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13 - 06.12.2012
Iran : La semaine en images n°250

intro de base pour comprendre la situation,
mise à jour chaque semaine avec de nouveaux éléments après ce module [+].
Avec une nouvelle analyse inédite des événements de la semaine précédente.
En rouge : les éléments qui, cette semaine, ont été d’actualité.

Origines de la crise [+]. Il y a 33 ans, en 1979, les mollahs, alliés historiques de Britanniques et exclus du jeu par la dynastie progressiste des Pahlavi, ont pu revenir dans l’arène politique quand les Américains ont décidé de renverser le Shah (coupable entre autre d’avoir modernise le pays, stabiliser la région et aussi d’avoir créer l’OPEP) avec l’intention d’installer à sa place leurs pions islamo-fédéralistes de NEHZAT AZADI, des ex-compagnons de l’islam-nationaliste Mossadegh qui avaient avec lui passé dans le camp américain. Le Parti islamo-fédéralistes de NEHZAT AZADI a aussi dévoyer de nombreux membres du parti islamo-nationaliste (pro-britannique) JEBHEH MELLI.

NEHZAT AZADI avait aussi créé une branche armée islamo-marxiste, les MODJAHEDIN KHALGH (OMPI) pour dévaliser le parti communiste Toudeh (officiellement communiste, mais pro-britannique dans ses choix). Les membres de cette branche armée clairement djihadistes devaient former les Gardiens de la Révolution islamique pour exporter la révolution, déstabiliser la région et la remodeler selon les intérêts pétroliers américains. Le projet appelé Arc de Crise devait permettre à Washington de devenir la première puissance pétrolière au monde

Ce remodelage, qui à termes devait désagréger l’IRAN, allait mettre fin à 100 ans de domination britannique du marché pétrolier mondial. Les Britanniques ont demandé à leurs pions encore fidèles à savoir les mollahs influents, les Bazaris et leurs nervis, les cadres du TOUDEH et de JEBHE MELLI d’intervenir pour mobiliser le peuple pour jouer un grand rôle dans le projet américain afin d’évincer les pions de Washington et prendre le pouvoir dans le nouveau régime islamiste. Ce coup d’état interne a été réalisé par Rafsandjani, le demi-frère et fondé de pouvoir de Khomeiny, en assassinant les pions religieux de Washington et surtout en coupant le cordon ombilical entre Washington et la révolution islamique par l’attaque des "étudiants islamiques" contre l’ambassade américaine et la prise en otage des diplomates américains.

[+] En échange, de ces bons et loyaux services et cette Seconde révolution islamique, Rafsandjani a été autorisé à écarter des mollahs plus hauts placés comme Mottahari (le protecteur des Larijani), mais aussi d’autres pions de Londres comme ceux de TOUDEH et de JEBHEH MELLI pour accéder à tous les postes clefs| comme le ministère de l’intérieur, les services secrets des Pasdaran ou encore le ministère de guerre qui ont fait de lui le patron non officiel du régime et de tous les bons business (pétrole, automobile, le secteur alimentaire). Avec le soutien des jeunes mollahs ambitieux et évidement le soutien tacite des Britanniques, Rafsandjani a aussi verrouillé le système en diabolisant les Etats-Unis et en attaquant ses intérêts et ses alliés régionaux pour ne laisser aucune chance de retour aux pions américains.

L’Etat américain a alors commencé à sanctionner les mollahs pour provoquer des pénuries et un risque de soulèvement pour forcer Rafsandjani et ses complices à cesser leur diabolisation, d’accepter un apaisement, puis la normalisation des relations pour qu’il puisse revenir en Iran avec ses pions et reprendre le pouvoir via une révolution de couleur.

Rafsandjani et ses complices ont alors accentué les actions terroristes contre les intérêts américains et ont dû sacrifier la production nationale pour importer tout d’Europe afin d’acheter la protection diplomatique des Européens. Cela et la guerre contre Saddam ont rapidement ruiné le pays et sa force de production : les ouvriers ont perdu leurs emplois, les Bazaris qui vivaient de la vente des produits nationaux ont été ruinés. Le pays était aussi en guerre. Beaucoup de jeunes Pasdaran contactaient Reza Pahlavi pour exprimer leurs regrets de tout ce qui avait été perdu par leur faute. La révolution islamique a très vite perdu ses enfants et très vite, le régime s’est retrouvé en danger. Mais il n’est pas tombé car Washington n’a jamais aidé les opposants, le peuple et les dissidents de peur que le modèle islamique nécessaire à ses projets régionaux ne disparaisse.

Par ailleurs non seulement Washington n’a jamais aidé les opposants, mais encore, il a souvent laissé un grand nombre de ses partenaires stratégiques contourner ses sanctions pour adoucir leur effet. quand il estimait qu’elles pouvaient dépasser leur objectif et entraîner la chute du régime islamique qu’il veut récupérer.

Mais en agissant ainsi, Washington a rallongé l’agonie du régime et a amplifié l’opposition et la dissidence interne, ce qui a affaibli la position de Rafsandjani, le patron de facto du régime, parmi ses adversaires internes. Pour se maintenir, Rafsandjani devait étendre son pouvoir. En 1989, à la mort de Khomeiny, avec l’aide de Moussavi, Khamenei et quelques autres, Rafsandjani a trafiqué le testament de son frère défunt pour officialiser sa propre mainmise sur le régime en faisant transférer les pleins pouvoir pour le Conseil de Discernement qu’il présidait et préside encore). Mais la poursuite des sanctions visant personnellement Rafsandjani (comme avec le mandat d’arrêt pour l’attentat de l’Amia) et son incapacité à les neutraliser l’ont amené à partager le pouvoir avec des adversaires (comme Ali Larijani) pour acheter leur loyauté et des délais supplémentaires pour restaurer son hégémonie.

[+] 1996-2005 : Nouvelles stratégies ratées de Rafsandjani (régime en crise)| Rafsandjani a alors tenté un faux apaisement avec Washington avec la mise en place de soi-disant modérés sous la direction de Khatami, un ex-responsable d’assassinats des opposants exilés.

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[+] Rafsandjani a fait alors également appel aux vieux pions gauchisant de JEBHEH MELLI pour donner un look moins barbus à cette comédie. Mais pour brider ces gens et éviter qu’ils puissent demander une part du gâteau économique, Rafsandjani a aussi créé un parti imitant JEBHEH MELLI (Front National) sous le nom de JEBHEH DEMOCRATIC (front démocratique) et confié sa direction à l’un de ses gardes, le milicien Tabarzadi. Ce personnage s’est plutôt ouvert au rétablissement des relations avec les Etats-Unis à certaines conditions (une version douce de la position officielle). Puis il a été soi-disant mis en prison pour que son propos prenne une allure révolutionnaire et que lui même
endosse une image de dissident et obtienne le soutien de Washington. Le régime a aussi fabriqué d’autres dissidents estudiantins sur le même modèle (Frères Mohammadi, Fakhr-avar, Sanjari) dont certains après un court séjour en prison ont reçu un passeport pour aller aux Etats-Unis afin d’encourager les Américains de prendre en considération Tabarzadi. Mais Washington n’a été convaincu par le discours flou de Tabarzadi et ce malgré un scénario judiciaire époustouflant, de faux dissidents et des avocats-acteurs remarquables Shirin Ebadi et Nasrine Sotoudeh (ex-avocate du régime pour le déblocage des fonds gelés par Washington en réaction à l’affaire des otages). Washington a cependant donné des opportunités à ce groupepour s’exprimer, mais il a vite compris qu’il s’agissait d’une ruse pour l’amadouer avec une promesse de démocratisation afin de le mettre en situation de ne plus pouvoir continuer ses sanctions. Il a alors alourdi les charges en 2000 en évoquant la "menace nucléaire des mollahs" (Iran Non-proliferation Act) pour sanctionner plus durement les mollahs.

Après l’échec du projet de la fausse dissidence et du faux apaisement, Rafsandjani a remplacé Khatami par Ahmadinejad, un autre ex employé de ses services secrets. Il l’a entouré des pires racailles des services secrets (comme Mottaki, Najjar, Vahidi) pour tenter de faire reculer Washington avec toute sorte de menaces. Mais Washington a utilisé ces menaces pour renforcer ses sanctions !

Mais en 2007 quand Washington a impliqué le Conseil de Sécurité de l’ONU pour généraliser les sanctions et s’est mis à évoquer très régulièrement la possibilité de frappes militaires, la dissidence interne s’est amplifiée : on a assisté à d’importants boycotts des manifestations officielles par les de Pasdaran de base, les Bazaris ou des mollahs de base.

2008 : dernières stratégies de Rafsandjani (régime en crise)| En 2008, Washington a adopté ses premières sanctions bancaires, limitant sérieusement les revenues en devises du régime. Rafsandjani, ses complices et ses adversaires unifiés au sein du Conseil de Discernement ont décidé de limiter le pouvoir d’achat des Iraniens pour brider la consommation afin de survivre malgré la diminution de leurs revenus. Le plan prévoyait la suppression de tous les prix subventionnés, mais par peur d’une émeute générale, le régime a d’abord gelé les salaires de ses propres employés les mieux payés, les agents sécuritaires, qui ont été très déçus et ont aussi pris leur distance bien qu’ils ne puissent pas aller vers la dissidence en raison de leurs passés criminels.

Cette nouvelle rupture était terrible. Le régime était menacé en cas d’un soulèvement. Rafsandjani devait songer à une éventuelle négociation avec Washington pour pouvoir quitter le pays avant la chute du régime : il a alors exclu Ali Larijani du poste clef de négociateur nucléaire lui donnant accès au dialogue avec les Américains pour prendre en main ce poste. Larijani ne s’écartait pas : Rafsandjani devait lui donner un poste clef. Via a les élections factices du régime, il l’a désigné comme grand le vainqueur des législatives et lui a la direction du pouvoir législatif (la chefferie du Parlement) : un titre et une tribune plus qu’un vrai pouvoir car le Parlement n’a aucun rôle décisionnaire dans le système actuel. Ali Larijani a alors révélé par l’intermédiaire de l’un de ses pions la corruption de Rafsandjani et de ses alliés afin de les éliminer du jeu et devenir celui qui négocie la fin du régime pour bénéficier des mêmes garanties.

Rafsandjani s’est vu menacé par les sanctions, le risque de pénuries et d’émeutes, la dissidence interne ou encore les dossiers d’Ali Larijani : en juin 2009, il a tenté de sauver le régime et surtout sa situation avec le Mouvement VERT (couleur de l’Islam), une fausse révolution de couleur, partisane de la ligne (anti-américaine) de Khomeiny, menée par ses ex-amis (les étudiants islamiques preneurs d’otages de l’ambassade américaine pour donner une nouvelle légitimité à son clan. La BBC et les membres de JEBHEH MELLI ont évidemment soutenu le Mouvement VERT !

Mais le peuple a agi avec bon sens, il n’est pas tombé dans le panneau et a profité de l’occasion pour crier sa haine du régime et les Pasdaran ne sont guère intervenus pour réprimer cette contre-révolution. Les amis du régime comme les membres de JEBHEH MELLI n’ont guère constaté l’envie de changement des Iraniens et sont restés fidèles au scénario de base ! Mais Rafsandjani qui avait failli renverser le régime a dû offrir le Pouvoir Judiciaire à Sadegh Larijani, le frère cadet d’Ali Larijani, pour acheter la loyauté de cette famille et pouvoir ainsi poursuivre ses plans.

Rafsandjani offrait plus de pouvoirs à ses ennemis (les Larijani), mais avec un risque limité car le maître des accusations, procureur Ejéi (un ex-patron des services secrets) était un de ses pions et par ailleurs, le tribunal spécifique au clergé ou encore l’inspection générale interne étaient dirigés par ses pions : les mollahs Razini et Pour-Mohammadi. Rafsandjani devait cependant faire vite avant que les Larijani nomment leurs pions. Il a alors tenté de duper le peuple avec de nouveaux slogans moins mièvres et en faisant passer d’ex-agents secrets enrôlés dans le ministères des affaires étrangères et aussi ses enfants Mehdi et Faezeh pour des opposants. Mais après un an d’échecs, il a dû s’éclipser laissant la direction des affaires à Ali Larijani.

2009 : Pouvoir bicéphale (régime en super crise)| On peut dire que Rafsandjani a perdu le soutien de ses pairs et qu’il a été débarqué du pouvoir par eux et Larijani qui avait des dossiers contre tout le monde a pu obtenir sa place. Mais ses gens n’ont pas osé officialiser la passation du pouvoir car il avait peur de Larijani et de ses dossiers compromettants. De fait, il n’y a pas eu d’épuration interne, Rafsandjani est resté influant car il gardait des pions au pouvoir en particulier Ahmadinejad et ses ministres, tous issus des services secrets des Pasdaran qu’il avait jadis dirigés. Ainsi, en juin 2010, le pouvoir est devenu bicéphale, complètement divisé.

Larijani a alors commencé à mettre en place des procès contre les enfants de Rafsandjani pour l’atteindre moralement et des procès contre Ahmadinejad et ses ministres chargés des négociations pour démanteler son équipe afin de permettre à son propre équipe de prendre la place. Cette entreprise de sape a reçu le soutien tacite de tous ceux qui avaient été exclus depuis toujours du pouvoir et des bons business par Rafsandjani.

Fin 2010, ce nouveau pouvoir très divisé a enfin mis en place son plan impopulaire de suppression de tous les prix subventionnés confirmant par la même occasion que sa situation économique était très grave. En seulement un mois, la hausse des prix de produits énergétiques a entraîné la faillite de 60% des entreprises et une terrible récession

Trois mois plus tard, en mars 2011, la Fête du Feu, une grande fête persane interdite par le régime depuis toujours, coïncidait avec l’anniversaire de Reza Shah, le fondateur d’Iran laïque. Le régime a menacé le peuple des pires répressions s’il bougeait. Le peuple a passé outre ces menaces montrant son rejet de l’Islam et son souhait d’une contre-révolution. Les Pasdaran ont laissé faire, affichant ainsi leur soutien à la contre-révolution. Cette action exemplaire a réduit le régime à ses 200 dirigeants + près de 15,000 responsables régionaux, journalistes ou lobbyistes + 800 hommes d’affaires et enfin quelques 6000 nervis.

Le Régime a tenté de rétablir l’ordre en cessant de payer les Pasdaran, en assassinant des meneurs d’hommes ou en incendiant le Bazar à plusieurs reprises sans parvenir à soumettre les dissidents qui étaient à l’origine de ses malheurs.

