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Iran : Happening collectif à Qom
06.06.2006

Rafsandjani était à Qom pour célébrer « le discours de Khomeiny du 15 Khordad ». Le 15 Khordad (5 juin 1963) a eu lieu la première révolte de Khomeiny en 1963 contre le décret royal pour l’émancipation des femmes. C’est une date fondatrice pour la clique de Khomeiny (GBG) dont hier était l’anniversaire de sa mort.



Rafsandjani devait discourir devant un parterre de religieux et de personnes acquises à la cause islamiste et préalablement triées : la cérémonie a été écourtée et s’est terminée par des manifestations et une mêlée générale qui ont obligé les forces de l’ordre à intervenir pour séparer les belligérants.

Au cours du discours de Rafsandjani, l’une des personnes dans l’assistance s’est levée en disant qu’il avait une question à poser, ce qui a mis à bas l’ordonnancement prévu et provoqué un certain remue-ménage et les réprobations d’autres participants tandis que l’orateur continuait tant bien que mal son discours. Alors que le chef du Conseil du Discernement de l’état (Rafsandjani) essayait de faire revenir le calme, un religieux en habit de mollah s’est soudain levé à son tour et a crié contre les orateurs, ce qui a déclanché un nouveau tumulte et des heurts dans l’assistance. Des slogans furent alors lancés à la gloire de Khamenei et Rafsandjani pour s’opposer aux agissements de ce religieux. Rafsandjani a alors interrompu subitement son discours puis quitté le mausolée de Fâtemeh où se déroulait cette cérémonie, pour partir à Téhéran.

Alors qu’habituellement la radiotélévision iranienne ne diffuse que très exceptionnellement des émissions en direct par crainte des manifestations hostiles, cette fois-ci, partant du fait qu’il ne risquait pas d’y avoir d’opposants dans une telle assemblée, le direct était de mise sur la télévision régionale. Là aussi, on nous relate que subitement la diffusion a été coupée et que des habitants de Qom se sont alors rendu au mausolée pour voir ce dont il s’agissait créant ainsi un surplus d’affluence.

Le milicien Taheri, responsable des forces islamiques de l’ordre dans la zone de Qom, a annoncé que toute atteinte à l’ordre public serait sévèrement réprimée. Le député de la circonscription, le mollah Mir Mohammadi, s’est dit désolé de constater que les ennemis de la république islamique essayaient de désolidariser le clergé du peuple et a donc demandé à ce que les responsables soient châtiés...

Dja’afari, le procureur local, a alors renchéri en affirmant que ces agissement étaient illégaux et que la mise en cause de personnages politiques et religieux était blasphématoire et donc susceptible des plus fortes peines que la loi prévoit [comprendre la peine de mort].

Un des responsables des services de sécurité, sous couvert d’anonymat, a dit à un journaliste de l’agence de presse gouvernementale Fars qu’avant le début de la cérémonie, ils avaient reçu une mise en garde à propos de risques de chahut durant celle-ci.

Rafsandjani devait à l’issue de cette cérémonie avoir une réunion à Qom avec les responsables du service publicitaire de l’islam (Tablighat). Encore une fois nous n’avons aucune certitude sur cet événement : s’agit-il d’une provocation orchestrée par le régime ou d’une réelle contestation ? Cependant, la télévision habituellement absente et qui diffuse d’ordinaire en léger différé était présente et diffusait en direct ! Ainsi chacun a pu voir la très forte réaction de soutien de l’assistance au régime et à ses dirigeants. Les photographies du mollah turbulent se trouvent aussi sur le site FARS NEWS, la très officielle agence de presse du régime des mollahs.

D’ordinaire FARS censure tous les évènements qui ont une réelle portée politique hostile au régime et ne diffuse que ce que le régime veut montrer : idem pour MEHR ou les journaux gouvernementaux (Keyhan et Iran, ce dernier a provoqué la fausse insulte aux Azéris).

Le régime voulait donner ce spectacle et ce dans le but, de réaffirmer que la seule opposition au régime se trouve en Iran (mollahs dissidents, journalistes dissidents ou étudiants dissidents). L’objectif est de monopoliser le débat et au passage montrer qu’il s’agit de courants minoritaires !

Ou qu’il s’agit de courants tolérés : qu’on se le dise, ce régime tolère les paroles dissidentes. Telle est la nature de ces mises en scène qui arrivent encore à tromper la vigilance de certains sites et non des moindres comme IranPressNews dont l’enthousiasme de voir la division parmi les mollahs l’emporte sur la vérification des sources.

Et que disent ces dissidents ? Rien de vraiment consistant à se mettre sous la dent : aucun d’eux n’a jamais pris la défense d’une fille violée qui va être pendue, aucun n’a jamais évoqué le calvaire de Zahra Kazemi, aucun n’a jamais évoqué les crimes de Khomeiny, les mensonges de Khatami. Les «dissidents» iraniens sont les complices du régime. Et ceux qui les défendent sont leurs idiots utiles.

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