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En mémoire d’un pays jadis nommé Iran !
28.07.2006

Qui se souvient de l’Iran ? Qui se souvient du honteux ralliement des journalistes occidentaux et des intellectuels à la cause de la révolution iranienne ? Qui se souvient encore de la campagne hystérique contre le Shah [1], des rapports sur la corruption [2], sur la répression policière, sur la décadence du Palais, sur la crise constitutionnelle ?



Qui se souvient des milliers d’étudiants iraniens (envoyés au frais du royaume) dans les universités étrangères adoptant avec enthousiasme le marxisme à la mode ? Qui se souvient de ceux qui ont pris la tête d’un mouvement d’émeutes armées et de campagnes mensongères qui ont précédé la chute du Shah ?

Qui se souvient encore du comportement de ces étudiants qui prirent en otage les envoyés de cette même puissance qui leur a fourni leur éducation ? Qui se souvient d’Edward Kennedy accusant le Shah d’être à la tête du régime le plus répressif de l’histoire ? Qui se souvient d’Edward Kennedy [3] accusant le Shah d’avoir volé des milliards de dollars à l’Iran ?

Et qui se souvient des vérités que nos journalistes [4] nous ont cachées sur les véritables réalisations du Shah : ses succès dans la lutte contre l’analphabétisme, le retard et l’impuissance de son pays, sa politique économique éclairée et ses réformes qui avaient mis à l’abri les populations de la tyrannie des mollahs diaboliques ? Lui a -t-on laissé une chance de les parachever ? Qui se souvient encore de la liberté et la sécurité dont bénéficiaient les journalistes pour se promener en Iran et recueillir tous les témoignages qui servaient à remplir leurs papiers fantaisistes sur la terreur ?

En vérité le Shah était un autocrate. Mais entre autocratie et tyrannie il y a une différence. Un autocrate peut diriger comme le Shah qui cherchait à diriger avec un Parlement représentatif, une justice indépendante et même une presse libre et une université autonome. Le Shah, qui partageait la même vision que Kemal Atatürk, expérimentait dans son autocratie un moyen de créer et protéger les institutions laïques instaurées (contre les mollahs – ndlr).

Pourquoi personne parmi les politiciens occidentaux ne s’est préoccupé de démontrer que le processus démocratique est indissociable de la mise en place préalable des institutions démocratiques ? Ce que le shah faisait ! Pourquoi personne n’a comparé le système politique iranien avec ceux de l’Irak ou de la Syrie ?

Pourquoi nos politiciens se sont empressés d’embrasser la révolution iranienne malgré les preuves que cette révolution dans ces circonstances serait le prélude à un désordre massif et à un régime de terreur ? Pourquoi l’intelligentia occidentale a t-elle contribué au mythe que c’était le Shah qu’il fallait blâmer pour cette révolution alors que les marxistes comme les islamistes de Khomeiny avaient planifié celle-ci depuis trente ans et n’avaient trouvé qu’un appui populaire spasmodique malgré toutes leurs tentatives ?

La réponse à toutes ces questions est simple. Le Shah était un allié de l’Occident et son projet de monarchie modérée dans cette région stratégique avait aidé à garantir notre sécurité et apporter stabilité au Moyen-Orient et limiter l’expansion soviétique. Le Shah a commis une erreur fatale en pensant que ceux qui faisaient l’opinion en Occident l’apprécieraient pour avoir créé les conditions qui garantissaient la liberté. Au contraire ils l’ont détesté. Le Shah avait compté sans le désir suicidaire qui hante notre civilisation et qui permet à ses membres les plus bruyants de propager n’importe quel mensonge aussi absurde soit-il pourvu qu’il menace nos chances de survie.

Durant un temps, ces éléments vociférants vont faire le silence sur le sujet embarrassant de l’Iran, en pensant que l’effondrement des institutions iraniennes, l’établissement d’une terreur religieuse, l’expansion soviétique en Afghanistan et la fin de la stabilité régionale sont les conséquences d’autres évènements que la révolution iranienne. Ceux qui ont apporté un soutien à cette tragédie, lui ont après simplement tourné le dos, et sont allé ailleurs pour préparer des destins similaires aux peuples de la Turquie, du Nicaragua, du Salvador, du Chili, d’Afrique du Sud ou d’autres lieux encore où les intérêts vitaux de l’occident pouvaient être menacés.

Bien sûr, aujourd’hui c’est difficile pour un correspondant occidental d’entrer an Iran et s’il le peut ce ne sera pas une partie de plaisir. Il ne pourra pas comme ceux qui expédient leurs reportages depuis Beyrouth adopter la posture du « héros populiste » sur la ligne de front. Le correspondant de presse en poste en Iran devra se contenter d’être un témoin muet, terrorisé pour sa propre vie, en danger d’extinction immédiate par la justice spontanée des gardiens de la révolution. Il devra être le témoin silencieux des scènes effroyables de violence, de torture ou de frénésie démoniaque, de l’humiliation publique des femmes. Il devra être le témoin impuissant de la détresse d’une jeunesse sacrifiée par un ennemi qu’elle est censée combattre…

La vérité est que la monarchie modérée est le bon gouvernement pour l’Iran et que ce pays ne peut être sauvé que par la restauration du successeur légitime du Shah. Un tel résultat serait dans l’intérêt non seulement du peuple iranien mais aussi de l’Occident, mais peu de journalistes occidentaux sont prêts à le reconnaître.

Par Roger Scruton
- Journaliste, écrivain et philosophe qui a longtemps collaboré avec le Financial Times, The Sunday Telegraph, The Daily Telegraph, The Times, The Daily Mail, The Spectator, Hunting et même The Guardian et Independent.

[Recherche Par Mots Clefs : Mohammad-Reza Shah (le shah)]

[1Campagne hystérique du Nouvel Obs. | Les dessous de la Révolution : Le Vendredi Noir|

[2Corruption : remarques refaites encore récemment par Shimon Pérès dans son livre de conversation avec Boutros Boutros-ghali

[4Journalistes/Intellectuels anti-Shah, 2 exemples | Fred Halliday & Ali Réza Nourizadeh|