Mars 2011 : Crises à tous les étages | Le Régime était fragilisé, il pouvait chuter dans le sang et ses dirigeants devaient songer à accepter l’offre de Washington pour céder le pouvoir afin d’échapper à une fin terrible. Les cadres et les hommes d’affaires du régime qui allaient être sacrifiés dans le deal ont paniqué : les cadres du régime ont commencé à rompre et les hommes d’affaires du régime ont commencé à brader leurs biens pour acheter de l’or et des dollars afin de quitter le pays avant la débandade de leur dirigeants. La demande du dollar a fait augmenter le prix de la devise américaine sur le marché libre. Le taux du dollar est devenu l’indicateur de la chute de la confiance des derniers compagnons du Régime en leur avenir.

Ces ruptures et ces retraits de devises ont affaibli davantage le Régime (déjà très en difficulté). Larijani a alors accentué ses efforts pour écarter au plus vite Rafsandjani afin de contrôler le jeu des marchandages avec Washington. Il a ainsi admis la vulnérabilité du Régime, ce qui a créé une nouvelle source d’agitation interne.

Juillet 2012 : Le coup de grâce | Washington a imposé aux Européens de cesser leurs relations protectrices pour amener Larijani à accélérer sa guerre contre Rafsandjani afin de provoquer de nouvelles fracture au sein du régime..
- Il y a de nouvelles ruptures (les députés, puis les juges).
- Les Chinois ont estimé que le régime était fichu : prudemment, ils ont annoncé la diminution leurs investissements, puis ont suspendu leurs achats pétroliers.
- La peur de la banqueroute économique et de pénuries a envahi tout le monde provoquant une nouvelle grande ruée vers le dollar, mais aussi une ruée vers les produits alimentaires. Le pays tout entier a basculé dans la révolte avec une grande manifestation contre le Régime à Neyshabur, puis des appels à la grève générale au Bazar et plusieurs attaques contre la police des moeurs, dernière milice encore fidèle au Régime… Les Pasdaran ne sont pas intervenus, confirmant ainsi leur adhésion à la contre-révolution.

Le Régime a fait appel à ses 6000 nervis de base pour rassurer ses derniers compagnons. Mais il n’a pu mobiliser que 250 individus qui au fil du temps n’osent même plus sortir dans la rue et soutiennent le régime en se réunissant uniquement sur des sites sécurisés.

ce fut le début de la bataille pour l’accès aux canots de sauvetage |

Rafsandjani a paniqué et a donné des signes de vouloir négocier rapidement avec Washington pour vendre le régime en échange de quelques garanties de sécurité pour lui-même qui avait été le grand manitou du terrorisme international.

Rafsandjani a senti qu’il devait saisir toutes les occasions. Le voyage d’Ahmadinejad à NY pour l’Assemblée Générale de l’ONU était une occasion en or. Larijani a renforcé les accusations contre ses plus proches lieutenants. Les commandants des Pasdaran (qui sont en place grâce à lui mais pourraient être sacrifiés dans le deal à venir) ont rejoint le concert des accusations.

Rafsandjani a rapatrié ses enfants Mehdi et Faezeh, laissant les Larijani les arrêter, pour les rassurer sur sa loyauté et les laisser partir son pion Ahmadinejad à New York. Mais contre toute attente, dès son arrivée à NY, Ahmdinejad s’est montré très charmant avec les Américains en leur proposant la possibilité d’une normalisation des relations bilatérales ! Rafsandjani avait sacrifié ses enfants. Il devait estimer que le régime était fichu. La panique a de nouveau gagné tous les derniers compagnons du Régime : on a assisté à une folle ruée vers le dollar : en quelques heures, le dollar est remonté de 70% dépassant les 4000 Tomans.

Les Larijani ont placé Mehdi en isolement. Mais Rafsandjani a continué et il a ainsi déçu de nombreux proches par son cynisme. Ses amis ex-preneurs d’otages ou terroristes ont constaté qu’il pourrait facilement les sacrifier. Les Britanniques, alliés trahis, ont aussi demandé des sanctions supplémentaires pour intimider le Régime. Rafsandjani a dû reculer en faisant désavouer indirectement l’ouverture proposée par Ahmadinejad. Mais la panique a persisté car elle n’est pas seulement due à l’envie de fuite des dirigeants, mais à ce qui provoque cette envie, c’est-à-dire, la vulnérabilité du régime.

Le régime était de facto condamné. Rafsandjani devait continuer ses efforts pour assurer ses intérêts au-delà du régime. Pour cela, il avait besoin de tous alliés disponibles. Il a décidé de sauver le fils qu’il avait sacrifié pour rassurer ses fils spirituels. Il a alors a chargé Ahmadinejad de visiter la prison Evine de Téhéran au prétexte d’un rapport sur l’état des prisons. Les Larijani ont refusé la demande et ont même utilisé ce refus pour malmener le clan Rafsandjani et mettre en valeur son déclin.

Septembre 2012 : Implosions en chaîne | Dans la foulée, le Régime devait organiser de nouveaux manoeuvres et défilés avec les Pasdaran. S’attendant à de nouveaux boycotts de grands événements politiques et religieux, le Régime redoutait une nouvelle panique ou un début d’exode de ses associés avec leurs fortunes reconverties en dollar. Les dirigeants des deux clans ont cru judicieux de bloquer tous les comptes en devises. Cette mesure a encouragé ses compagnons à acheter davantage de devises, mais aussi de revenir à l’achat de pièces d’or. Le dollar et l’or ont atteint des sommets. Le régime a proféré des menaces à l’encontre des acheteurs qualifiés d’agitateurs financiers, mais en l’absence de troupes fidèles à ses côtés, il n’a pas pu les intimider. Il a alors incendié le Bazar pour forcer les revendeurs Bazaris d’arrêter les ventes. Les Bazaris, malmenés et ruinés par le régime depuis des années, ont baissé les grilles pour commencer une grève paralysante.

Encore une fois, il n’y a eu aucun policier ou milicien fidèle pour défendre le régime. Chacun a vu que le régime (et ses dirigeants) étaient dépassés et seuls. Ses compagnons ont aussi rompu les amarres et ont attaqué les banques pour libérer les devises bloqués sur leur compte. Le régime s’est ainsi retrouvé avec deux actions explosives susceptibles de précipiter sa chute. Il a tenté de contenir ces menaces en annonçant de grands rassemblements militaires autour du Guide dans la région de Khorâssân du Nord, mais les Pasdaran de cette région ont boudé le Guide.

Octobre 2012 : crise, panique et pénurie | Dans le contexte particulièrement défavorable du septembre 2012, l’Europe a annoncé de nouvelles sanctions contre le régime. Le dollar a encore augmenté de 30% malgré les menaces d’arrestation et de pendaison proférées par le Régime. Humilié, le Régime, a alors annoncé la tenue de trois jours de manœuvres époustouflantes à Téhéran avec 15,000 combattants d’une nouvelle milice anti-émeute. Mais les images ont montré une soixantaine de miliciens à ses côtés.

Par la suite, le Régime devait alors organiser des grandes prières publiques à l’échelle nationale à quatre occasions : la fête de Sacrifice, la « Semaine célébrant le Bassidj des Ecoliers » (Mobilisation de Ecoliers "prêts à se sacrifier pour la révolution"), l’anniversaire de la seconde révolution et enfin la fête chiite de Ghadir Khom (la naissance du chiisme) ! Tous ces événements politiquement importants avaient été sévèrement boycottés par le peuple et par les Pasdaran en 2011.

Pour s’épargner de nouveaux boycotts (révélant son total isolement), le Régime devait rassurer ses proches : il a évoqué la possibilité d’établissement de coupons de rationnement pour ses partisans démunis. Pour obtenir le soutien de ses affairistes paniqués, il leur a proposé d’investir leurs dollars dans l’économie du pays en reprenant des grandes industries publiques. Les évocations de rationnement et de demande d’investissement ont convaincu out le monde que le régime était au bord de la faillite et de la pénurie : il y a une ruée vers le stockage des principaux produits de grandes consommations et en conséquence, le pays a été confronté à de grosses pénuries notamment d’essence (produit rationné depuis 2005).

Les frères Larijani devaient vite prendre le contrôle du régime et des négociations finales avec Washington pour pouvoir fuir en toute sécurité et avec leur fortune. Ils ont reparlé de la demande d’Ahmadinejad de visiter les prisons, la qualifiant de manœuvres médiatiques pour cacher la responsabilité d’Ahmadinejad dans la crise économique actuelle avant d’évoquer la "convocation d’Ahmadinejad devant les représentants du peuple pour des questions sur ses choix" afin de lui "retirer le vote de confiance du Parlement".

Les mollahs de l’Assemblée des Experts (le Sénat du régime) qui sont les complices politiques et économiques de Rafsandjani ont désapprouvé cette révolution du palais. Le clan Rafsandjani s’est senti protégé et s’est lancé dans des attaques contre ses adversaires. Par ce comportement, il a confirmé qu’il n’avait rien à faire de l’intérêt général, il oeuvrait pour ses intérêts car il considérait que la chute du régime était proche. C’est pourquoi les 200 à 300 nervis de base ont aussi boycotté la prière publique de la fête de Sacrifice.

Novembre 2012 : nouvelles paniques et nouvelles divisions internes | Washington a été alarmé par ce déclin évident du régime islamiste en Iran. Il a demandé aux Argentins à trouver un compromis sur l’affaire Amia avec Rafsandjani (le principal accusé) pour obtenir un transfert pacifique de pouvoir vers ses pions avant la chute du régime islamique. Ce marchandage avec Rafsandjani a été vu comme une menace par les Larijani et aussi par Les commandants des Pasdaran, qui seront les grandes victimes d’un transfert des pouvoirs vers Washington.

Il y a eu deux réactions. Les Larijani ont confirmé la convocation d’Ahmadinejad mettant Rafsandjani et ses pions en situation de ne plus avoir le droit de négocier quoi que ce soit. Les commandants des Pasdaran ont aussi fait feu sur un drone américain pour bloquer le marchandage en cours à Buenos Aires. Washington a esquivé ce tir encombrant. mais le clan Rafsandjani a eu peur de défier ses propres militaires a abandonné ces négociations incroyables. Le clan Rafsandjani a aussi lâché Ahmadinejad en pour ne pas couler avec lui. Il a enfin désigné comme son candidat pour les élections à venir : Rahim-Mashai, un islamiste qui se dit non hostile à Israël (pour jouer une nouvelle version d’apaisement avec Washington). Les Larijani ont torpillé ce candidat susceptible de relancer Rafsandjani en inculpant de fraude financier un des proches de ce candidat. Le régime était plus divisé que jamais allait à sa perte avec ses nouvelles querelles.

La base devait paniquer en se ruant vers l’achat de l’or, du dollar... Mais le régime a alors suspendu les licences de 99,7% des agents de change, puis a interdit l’exportation de la moindre gramme d’or du pays, confirmant ainsi sa faillite ! Le régime a également annoncé le rationnement de 50 produits de base. Il était clairement ruiné. La base a confirmé sa rupture par le boycott massif de l’anniversaire de la seconde révolution et de Ghadir, l’anniversaire de la naissance du chiisme !

Après ces deux boycotts symboliquement forts, les deux clans devaient rétablir la confiance avec les gens de la base pour arrêter leur envie de fuir. Les Larijani ont cessé leurs pressions sur Mehdi Rafsandjani. Les gens de la base n’ont pas aimé ce faux apaisement sans effet sur la politique générale du régime. Dans le même temps, les Pasdaran ont craint une alliance dans leur dos. Pour casser toute possibilité de deal avec Washington, ils ont annoncé la création d’une base de missiles à proximité du détroit d’Ormuz. Le régime est ainsi passé de 2 à 3 clans en guerre ! Cette nouvelle querelle a davantage démoralisé les compagnons économiques du régime. Ces gens pouvaient aller plus loin en se ralliant à l’opposition notamment à Reza Pahlavi qui prône une amnistie globale.

Il y avait les ingrédients nécessaires pour un soulèvement. Le régime a paniqué : il a tenté de donner une actualité à la fausse opposante Sotoudeh pour islamiser toute agitation à venir et promouvoir un package plus JEBHEH MELLI (une république musulmane à la place d’une république islamiste). Mais il n’y est pas parvenu. Il a alors annoncé la mort sous torture de Sattar Beheshti, un militant imaginaire très musulman, officiellement fan de Tabarzadi, très respectueux de la révolution islamique et par hasard, très hostile à Reza Pahlavi et à ses initiatives anti-régime !

Les Larijani utilisaient le Mouvement VERT (de Rasandjani) qui n’avait pas pu canaliser les mécontentements et avait même failli accélérer la chute du régime. Les gens du régime ont compris que l’union entre les deux clans ne serait pas synonyme d’une solution. C’est pourquoi ils n’ont pas joué le jeu et ont continué à boycotter les rassemblements officiels, mais aussi les rassemblements propres à chaque camp. L’union entre les deux clans a alors explosé. Le Clan Rafsandjani qui se sentait désavoué par le rejet interne du Mouvement a décuplé d’efforts pour discréditer le clan Larijani afin qu’il ne puisse pas profiter de sa perte de crédibilité. Le Clan Rafsandjani a notamment accusé les Larijani d’avoir mal géré la médiatisation du meurtre du faux opposant imaginaire Sattar Beheshti ! Les Larijani ont jeté la faute sur leurs nouveaux amis les Commandants des Pasdaran ! Le régime n’en finissait d’imploser !

Les Américains ont encore envoyé des émissaires en Iran pour savoir si l’un des deux clans était prêt à déposer les armes contre quelques garanties de sécurité. Les Commandants Pasdaran (qui n’ont pas de clan à eux seuls) ont tenté de saboter tout les négociations en évoquant des missiles capables de frapper les bases américaines en Europe. Washington les a ignorés, mais sas marchandages ont finalement échoué car le pouvoir est trop divisé et un seul clan ne peut décider pour tout le monde.

Au même moment, quelques 88,000 ouvriers des aciéries d’Ispahan ont annoncé qu’ils n’étaient plus payés depuis plusieurs mois. Par ailleurs, une grande région d’Iran a été sévèrement touchée par des inondations. Egalement, des centaines de milliers d’Azéris qui vivent sans aucun secours depuis un récent tremblement de terre ont été frappés par une vague de froid prématurée, mais ils n’ont bénéficié d’aucune attention car les dirigeants étaient occupés à sceller des alliances pour s’assurer leur avenir.

