Pourtant, la Twingo II, commercialisée en juin, ne va pas changer le destin du groupe. Son lancement risque d’avoir des effets limités à court terme sur la reconquête de parts de marché.

La concurrence est bien plus rude aujourd’hui qu’en 1993 (date de lancement de Twingo I) et Renault se veut prudent. Son usine de Novo Mesto, en Slovénie, où est aussi fabriquée la vieille Clio II, ne peut assembler plus de 210.000 voitures, une capacité inférieure aux meilleurs scores établis avec la première Twingo (235.000 unités produites en 1995).

L’arrivée de la Twingo II pourrait toutefois annoncer le retour en force d’une marque au moral affaibli. Ventes en berne, parts de marché en Europe au plus bas, vague de suicides au technocentre de Guyancourt (Yvelines) : Renault connaît une vraie série noire.

Il est trop tôt pour dire si la Twingo II contribuera au sursaut mais, si l’on se réfère à la feuille de route fixée par le patron de l’entreprise, Carlos Ghosn, le bout du tunnel devrait se profiler fin 2007.

Renault doit terminer l’année avec une marge opérationnelle sur chiffre d’affaires de 3 % (2,56 % en 2005). La Twingo II n’est qu’une partie de l’équation. « Pour obtenir cette rentabilité, nous avons retenu des hypothèses de ventes pessimistes », reconnaît Patrick Pelata, directeur général adjoint du groupe. La Twingo se vend à 70.000 exemplaires, mais devrait trouver son rythme de croisière avec un doublement de son score. La Laguna, elle, sera renouvelée à l’automne avec une capacité de production prévue de 180.000 unités. Mais les deux modèles, lancés tard dans l’année, ne produiront leurs pleins effets qu’en 2008.

Pour 2007, Renault mise plutôt sur la Logan (258.000 unités de cette voiture à bas coût vendues en 2006, 400 000 prévues en 2007). Le constructeur vient de lancer la production en Iran (100.000 voitures escomptées dès 2007) et en Inde (une trentaine de milliers à partir d’avril). Fabriquée aussi au Brésil - dès la fin du printemps - en Russie et en Colombie, elle devrait assurer près de 20 % des ventes du groupe.

Renault entre dans la phase d’amortissement de ses investissements pour cette voiture dont la rentabilité est estimée à 6 %. « Nous avons encore beaucoup dépensé en 2006. Maintenant, Logan devrait commencer à rapporter gros », affirme Patrick Blain, le directeur commercial du groupe.

Renault poursuit aussi son programme de réduction des coûts. Achats, coûts marketing, investissements industriels, tout est optimisé. La facture de la version break de la Clio prévue pour 2008 a été réduite de 35 %. La Twingo II, elle, sera produite sur la même base que son aînée, permettant de réduire les investissements de 30 %.

Le constructeur va aussi accélérer ses approvisionnements en provenance des pays à bas coût. « Grâce à notre implantation en Inde, nous avons constaté un différentiel conséquent avec notre base de coût actuelle. C’est un pays qui va prendre de l’importance pour nos approvisionnements dès 2008 », promet M. Pelata. Pour lui, même si Renault est actuellement dans une situation défavorable, le rebond aura bien lieu cette année.