Selon le Washington Times, l’accord comprendrait éventuellement (le mot éventuellement a toute son importance) une suspension de l’enrichissement durant une période de 60 à 90 jours (lire notre analyse concernant le délai) durant laquelle des négociations entre Solana et Larijani pourraient avoir lieu de préférence à Paris ou Bruxelles, pourquoi ces deux capitales ? Les deux capitales sont chargées de symbolique. Paris est très proche de Téhéran et le président Chirac avait proposé de ne plus condamner l’Iran, et Bruxelles offre l’opportunité de signifier que c’est bien avec l’Europe que Téhéran discute.

Mais pourquoi demander le secret ? La réponse est toute simple, la suspension de l’enrichissement serait l’aveu d’une défaite de l’intransigeance des mollahs et la preuve de leur peur des sanctions. Le secret serait donc à l’intention du peuple iranien pour que celui-ci ne soit pas mis au courant de ce secret de polichinelle : le régime est fragile ! Pourtant le documentaire de France 2 très bavard n’a pas voulu aborder le sujet et nous expliquer pourquoi tant de policiers et de miliciens circulent dans les rues pour des jeunes qui ne seraient apparemment que des fêtards trousses jupons !

D’ailleurs, la frénésie du web a gonflé l’affaire et une heure après la publication de l’info par le Washington Times, le secret avait vécu et sans doute il avait franchi la barrière de la censure du régime. Aussitôt Larijani a démenti toute l’affaire et Javier Solana a fait savoir qu’il n’y avait pas eu de confirmation d’une entrevue avec Larijani.

A l’approche d’un affrontement entre l’Iran et le Conseil de Sécurité, le régime travaille dur pour augmenter la censure et contrôler l’information. Téhéran a une fois de plus accéléré à nouveau un mouvement de ramassage des paraboles permettant de voir les médias étrangers et l’Internet subit aussi quelques désagréments, notamment dans le secteur de Téhéran Karadj : la raison officielle est des travaux d’amélioration de la réception. Mais officieusement, le régime serait en train d’installer de nouveaux mouchards sur les lignes téléphoniques.

Le régime a raison de se méfier car il ne cesse d’informer les iraniens sur ses succès diplomatiques et doit éviter que les iraniens accèdent aux média internationaux (occidentaux et arabes) qui ne sont pas au courant de ces succès et parlent d’un isolement du régime des mollahs et du pays tout entier. La moindre nouvelle est vite propagée car les iraniens sont avides d’informations qui concernent leur avenir. Cette censure est destinée aussi à ceux qui sont proches du régime (les bazaris et les miliciens) : en effet, le régime continue de marteler que le gouvernement iranien ne transigera jamais sur le nucléaire. Un recul pourrait ébranler la foi des fidèles dans la solidité du régime [1].

On peut donc s’attendre à des réactions de la part des fidèles du régime, d’ailleurs la première chaîne de télévision iranienne vient d’annoncer l’arrestation d’espions atomiques sans donner de précisions quant à l’identité des coupables ou de préciser au profit de qui se faisait l’espionnage ; une purge pourrait calmer les esprits de ceux qui songeraient à quitter le navire avant les commandants. S’il y une chose qui n’est pas un secret à Téhéran, c’est bien le fait que les miliciens seront les derniers à apprendre la fuite des mollahs.

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