Les amis nantis du régime ont eu peur d’un soulèvement général : ils se sont précipités sur le réseau informatique interbancaire de transfert de fonds pour sortir le contenu de leurs avoirs vers leurs comptes à l’étranger afin de fuir le pays avec leur famille. Pour bloquer leur fuite, le régime a bloqué ce réseau et a multiplié par 3 les prix de billets d’avion vers l’étranger notamment vers Beyrouth et vers la Malaisie, son paradis bancaire, pour empêcher les familles de ses amis de quitter le pays !

Ces jours-ci : Super spirale de désordres, le régime et ses dirigeants isolés étaient alors à quelques jours 2 rendez-vous importants : le mois saint de Moharram qui doit être marqué par des dizaines de rassemblements et des processions religieux fanatiques pendant 10 jours et aussi par des rassemblements paramilitaires car cette décade fervente donne lieu à une Semaine de Bassidj (général) ou la Mobilisation "de tous les Jeunes" pour la préservation de la révolution islamique. Ces événements avaient massivement été boycottés en 2011. Pour masquer un nouveau boycott, les ayatollahs basés à la ville de Qom, siège du clergé, ont lancé une fatwa interdisant toute procession publiques !. Par ailleurs, chacun des deux clans a tenté de pactiser avec les Pasdaran pour neutraliser l’autre clan. Les Commandants des Pasdaran et leurs dernières troupes, c’est-à-dire les nervis du régime, ont choisi le clan d’Ali Larijani. Larijani a tenté de contacter les Américains via son frère Javad Larijani, le responsable des droits de l’homme au sein du régime..

Rafsandjani, exclu du jeu et condamné à rester et périr en Iran, a tenté de bloquer cette négociation en évoquant des progrès du régime dans le domaine du nucléaire militaire. Les Américains ont esquivé ses annonces, mais il n’y as peu de négociations car ils n’ont pas accordé de visa à Javad Larijani ! Ils ont préféré garder Rafsandjani, car ils ont beaucoup de dossiers contre lui.

Larijani ne pouvait pas jouer un rôle, mais Rafsandjani était désigné comme un maillon faible et risquait d’être lâché par ses "alliés". Il a proposé une alliance à Larijani, également en difficulté sous la forme d’un candidat commun aux prochaines présidentielles. Larijani a d’abord accepté. Mais vu l’extrême faiblesse du régime, il a eu peur que Rafsandjani ait voulu l’endormir pour avoir la possibilité de négocier tranquillement avec Washington ou pour le doubler en accordant la victoire à un autre candidat de son camp. Afin de ne pas être doublé, Larijani a alors exigé une réforme de la loi électorale pour dominer l’organisation des élections (actuellement entre les mains des pions et des alliés de Rafsandjani). Le clan Rafsandjani a dénoncé cette réforme comme un coup d’Etat et le Guide qui fait partie de ce clan a désavoué le convocation d’Ahmadinejad au Parlement. Puis les médias liés à Rafsandjani ont évoqué un rapport d’autopsie pour désigner Larijani et les Pasdaran pour les coupables du meurtre (imaginaire) de Sattar Beheshti ! Le clan Rafsandjani a privé Larijani d’une ascension certaine, il a aussi mis en évidence son manque de préparation.

A un moment où le régime était très contesté et régulièrement boycotté, Larijani, humilié comme chef et stratège, a dû battre en retraite pour limiter la casse. Après avoir été contraint d’abandonner la révocation d’Ahmadinejad, il a aussi reporté sa réforme électorale. Mais très rapidement, son clan a commencé à évoquer la révocation du ministre de la santé pour négligence envers du peuple afin d’entraîner d’une autre façon la chute d’Ahmadinejad, le principal pion de Rafsandjani pour négocier avec Washington.

La semaine dernière a ainsi été une confirmation de l’instabilité de la caste dirigeante. Les proches du régime ont encore accentué leur rupture avec le système agonisant en boycottant les cérémonies et les nuits de prière du mois de Moharram, ainsi que les rassemblement de la Semaine de Bassidj (ou la Mobilisation pour la préservation de la révolution islamique).

Cette semaine, le régime s’attendait au boycott de deux dernières journées de la décade endeuillée Moharram qui doivent être empruntes d’une ferveur hors du commun. Comme il y a un an à la même époque de l’année musulmane, il s’attendait aussi au boycott interne des rassemblements paramilitaires de la Journée de Bassidj. Le régime devait masquer ces boycotts pour limiter la panique interne et éviter un nouveau chaos. Voici le récit et les images d’une semaine de peurs, de guerre interne, de calculs, de diversions et de médiatisation de ses faux opposants usés pour limiter la casse si possible.


12 - 04.10.2012
Iran : La semaine en images n°241

intro de base pour comprendre la situation,
mise à jour chaque semaine :
avec une nouvelle analyse inédite des événements de la semaine précédente.
En rouge : les éléments qui, cette semaine, ont été d’actualité.

© WWW.IRAN-RESIST.ORG

Origines de la crise. Il y a 33 ans, en 1979, les mollahs, alliés historiques de Britanniques et exclus du jeu par la dynastie progressiste des Pahlavi, ont pu revenir dans l’arène politique quand les Américains ont décidé de renverser le Shah (coupable d’avoir créer l’OPEP) avec l’intention d’installer à sa place leurs islamistes (dont l’OMPI) pour déstabiliser la région et la remodeler selon leurs intérêts pétroliers. Le projet appelé Arc de Crise allait mettre fin à 100 ans de domination du marché pétrolier par les Britanniques. Les mollahs pro-britanniques ont participé au projet pour évincer les pions de Washington. Ils ont aussi verrouillé le système en diabolisant les Etats-Unis.

L’Etat américain a alors commencé à sanctionner les mollahs pour provoquer des pénuries et un risque de soulèvement pour les amener à cesser leur diabolisation et d’accepter un apaisement, puis la normalisation des relations pour qu’il puisse revenir en Iran avec ses pions et reprendre le pouvoir via une révolution de couleur.

En 1979, selon Washington, les choses devaient aller très vite car les mollahs avaient terriblement désorganisé et affaibli l’économie iranienne en tuant les élites, en s’appropriant les grandes industries et la compagnie iranienne de pétrole. Il y avait aussi une guerre interne au sein de la caste dirigeante : Ali Akbar Hashemi-Rafsandjani-Bahremani alias Rafsandjani (le demi-frère et fondé de pouvoir de Khomeiny), avait pris le ministère de l’intérieur et les services secrets, pour éliminer les adversaires et étendre sa domination politique et économique. Le régime était économiquement affaibli et politiquement très divisé.

Mais les mollahs ont agi comme des maffieux, ils ont accepté Rafsandjani (l’alter ego de Khomeiny) comme leur « parrain » et chef pour diriger le régime. Son choix a été l’usage du terrorisme islamique pour neutraliser toute tentative d’apaisement, la menace de fermeture du détroit pétrolier d’Ormuz et d’une guerre régionale pour intimider Washington et la création d’un front d’alliés anti-sanction fidélisés par l’importation massive de leurs surplus à prix d’or en utilisant les réserves de dollars accumulées par le Shah. Le choix du terrorisme, mais aussi la guerre contre l’Irak, a vite fait montrer le prix des protections diplomatiques achetés à coup de contrats auprès des Européens. En peu de temps, ces choix irresponsables ont ruiné le pays et détruit la production iranienne, désorganisant l’économie intérieure, provoquant un chômage et une pauvreté irrépressibles y compris au Bazar. En cherchant à préserver leurs pouvoirs, les mollahs ont, en fait, généré un grand front interne de mécontents parmi leurs propres subalternes (ceux d’en bas ou ceux qui devaient monter au front).

En 1989, Khomeiny était mourant : Rafsandjani pouvait sauter car d’un point de vu clérical, il n’avait aucun poids. Peu avant la mort de Khomeiny, a créé un organe nommé Conseil de Discernement. Puis après la mort de Khomeiny, grâce à ses relations familiales, il a trafiqué son testament pour nommer comme successeur un de ses pions. Rafsandjani a choisi son ami Khamenei et ce dernier a immédiatement modifié la constitution pour transférer les pouvoirs exécutif et législatif au Conseil de Discernement, c’est-à-dire à Rafsandjani. En offrant des sièges à ses gros bonnets de l’époque, il a obtenu leur accord pour ce transfert et il est ainsi devenu le patron officiel du régime. Mais il a ainsi mécontenté les grands ayatollahs écartés du pouvoir et les membres de leur clan.

A ce moment, les trésors cumulés par le Shah étaient épuisés, Rafsandjani et ses complices pouvaient perdre le pouvoir illégalement obtenu. Rafsandjani pouvait être lâché par ses complices : il a offert quelques sièges à quelques grands ayatollahs, il a alors baissé le taux officiel du dollar pour acheter le soutien des autres mollahs-affairistes. Il a joué la carte de l’apaisement avec son ami Khatami pour acheter du temps. Enfin, il a relancé la politique de monnayage des protections en vendant des contrats d’exploitations pétrolières à très bas prix à un nombre grandissant de pays notamment via ses propres sociétés pétrolières dirigées par des pions ou ses enfants comme son fils Mehdi (la vedette de cette semaine) !

Cette fuite en avant dans des mesures de plus en plus clientélistes ont totalement ruiné le pays sans neutraliser les sanctions. La fausse modération de Khatami a également énervé les Américains. Ils ont parlé de la menace nucléaire pour augmenter ses sanctions. Rafsandjani était à nouveau en difficulté. Pour se maintenir au pouvoir et préserver sa fortune, il a fait de nouveaux cadeaux aux mollahs affairistes et il a offert des postes clefs à son ennemi Larijani, mais il a aussi pris le contrôle du pouvoir judiciaire pour se protéger contre ce nouveau venu. Enfin pour parvenir à gagner la partie, il a mis en place l’agitateur belliqueux Ahmadinejad pour radicaliser ses menaces. Mais cela aussi n’a pas sauvé le régime. Washington a renforcé ses sanctions, il a aussi été amené à évoquer des frappes punitives.

1ères Ruptures en 2007. Dès l’apparition de la grande disparité entre le peuple et les dirigeants, un grand mécontentement interne est rapidement apparu chez les Pasdaran vétérans de la guerre Iran-Irak. Ils ont alors noué des contacts avec Reza Pahlavi, le symbole d’un régime qui avait propulsé l’Iran vers de grandes réussites. Le régime a remplacé ces dissidents par des jeunes issus des familles pauvres. Il a ainsi gagné quelques années de délais, mais les nouveaux venus ont été rapidement confrontés à la réalité que l’avenir était compromis avec ces terroristes affairistes au pouvoir. Mais la milice des Pasdaran a une structure cloisonnée comme des services secrets et le régime avait ses clans, aucune action n’était possible. Cependant quand en 2007, Washington, ses pions et ses alliés ont commencé à évoquer très régulièrement l’option militaire, les mécontents devaient agir. Pour éviter les cloisonnements, ils ont fait le choix tactique de boycotter le régime pour l’isoler et se repérer. Au même moment, les Bazaris et les mollahs de base ruinés par les mauvais choix du régime l’ont également lâché. Le régime a riposté en cessant de payer les Pasdaran, en assassinant des meneurs d’hommes ou en incendiant le Bazar sans parvenir à casser ce boycott.

2008-2011 : Isolement, panique, zizanie et guerre interne. Dès 2008, le régime a ainsi été rapidement réduit à ses 200 dirigeants, près de 15,000 responsables régionaux, 700 hommes d’affaires et 6000 nervis. Le régime pouvait chuter dans le sang et ses dirigeants et membres pouvaient tout perdre : leur fortune, mais aussi la vie. Les dirigeants devaient envisager de négocier avec les Américains pour obtenir des garanties de sécurité en échange d’un transfert rapide des pouvoirs vers leurs pions. Rafsandjani, le patron du régime, n’a pas pensé sauver le régime : il a démis Larijani de ses fonctions de négociateurs nucléaires pour avoir le monopole des marchandages avec les Américains afin d’être sûr d’obtenir les meilleures garanties pour sauver sa propre tête et sa propre fortune. Pour bénéficier des mêmes avantages exclusifs, Larijani a décidé de prendre le pouvoir par tous les moyens allant même jusqu’à révéler les détails de la corruption de Rafsandjani et de grandes familles du clergé qui l’ont toujours soutenu. Rafsandjani a neutralisé Larijani en éliminant son plus important lieutenant (Ali Kordan). Rafsandjani a ainsi réduit le réseau déjà très limité de Larijani, mais ce dernier restait intouchable et dangereux grâce à ses dossiers sur tout le monde. Larijani pouvait aussi bénéficier du soutien politique de ses adversaires. Il pouvait créer une coalition pour le virer. Rafsandjani devait agir vite avant qu’il ne s’en serve pour trouver des alliés contre lui.

Rafsandjani a changé de position : il a décidé de sauver le régime avec une fausse révolution de couleur, le Mouvement Vert (couleur de l’Islam), en se disant qu’au pire, il pourrait se recycler en démocrate et intégrer le futur régime islamique souhaité par Washington. Ce projet a raté car le peuple a utilisé l’occasion de manifester pour scander des slogans hostiles au régime. Le régime a été mis en danger par Rafsandjani. Il devait partir. Il a accusé son fils et l’a fait partir à Londres pour sauver sa tête. Il a aussi monnayé du temps en offrant le Pouvoir Judiciaire à Sadegh Larijani. En espérant relancer sa fausse révolution depuis l’étranger avec des faux exilés, les « Ambassadeurs Verts », issus des services secrets et avec son fils.

Mais au bout d’un an, il a dû s’éclipser. Larijani a pu obtenir sa place grâce à ses dossiers, mais il n’a pas été officialisé de peur qu’il ne devient trop fort et une menace pour ses aînés. Il n’a donc pas pu éliminer les pions de Rafsandjani. C’est pourquoi depuis cette promotion officieuse, sa grande préoccupation a été d’utiliser ses dossiers et le pouvoir judiciaire pour intimider Rafsandjani ou éliminer ses pions négociateurs. Les derniers compagnons du régime ont constaté que leur nouveau chef et ses lieutenants, comme les précédents, ne songeaient pas à défendre leur droit.

En mars 2011, une nouvelle grande manifestation hostiles au régime protégée par la passivité des Pasdaran a convaincu tout le monde que ces derniers avaient changé de bord.

