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L’Enjeu : Et si Arafat avait fait basculer le destin de l’Iran ?
31.03.2006

Le régime des mollahs vit, perdure et prospère grâce à son recours à l’arme du terrorisme. La main mise sur le Liban et le règlement du Contentieux nucléaire d’Eurodif par des attentats à Paris et des prises d’otages au Liban ont été ses plus importants succès des années 80, mais parallèlement, il avait enchaîné les défaites militaires dans la guerre Iran-Irak. Pourquoi ?



Parce que l’expérience que les mollahs avaient accumulée avant d’arriver au pouvoir n’était pas militaire, mais forgée dans des camps Libyens d’entraînement de terroristes. On ne peut donc parler de « dérive » vers le terrorisme, mais d’une « continuité ». Cette hypothèse de départ n’est pas retenue en France car elle est en conflit avec le dogme des origines « anti-impérialistes » du terrorisme moyen-oriental et le mythe de l’arme du pauvre : un discours de gauche promu par l’OLP. Dans le contexte actuel de l’islamisme, cette hypothèse pourrait avoir des conséquences sur nos certitudes car elle établirait enfin un lien entre Arafat et Khomeiny. Car ce lien a bel et bien existé. Arafat a aidé Khomeiny en lui envoyant ses mercenaires. Plusieurs ouvrages ont reconnu notamment le rôle de l’OLP dans une fusillade, le 8 septembre 1978 sur la Place « Jaleh » à Téhéran. L’évènement a été rebaptisé le « vendredi noir » par le Nouvel Observateur qui aujourd’hui refuse de reconnaître les faits par fidélité à Yasser Arafat. Voici le récit d’un événement tragique qui a fait basculer le destin de l’Iran.

Khomeiny fait appel à Arafat

En septembre 1978, le Chah voulait éviter l’escalade et laisser une chance au courant modéré. Les premières marches contestataires qui avaient eu lieu à Téhéran avaient réuni des centaines de milliers d’Iraniens. L’armée était présente dans la rue, mais se gardait de répondre aux provocations. Khomeiny avait besoin de rompre la passivité de l’armée, n’y arrivant pas, il décida de déchaîner la haine populaire contre l’armée. C’est ainsi que Khomeiny et ses conseillers ont eu l’idée de provoquer un massacre et de l’imputer aux militaires : son exécution fut confiée à Arafat.

K. Aria-manesh, vice ministre de la culture du Chah, égorgé à Paris par les assassins du régime des mollahs, a reproduit dans son livre « Le Bilan », une interview radiophonique accordée par Arafat. Ce dernier y avoue que « quelques mois avant le départ du Chah, à la demande de Khomeiny, et avec l’aide de Chamran (futur ministre de la Défense sous Khomeiny) ; des milliers de mercenaires palestiniens, secrètement mais avec des papiers en règle ont débarqué à Téhéran ». Aria-manesh souligne que les conseillers de Khomeiny ont parallèlement fait courir la rumeur selon laquelle, à la demande du Chah, Israël avait envoyé des militaires en Iran (pour tirer sur le peuple depuis des hélicoptères).

Le vendredi 8 septembre 1978, les Fedayins d’Arafat ont pris place sur les toitures terrasses des immeubles bordant la minuscule Place Jaleh et certains d’entre eux se sont mêlés à la foule avec des islamo-marxistes iraniens. Les Fedayins des toitures ont ouvert le feu sur les manifestants (pro Khomeiny) et sur les soldats et les policiers qui encadraient le rassemblement. Ils visaient en priorité les soldats (55 morts) et les manifestants (31). Il y eut 205 blessés dont 70% de militaires. C’est très compréhensible et c’était l’objectif recherché, les manifestants et journalistes présents ont associé les coups de feu aux seules personnes visiblement armées, c’est-à-dire aux policiers et aux soldats, sans se douter de l’existence de l’attaque dissimulée des Fedayins postés sur les toits…

