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Les Sanctions contre la Corée du Nord sont un avertissement à l’Iran
15.10.2006

Les pays réunis au Conseil de Sécurité des Nations Unies ont donc décidé d’appliquer des sanctions économiques à la Corée du Nord en précisant qu’il n’y aurait ni des frappes militaires ni d’encouragement pour un changement de régime.



La république islamique d’Iran interprétera sans doute ce train de mesures comme un avant-goût de ce qui l’attend. Il est prématuré de conclure que tout danger sera évité pour le régime des mollahs car le cas iranien et Nord Coréen se ressemblent, mais ne sont pas identiques. Le pouvoir de nuisance de la Corée du Nord est relativement émoussé, mais celui du régime des mollahs est confirmé. Le chaos irakien et la Guerre du Liban sont les deux grands succès de cette nuisance d’un pays qui est indispensable à l’occident sur le plan énergétique. Par ailleurs la Corée du Nord vit coupée du monde alors que l’Iran est tributaire des importations. Ce qui n’est pas le cas de la Corée du Nord.

C’est dans ce contexte des différences entre les deux pays qu’il convient d’étudier ce choix des sanctions économiques. Dans le cas de la Corée du Nord, elles ont un pouvoir anecdotique mais sur l’Iran, dont l’économie est comatique, les sanctions peuvent saper l’autorité de l’état.

Les sanctions économiques appliquées à la Corée du Nord n’empêcheront pas ce pays de continuer plus en avant les activités en vue de finaliser une bombe qu’elle pourra livrer à l’Iran, d’autant plus que les capitaux qui financent ses recherches sont iraniens. Mais les sanctions contre la Corée du Nord se traduiront par une restriction des imports-exports. Il sera plus difficile pour Pyongyang de se procurer des matières ou équipements nucléaires nécessaires à ses travaux. Dès à présent, les Russes se sont opposés à la fouille des cargos, ce qui laisse penser qu’ils sont impliqués dans le transfert de technologies prohibées vers ce pays et qu’ils entendent continuer dans cette voie. Les sanctions identifieront certains comportements et révéleront certaines pratiques prohibées. Malgré le refus des Russes ou les réticences des Chinois à fouiller les cargos, les échanges dans le domaine nucléaire seront sérieusement handicapés et les cargos seront surveillés de très près.

Mais l’effet le plus important de l’annonce des sanctions à l’encontre de la Corée du Nord est sans doute que le régime des mollahs devra faire face lui aussi à un tel traitement, et c’est ce qu’il craint le plus. Une aide directe pour le changement de régime serait inefficace si le peuple était solidaire de son gouvernement, comme c’est loin d’être le cas, les sanctions sont une aide indirecte pour précipiter un changement de régime.

Cette réalité tactique n’échappe pas au régime des mollahs et à ses alliés qui feront tout pour réduire la facture, essayer de retarder les échéances, voire tout tenter pour faire capoter une telle résolution en appelant encore à de nouvelles négociations…

Et l’Iran cherchera aussi à diviser la communauté internationale en reformulant selon son habitude de vieilles propositions [1] dont on a à maintes reprises cerné les incompatibilités avec la demande de la suspension définitive de toute activité nucléaire suspecte (enrichissement et eau lourde).

L’obstacle qui se pose sur le chemin des alliés de l’Iran est que ce pays veut des Garanties de Sécurité pour lui et le Hezbollah et l’Amérique ne peut les lui accorder. On peut retarder les sanctions, mais on reviendra toujours au même point, car les négociations sont sans issue et aucune compensation économique ne peut remplacer l’accord Iran+Hezbollah, du moins avec ce régime. Si le régime change, les données changeront.

Le peuple le veut à certaines conditions : que l’Iran ne soit pas fédéralisé et démembré [2]. Si ces conditions sont réunies, un changement sera possible et le peuple attend l’affaiblissement de l’autorité des mollahs et des pasdarans pour agir.


Conclusion | Nous sommes dans une situation absurde : les alliés de l’Iran ne veulent pas de sa bombe islamique, mais ne peuvent se résoudre à se séparer d’un fournisseur qui brade ses richesses et ils hésitent donc à le remplacer par un régime moins corrompu et plus responsable qui pourtant pourra être un élément stabilisateur de la région et une garantie infaillible pour son approvisionnement énergétique.

En attendant, ces mêmes alliés de l’Iran ont décidé d’appliquer des sanctions à l’encontre de la Corée du Nord [3] qui sont d’une efficacité symbolique :
- Cette décision du Conseil de Sécurité est un avertissement à l’Iran et rien d’autre.

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[1Et l’Iran cherchera aussi à diviser la communauté internationale en reformulant de vieilles propositions…| La dernière en date : Un responsable iranien a affirmé samedi que la proposition faite l’an dernier par Ahmadinejad de faire participer des sociétés étrangères à l’enrichissement de l’uranium iranien était toujours valable. Et le porte-parole du ministère iranien des Affaires étrangères a également déclaré que l’offre faite par l’Iran début octobre de créer un consortium avec la France pour la production en territoire iranien d’uranium enrichi était toujours « de circonstance ».

[2Le projet américain de la balkanisation de l’Iran | La dissidence instrumentalisée par les mollahs et par Michael Ledeen de l’American Enterprise Institute | 26.06.2006

[3Les Sanctions à l’encontre de la Corée du Nord | Le Conseil de sécurité des Nations unies a adopté samedi à l’unanimité une résolution imposant des sanctions à la Corée du Nord après son essai nucléaire proclamé. Les cinq membres permanents avaient réussi un peu plus tôt à trouver un accord, après des objections de dernière minute de la Russie et la Chine.


La résolution 1718 exige que la Corée du Nord élimine toutes ses armes nucléaires, mais exclut une action militaire contre le régime de Pyongyang, comme l’exigeaient Moscou et Pékin. L’ambassadeur des Etats-Unis auprès de l’ONU, John Bolton, a toutefois averti que si la Corée du Nord poursuivait son programme d’armement nucléaire, son pays retournerait devant le Conseil de sécurité pour obtenir des mesures supplémentaires.


La résolution interdit l’importation ou l’exportation de matières et équipement pouvait être utilisés pour fabriquer des armes nucléaires ou des missiles balistiques. Pour obtenir le soutien des Chinois et des Russes, les Américains ont renoncé à un embargo total sur les ventes d’armes conventionnelles à Pyongyang, mais la résolution interdit les ventes de moyens de défense lourds, comme les chars, les avions de combat, les navires de guerre et les missiles.


Le Conseil de sécurité appelle aussi tous les pays à inspecter les cargaisons partant ou arrivant de Corée du Nord pour empêcher tout trafic d’armes de destruction massive ou missiles balistiques. La formulation a été adoucie par rapport à la version initiale, mais l’ambassadeur de Chine Wang Guangya a précisé après le vote que cette mesure autorisant l’arraisonnement de navires pour inspecter la cargaison restait inacceptable pour Pékin.


La résolution demande à tous les pays de geler les avoirs et interdire les voyages des personnes qui soutiennent le programme d’armement nord-coréen. Les sanctions financières visent la façon dont le dirigeant nord-coréen Kim Jong Il « finance ses programmes d’armes de destruction massive, par des activités criminelles comme le blanchiment d’argent, la contrefaçon et la vente de narcotique », a expliqué l’ambassadeur américain John Bolton. La résolution vise aussi la petite élite nord-coréenne en interdisant la vente de produits de luxe au pays.