Les derniers compagnons du régime ont estimé que le régime était condamné et que leurs dirigeants pouvaient demander des garanties de sécurité pour partir avant une contre-révolution sanglante. Des collaborateurs de bas niveaux qui ne pouvaient pas fuir ont commencé à rompre. Les hommes d’affaires du régime ont commencé à brader leurs avoirs pour acheter de l’or et des dollars et quitter le pays. Ces retraits de devises et ces ruptures affaiblissaient davantage le régime. Larijani a alors accentué ses efforts pour écarter au plus vite Rafsandjani afin de contrôler les marchandages avec Washington. Il a ainsi admis la vulnérabilité du régime, ce qui a créé une nouvelle source d’agitation interne.

Depuis, tout signe de faiblesse du régime, toute reprise de la guerre entre Larijani et Rafsandjani ou le moindre de dialogue avec les Américains ou leurs pions régionaux ont toujours provoqué de nouvelles ruptures, mais de nouvelles ruées vers l’or et le dollar…

En juillet 2012, Washington a forcé les Européens à cesser leurs relations protectrices et a parlé d’embargo total pour agiter Larijani, amplifier ces crises de confiance et ainsi épuiser le moral des derniers composants du régime. Le régime était condamné. Les Chinois ont prudemment annoncé la diminution de leurs investissements, puis la suspension de leurs achats pétroliers privant le régime de 50% de ses revenus. La peur de la banqueroute économique et de pénuries a alors provoqué une ruée vers les denrées alimentaires et le pays (qui ne produit plus rien depuis des années) a vite basculé dans la pénurie et la révolte : une grande manifestation contre le régime à Neyshabur, des appels à la grève générale au Bazar et plusieurs attaques contre la police des moeurs, dernière milice encore fidèle au régime… Les Pasdaran ne sont pas intervenus, confirmant ainsi leur adhésion à la contre-révolution.

Le régime a annoncé le démantèlement de la milice en question pour mettre fin à cette humiliation. Afin de rassurer ses derniers compagnons, le régime a fait appel à ses 6000 nervis de base pour de grandes manifestations autour de ses chefs ou dans les rues. On a d’abord vu 250 individus battant le pavé à Téhéran et Ispahan, puis un nombre de moins en moins important n’osant même plus manifester dans les rues et se réunissant uniquement dans la mosquée privée du Guide.

En août 2012, le boycott phénoménal des mosquées pendant le Ramadan, le boycott massif de la Journée de Qods et d’Eyd Fetr ont confirmé la chute drastique du nombre des partisans du régime. L’absence de toute implication du régime dans les secours après un très grand tremblement de terre a Azerbaïdjan a déprimé de nombreux fidèles au régime.

Le régime a alors focalisé sa propagande sur l’organisation à Téhéran du Sommet des chefs d’Etats du Mouvement des Non Alignés (MNA) au cours duquel il devait obtenir la présidence tournante du Mouvement pour 3 ans. Il espérait rassurer les siens sur l’existence d’alliances susceptibles de contourner les sanctions américaines !

Mais, le Mouvement des Non Alignés (MNA), qui était jadis proche du bloc communiste, est aujourd’hui majoritairement dominé par les Etats-Unis. Washington a interdit à près de 75% des « Non Alignés » de participer au sommet de Téhéran, mais il a autorisé la participation réduites de quelques grands alliés qui avec son autorisation contournent régulièrement ses sanctions quand elles dépassent leur objectif (d’affaiblir les mollahs). Washington a ainsi mis en valeur l’isolement des mollahs. Il espérait les forcer à se plier à sa demande d’apaisement de normalisation des relations. Mais en l’absence de vraies sanctions, Rafsandjani et Larijani n’ont pas abdiqué. Washington a puni ce refus par le départ discret de ses grands alliés du sommet du MNA juste avant le transfert de la présidence tournante à Ahmadinejad ! Par ce boycott discret montrait la possibilité de la rupture des contrats existants, Washington entendait assouplir le régime sans paniquer ses derniers compagnons. Mais en l’absence de vraies nouvelles sanctions économiques, le régime n’a pas reculé. Cependant, les opposants internes ont révélé le boycott humiliant subi par le régime au sein du MNA et ont mis ses derniers compagnons devant la possibilité de la rupture des contrats existants. Les compagnons du régime ont paniqué. La Chine, très sensible à la stabilité de ses partenaires, a annoncé la fin de ses investissements dans le gaz iranien.

La situation était aggravée. La compétition entre les deux clans rivaux pour le contrôle des négociations s’est amplifiée. La crise interne aussi. Rafsandjani a mis ses pions devant Larijani. Ce dernier a révélé la participation de Rafsandjani à un grand attentat anti-américain pour l’empêcher de dialoguer avec Washington. Le pouvoir judiciaire (dirigé par le clan Larijani) a aussi réactualisé les procès visant ses pions négociateurs dont le vice-président Rahimi, en affirmant que des verdicts (dont des exécutions capitales déjà évoquées), seront connus dans « 3 semaines », fixant ainsi la date de ce coup fatal au moment où le pion de Rafsandjani, Ahmadinejad, se trouverait à NY (pour l’Assemblée Générale de l’ONU) et aurait des possibilités infinies de négociations secrètes avec Washington.

Rafsandjani a lâché Rahimi. Le pouvoir Judiciaire a accusé Rafsandjani de blanchiment d’argent, délit puni par la saisie de tous les avoirs du coupable et dans certains cas par la peine de mort. Rafsandjani n’a pas cessé ses efforts car il a nommé ses pions à tous les niveaux notamment à la tête de l’inspection générale contre la corruption politique. Larijani a alors accusé son principal pion protecteur, Pour-Mohammadi, chef de l’inspection générale du régime, de fraude pour avertir Rafsandjani qu’il pouvait lui nuire. Rafsandjani a lâché aussi ce second important pion.

La guerre entre Rafsandjani et Larijani prenait une allure dangereuse et pouvait mener le régime islamique nécessaire aux projets régionaux de Washington vers l’explosion.

Début septembre, Washington s’est approché des grands ayatollahs qui devaient succéder à Khomeiny, mais avaient été écartés par Rafsandjani et ses amis affairistes. Mais les grands ayatollahs n’ont pas accepté un deal avec Washington car il a déjà des religieux de leur niveau dans sa poche et n’aurait aucun peine à revenir sur son accord.

Washington a alors changé d’attitude : pour punir ou intimider le régime, il a cessé de s’opposer à l’action du plus populaire opposant au régime : Reza Pahlavi. Ce dernier a pu enfin diffuser son appel à l’union nationale. Immédiatement, le régime a annoncé de très grandes manoeuvres sécuritaires dans le pays avouant de facto sa peur. La base a paniqué à nouveau, le dollar est monté de 66% dépassant les 3000 Tomans. Washington a peur que la sanction ne dépasse son objectif d’intimidation en renverse le système islamique. Il a suspendu la menace de l’opposition en réduisant l’espace d’expression à Reza Pahlavi.

Mais au même moment, le Canada, nouvel allié des Etats-Unis (car + en + partisan d’une rupture avec la Grande-Bretagne) a inscrit « le régime sur sa liste des entités terroristes », laissant supposer la saisie des très importants avoirs des dirigeants (notamment Rafsandjani) sur son territoire. Cette menace visant les dirigeants et leurs derniers compagnons a été très efficace. Rafsandjani s’est montré plus offensif pour négocier (et assurer ses arrières après la chute du régime), Larijani s’est montré plus actif pour prendre sa place et les derniers compagnons qui seront sacrifiés dans les deals au sommet ont davantage paniqué : le dollar baissé arbitrairement à 2000 tomans est remonté à 3000 Tomans.

Il y a deux semaines (mi septembre), il n’a eu aucune manifestation de la part des mollahs de base, des dizaines de milliers de Bazaris, des centaines de milliers Pasdaran ou des millions de Bassidjis en protestation contre le clip anti-Mahomet ! Cela a confirmé la rupture de ces groupes avec le régime, mais aussi avec l’Islam. Les 250 derniers jeunes nervis du régime ont eu peur de sortir. Le régime a dû se tourner vers des personnes plus âgées pour réunir environ 250 personnes à Téhéran. Ce manque de combattants a aggravé la crise interne et a amplifié les achats de dollars. Le dollar a de nouveau dépassé les 3000 tomans.

On était alors à la veille de célébration de la création de l’armée de terre, la force aérienne et de la marine des Pasdaran. A cette occasion, le régime doit réunir des élèves officiers autour du Guide, mais il n’y arrive plus depuis plusieurs années. Puis le régime devait organiser un grand défilé pour la célébration de la « Défense sacrée de la révolution islamique » (pendant la guerre Iran-Irak), il n’y arrive également plus depuis plusieurs années. La situation pouvait s’aggraver à chacun des deux rassemblements boycottés par les troupes. La crise de confiance pouvait s’amplifier et provoquer une nouvelle hausse du dollar qui aurait entraîné une panique générale.

Ultérieurement, le régime avait programmé le rassemblement des élèves officiers autour du Guide sur une base éloignée dans le nord du pays de Téhéran pour limiter la visibilité du boycott, mais devant les risques accrus de panique, la semaine dernière, il a pris une mesure préventive pour la crise : il a reconnu une hausse à 2600 tomans avant de forcer les agents de change à afficher le dollar libre à 2000 tomans. Puis, le régime a très discrètement relevé le taux officiel de 1200 à 2500 tomans (soit une hausse de 100%) : le dollar officiel est devenu plus cher le dollar libre pour nier la crise et limiter l’impact de la nouvelle hausse attendue. Par la suite, en niant le vrai taux et en ne reconnaissant qu’une hausse à 2600 tomans, le régime se donnait les moyens d’annoncer une hausse de seulement 4% pour en finir avec la panique.

Mais la semaine dernière, Washington a annoncé le début de ses manœuvres anti-mine dans le Golfe Persique pour contester l’autorité et les menaces au régime juste au moment du rassemblement des élèves officiers autour du Guide dans le nord du pays. Le régime devait programmer une démonstration de force dans le sud du pays. Il n’a rien fait. De plus, on a surtout vu des vétérans autour du Guide. Ce qui a confirmé l’absence de nouveau recrutement. Ce qui a montré son manque de combattants. La crise a redémarré. Les gens ont alors découvert la manipulation opérée sur le taux officiel du dollar. Ils l’ont interprété comme la preuve de manque de devises de la Banque centrale Iranienne (BCI). La ruée vers le dollar s’est alors amplifiée, le dollar baissé arbitrairement à 2000 tomans est monté d’au moins 90% dépassant 3400 tomans !

Larijani a alors partiellement annulé sa mesure sur le dollar et il a parlé de la reconstruction d’Azerbaïdjan pour se montrer amical et il a tenté de simuler mollement l’unité avec le clan Rafsandjani, mais ces annonces ou initiatives n’ont pas fait revenir les compagnons du régime à ses côtés. Il est devenu certain que personne n’y croyait. Trois jours plus tard, en fin de la semaine dernière, le régime devait, mais n’a pas pu organiser son défilé militaire annuel de 4 heures avec les Pasdaran et les Bassidjis la célébration de la Défense Sacrée de la Révolution Islamique (pendant la guerre Iran-Irak) : faute de participant, le défilé n’a même duré que 45 minutes !

Cette semaine, à ce moment où tout semblait perdu, le régime boycotté par ses troupes devait encore organiser de nombreuses manifestations, rassemblements, expositions ou conférences autour et avec les vétérans de la guerre Iran-Irak à l’occasion de la « Semaine de la Défense Sacrée de la Révolution Islamique ». Ils devaient aussi montrer ses vétérans chez les Guide ou encore organiser de nombreuses manoeuvres avec les jeunes recrues pour montrer la relève était assurée pour une nouvelle « Défense Sacrée de la Révolution Islamique menacée par la guerre économique de Washington ! »

Par ailleurs, l’année dernière, dans le même genre de situation, le régime avait lancé une Grande conférence sur l’Eveil de l’Islam, il devait, mais ne pouvait pas renouveler l’expérience en raison de son hostilité au mouvement islamiste syrien !

Enfin au dernier jour de la semaine, le régime devait aussi organiser en grande pompe l’anniversaire d’Emam Reza à Mashad alors que cette ville est désormais l’une des plus hostiles à l’islam et au régime.

De fait, le régime avait besoin d’un flot permanent de diversions médiatiques intéressantes mais pas anxiogènes pour détourner l’attention de son incapacité à mobiliser sans provoquer plus de crise.

Par ailleurs, Ahmadinejad, le pion de Rafsandjani, devait décoller avec une armée de 160 conseillers pour New York afin de participer à l’Assemblée Générale de l’ONU. Chacun pouvait se douter qu’il y allait vers ses conseillers pour commencer à flirter avec les Américains . Larijani pouvait déclencher des processus d’arrestation contre Rafsandjani pour l’empêcher de vendre le régime en évoquant la nécessité d’une ouverture pour obtenir des garanties pour lui-même et ses pions.

Immédiatement, Fereydoun Abbassi-Davani, un des responsables du programme nucléaire des mollahs (sanctions par l’ONU), a dit que lui et ses collègues avaient souvent « menti sur leurs progrès nucléaires » pour échapper aux sanctions. Le régime a ainsi insinué qu’il était proche d’avoir la bombe. Le régime parle souvent de ses progrès nucléaires pour provoquer une escalade guerrière pour mettre en avant sa capacité de fermer le détroit d’Ormuz et provoquer un grand choc pétrolier afin de contraindre Washington à abandonner ses pressions. Rafsandjani lui-même avait utilisé le thème des « mensonges délibérés sur le nucléaire » en 2005 puis en 2007, mais cette fois, Keyhan, le principal journal iranien (proche de Rafsandjani), a qualifié les insinuations de Fereydoun Abbassi-Davani de mensonges car elles pouvaient empêcher une le dialogue souhaité par Rafsandjani. En revanche, Larijani est resté silencieux à propos de ces insinuations exposant le régime à plus de sanctions. Il était clair qu’il avait utilisé ces insinuations pour neutraliser les négociations souhaitées par Rafsandjani.

Washington, qui a toujours esquivé ce genre d’insinuations ou de provocations, a cette fois saisi la balle au bond pour annoncer la poursuite de sa guerre économique contre le régime. Le Sénat américain a adopté une résolution autorisant Obama à « tout entreprendre sauf des frappes militaires pour empêcher la république islamique d’Iran d’avoir la bombe ». En mettant en avant l’opposition à des frappes, Washington a privé le régime de l’escalade qu’il souhaite pour neutraliser ses sanctions.

