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Iran : l’Holocauste vu par les intellectuels dissidents
18.12.2006

La Conférence hautement médiatisée sur l’Holocauste qui vient de se dérouler à Téhéran est maintenant terminée mais les sons qui se sont élevés là-bas résonnent encore désagréablement à nos oreilles. Au discours de Faurisson et autres invités négationnistes, il convient d’ajouter le point de vue des dissidents du régime.



Le site intellectualdiscourse.com a reproduit un discours de l’un de ces dissidents, K. Zarrabi, qui s’est interrogé sur les propos négationnistes d’Ahmadinejad, propos selon lesquels l’holocauste était un mythe ou une légende fabriquée pour justifier la création de l’état d’Israël. Et Zarrabi a déclaré qu’il fallait se demander si Ahmadinejad avait dit ces mots dans un bon anglais ou si ses expressions dans sa langue natale n’avaient pas été exagérées lors de la traduction pour donner une image anti-sémite de cet homme. « Il suffit de rappeler que M. Ahmadinejad est un homme connu pour son manque d’humilité et son absence de talents diplomatiques, mais il a à plusieurs reprises déclaré qu’il n’a jamais nié l’existence de l’holocauste, et qu’il remet en cause simplement les détails des récits établis et l’importance de cet événement ».

Cet intellectuel issu de la république islamique oublie que le régime au sein duquel il évolue a diffusé à maintes reprises les propos d’Ahmadinejad en iranien et à aucun moment, personne n’a pu y déchiffrer que l’holocauste a indéniablement existé. C’est la dure réalité de la vie intellectuelle sous le régime mollahs : on ne peut rien dire qui soit en contradiction avec le coran, le dogme, une quelconque parole de Khomeiny ou encore les diverses doctrines politiques du régime. Le discours de l’intellectuel est juste un peu moins rugueux, un peu plus recherché que les propos délibérément provocateurs d’un Ahmadinejad.

C’est pourquoi la suite des réflexions de Zarrabi ne nous surprend point. Selon cet intellectuel reconnu par les cercles des réformateurs, Ahmadinejad serait inquiet de la politique israélienne dans la région, politique soutenue par les Américains démocrates ou républicains ! Selon cet intellectuel reconnu et interrogé souvent par les journalistes, cette inquiétude est partagée par les intellectuels... Mais quel rapport avec la conférence sur le négationnisme ? aucun.

C’est le point essentiel de l’intellectuel dissident du régime, il s’inquiète pour le président qui est censé être un censeur. Mais ce n’est pas tout et l’on se demande si les rôles ne sont pas purement inversés...

La réflexion de cet intellectuel du régime des mollahs suit le même chemin que les diatribes d’Ahmadinejad : Zarrabi profite de ce qui devait être une protestation contre cette conférence pour critiquer la politique américaine dans la région. On s’aperçoit qu’il va encore plus loin qu’Ahmadinejad. Selon cet homme, les Etats-Unis n’abandonneront jamais Israël et cette affiliation est selon lui apparente dans le rapport Baker. Il critique le rapport pour cette raison et rappelle que le régime de Téhéran avait offert son aide pour résoudre les problèmes en Irak et que c’était l’occident qui n’en avait pas voulu.

Malheureusement, ceci nous rappelle les sermons de la prière de Vendredi, où le mollah qui a étudié l’art des digressions à volonté, prend comme prétexte un sujet pour développer les siens, mais comble de similitude, on retrouve les mêmes idées fixes aussi bien chez le mollah sermonneur que chez les parlementaires, les journalistes, le président et les intellectuels. Ce sont les mêmes thèmes, les mêmes réflexions et inévitablement les mêmes conclusions biaisées. Les Etats-Unis, Israël, les ennemis extérieurs et moi et moi et moi...

Et le problème ne se résume à ce Zarrabi, de plus gros poissons que lui ont également donné leur avis d’intellectuels... Ainsi le plus costaud d’entre eux, très officiellement présenté comme l’intellectuel réformateur Abbas Abdi, également ex-preneur d’otages, dans un article publié le 14 décembre par le quotidien Etemad Melli écrit : « Que nous apporte la négation de l’holocauste ? Est-ce qu’une telle négation rend encore plus illégitime les crimes d’Israël contre les Palestiniens ? »

Un autre chouchou de l’AFP, Sadegh Zibakalam, qualifié d’un intellectuel modéré et professeur de sciences politiques par le correspondant de l’AFP, a jugé que la tenue de cet évènement était un « cadeau aux ennemis du pays », car « ruine le peu de réputation qui nous restait auprès des Européens ».

Que dire ? Zibakalam qui est presque le modéré à domicile de l’AFP ou du Figaro, estime que le régime des mollahs jouit encore d’une bonne réputation...

Et l’on retrouve chez ces deux poids lourds de la prétendue dissidence aux mollahs le même souci permanent : Israël et les « ennemis du pays » !

Il y a chez ces hommes le même souci de simplifier le débat et d’assimiler le régime au pays, et ne pas être perçus comme les ennemis ou les adversaires du régime des mollahs ! C’est plus chic de dire « ne pas être l’ennemi du pays ». C’est un discours cosmétique : décidément nos intellos sont dans l’air du temps...

Mais tous, Zarrabi, Abdi et Zibakalam, oublient que les problèmes régionaux sont liés aux ingérences des mollahs dans les affaires régionales par l’intermédiaire des milices comme le Hezbollah. Aucun intellectuel iranien n’aborde les sujets qui fâchent. Ni le conflit entre la démocratie et la théocratie et ni la « politique étrangère » de la république islamique. L’intellectuel du régime ne peut aborder aucune réflexion politique car n’importe quelle réflexion pourrait heurter la très contradictoire et confuse diplomatie régionale des mollahs. Les intellectuels ou les dissidents sont des alibis du régime.

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NB. En Avril 2006, devant les caméras de Thierry Ardisson, Shirin Ebadi avait qualifié le génocide nazi d’un détail de l’histoire !