Etrangement, personne n’a vu les Fedayins de l’OLP

Mais très étrangement, les journalistes présents, dont aucun n’a été tué ou blessé, n’ont pas rapporté le cas très suspect des soldats ou policiers qui avaient péri en nombre excédant celui des civils. Les reporters du Nouvel Obs en ont donné même un récit très Péplum « du peuple combattant avec bravoure les militaires ». Etaient-ils vraiment présents sur la Place Jaleh, ce matin du 8 septembre 1978 ? Nous en doutons car nos confrères du Nouvel Obs ont compté 9000 cadavres de civils éparpillés sur le sol sur une place qui ne peut contenir que 500 personnes debout !

Ce vendredi (jour férié), il se passait d’étranges choses chez les journalistes. La Télévision publique iranienne très à gauche qui était en grève a diffusé dans l’heure un film reconnu depuis comme un montage de séquences montrant « une intervention militaire », un film sans aucun lien visuel avec l’urbanisme de la Place Jaleh. Sortant des nimbes de fumigène, des soldats portants des uniformes kaki (différents des uniformes iraniens) tirent vers des cibles invisibles et, sur d’autres images, on voit des jeunes appelés iraniens inactifs, le fusil au pied et souriant à l’objectif : loin de l’excitation du moment, on voit qui s’agit d’un film de montage des images d’archives. Quoi qu’il en soit, personne n’a vu les Fedayins de l’OLP et d’autres continuent à éviter le sujet afin de ne pas voir les preuves d’une supercherie ou d’une autre affaire impliquant Arafat. Le vendredi noir eut l’effet escompté : Le régime du Chah annonça un bilan final de 86 morts et 205 blessés, (bilan confirmé 18 ans plus tard par le régime des mollahs, cf. E.Baghi) ! Mais ce communiqué de 86 morts a fait scandale : le régime, aidé par des Israéliens, avait tué des milliers (comme l’affirmaient la presse et la télé), mais le Chah continuait à nier « son crime » ! La Tuerie de la Place Jaleh a discrédité totalement l’armée et désavoué le Chah, décidant ses nombreux partisans à rejoindre le cortège de ses opposants inconciliables.

Une des rares photos où l’on peut voir Khomeiny sourire

Arafat fut la première « personnalité » reçue à Téhéran par Khomeiny avec des égards dus à un chef d’état. Les amis gauchistes ou pro-Mossadegh de Khomeiny se précipitèrent pour embrasser Arafat (Sanjabi, Forouhar, voir photo), mais le document le plus incroyable, est la photo où l’on peut voir Khomeiny et Arafat assis côte à côte. Ils se tiennent tendrement la main, c’est une des rares photos où l’on peut voir Khomeiny sourire… Un sourire de reconnaissance et d’admiration illumine le visage du vieux mollah qui ordonna qu’on mitraille ses propres partisans pour discréditer un régime qui combattait l’islamisme pour assurer la paix au Moyen-Orient. Quant au businessman en treillis, on voit qu’il est loin d’admirer Khomeiny et songe à obtenir des compensations méritées. Et il les obtint.

WWW.IRAN-RESIST.ORG

- Par Kavéh Mohséni [1]

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Israël-L’Enjeu n°13 | 10 Mars 2006 | 2ième de la UNE | Actualité | Format A4

[1Kavéh Mohséni, né en 1961 à Téhéran dans une famille laïque, travaille actuellement en tant que chroniqueur politique sur PARS-TV (parstv.tv), une chaîne politique diffusée via satellite vers l’Iran. En Juillet 2006, il crée www.Iran-resist.org, un quotidien on-line pour décoder l’info qui vient de l’Iran et révéler le vrai visage de son pays. En exclusivité pour les lecteurs de l’Enjeu, il révèle les dessous de la révolution islamique en Iran où comment Arafat l’a fait basculer en un bain de sang.

- Le récit détaillé sur : http://www.iran-resist.org/article1510 !