Cela ne laissait qu’une seule solution au régime : périr ou négocier une sortie. Rafsandjani devait donc nécessairement tenter une ouverture à NY via à Ahmadinejad à moins que ce ne soit l’inverse avec une relance directe des Américains sur place. Rafsandjani devait se protéger contre ses adversaires internes pour qu’ils ne se liguent pas contre lui.

On a alors soudain annoncé le retour de son fils Mehdi de Londres « pour passer devant la justice afin de répondre à l’accusation d’action contre la sûreté de l’Etat ! » Rafsandjani a rapatrié son fils et l’a mis en gage (en cage) au moment du départ de ses pions négociateurs pour NY afin de rassurer ses adversaires qu’il n’allait pas les lâcher !

Larijani n’a guère commenté directement ce retour, idem son frère qui dirige le pouvoir judicaire. Ils ont pesé par leur silence anxiogène. Mais on a vu le grincheux, Ali Larijani sourire. .

Au cours de cette semaine très mouvementée et très tendues, Rafsandjani a néanmoins tenté de flirter avec Washington, on a immédiatement puni son fiston !


Voici la chronique d’une semaine charnière hors du commun avec des images très intéressantes montrant l’état d’esprit interne du régime et de ses acteurs, mais aussi le nombre et la qualité de troupes qui leur restent encore fidèles.



12 - 26.09.2012
Iran : La semaine en images n°240

intro de base pour comprendre la situation,
mise à jour chaque semaine…
En rouge : les éléments qui, cette semaine, ont été d’actualité.

© WWW.IRAN-RESIST.ORG

Origines de la crise. Il y a 33 ans, en 1979, les mollahs, alliés historiques de Britanniques et exclus du jeu par la dynastie progressiste des Pahlavi, ont pu revenir dans l’arène politique quand les Américains ont décidé de renverser le Shah (coupable d’avoir créer l’OPEP) avec l’intention d’installer à sa place leurs islamistes pour déstabiliser la région et la remodeler selon leurs intérêts pétroliers. Le projet appelé Arc de Crise allait mettre fin à 100 ans de domination du marché pétrolier par les Britanniques. Les mollahs probritanniques ont participé au projet pour évincer les pions de Washington. Ils ont aussi verrouillé le système en diabolisant les Etats-Unis.

L’Etat américain a alors commencé à sanctionner les mollahs pour provoquer des pénuries et un risque de soulèvement pour les amener à cesser leur diabolisation et d’accepter un apaisement entre les deux pays pour qu’il puisse revenir en Iran avec ses pions et reprendre le pouvoir via une révolution de couleur.

En 1979, selon Washington, les choses devaient aller très vite car les mollahs avaient terriblement désorganisé et affaibli l’économie iranienne en tuant les élites, en s’appropriant les grandes industries et la compagnie iranienne de pétrole. Il y avait aussi une guerre interne au sein de la caste dirigeante : Rafsandjani (le demi-frère et fondé de pouvoir de Khomeiny), avait pris le ministère de l’intérieur et les services secrets, pour éliminer les adversaires et étendre sa domination politique et économique. Le régime était économiquement affaibli et politiquement très divisé.

Mais les mollahs ont agi comme des maffieux, ils ont accepté Rafsandjani comme leur parrain et chef pour diriger le régime. Son choix a été l’usage du terrorisme islamique pour neutraliser toute tentative d’apaisement, la menace de fermeture du détroit pétrolier d’Ormuz et d’une guerre régionale pour intimider Washington et la création d’un front d’alliés anti-sanction fidélisés par l’importation massive de leurs surplus à prix d’or en utilisant les réserves de dollars accumulées par le Shah. Le choix du terrorisme a vite fait montrer le prix des protections diplomatiques achetés à coup de contrats auprès des Européens. En peu de temps, ces politiques irresponsables ont ruiné le pays et détruit la production iranienne, désorganisant l’économie intérieure, provoquant un chômage et une pauvreté irrépressibles y compris au Bazar. En cherchant à préserver leur pouvoirs, les mollahs ont, en fait, généré un grand front interne de mécontents (ceux d’en bas ou ceux qui devaient monter au front).

Quand toutes les trésors cumulées par le Shah ont été épuisées, Rafsandjani devenu le patron officiel du régime (grâce à la présidence du Conseil de Discernement) s’est retrouvé en difficulté pour continuer sa coûteuse politique de monnayage des protections. Il a alors baissé le taux officiel du dollar pour acheter le soutien des autres mollahs-affairistes. Il a joué la carte de l’apaisement avec son ami Khatami pour acheter du temps. Enfin, il a relancé la politique de monnayage des protections en vendant des contrats d’exploitations pétrolières à très bas prix à un nombre grandissant de pays notamment via ses propres sociétés pétrolières !

Cette fuite en avant dans des mesures de plus en plus clientélistes ont totalement ruiné le pays sans neutraliser les sanctions. La fausse modération de Khatami a également énervé Washington. Il a parlé de la menace nucléaire pour augmenter ses sanctions. Rafsandjani était à nouveau en difficulté. Pour se maintenir au pouvoir et préserver sa fortune, il a fait de nouveaux cadeaux aux mollahs affairistes, il a offert des postes clefs à son ennemi Larijani et pour parvenir à gagner la partie, il a mis en place l’agitateur belliqueux Ahmadinejad pour radicaliser ses menaces. Mais cela aussi n’a pas sauvé le régime. Washington a renforcé ses sanctions, il a aussi été amené à évoquer des frappes punitives.

1ères Ruptures en 2007. Dès l’apparition de la grande disparité entre le peuple et les dirigeants, un grand mécontentement interne est rapidement apparu chez les Pasdaran vétérans de la guerre Iran-Irak. Ils ont alors noué des contacts avec Reza Pahlavi, le symbole d’un régime qui avait propulsé l’Iran vers de grandes réussites. Le régime a remplacé ces dissidents par des jeunes issus des familles pauvres. Il a ainsi gagné quelques années de délais, mais les nouveaux venus ont été rapidement confrontés à la réalité que l’avenir était compromis avec ces terroristes affairistes au pouvoir. Mais la milice des Pasdaran a une structure cloisonnée comme des services secrets et le régime avait ses clans, aucune action n’était possible. Cependant quand en 2007, Washington, ses pions et ses alliés ont commencé à évoquer très régulièrement l’option militaire, les mécontents devaient agir. Pour éviter les cloisonnements, ils ont fait le choix tactique de boycotter le régime pour l’isoler et se repérer. Au même moment, les Bazaris et les mollahs de base ruinés par les mauvais choix du régime l’ont également lâché. Le régime a riposté en cessant de payer les Pasdaran, en assassinant des meneurs d’hommes ou en incendiant le Bazar sans parvenir à casser ce boycott.

2008-2011 : Isolement, panique, zizanie et guerre interne. Dès 2008, le régime a ainsi été rapidement réduit à ses 200 dirigeants, près de 15,000 responsables régionaux, 700 hommes d’affaires et 6000 nervis. Le régime pouvait chuter dans le sang. Il devait envisager de négocier avec les Américains pour obtenir des garanties de sécurité en échange d’un transfert rapide des pouvoirs vers leurs pions. Rafsandjani, le patron du régime, n’a pas pensé pour tout le régime car il a démis Larijani de ses fonctions de négociateurs nucléaires pour avoir le monopole des marchandages avec les Américains afin d’être sûr d’obtenir les meilleures garanties pour sauver sa tête, mais aussi sa fortune. Pour bénéficier des mêmes avantages exclusifs, Larijani a décidé de prendre le pouvoir par tous les moyens allant même jusqu’à révéler les détails de la corruption de Rafsandjani et de grandes familles du clergé qui l’ont toujours soutenu. Rafsandjani a neutralisé Larijani en éliminant son plus important lieutenant (Ali Kordan), mais Larijani restait une menace avec ses dossiers sur tout le monde. Rafsandjani devait agir vite avant qu’il ne s’en serve pour trouver des alliés contre lui.

Rafsandjani devait faire fort. Il a eu l’idée folle de sauver le régime avec une fausse révolution de couleur, le Mouvement Vert (couleur de l’Islam). Ce projet a raté car le peuple a utilisé l’occasion de manifester pour scander des slogans hostiles au régime. Le régime a été mis en danger par Rafsandjani. Il devait partir. Il a accusé son fils et l’a fait partir à Londres pour sauver sa tête. Il a aussi monnayait du temps en offrant le Pouvoir Judiciaire à Sadegh Larijani. En espérant relancer sa fausse révolution depuis l’étranger avec des faux exilés issus des services secrets et avec son fils.

Mais au bout d’un an, il a dû s’éclipser. Larijani a pu obtenir sa place , mais il n’a pas été officialisé de peur qu’il ne devient trop fort et une menace pour ses aînés. Il n’a donc pas pu éliminer les pions de Rafsandjani. C’est pourquoi depuis cette promotion officieuse, sa grande préoccupation a été d’utiliser ses dossiers et le pouvoir judiciaire pour intimider Rafsandjani ou éliminer ses pions négociateurs. Les derniers compagnons du régime ont constaté que leur nouveau chef et ses lieutenants, comme les précédents, ne songeaient pas à défendre leur droit.

En mars 2011, une nouvelle grande manifestation hostiles au régime protégée par la passivité des Pasdaran a convaincu tout le monde que ces derniers avaient changé de bord.

Les derniers compagnons du régime ont estimé que le régime était condamné et que leurs dirigeants pouvaient demander des garanties de sécurité pour partir avant une contre-révolution sanglante. Des collaborateurs de bas niveaux qui ne pouvaient pas fuir ont commencé à rompre. Les hommes d’affaires du régime ont commencé à brader leurs avoirs pour acheter de l’or et des dollars et quitter le pays. Ces retraits de devises et ces ruptures affaiblissaient davantage le régime. Larijani a alors accentué ses efforts pour écarter au plus vite Rafsandjani afin de contrôler les marchandages avec Washington. Il a ainsi admis la vulnérabilité du régime, ce qui a créé une nouvelle source d’agitation interne.

Depuis, tout signe de faiblesse du régime, toute reprise de la guerre entre Larijani et Rafsandjani ou le moindre de dialogue avec les Américains ou leurs pions régionaux ont toujours provoqué de nouvelles ruptures, mais de nouvelles ruées vers l’or et le dollar…

En 2012, Washington a forcé les Européens à cesser leurs relations protectrices et a parlé d’embargo total pour agiter Larijani, amplifier ces crises de confiance et ainsi épuiser le moral des derniers composants du régime. Le régime était condamné. Les Chinois ont prudemment annoncé la diminution de leurs investissements, puis la suspension de leurs achats pétroliers privant le régime de 50% de ses revenus. La peur de la banqueroute économique et de pénuries a alors provoqué une ruée vers les denrées alimentaires et le pays (qui ne produit plus rien depuis des années) a vite basculé la pénurie et la révolte : une grande manifestation contre le régime à Neyshabur, des appels à la grève générale au Bazar et plusieurs attaques contre la police des moeurs, dernière milice encore fidèle au régime… Les Pasdaran ne sont pas intervenus, confirmant ainsi leur adhésion à la contre-révolution.

Le régime a annoncé le démantèlement de la milice en question pour mettre fin à cette humiliation. Afin de rassurer ses derniers compagnons, le régime a fait appel à ses 6000 nervis de base pour de grandes manifestations autour de ses chefs ou dans les rues. On a d’abord vu 250 individus battant le pavé à Téhéran et Ispahan, puis un nombre de moins en moins important n’osant même plus manifester dans les rues et se réunissant uniquement dans la mosquée privée du Guide.

Au cours des trois dernières semaines, le boycott phénoménal des mosquées pendant le Ramadan, le boycott massif de la Journée de Qods et d’Eyd Fetr ont confirmé la chute drastique du nombre des partisans du régime. Le régime a alors focalisé sa propagande sur l’organisation à Téhéran du Sommet des chefs d’Etats du Mouvement des Non Alignés (MNA) au cours duquel il devait obtenir la présidence tournante du Mouvement pour 3 ans. Il espérait rassurer les siens sur l’existence d’alliances susceptibles de contourner les sanctions américaines !

Mais, le Mouvement des Non Alignés (MNA), qui était jadis proche du bloc communiste, est aujourd’hui majoritairement dominé par les Etats-Unis. Washington a interdit à près de 75% des « Non Alignés » de participer au sommet de Téhéran. Mais il a autorisé la participation de quelques grands alliés qui avec son autorisation contournent régulièrement ses sanctions quand elles dépassent leur objectif. Ainsi sans ajouter de nouvelles sanctions, Washington mettait les mollahs devant un petit risque de crise interne en espérant les amener à transférer les pouvoirs vers ses pions.

Mais en l’absence de vraies sanctions, Rafsandjani et Larijani n’ont pas abdiqué. Washington a évoqué de nouvelles accusations nucléaires et de nouvelles sanctions, mais avec ces menaces molles, il n’a rien obtenu. Washington a puni ce nouveau refus par le départ discret de ses grands alliés du sommet du MNA avant le transfert de la présidence tournante à Ahmadinejad ! Par ce boycott discret montrant la possibilité de la rupture des contrats existants, Washington entendait assouplir le régime sans paniquer ses derniers compagnons. Mais en l’absence de vraies nouvelles sanctions économiques, le régime n’a pas reculé.

Il y a deux semaines, à la fin du sommet raté du MNA, les opposants internes se sont invités dans le jeu en révélant le boycott subi par le régime au sein du MNA et ont mis les derniers compagnons du régime devant la possibilité de la rupture des contrats existants, provoquant par la même occasion, une très forte panique financière exprimant une très grande crise de confiance. La Chine, très sensible à la stabilité de ses partenaires, a annoncé la fin de ses investissements dans le gaz iranien.

La situation était aggravée. La compétition entre les deux clans rivaux pour le contrôle des négociations s’est amplifiée. Rafsandjani a mis ses pions devant Larijani ! Ce dernier a révélé la participation du régime à un grand attentat anti-américain sous Rafsandjani, il a aussi rouvert des procès et accusé Rafsandjani de blanchiment d’argent, délit puni par la peine de mort…

Pour Washington, la guerre entre Rafsandjani et Larijani menait le régime islamique nécessaire aux projets régionaux de Washington vers l’explosion. L’Etat américain s’est approché des grands ayatollahs qui devaient succéder à Khomeiny, mais avaient été écartés par Rafsandjani et ses amis affairistes. Mais les grands ayatollahs n’ont pas accepté un deal avec Washington car il a déjà des religieux de leur niveau dans sa poche et n’aurait aucun peine à revenir sur son accord.

