En islam, contrairement au catholicisme, il n’est pas obligatoire de se rendre à la mosquée pour y prier. Dans les premières années de la révolution, années qui coïncident avec la guerre Iran-Irak, de nombreux iraniens pensaient obtenir plus de tickets de rationnement ou des passe-droits en passant par la mosquée.

Les iraniens savent aujourd’hui que les mollahs qui peuvent leur accorder ces passe-droits sont ailleurs, c’est-à-dire dans des bureaux climatisés. Une évolution qui elle aussi est une des principales causes de la désaffection massive des mosquées. Cependant, cette chute affecte aussi les « croyants » iraniens qui estiment sans doute que les lieux sont mal fréquentés. Autrement dit que les porteurs de turban ne sont guère fréquentables. Le phénomène va chaque jour croissant.

Certains religieux s’en inquiètent publiquement. Très récemment, les religieux de haut rang se sont consultés sur ce sujet. Verdict : c’est la faute de la télévision si les mosquées se vident ! Les vieux enturbannés, qui ont eux-mêmes contribué à discréditer l’islam en le mêlant à tout, se demandent s’il ne faudrait pas retransmettre encore plus de cérémonies religieuses à la télévision. Nos vieux mollahs ont donc décidé de rendre les cérémonies plus vivantes et plus animées.

Après 27 ans de matraquage télévisé, retour à la case initiale qui nous ramène aux premiers temps de la république islamique, lorsque les seuls programmes autorisés à la télévision étaient les discours de propagande et les récitations des versets du coran. Mais depuis, les mêmes mollahs se sont équipés en moyens de transmission et ils ont eux-mêmes monté des chaînes commerciales qui diffusent par satellites. Ces chaînes commerciales ont du succès et aident les iraniens à s’évader.

Les mollahs se sont rendus compte que grâce à la diffusion d’émissions télévisées, même de piètre qualité, la population ne sortait pas dehors et qu’elle était moins prompte à manifester son mécontentement dans les lieux publics.

Cependant, si aujourd’hui les mollahs admettent la désaffection massive des iraniens pour les mosquées et recommandent publiquement plus de religion à la télévision, c’est qu’ils cèdent à la panique. Le mouvement était remarqué par bon nombre d’indices sociaux et l’apparition du phénomène Mahdi (12e Imam), promu par les medias du régime, n’y est pas étranger.

Mahdi a été transformé par les « penseurs du régime » en produit d’appel pour les mosquées désertées. Le régime a raclé ses fonds de tiroirs pour raccrocher les derniers croyants et même rattraper les plus désespérés en leur promettant une sorte de super-lotto de l’au-delà. Mais la fréquentation continue de chuter : même Mahdi n’a pas réussi à faire remonter la courbe !

Peut-être verrons-nous bientôt des veillées télévisées, colorées, chantées et dansées aux abords du puits d’où devrait sortir le saint homme. Si la tendance présage une triste période pour les croyants iraniens, mais ceci est vraiment un signe de changement de mentalité en Iran.

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