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Nucléaire : Opérations médiatiques de France-Inter en Iran
17.02.2006

Dans un programme télévisé sur France 2, le chef de la diplomatie française, Douste-Blazy a accusé l’Iran d’avoir un programme nucléaire « militaire clandestin ». En même temps, France-Inter faisait le grand écart à Téhéran devant Larijani, l’ex-patron des chaînes islamistes interdites en France qui aujourd’hui est le patron du nucléaire iranien.



À ma droite Douste-Blazy se faisait le champion d’un franc parler inhabituel en déclarant : « Aujourd’hui c’est très simple : aucun programme nucléaire civil ne peut expliquer le programme nucléaire iranien… donc, c’est un programme nucléaire iranien militaire clandestin ».

À ma gauche, Stéphane Paoli jouait les Candides et échangeait des salamecs avec un homme soupçonné d’avoir liquidé des opposants iraniens. Au-delà des poncifs étalés pendant ces deux heures, il s’agit d’une double opération médiatique. La coïncidence entre les propos de Douste-Blazy qui sont prononcés le jour même de la présence de l’équipe de l’Inter à Téhéran n’est pas un couac diplomatique et une gaffe Doustienne, mais une volonté de Paris de montrer qu’il peut à tout moment jeter ses médias sur le régime des mollahs.

On a eu évidemment l’intervention de Delphine Minoui qui a qualifié Téhéran de ville cuvette, un lapsus sans doute de la part de cette femme sans éthique journalistique qui prête ses talents pour expliquer que l’Iran (où l’on ampute la main pour un vol) est un pays moderne comme les autres. Nous lui avons consacré quelques articles qui donnent une image particulièrement exacte de sa personnalité [1].

Il y a eu aussi l’envoyé spécial d’Inter qui a parlé de consensus des jeunes à défendre la politique de leurs oppresseurs : en somme les jeunes Iraniens sont modernes, mais très musulmans et très pro-nucléaires. Benoît Colombat nous a raconté la nostalgie de Khatami, ce fossoyeur du mouvement estudiantin. En voilà des petits jeunes bien amnésiques qui ont un discours bien formaté !

Et ensuite, nous avons eu Stéphane Paoli qui a cru bon de préciser que le représentant du régime des mollahs ignorait les questions qu’on lui poserait et que l’émission n’avait pas été préparée : Paoli a répété cette phrase une fois, deux fois, trois fois, quatre fois, au début puis à la fin de l’émission [2] ! Mais la tribune offerte à ce représentant a prouvé que France Inter avait choisi de modérer ses journalistes.

L’objectif était de montrer au régime des mollahs que la France pouvait focaliser l’attention sur ce régime : à lui donc de choisir la voie de la sagesse et de signer avec les Russes avant le 6 mars, sinon il encoure le risque de voir se répéter de telles journées avec des intervenants moins favorables au régime des mollahs.

Le Conseil des Gouverneurs de l’AIEA a demandé le 4 février à Téhéran de mettre fin à toutes ses activités sensibles, une piste que l’équipe de Paoli n’a pas exploité, laissant parler sans entrave le représentant du régime des mollahs. Bernard Guetta a tendu des perches à Larijani sans relever que le régime des mollahs continue d’entraver les inspections depuis plus de 2 ans.

Par l’intermédiaire de Larijani, le régime des mollahs s’est déclaré ouvert à toutes les solutions tout en évitant de prononcer les mots tabous : Conseil de Sécurité et Saisine. Bernard Guetta n’a pas jugé utile de recentrer le débat et de rappeler que le régime des mollahs n’a cessé de refaire les mêmes déclarations à l’approche de chaque échéance qui ramène la menace du transfert au Conseil de Sécurité.

Il y avait donc un double objectif dans cette émission : le premier était de faire savoir que la France avait les moyens de faire de la mauvaise publicité aux mollahs mais il y avait aussi un objectif subsidiaire et néanmoins plus immédiat. Cet objectif était d’offrir une tribune aux mollahs afin de prouver la volonté de la France de leur éviter la saisine et d’encourager le « dialogue ».

Guetta et Paoli, sous-titraient et expliquaient les propos du milicien Larijani, en martelant qu’il y a en Iran de nombreux hommes d’états pour le Dialogue et pour la Paix. Ces hommes sont Larijani lui-même, l’homme des télés du Hezbollah, Khatami, l’homme qui a abusé l’Europe et Rafsandjani qui est sous mandat d’arrêt international.

Dialogue, Paix, Collaboration (commerciale) étendue avec la France, Place de la France en Iran ! Des mots, des mots, des mots et le plus triste est que la France joue aux apprentis sorciers avec un régime qui déstabilise tout le Moyen-Orient. La France se compromet avec ses mollahs qui ont utilisé l’Europe contre les Etats-Unis et ils ont largué l’UE pour la Russie : aujourd’hui ils abandonnent la Russie pour l’Europe. La Faute n’est pas du côté de ces tricheurs, mais du côté de l’Europe qui est tentée par le business avec les mollahs aux détriments de l’Unité Internationale.

Au fond, rien n’a changé pour le Quai d’Orsay depuis l’échec des négociations en Août 2005 (lisez notre article [3] écrit, il y a plus d’un an, sur le « bande à part » de la France qui coûtera cher à notre planète).

Le mot le plus utilisé par le trio des fantaisistes Guetta, Paoli, Larijani a été Dialogue ou l’Enjeu du Langage, si joliment formulé par Paoli, le magicien hypnotiseur du 7/9.

« Dialoguez chers amis avec le diable », vous verrez qu’il vous croquera.

WWW.IRAN-RESIST.ORG

[2Stéphane Paoli qui a cru bon de préciser que le représentant du régime des mollahs ignorait les questions qu’on lui poserait et que l’émission n’avait pas été préparée : Paoli a répété cette phrase une fois, deux fois, trois fois, quatre fois, au début puis à la fin de l’émission. Communiquer la liste des questions: une pratique très courante car elle permet à l’intervenant de préparer des notes et à l'émission de garder un bon rythme...