Dans la foulée, il y une dizaine de jours, Washington a changé d’attitude : pour punir ou intimider le régime, il a cessé de s’opposer à l’action du plus populaire opposant au régime : Reza Pahlavi. Ce dernier a pu enfin diffuser son appel à l’union nationale. Immédiatement, le régime a annoncé de très grandes manoeuvres sécuritaires dans le pays avouant de facto sa peur. La base a paniqué à nouveau, le dollar est monté de 66% dépassant les 3000 Tomans. Washington a peur que la sanction ne dépasse son objectif d’intimidation en renverse le système islamique. Il a suspendu la menace en réduisant l’espace d’expression à Reza Pahlavi.

Mais au même moment, le Canada, nouvel allié des Etats-Unis (car + en + partisan d’une rupture avec la Grande-Bretagne) a inscrit « le régime sur sa liste des entités terroristes », laissant supposer la saisie des très importants avoirs des dirigeants (notamment Rafsandjani) sur son territoire. Washington s’est ainsi doté d’une nouvelle arme contre les mollahs. Une nouvelle panique s’est emparée des derniers compagnons du régime. Le dollar baissé arbitrairement est remonté à 3000 Tomans.

La semaine dernière, alors que le régime était ainsi déstabilisé par la panique de ses derniers compagnons : un film a insulté le prophète Mahomet et il n’y a eu aucune manifestation spontanée en Iran. L’affaire a confirmé la rupture générale du peuple, des dizaines de milliers de Bazaris et de mollahs de base mais aussi des centaines de milliers de Pasdaran et des millions de Bassidjis avec l’Islam !

Le régime déstabilisé en Iran et décrédibilisé sur le plan international par ce boycott a appelé un Jihad international contre les auteurs sionistes du film. Son appel a mobilisé 40 de ses jeunes 250 nervis à Téhéran ! La panique interne s’est amplifiée au point que le régime a dû fermer le Bazar et interdire le mot dollar !

A la fin de la semaine dernière, pour sauver la face et pour rassurer ses derniers compagnons, le régime a annoncé des dizaines de milliers de manifestants après les prières de Vendredi, mais sur la base des photos publiées, nous avons découvert quelques 250 manifestants dont une majorité de personnes âgés ou d’immigrants à Téhéran ainsi que 300 personnes du même type dans le reste du pays. Les Pasdaran avaient encore tourné le dos au régime.

Normalement, dans ce genre de cas, le régime se fait tout petit pour se faire oublier et faire oublier son échec. Mais en début de cette semaine, dimanche, le régime devait célébrer la création de l’armée de terre, la force aérienne et de la marine des Pasdaran !

Le régime devait aussi mettre en avant l’adhésion des Pasdaran car ce même jour, Le même jour, Washington allait commençait des grandes manœuvres internationales anti-mine dans le détroit d’Ormuz.

Enfin vendredi, à l’occasion de l’anniversaire du début de la guerre Iran-Irak, qualifiée par le régime de la Défense Sacrée de la Révolution Islamique, le régime devait organiser son grand défilé militaire annuel réunissant les militaires, les Pasdaran, les Bassidjis et ses derniers équipements militaires.

Cette semaine, le régime ne pouvait pas ignoré les Pasdaran et leur rupture fragilisante. Il était face à ses problèmes. La crise interne s’est amplifiée. Rafsandjani a tenté d’exploiter les problèmes pour isoler Larijani. La crise s’est encore amplifiée. Les deux clans ont simulé l’entente pour atténuer la crise et ont tenté de rassurer leurs derniers compagnons d’infortune en évoquant la détermination des troupes et la puissance de ses nouveaux équipements comme des drones de combat et une nouvelle DCA. Mais les images ont encore montré un boycott absolu. Après cette journée de propagande ratée, Ahmadinejad, le pion de Rafsandjani, devait décoller pour New-York afin de participer à l’Assemblée Générale de l’ONU. Il pouvait y commencer à flirter avec Washington... Le régime est à nouveau entré en convulsions ! Voici le récit et les images des propagandes, des échecs et des convulsions du régime désormais très isolé des mollahs. ENORME !


12 - 17.06.2009
IRAN : PEOPLE EXPECTS INTERNATIONAL SUPPORT

© IRAN-RESIST.ORG – June 16 2009 | There was around one million and a half people in the streets of Tehran, which goes beyond the mobilization abilities of the regime for its mandatory demonstrations of the Revolution’s aniversary or the anti-Israeli day. Iranians would be following the request expressed the day before yesterday by Reza Pahlavi saying they should take advantage of the situation to show they reject the regime.


12 - 21.11.2012
Iran : La semaine en images n°248

intro de base pour comprendre la situation,
mise à jour chaque semaine :
avec une nouvelle analyse inédite des événements de la semaine précédente.
En rouge : les éléments qui, cette semaine, ont été d’actualité.

Origines de la crise. Il y a 33 ans, en 1979, les mollahs, alliés historiques de Britanniques et exclus du jeu par la dynastie progressiste des Pahlavi, ont pu revenir dans l’arène politique quand les Américains ont décidé de renverser le Shah (coupable entre autre d’avoir modernise le pays, stabiliser la région et aussi d’avoir créer l’OPEP) avec l’intention d’installer à sa place leurs islamistes (dont l’OMPI) pour déstabiliser la région et la remodeler selon leurs intérêts pétroliers. Le projet appelé Arc de Crise devait faire de l’Iran un foyer d’agitation islamiste pour soulever l’Asie Centrale contre la Russie et la faire basculer dans le camps américain permettant à Washington de devenir la première puissance pétrolière au monde. Cela allait mettre fin à 100 ans de domination du marché pétrolier par les Britanniques : les mollahs pro-britanniques ont participé au projet pour évincer les pions de Washington, dévoyer le projet et aussi accaparer le pouvoir. Ce coup d’état interne a été réalisé par Rafsandjani, le demi-frère et fondé de pouvoir de Khomeiny, en assassinant les pions religieux de Washington et surtout en coupant le cordon ombilical entre Washington et la révolution islamique par l’attaque des "étudiants islamiques" contre l’ambassade américaine et la prise en otage des diplomates américains. En échange, de ces services et cette Seconde révolution islamique, Rafsandjani a été autorisé à écarter des mollahs plus hauts placés comme Mottahari (le protecteur des Larijani) et d’accéder à tous les postes clefs comme le ministère de l’intérieur, les services secrets des Pasdaran ou encore le ministère de guerre qui ont fait de lui le patron non officiel du régime et de tous les bons business (pétrole, automobile, le secteur alimentaire). Avec quelques autres mollahs ambitieux et le soutien tacite des Britanniques, Rafsandjani a aussi verrouillé le système en diabolisant les Etats-Unis et en attaquant ses intérêts et ses alliés régionaux pour ne laisser aucune chance de retour aux pions américains.

L’Etat américain a alors commencé à sanctionner les mollahs pour provoquer des pénuries et un risque de soulèvement pour forcer Rafsandjani et ses complices à cesser leur diabolisation, d’accepter un apaisement, puis la normalisation des relations pour qu’il puisse revenir en Iran avec ses pions et reprendre le pouvoir via une révolution de couleur.

Rafsandjani et ses complices ont alors accentué les actions terroristes contre les intérêts américains et ont décidé de sacrifier la production nationale pour importer tout d’Europe afin d’acheter la protection diplomatique des Européens. Cela et la guerre contre Saddam ont rapidement ruiné le pays et sa force de production : les ouvriers ont perdu leurs emplois, les Bazaris qui vivaient de la vente des produits nationaux ont été ruinés. Le pays était aussi en guerre. Beaucoup de jeunes Pasdaran contactaient Reza Pahlavi pour exprimer leurs regrets de tout ce qui avait été perdu par leur faute. La révolution islamique a très vite perdu ses enfants et très vite, le régime s’est retrouvé en danger. Mais il n’est pas tombé car Washington n’a jamais aidé les opposants, le peuple et les dissidents de peur que le modèle islamique nécessaire à ses projets régionaux ne disparaisse.

Par ailleurs non seulement Washington n’a jamais aidé les opposants, mais encore, il a souvent laissé un grand nombre de ses partenaires stratégiques contourner ses sanctions pour adoucir leur effet. quand il estimait qu’elles pouvaient dépasser leur objectif et entraîner la chute du régime islamique qu’il veut récupérer.

Mais en agissant ainsi, Washington a rallongé l’agonie du régime et a amplifié l’opposition et la dissidence, ce qui a affaibli la position de Rafsandjani, le patron de facto du régime, parmi ses adversaires internes. Pour se maintenir, Rafsandjani a toujours cherché à étendre son pouvoir. En 1989, à la mort de Khomeiny, il a trafiqué le testament de ce dernier pour officialiser sa propre mainmise sur le régime et a obtenu les pleins pouvoir pour le Conseil de Discernement qu’il présidait et préside encore). Mais la poursuite des sanctions visant personnellement Rafsandjani (comme avec le mandat d’arrêt pour l’attentat de l’Amia) et son incapacité à les neutraliser l’ont amené à partager le pouvoir avec des adversaires (comme les frères Larijani) pour acheter leur loyauté et des délais supplémentaires pour restaurer son hégémonie.

Rafsandjani a alors tenté un faux apaisement via Khatami, un ex-responsable d’assassinats des opposants exilés, mais il n’a pas pu amadouer Washington. Il l’a alors remplacé par un autre ex-responsable des services secrets nommé Ahmadinejad et l’a entouré des pires racailles des services secrets (comme Mottaki, Najjar, Vahidi) pour tenter de faire reculer Washington avec toute sorte de menaces. Mais Washington a utilisé ces menaces pour renforcer ses sanctions !

Mais en 2007 quand Washington a impliqué le Conseil de Sécurité de l’ONU pour généraliser les sanctions et s’est mis à évoquer très régulièrement la possibilité de frappes militaires, la dissidence interne s’est amplifiée : on a assisté à d’importants boycotts des manifestations officielles par les de Pasdaran de base, les Bazaris ou des mollahs de base.

En 2008, Washington a adopté ses premières sanctions bancaires, limitant sérieusement les revenues en devises du régime. Rafsandjani et ses complices au sein du Conseil de Discernement ont décidé de limiter le pouvoir d’achat des Iraniens pour brider la consommation afin de survivre malgré la diminution de leurs revenus. Le plan prévoyait la suppression de tous les prix subventionnés, mais par peur d’une émeute générale, le régime a d’abord gelé les salaires de ses propres employés les mieux payés, les agents sécuritaires, qui ont été très déçus et ont aussi pris leur distance bien qu’ils ne puissent pas aller vers la dissidence en raison de leurs passés criminels.

Cette nouvelle rupture était terrible. Le régime était menacé en cas d’un soulèvement. Rafsandjani devait songer à une éventuelle négociation avec Washington pour pouvoir quitter le pays avant la chute du régime : il a alors exclu Ali Larijani du poste clef de négociateur nucléaire lui donnant accès au dialogue avec les Américains pour prendre en main ce poste. Larijani ne s’écartait pas : Rafsandjani devait lui donner un poste clef. Via a les élections factices du régime, il lui a offert la direction de la majorité législative (la chefferie du Parlement) : un titre et une tribune plus qu’un vrai pouvoir car le Parlement n’a aucun rôle décisionnaire dans le système actuel. Ali Larijani a alors révélé par l’intermédiaire de l’un de ses pions la corruption de Rafsandjani et de ses alliés afin de les éliminer du jeu et devenir celui qui négocie la fin du régime pour bénéficier des mêmes garanties.

Rafsandjani s’est vu menacé par les sanctions, le risque de pénuries et d’émeutes, la dissidence interne ou encore les dossiers d’Ali Larijani : en juin 2009, il a tenté de sauver le régime et surtout sa situation avec le Mouvement Vert, une fausse révolution de couleur, partisane de la ligne (anti-américaine) de Khomeiny, menée par ses ex-amis (les étudiants islamiques preneurs d’otages de l’ambassade américaine pour donner une nouvelle légitimité à son clan.

Mais le peuple a profité de l’occasion pour crier sa haine du régime et les Pasdaran ne sont guère intervenus pour réprimer cette contre-révolution. Rafsandjani a dû offrir le Pouvoir Judiciaire à Sadegh Larijani, le frère cadet d’Ali Larijani, pour acheter leur loyauté afin de poursuivre ses plans.

Rafsandjani offrait plus de pouvoirs à ses ennemis (les Larijani), mais avec un risque limité car le maître des accusations, procureur Ejéi (un ex-patron des services secrets) était un de ses pions et par ailleurs, le tribunal spécifique au clergé ou encore l’inspection générale interne étairnt dirigés par ses pions : les mollahs Razini et Pour-Mohammadi. Rafsandjani devait cependant faire vite avant que les Larijani nomment leurs pions. Il a alors tenté de duper le peuple avec de nouveaux slogans moins mièvres et en faisant passer d’ex-agents secrets enrôlés dans le ministères des affaires étrangères, mais aussi ses enfants Mehdi et Faezeh pour des opposants.

Mais après un an d’échecs, il a dû s’éclipser laissant officieusement ses pouvoirs à Ali Larijani.

On peut dire que Rafsandjani a perdu le soutien de ses pairs et qu’il a été débarqué du pouvoir par eux et Larijani qui avait des dossiers contre tout le monde a pu obtenir sa place. Mais ses gens n’ont pas osé officialiser la passation du pouvoir car il avait peur de Larijani et de ses dossiers compromettants. De fait, il n’y a pas eu d’épuration interne, Rafsandjani est resté influant car il gardait des pions au pouvoir en particulier Ahmadinejad et ses ministres, tous issus des services secrets des Pasdaran qu’il avait jadis dirigés. Ainsi, en juin 2010, le pouvoir est devenu bicéphale, complètement divisé.

Larijani a alors commencé à mettre en place des procès contre les enfants de Rafsandjani pour l’atteindre moralement et des procès contre Ahmadinejad et ses ministres chargés des négociations pour démanteler son équipe afin de permettre à son propre équipe de prendre la place. Cette entreprise de sape a reçu le soutien tacite de tous ceux qui avaient été exclus depuis toujours du pouvoir et des bons business par Rafsandjani.

