Et au risque de nous répéter nous l’écrivons encore, les modérés ne sont que des conservateurs travestis pour des raisons publicitaires, un peu à l’usage de l’intérieur et beaucoup à destination d’une image à vendre à l’extérieur du pays. Cela nous vaut régulièrement un courrier étonné ou choqué par nos propos, mais nous réitérons et une fois de plus nous avons un magnifique exemple à donner.

Khatami, l’ancien président iranien présenté tant de fois comme modéré réformateur et réformiste nous en offre l’occasion après avoir présenté Mesbah Yazdi, le mollah responsable des commandos Martyrs, comme un pilier et un fondement de la révolution. Yazdi, le lanceur de fatwas et père spirituel du milicien Ahmadinejad [1] bénéficie ainsi d’un nouveau soutien.

A la suite de l’histoire du Happening de Qom et après qu’il ait été établi que les trublions étaient membres du groupe de Mesbah Yazdi, Khatami a dit que Rafsandjani (le glabre) et Mesbah Yazdi (le crocodile) étaient tous deux « des clefs de voûte du régime islamique », chacun avec des caractéristiques différentes et innombrables mais complémentaires.

Selon Khatami, il s’agit de deux personnes qui avant la révolution étaient déjà des révolutionnaires et qui ont beaucoup donné pour sa réussite et si Rafsandjani a une plus longue histoire révolutionnaire cela ne suffit pas à nier le passé révolutionnaire de Mesbah Yazdi.

A bien analyser les propos de Khatami, on ne peut que se poser des questions, du moins si l’on a la vision tronquée de ceux qui font le distinguo entre modérés et conservateurs. En effet comment expliquer que Khatami, s’il était vraiment modéré, déploie tant d’efforts pour rapprocher deux personnages qui seraient des ultras (un ultra-cynique et un ultra-fanatique) ?

En tant que supposé modéré, il devrait se réjouir des querelles entre ses ennemis. Or, il n’en est rien et au contraire on assiste à la manifestation d’inquiétude de Khatami. Pourquoi vouloir à tout prix avoir des soi-disant rivaux unis face à soi ? A moins que Khatami ne fasse parti d’un même front que les autres, un front beaucoup plus uni, un front désireux de défendre ses prérogatives, ses plate bandes, son pré carré, ses prébendes… il n’y a pas beaucoup d’explications plausibles.

En admettant que ces mollahs sont effectivement unis, on comprend mieux le système. Les mollahs défendent leurs intérêts communs face à toute espèce d’opposition qui pourrait profiter des supposées divisions pour remettre en cause le régime islamique. Cette intervention impromptue de Khatami confirme notre analyse sur le Happening à Qom.

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