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Les sanctions contre l’Iran sont-elles factices ?
24.09.2006

Les premières sanctions internationales contre l’Iran en cas d’échec des discussions sur son programme nucléaire pourraient viser les échanges et la coopération liés à ses activités nucléaires et ses programmes de missiles balistiques. En d’autres termes, ce seront des sanctions contre la Russie qui est l’unique fournisseur non clandestin des mollahs dans ces deux domaines.



On ne peut pas réellement parler de sanctions car concernant la livraison de la centrale civile de Bouchehr, les Russes ont eux-mêmes ralenti les travaux de finition, et en ce qui concerne les missiles, ils ne reconnaissent que la livraison des systèmes anti-missiles. On ne peut pas sanctionner des activités inexistantes ou des activités clandestines car l’Iran achète d’importantes quantités de missiles à la Chine, mais ils ne sont pas « balistiques ».

Les mollahs se font également livrer clandestinement des missiles balistiques par la Corée du Nord. Officiellement, ces missiles sont des produits iraniens. Ces deux mesures nous paraissent donc totalement dénuées de réalisme. Ce sont des sanctions factices destinées à tromper l’opinion publique qui s’inquiète de l’attitude très ambiguë du régime des mollahs. Les états qui doivent décider de la nature des sanctions sont eux-mêmes des partenaires commerciaux des mollahs et ils ne peuvent se résoudre à s’auto-sanctionner.

Les diplomates impliqués dans les discussions sur les futures sanctions ont également évoqué une restriction des voyages de physiciens et scientifiques, ou des sanctions à l’encontre du financement des programmes de recherche. Concernant les déplacements des scientifiques, on pourrait encore parler de sanctions fictives car les mollahs ont toujours affirmé que leurs recherches nucléaires étaient faites par des savants locaux et qui dit locaux, dit sédentaires.

Mais en réalité, les mollahs travaillent intensivement avec des Pakistanais, des transfuges des ex-républiques soviétiques et des Nord-Coréens, des citoyens au-dessus de tout soupçon qui voyagent souvent discrètement avec des passeports diplomatiques ou de faux papiers. Cette restriction est loin d’être une sanction valable car elle est dénuée d’efficacité. On constate qu’il s’agit d’une autre mesure pour « ne pas sanctionner » ou pour retarder les vraies sanctions efficaces (à supposer que l’on y arrive un jour).

Après les techniques dilatoires des mollahs, nous devons assister impuissants aux mêmes simulacres dans leur version internationale. Les mesures qui sont savamment évitées sont l’embargo sur l’essence et sur les produits d’entretien des moteurs d’automobiles et dans ces cas précis, nous touchons aux intérêts vitaux de certains pays très engagés avec les mollahs. La France se trouve en tête de liste car elle continue à augmenter le volume de ses échanges commerciaux avec l’Iran.

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Le cas de Total | Selon Le Monde [1], Total se livre actuellement à un lobbying intensif auprès de l’Elysée et Matignon, pour que le dossier nucléaire iranien n’aboutisse pas à des sanctions. Jacques Chirac et Dominique de Villepin ont été directement sollicités. Total tente d’empêcher que les tensions internationales nuisent à son projet de l’exploitation du gigantesque gisement offshore de Pars-Sud, dans les eaux du Golfe Persique. Il s’agit d’un accord datant de l’année 2004 en partenariat avec la compagnie pétrolière malaisienne Petronas.

Pour Total, l’enjeu est de taille. Dans les années 1990, elle avait exercé de fortes pressions pour que le système de sanctions onusiennes contre l’Irak de Saddam Hussein soit levé. Le reversement de Saddam avait conduit de facto à l’éviction de la société française. Total est implantée en Iran depuis 1997 et en utilisant des contrats Buy-Back, elle a accès au pétrole et au gaz à des prix sacrifiés. Par ailleurs, selon les spécialistes, Pars-Sud recèlerait la moitié des réserves de gaz naturel iraniennes (elles-mêmes les deuxièmes au monde). Sur Pars-Sud, outre Total, GDF prévoit la production de gaz naturel liquéfié destiné à l’exportation. La France est également un fournisseur d’essence à l’Iran et un de ses plus généreux créanciers. Peux-t-on s’attendre à des sanctions de la part ce pays ? Doit-on croire les rumeurs [2] selon lesquelles la France ne serait pas hostile à une nucléarisation militaire du régime des mollahs ? Ou bien est-ce de l’inconscience ? [3]

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Autre déception | Ces premières sanctions seraient éventuellement imposées à l’Iran s’il refusait de suspendre l’enrichissement de l’uranium à l’issue d’une nouvelle rencontre entre le diplomate en chef de l’Union européenne, Javier Solana, et le principal négociateur iranien, Ali Larijani.

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Autre forme aiguë de l’inconscience :
- Total est déterminé à défendre sa part du gâteau irakien
- (La Tribune - article du 21/02/03)

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[1Le Monde :| Extraits de « Le lobbying de Total » | Natalie Nougayrède 22.09.2006

[2La France ne serait pas hostile à une nucléarisation militaire des mollahs.| Extraits de « Iran : Chirac immobile » | 19.09.2006

[3Les mauvais calculs de J. Chirac| Extraits de « Chirac, la dissuasion nucléaire et le syndrome Maginot » | 09.09.2006