Fin 2010, Ce nouveau pouvoir très divisé a enfin mis en place son plan impopulaire de suppression de tous les prix subventionnés confirmant par la même occasion que sa situation économique était très grave. En seulement un mois, la hausse des prix de produits énergétiques a entraîné la faillite de 60% des entreprises et une terrible récession

Trois mois plus tard, en mars 2011, la fête du Feu, une grande fête persane interdite par le régime depuis toujours, coïncidait avec l’anniversaire de Reza Shah, le fondateur d’Iran laïque. Le régime a menacé le peuple des pires répressions s’il bougeait. Le peuple a passé outre ces menaces montrant son rejet de l’Islam et son souhait d’une contre-révolution. Les Pasdaran ont laissé faire, affichant ainsi leur soutien à la contre-révolution. Cette action exemplaire a réduit le régime à ses 200 dirigeants, près de 15,000 responsables régionaux, 800 hommes d’affaires et 6000 nervis.

Le Régime a tenté de rétablir l’ordre en cessant de payer les Pasdaran, en assassinant des meneurs d’hommes ou en incendiant le Bazar à plusieurs reprises sans parvenir à soumettre les dissidents qui étaient à l’origine de ses malheurs.

Ruptures internes & crise du dollar.

Le Régime était fragilisé, il pouvait chuter dans le sang et ses dirigeants devaient songer à accepter l’offre de Washington pour céder le pouvoir afin d’échapper à une fin terrible. Les cadres et les hommes d’affaires du régime qui allaient être sacrifiés dans le deal ont paniqué : les cadres du régime ont commencé à rompre et les hommes d’affaires du régime ont commencé à brader leurs biens pour acheter de l’or et des dollars afin de quitter le pays avant la débandade de leur dirigeants. La demande du dollar a fait augmenter le prix de la devise américaine sur le marché libre. Le taux du dollar est devenu l’indicateur de la chute de la confiance des derniers compagnons du Régime en leur avenir.

Ces ruptures et ces retraits de devises ont affaibli davantage le Régime (déjà très en difficulté). Larijani a alors accentué ses efforts pour écarter au plus vite Rafsandjani afin de contrôler le jeu des marchandages avec Washington. Il a ainsi admis la vulnérabilité du Régime, ce qui a créé une nouvelle source d’agitation interne.

En juillet 2012, Washington a imposé aux Européens de cesser leurs relations protectrices pour amener Larijani à accélérer sa guerre contre Rafsandjani afin de provoquer de nouvelles fracture au sein du régime.. il y a de nouvelles ruptures (les députés, puis les juges). Les Chinois ont estimé que le régime était fichu : prudemment, ils ont annoncé la diminution leurs investissements, puis ont suspendu leurs achats pétroliers. La peur de la banqueroute économique et de pénuries a envahi tout le monde provoquant une nouvelle grande ruée vers le dollar, mais aussi une ruée vers les produits alimentaires. Le pays tout entier a basculé dans la révolte avec une grande manifestation contre le Régime à Neyshabur, puis des appels à la grève générale au Bazar et plusieurs attaques contre la police des moeurs, dernière milice encore fidèle au Régime… Les Pasdaran ne sont pas intervenus, confirmant ainsi leur adhésion à la contre-révolution.

Le Régime a fait appel à ses 6000 nervis de base pour rassurer ses derniers compagnons. Mais il n’a pu mobiliser que 250 individus qui au fil du temps n’osent même plus sortir dans la rue et soutiennent le régime en se réunissant uniquement sur des sites sécurisés.

Rafsandjani a aussi paniqué : il a donné des signes de vouloir négocier rapidement avec Washington pour vendre le régime en échange de quelques garanties de sécurité pour lui-même qui avait été la grand manitou dut terrorisme international.

Larijani a renforcé les accusations contre ses plus proches lieutenants. Mais il n’a pas réussi à le calmer. Les commandants des Pasdaran (qui sont en place grâce à lui mais pourraient être sacrifiés dans le deal à venir) ont rejoint le concert des accusations.

Rafsandjani a senti qu’il devait saisir toutes les occasions. Le voyage d’Ahmadinejad à NY pour l’Assemblée Générale de l’ONU était une occasion en or. Larijani a fait mine de vouloir l’arrêter. Les Pasdaran ont formulé d’autres accusations de corruption pour le dissuader de sceller une entente en échange de quelques garanties pour lui-même. Afin de les rassurer sur sa loyauté et les laisser partir son pion à N-Y, Rafsandjani a rapatrié ses enfants Mehdi et Faezeh, laissant les Larijani les arrêter : il les a mis en gage. Mais contre toute attente, dès son arrivée à NY, son pion Ahmdinejad s’est montré très charmant avec les Américains en leur proposant lors d’une interview télévisée la possibilité d’une normalisation des relations bilatérales ! Rafsandjani avait sacrifié ses enfants. Il devait estimer que le régime était fichu. La panique a de nouveau gagné tous les derniers compagnons du Régime : on a assisté à une folle ruée vers le dollar : en quelques heures, le dollar est remonté de 70% dépassant les 4000 Tomans.

Les Larijani ont placé Mehdi en isolement. Mais Rafsandjani a continué et il a ainsi déçu de nombreux proches par son cynisme. Ses amis ex-preneurs d’otages ou terroristes ont constaté qu’il pourrait facilement les sacrifier. Les Britanniques, alliés trahis, ont aussi demandé des sanctions supplémentaires pour intimider le Régime. Rafsandjani a dû reculer en faisant désavouer indirectement l’ouverture proposée par Ahmadinejad. Mais la panique a persisté car elle n’est pas seulement due à l’envie de fuite des dirigeants, mais à ce qui provoque cette envie, c’est-à-dire, la vulnérabilité du régime. Le régime était de facto condamné. Rafsandjani devait continuer ses efforts pour assurer ses intérêts au-delà du régime. Pour cela, il avait besoin de tous alliés disponibles. Il a décidé de sauver son fils pour rassurer ses fils spirituels. Il a alors a chargé Ahmadinejad de visiter la prison Evine de Téhéran au prétexte d’un rapport sur l’état des prisons. Les Larijani ont refusé la demande et ont même utilisé ce refus pour malmener le clan Rafsandjani et mettre en valeur son déclin.

Dans la foulée, le Régime devait organiser de nouveaux manoeuvres et défilés avec les Pasdaran. S’attendant à de nouveaux boycotts, le Régime redoutait une nouvelle panique ou un début d’exode de ses associés avec leurs fortunes reconverties en dollar. Ses dirigeants des deux clans ont cru judicieux de bloquer tous les comptes en devises. Cette mesure a encouragé ses compagnons à acheter davantage de devises, mais aussi de revenir à l’achat de pièces d’or. Le dollar et l’or ont atteint des sommets. Le régime a proféré des menaces à l’encontre des acheteurs qualifiés d’agitateurs financiers, mais en l’absence de troupes fidèles à ses côtés, il n’a pas pu les intimider. Il a alors incendié le Bazar pour forcer les revendeurs Bazaris d’arrêter les ventes. Les Bazaris, malmenés et ruinés par le régime depuis des années, ont baissé les grilles pour commencer une grève paralysante.

Sur les images de manifestations des Bazaris, on ne voyait aucun policier ou milicien fidèle au régime. Chacun a vu que le régime (et ses dirigeants) étaient dépassés et seuls. Ses compagnons ont aussi rompu les amarres et ont attaqué les banques pour libérer les devises bloqués sur leur compte. Le régime s’est ainsi retrouvé avec deux actions explosives susceptibles de précipiter sa chute. Il a tenté de contenir ces menaces en annonçant de grands rassemblements militaires autour du Guide dans la région de Khorâssân du Nord, mais les Pasdaran de cette région ont boudé le Guide.

Il y a un mois, dans ce contexte particulièrement défavorable, l’Europe a annoncé de nouvelles sanctions contre le régime. Le dollar a augmenté encore de 30% malgré les menaces d’arrestation et de pendaison proférées par le Régime. Humilié, le Régime, a alors annoncé la tenue de trois jours de manœuvres époustouflantes au cœur même de Téhéran avec 15,000 combattants de sa nouvelle milice anti-émeute. Les images ont montré une soixantaine de miliciens à ses côtés.

Par la suite, le Régime devait alors organiser des grandes prières publiques à l’échelle nationale pour la fête de Sacrifice, puis célébrer la Semaine de l’Engagement Sacrificiel des Jeunes volontaires (Bassidjis) pour la révolution, anniversaire de la seconde révolution, et enfin célébrer la fête chiite de Ghadir Khom (la naissance du chiisme) ! Tous ces événements avaient été sévèrement boycottés par le peuple et par les Pasdaran en 2011. Pour s’épargner de nouveaux boycotts révélant son total isolement, le Régime a évoqué la possibilité d’établissement de coupons de rationnement pour ses partisans démunis. Pour obtenir le soutien de ses affairistes paniqués, il leur a proposé d’investir leurs dollars dans l’économie du pays en reprenant des grandes industries publiques. Les évocations de rationnement et de demande d’investissement ont convaincu out le monde que le régime était au bord de la faillite et de la pénurie : il y a une ruée vers le stockage des principaux produits de grandes consommations et en conséquence, le pays a été confronté à de grosses pénuries notamment d’essence (produit rationné depuis 2005).

Les frères Larijani devaient vite prendre le contrôle du régime et des négociations finales avec Washington pour pouvoir fuir en toute sécurité et avec leur fortune. Ils ont reparlé de la demande d’Ahmadinejad de visiter les prisons, la qualifiant de manœuvres médiatiques pour cacher la responsabilité d’Ahmadinejad dans la crise économique actuelle avant d’évoquer le retrait du vote de confiance du Parlement à son cabinet. Les autres mollahs qui se sont toujours accommodés de Rafsandjani et ont obtenu en échange un siège à l’l’Assemblée des Experts (le Sénat du régime) et des parts dans divers secteurs économiques du pays ont désapprouvé cette révolution du palais et ont exprimé leur hostilité via leur président Mahdavi-Kani (qui est également chef de la loge maçonnique du clergé). Le clan Rafsandjani s’est senti protégé et s’est lancé dans des attaques contre ses adversaires. Par ce comportement, il a confirmé qu’il n’avait rien à faire de l’intérêt général, il oeuvrait pour ses intérêts car il considérait que la chute du régime était proche. C’est pourquoi les 200 à 300 nervis de base ont aussi boycotté la prière publique de la fête de Sacrifice.

Washington a été alarmé par ce déclin évident de l’islamisme et même l’islam en Iran. Il a demandé aux Argentins à trouver un compromis sur l’affaire Amia avec Rafsandjani (le principal accusé) pour obtenir un transfert pacifique de pouvoir vers ses pions avant la chute du régime islamique. Ce marchandage avec Rafsandjani a été vu comme une menace par les Larijani et aussi par Les commandants des Pasdaran, qui seront les grandes victimes d’un transfert des pouvoirs vers Washington.

Il y a eu deux réactions. Les Larijani ont confirmé la convocation de son pion Ahmadinejad mettant Rafsandjani et ses pions en situation de ne plus avoir le droit de négocier quoi que ce soit. Les commandants des Pasdaran ont aussi fait feu sur un drone américain pour bloquer le marchandage. Washington a esquivé ce tir contraire à ses intérêts et n’en a soufflé mot. Mais les diplomates du clan Rafsandjani ont dû alors se retirer de ces négociations incroyables. Le clan Rafsandjani a aussi lâché Ahmadinejad en pour ne pas couler avec lui. Il a enfin désigné comme son candidat pour les élections à venir : Rahim-Mashai, un islamiste qui se dit non hostile à Israël (pour jouer une nouvelle version d’apaisement avec Washington). Les Larijani ont torpillé ce candidat susceptible de relancer Rafsandjani en inculpant un de ses proches de détournement de fonds publics. Le régime était plus divisé que jamais allait à sa perte avec ses nouvelles divisions.

La base devait paniquer en se ruant vers l’achat de l’or, du dollar... Mais le régime a alors suspendu les licences de 99,7% des agents de change, puis a interdit l’exportation de la moindre gramme d’or du pays, confirmant ainsi sa faillite ! Le régime a également annoncé le rationnement de 50 produits de base, y compris des produits industriels comme l’acier, confirmant l’existence d’une grande pénurie générale. Dans la foulée, la compagnie iranienne de roulements à billes a déposé le bilan entraînant dans sa chute 1000 emplois et menaçant tout le secteur automobile (500,000 emplois). La base privée d’une porte de sortie et sans cesse méprisée par des dirigeants (qui sont uniquement soucieux de leurs intérêts) les a sanctionnés par le boycott massif des rassemblements pour l’anniversaire de la seconde révolution et pour la fête de Ghadir qui doit célébrer la naissance du chiisme !

Après ces deux boycotts symboliquement forts, les deux clans devaient rétablir la confiance avec les gens de la base pour arrêter leur envie de fuir. Les Larijani ont seulement cessé leurs pressions sur Mehdi Rafsandjani. Les gens de la base n’ont pas aimé ce faux apaisement sans effet sur la politique générale du régime. Dans le même temps, les Pasdaran ont craint une alliance dans leur dos. Pour casser toute possibilité de deal avec Washington, ils ont tiré sur un drone américain et ont annoncé la création d’une base de missiles à proximité du détroit d’Ormuz. Le régime est ainsi passé de 2 à 3 clans en guerre ! Cette nouvelle querelle a davantage démoralisé les compagnons économiques du régime. Ces gens pouvaient aller plus loin en se ralliant à l’opposition notamment à Reza Pahlavi qui prône une amnistie globale.

Il y avait les ingrédients nécessaires pour un soulèvement. Le régime a paniqué : il a tenté de donner une actualité à ses faux opposants internes comme Sotoudeh pour islamiser toute agitation à venir. Mais il n’y est pas parvenu. Il a alors annoncé la mort sous torture de Sattar Beheshti, un militant très musulman, très respectueux de la révolution et membre de sa fausse opposition, partisan du maintien du régime et par hasard, très hostile à Reza Pahlavi et ses initiatives anti-régime !

Le régime utilisait le Mouvement Vert qui n’avait pas pu canaliser les mécontentements. C’est pourquoi les gens de la base ont continué à boycotter les rassemblements officiels.


