : si Colin Powell ne poussait pas la proposition iranienne, il aurait plus de marge de manoeuvre sur la Corée du Nord. Rétrospectivement, on constate en effet que le dossier nucléaire nord-coréen a évolué.

Quatre ans plus tard, la fenêtre d’opportunité pour une percée diplomatique avec l’Iran est plus étroite : les capacités de l’Iran en matière de cycle de combustible nucléaire ont progressé et la structure du pouvoir à Téhéran, avec de multiples centres de pouvoir et (le président iranien) Ahmadinejad aux commandes, ne facilite pas les choses.

Aujourd’hui, je ne pense pas qu’il soit possible de parvenir à un accord avec les Iraniens sans accepter une installation pilote d’enrichissement d’uranium, régulièrement inspectée, et sans leur fournir des « garanties de sécurité », c’est-à-dire un engagement des Etats-Unis à ne pas recourir à la force pour modifier leurs frontières ou leur régime.

Notes IRAN-RESIST | Flynt Leverett passe un message dans son flot de rumeurs et mensonges : accorder le droit à l’enrichissement et des Garanties de Sécurité.

  • Le droit à l’enrichissement conduira à une jurisprudence internationale dans ce domaine et sera le requiem du système de non-prolifération, et les Garanties de Sécurité englobent tous les aspects du régime y compris le Hezbollah ! Et la journaliste du Monde ne tique même pas.

Quel est le fondement de l’opposition de l’administration Bush à un dialogue avec l’Iran ?

Le président considère que la République islamique est un régime fondamentalement illégitime, et il résiste donc très fortement à l’idée de traiter avec ce régime. Le vice-président a toujours considéré l’Iran comme une menace plus grave que la Corée du Nord : cela concerne le pétrole, Israël, l’équilibre des pouvoirs et le rôle des Etats-Unis dans la région.

Dans le contexte de la guerre contre le terrorisme aussi, l’administration Bush voit le terrorisme comme un phénomène porté par des Etats, plutôt que par des individus. Donc, pour Dick Cheney, l’Iran est une force du mal.

Notes IRAN-RESIST | Là encore, c’est faux, puisque depuis des mois, Rice fait son possible pour nouer des relations avec les mollahs dans le cadre du projet de Normalisation du régime.

Mais le vice-président est perçu comme moins influent aujourd’hui... La secrétaire d’Etat, Condoleezza Rice, partage-t-elle sa position sur l’Iran ?

Je ne crois pas. Si elle ne parvient pas à obtenir une solution diplomatique à la crise du nucléaire iranien, elle va chercher à gagner du temps, pour éviter que le président n’ait à affronter une décision grave.

Le plus intéressant dans le discours du président Bush sur l’état de l’Union en janvier ne concernait pas l’Irak, mais l’Iran : en accusant Téhéran de fournir un soutien matériel aux attaques contre les troupes américaines, il cherchait à préparer l’opinion à une riposte directe sans avoir à passer par le Congrès ni l’ONU, en présentant l’Iran comme le méchant, qui tue nos soldats.

Notes IRAN-RESIST | En l’occurrence, ces accusations ne datent pas de janvier 2007 mais de mars 2006 et dernièrement Bush n’a non seulement pas été explicitement hostile aux mollahs, mais il leur a même tendu des perches pour faire évoluer le régime vers un islamisme « modéré » cher aux Américains. Mais les affirmations de Flynt Leverett ont un seul objectif : promouvoir « le dialogue » avec les mollahs. Pour les besoins de sa cause, il prend donc des libertés avec certaines dates et certains faits et en oublie d’autres…

Comment jugez-vous l’attitude de la Russie ?

Il semble que les Russes soient eux aussi en train d’essayer de gagner du temps, en retardant leur livraison de combustible à la centrale de Bouchehr.

La Russie et la Chine constatent qu’elles n’obtiennent pas grand-chose de l’Iran et commencent à perdre patience, mais elles veulent que cette affaire trouve une solution diplomatique et pacifique.

Notes IRAN-RESIST | Flynt Leverett angélise la Russie : c’est le Lobby Russo-iranien ! La question, de savoir si c’est Flynt qui a approché Sylvie Kaufmann ou l’inverse, devient donc très importante : Existerait-il des sympathies entre ce Lobby hybride et la direction du Monde ou s’agit-il d’un malheureux concours de circonstances ?

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Flynt Leverett

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| Mots Clefs | Zone géopolitique / Sphère d’influence : RUSSIE |

| Mots Clefs | Zone géopolitique / Sphère d’influence : USA |

[1Hillary Mann pour Ria Novosti | Washington pousse l’Iran à la guerre (ex-conseillère de Bush)

WASHINGTON, 13 février - RIA Novosti. La Maison-Blanche cherche à provoquer un conflit armé avec Téhéran, a déclaré lundi dernier à Washington l’ex-conseillère du président George W. Bush, Hillary Mann.

« Ils (l’administration américaine) multiplient les provocations contre les Iraniens en attendant que Téhéran finisse par répondre, ce qui permettra aux Etats-Unis de porter des frappes ponctuelles sur l’Iran et de détruire les cibles que nous estimons importantes », a affirmé sur CNN cette ancienne directrice pour l’Iran et les pays du Golfe persique au Conseil de sécurité nationale américain (avant 2004).

Note IRAN-RESIST | Ceci est faux, elle n’a pas été officiellement directrice pour l’Iran mais directrice pour le Moyen-Orient et la région du Golfe Persique tout en étant plutôt un spécialiste de l’Egypte.

Washington cherche « un prétexte pour frapper les sites nucléaires et détruire plusieurs bâtiments en Iran, par exemple l’état-major de la Garde révolutionnaire et d’autres centres du pouvoir gouvernemental », a indiqué Mme Mann.


« Confrontée à des difficultés en Irak, la Maison-Blanche comprend qu’il sera impossible de démocratiser le Proche-Orient et d’y instaurer la paix et la stabilité tant qu’un gouvernement théocratique restera au pouvoir en Iran », a-t-elle ajouté.

Note IRAN-RESIST | Approche mixte d’apparence neutre qui donne plus de crédibilité à ses propos. Mais cet agent du Lobby des mollahs oublie de parler de l’aide et des armes fournies par les mollahs à ceux qui sont des terroristes tuent quotidiennement des dizaines d’Irakiens par des attentats à la voiture piégée et d’autres irakiens enlevés par décapitation ou avec une perceuse électrique (technique inventée en Irak). Hillary Mann parle de « difficultés en Irak » ! Source : Ria Novosti | PDF disponible en cas de retrait de l’article du site de Ria novosti.

[2En février 2005 le directeur général de l’Institut Français des Relations Internationales (IFRI), Thierry de Montbrial avait écrit dans le Monde : «Si le successeur de Khatami est un homme fort et expérimenté, comme Rafsandjani, on peut imaginer que la République islamique reconnaisse Israël et s'engage durablement à respecter les obligations du Traité de non-prolifération - pour s'en tenir à deux demandes occidentales impérieuses - en échange de la prise en considération de son rôle légitime dans l'organisation de la sécurité régionale et de concessions économiques».

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Article de Thierry de Montbrial dans le Monde du 19 Février 2005

Pour en savoir + sur Rafsandjani | L'Iran ne se pliera pas aux pressions |

[3Discours de Clément Terme | Quel avenir pour les relations russo-iraniennes ? | PDF joint.