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[ Nucléaire ] - IRAN - USA - ISRAEL et les « Garanties de Sécurité » : Les Raisons du Refus des mollahs
15.12.2005 [commentaires]

Le dirigeant iranien en charge du dossier nucléaire, Ali Larijani, a rejeté mardi l’idée du chef de l’agence nucléaire de l’Onu, Mohamed El Baradei, que Washington donne des « Garanties de Sécurité » à l’Iran pour le convaincre de ne pas détourner son programme nucléaire à des fins militaires.



« L'Iran n'a pas besoin de ce type de garanties condescendantes et dispose d'une bonne capacité pour se défendre », a déclaré Larijani en marge d'une rencontre avec le chef du bureau politique du Hamas, Khaled Méchaal, qui effectue une visite officielle en Iran.

« L'Iran est entouré de pays comme Israël qui possèdent l'arme atomique et nous voulons simplement qu'une oreille nous entende », a-t-il ajouté.


Les Faits. El Baradei a appelé lundi les Etats-Unis à donner à l'Iran des garanties de sécurité pour faciliter les négociations entre Téhéran et l'UE, qui doivent reprendre le 21 décembre.

« Je vois des Garanties de Sécurité fournies par les Etats-Unis comme une partie de la solution », avait déclaré le lauréat du prix Nobel de la paix 2005, en visite à Stockholm.

«Alors que les négociations avec l'Union européenne vont reprendre, j'espère que les Etats-Unis vont s'engager davantage», a affirmé M. Elbaradei.

- Mais le porte-parole adjoint du Département d'Etat Adam Ereli a jugé qu'avant que quiconque demande aux Etats-Unis de faire quelque chose, c'est à l'Iran de répondre aux questions, d'agir comme un membre responsable de la communauté internationale et d'arrêter de violer les accords avec l'UE-3 et avec les autres pays.

Les raisons du refus des mollahs

Les «Garanties de Sécurité» allaient mettre fin à l’embargo technologique américain en Iran et allaient résoudre tous les problèmes du régime. Pourquoi les mollahs refusent les «Garanties de Sécurité» alors qu’ils proposent aux Américains de construire eux-mêmes une centrale en Iran ? Au-delà du problème du nucléaire militaire, il s’agit d’un élément constant de la diplomatie du régime des mollahs : La reconnaissance par les Américains.

Depuis son avènement, le régime des mollahs cherche à légitimer son pouvoir vis-à-vis des Américains. Les Américains de leur côté sont partagés. Les mollahs agissent avec une très grande prudence et accueillent les propositions internationales en tenant compte de cet objectif essentiel.

Celui d’être reconnus comme les interlocuteurs de l’Amérique dans cette région et dans le monde musulman, il est judicieux de le répéter, parce que les mollahs ont besoin d’affermir leur pouvoir dans la région et dans le monde musulman.

Cette prudence se manifeste par une seule attitude : l’attentisme.

1er cas : Le 10 novembre, le New York Times révélait l’existence d’un accord entre les Américains et les Européens qui aurait reçu le nom du Compromis Russe. Les révélations de NYT ont conduit Condoleeza Rice à nier toute implication dans cette affaire et le 11 novembre, Rice démentait l’existence d’une proposition commune USA-UE !

La 10 novembre, cette annonce n’a entraîné aucune réaction à Téhéran et le 11, après le revirement de Rice, le régime des mollahs rejetait la Proposition Russe. ET même si les Européens n’ont eu de cesse de réchauffer le plat pour le resservir à nos amis enturbannés, la réponse des mollahs reste négative car sans l’acceptation définitive des Américains, la solution ne sera que temporaire. En demandant aux Européens de prendre en charge les négociations, les Américains ont rendu très difficile la possibilité du processus de légitimation de la république islamique.

Le rêve des mollahs est de s’asseoir à la table des négociations avec les Américains et de traiter avec eux d’égal à égal. La proposition Russe du 10 novembre n’avait de véritable valeur que dans la mesure où il s’agissait d’un accord USA-EU. Le retrait catastrophique de Condoleeza Rice a dévitalisé cette option.

2e cas : Il y a ensuite eu la proposition de Khalilzad de négocier directement avec les mollahs avec l’autorisation personnelle de Bush, le Grand Satan en personne. Les mollahs ont accepté après une longue période d’attentisme, suite à l’obstination de Khalilzad et suite à ses déclarations un peu approximatives. Mais dès lors que le Département d’Etat précisait que le mandat de Khalilzad se limitait uniquement aux questions liées à l’Irak, les mollahs revenaient sur leur accord et refusaient tout contact avec les Américains.

3e cas : L’affaire des « Garantie de Sécurité », proposées par l’UE mais refusées par l’Iran en Août, puis proposées par l’AIEA et à nouveau refusées par les mollahs en décembre, relève du même ordre du jour : la légitimité internationale de celui qui propose les « Garantie de Sécurité ». Si elles sont proposées par les Etats-Unis, les mollahs consentiraient à négocier, mais dans le cas contraire, ils estiment qu’il s’agit d’une contrefaçon.

Annexe : Les « Garantie de Sécurité » ne sont pas viables tant que ce régime ne renoncera pas à ses activités terroristes et s’il y renonce sa survie est sérieusement compromise : c’est un serpent qui se mord la queue. Et en plus les « Garantie de Sécurité » données aux mollahs équivaudraient à contraindre Israël à démanteler son arsenal nucléaire, une demande de la Ligue Arabe qui soutient El Baradei depuis ses débuts. L’intention du régime des mollahs à se doter de l’arme nucléaire prend une nouvelle tournure avec El Baradei qui ajoute aux tensions existantes en utilisant des arguments qui font le jeu des fondamentalistes où qu’ils soient.

Heureusement, le régime des mollahs a refusé parce que les « Garantie de Sécurité » n’avaient pas été avalisées par les Etats-Unis mais le problème persiste. L’UE et El Baradei reviendront certainement à la charge sur deux fronts complémentaires :

  • les « Garantie de Sécurité » cautionnées par les Etats-Unis et,
  • « un plus grand engagement des Américains » dans les négociations.

Peut-être demanderont-ils aux Américains de négocier directement avec les mollahs. Et si les Américains refusent, l’UE et le Prix Nobel de la Paix, deux alliés des mollahs, crieront au scandale. L’UE et El Baradei déplacent le centre de gravité du problème : désormais la faute ne sera pas due aux mollahs et à leurs liens avec le terrorisme, mais aux Américains et à leur politique unilatérale.