Cette semaine, le Régime avait un programme officiel chargé : le régime devait organiser des manœuvres aériennes qu’il avait promises la semaine dernière dans le but de rassurer ses partenaires déprimés. Mais étant donné que l’on ne voit plus les avions du régime depuis plusieurs années (en fait par mesure d’économie de carburants) et que par ailleurs le régime a souvent promis des missiles extraordinaires et des renforts sans les montrer, cette fois, il devait évidemment compenser tous ses mensonges passés en montrant des images époustouflantes à l’occasion de ces manoeuvres (programmées dans une région inhabitée pour être invisible).

Par ailleurs, au 2nd jour de la semaine (le dimanche 11 novembre), il y avait la première anniversaire de la mort de 36 commandants des Pasdaran (dont le brigadier général Tehrani-Moghadam). Le régime avait alors parlé d’un accident, mais tout indiquait un assassinant groupé orchestré par le régime pour éliminer un éventuel coup d’Etat contre-révolutionnaire. Le régime avait alors organisé des funérailles officielles pour ses propres victimes en faisant d’eux des martyrs de la révolution pour nier leur rupture, mais les officiers des Pasdaran avaient boycotté ces funérailles et avaient même vengé la mort de leurs camarades par un attentat contre une grande mosquée. Cette année, le régime devait organiser un rassemblement d’hommage à ces gens puisqu’il les avait qualifiés de fidèles au système, mais il nous a semblé qu’il voulait se dérober à ce devoir car il n’avait pas décrété une journée en hommage à ces martyrs et il n’avait annoncé aucun rassemblements en leur honneur.

Cette semaine, allait aussi débuter le mois de Moharram dont les 10 premiers jours sont consacrés au mort en martyr de Hossein, le grand héros du chiisme. La période est aussi le début de la semaine de Bassidj (engagement volontaire). Etant donné que ces deux événements religieux et politique ont été sévèrement boycottés par le peuple, mais aussi, les Pasdaran, les Bassidjis, les Bazaris et les mollahs de base ; le régime devait les débuter en toute discrétion mais sans donner l’impression de battre en retraite.

Cette semaine, le régime était face à un programme irréalisable et de nombreux événements boycottables. Pour pouvoir dissimuler les boycotts attendus, le Régime a sans casse tenté de détourner l’attention du peuple par des buzz sur des sujets de grandes préoccupations comme la pénurie notamment de médicaments. Redoutant une agitation du côté des ses associés déçus, encore du côté des Pasdaran ou encore du côté du peuple, le régime a aussi sans cesse cherché à relancer le buzz autour du martyr de Sattar Beheshti pour l’ériger en modèle afin d’engager le peuple à adopter ses critiques et ses propos hostiles à la contre-révolution.

Mais le peuple ou encore les compagnons du régime n’ont rien fait pour plébisciter ce faux héros, les uns parce qu’ils n’y croient pas et les autres car ils ont marre des fausses solutions ! Les dirigeants des deux clans et aussi les commandants en chefs des Pasdaran ont été convaincus que les prochaines manifestations officielles (Muharram & semaine de Bassidji) allaient être boycottées. La perspective de la confirmation de leur isolement les a amenés à reprendre leurs luttes internes pour dominer le régime et être les seules à bénéficier d’un deal : le clan Rafsandjani a accusé Sadegh Larijani, le chef du pouvoir judiciaire, d’avoir tué Sattar Beheshti ! Le chef du Pouvoir Judiciaire a accusé les Pasdaran ! Les pasdaran ont accusé les Larijani (qui étaient leurs alliés, il y a encore 7 jours) ! Le régime est parti en tête à queue !

Les gens de la base qui étaient déçus par cette guerre civile ont été tentés par la fuite. Voici le récit et les images d’une semaine de chaos et d’effondrement…


12 - 28.11.2012
Iran : La semaine en images n°249

intro de base pour comprendre la situation,
mise à jour chaque semaine :
avec une nouvelle analyse inédite des événements de la semaine précédente.
En rouge : les éléments qui, cette semaine, ont été d’actualité.

Origines de la crise. Il y a 33 ans, en 1979, les mollahs, alliés historiques de Britanniques et exclus du jeu par la dynastie progressiste des Pahlavi, ont pu revenir dans l’arène politique quand les Américains ont décidé de renverser le Shah (coupable entre autre d’avoir modernise le pays, stabiliser la région et aussi d’avoir créer l’OPEP) avec l’intention d’installer à sa place leurs islamistes (dont l’OMPI) pour déstabiliser la région et la remodeler selon leurs intérêts pétroliers. Le projet appelé Arc de Crise devait faire de l’Iran un foyer d’agitation islamiste pour soulever l’Asie Centrale contre la Russie et la faire basculer dans le camps américain permettant à Washington de devenir la première puissance pétrolière au monde. Cela allait mettre fin à 100 ans de domination du marché pétrolier par les Britanniques : les mollahs pro-britanniques ont participé au projet pour évincer les pions de Washington, dévoyer le projet et aussi accaparer le pouvoir. Ce coup d’état interne a été réalisé par Rafsandjani, le demi-frère et fondé de pouvoir de Khomeiny, en assassinant les pions religieux de Washington et surtout en coupant le cordon ombilical entre Washington et la révolution islamique par l’attaque des "étudiants islamiques" contre l’ambassade américaine et la prise en otage des diplomates américains. En échange, de ces services et cette Seconde révolution islamique, Rafsandjani a été autorisé à écarter des mollahs plus hauts placés comme Mottahari (le protecteur des Larijani) et d’accéder à tous les postes clefs comme le ministère de l’intérieur, les services secrets des Pasdaran ou encore le ministère de guerre qui ont fait de lui le patron non officiel du régime et de tous les bons business (pétrole, automobile, le secteur alimentaire). Avec quelques autres mollahs ambitieux et le soutien tacite des Britanniques, Rafsandjani a aussi verrouillé le système en diabolisant les Etats-Unis et en attaquant ses intérêts et ses alliés régionaux pour ne laisser aucune chance de retour aux pions américains.

L’Etat américain a alors commencé à sanctionner les mollahs pour provoquer des pénuries et un risque de soulèvement pour forcer Rafsandjani et ses complices à cesser leur diabolisation, d’accepter un apaisement, puis la normalisation des relations pour qu’il puisse revenir en Iran avec ses pions et reprendre le pouvoir via une révolution de couleur.

Rafsandjani et ses complices ont alors accentué les actions terroristes contre les intérêts américains et ont décidé de sacrifier la production nationale pour importer tout d’Europe afin d’acheter la protection diplomatique des Européens. Cela et la guerre contre Saddam ont rapidement ruiné le pays et sa force de production : les ouvriers ont perdu leurs emplois, les Bazaris qui vivaient de la vente des produits nationaux ont été ruinés. Le pays était aussi en guerre. Beaucoup de jeunes Pasdaran contactaient Reza Pahlavi pour exprimer leurs regrets de tout ce qui avait été perdu par leur faute. La révolution islamique a très vite perdu ses enfants et très vite, le régime s’est retrouvé en danger. Mais il n’est pas tombé car Washington n’a jamais aidé les opposants, le peuple et les dissidents de peur que le modèle islamique nécessaire à ses projets régionaux ne disparaisse.

Par ailleurs non seulement Washington n’a jamais aidé les opposants, mais encore, il a souvent laissé un grand nombre de ses partenaires stratégiques contourner ses sanctions pour adoucir leur effet. quand il estimait qu’elles pouvaient dépasser leur objectif et entraîner la chute du régime islamique qu’il veut récupérer.

Mais en agissant ainsi, Washington a rallongé l’agonie du régime et a amplifié l’opposition et la dissidence, ce qui a affaibli la position de Rafsandjani, le patron de facto du régime, parmi ses adversaires internes. Pour se maintenir, Rafsandjani a toujours cherché à étendre son pouvoir. En 1989, à la mort de Khomeiny, il a trafiqué le testament de ce dernier pour officialiser sa propre mainmise sur le régime et a obtenu les pleins pouvoir pour le Conseil de Discernement qu’il présidait et préside encore). Mais la poursuite des sanctions visant personnellement Rafsandjani (comme avec le mandat d’arrêt pour l’attentat de l’Amia) et son incapacité à les neutraliser l’ont amené à partager le pouvoir avec des adversaires (comme les frères Larijani) pour acheter leur loyauté et des délais supplémentaires pour restaurer son hégémonie.

Rafsandjani a alors tenté un faux apaisement via Khatami, un ex-responsable d’assassinats des opposants exilés, mais il n’a pas pu amadouer Washington. Il l’a alors remplacé par un autre ex-responsable des services secrets nommé Ahmadinejad et l’a entouré des pires racailles des services secrets (comme Mottaki, Najjar, Vahidi) pour tenter de faire reculer Washington avec toute sorte de menaces. Mais Washington a utilisé ces menaces pour renforcer ses sanctions !

Mais en 2007 quand Washington a impliqué le Conseil de Sécurité de l’ONU pour généraliser les sanctions et s’est mis à évoquer très régulièrement la possibilité de frappes militaires, la dissidence interne s’est amplifiée : on a assisté à d’importants boycotts des manifestations officielles par les de Pasdaran de base, les Bazaris ou des mollahs de base.

En 2008, Washington a adopté ses premières sanctions bancaires, limitant sérieusement les revenues en devises du régime. Rafsandjani et ses complices au sein du Conseil de Discernement ont décidé de limiter le pouvoir d’achat des Iraniens pour brider la consommation afin de survivre malgré la diminution de leurs revenus. Le plan prévoyait la suppression de tous les prix subventionnés, mais par peur d’une émeute générale, le régime a d’abord gelé les salaires de ses propres employés les mieux payés, les agents sécuritaires, qui ont été très déçus et ont aussi pris leur distance bien qu’ils ne puissent pas aller vers la dissidence en raison de leurs passés criminels.

Cette nouvelle rupture était terrible. Le régime était menacé en cas d’un soulèvement. Rafsandjani devait songer à une éventuelle négociation avec Washington pour pouvoir quitter le pays avant la chute du régime : il a alors exclu Ali Larijani du poste clef de négociateur nucléaire lui donnant accès au dialogue avec les Américains pour prendre en main ce poste. Larijani ne s’écartait pas : Rafsandjani devait lui donner un poste clef. Via a les élections factices du régime, il lui a offert la direction de la majorité législative (la chefferie du Parlement) : un titre et une tribune plus qu’un vrai pouvoir car le Parlement n’a aucun rôle décisionnaire dans le système actuel. Ali Larijani a alors révélé par l’intermédiaire de l’un de ses pions la corruption de Rafsandjani et de ses alliés afin de les éliminer du jeu et devenir celui qui négocie la fin du régime pour bénéficier des mêmes garanties.

Rafsandjani s’est vu menacé par les sanctions, le risque de pénuries et d’émeutes, la dissidence interne ou encore les dossiers d’Ali Larijani : en juin 2009, il a tenté de sauver le régime et surtout sa situation avec le Mouvement Vert, une fausse révolution de couleur, partisane de la ligne (anti-américaine) de Khomeiny, menée par ses ex-amis (les étudiants islamiques preneurs d’otages de l’ambassade américaine pour donner une nouvelle légitimité à son clan.

Mais le peuple a profité de l’occasion pour crier sa haine du régime et les Pasdaran ne sont guère intervenus pour réprimer cette contre-révolution. Rafsandjani a dû offrir le Pouvoir Judiciaire à Sadegh Larijani, le frère cadet d’Ali Larijani, pour acheter leur loyauté afin de poursuivre ses plans.

Rafsandjani offrait plus de pouvoirs à ses ennemis (les Larijani), mais avec un risque limité car le maître des accusations, procureur Ejéi (un ex-patron des services secrets) était un de ses pions et par ailleurs, le tribunal spécifique au clergé ou encore l’inspection générale interne étaient dirigés par ses pions : les mollahs Razini et Pour-Mohammadi. Rafsandjani devait cependant faire vite avant que les Larijani nomment leurs pions. Il a alors tenté de duper le peuple avec de nouveaux slogans moins mièvres et en faisant passer d’ex-agents secrets enrôlés dans le ministères des affaires étrangères, mais aussi ses enfants Mehdi et Faezeh pour des opposants.

Mais après un an d’échecs, il a dû s’éclipser laissant officieusement ses pouvoirs à Ali Larijani.

On peut dire que Rafsandjani a perdu le soutien de ses pairs et qu’il a été débarqué du pouvoir par eux et Larijani qui avait des dossiers contre tout le monde a pu obtenir sa place. Mais ses gens n’ont pas osé officialiser la passation du pouvoir car il avait peur de Larijani et de ses dossiers compromettants. De fait, il n’y a pas eu d’épuration interne, Rafsandjani est resté influant car il gardait des pions au pouvoir en particulier Ahmadinejad et ses ministres, tous issus des services secrets des Pasdaran qu’il avait jadis dirigés. Ainsi, en juin 2010, le pouvoir est devenu bicéphale, complètement divisé.

Larijani a alors commencé à mettre en place des procès contre les enfants de Rafsandjani pour l’atteindre moralement et des procès contre Ahmadinejad et ses ministres chargés des négociations pour démanteler son équipe afin de permettre à son propre équipe de prendre la place. Cette entreprise de sape a reçu le soutien tacite de tous ceux qui avaient été exclus depuis toujours du pouvoir et des bons business par Rafsandjani.

Fin 2010, Ce nouveau pouvoir très divisé a enfin mis en place son plan impopulaire de suppression de tous les prix subventionnés confirmant par la même occasion que sa situation économique était très grave. En seulement un mois, la hausse des prix de produits énergétiques a entraîné la faillite de 60% des entreprises et une terrible récession

Trois mois plus tard, en mars 2011, la fête du Feu, une grande fête persane interdite par le régime depuis toujours, coïncidait avec l’anniversaire de Reza Shah, le fondateur d’Iran laïque. Le régime a menacé le peuple des pires répressions s’il bougeait. Le peuple a passé outre ces menaces montrant son rejet de l’Islam et son souhait d’une contre-révolution. Les Pasdaran ont laissé faire, affichant ainsi leur soutien à la contre-révolution. Cette action exemplaire a réduit le régime à ses 200 dirigeants, près de 15,000 responsables régionaux, 800 hommes d’affaires et 6000 nervis.

Le Régime a tenté de rétablir l’ordre en cessant de payer les Pasdaran, en assassinant des meneurs d’hommes ou en incendiant le Bazar à plusieurs reprises sans parvenir à soumettre les dissidents qui étaient à l’origine de ses malheurs.

Ruptures internes & crise du dollar | Le Régime était fragilisé, il pouvait chuter dans le sang et ses dirigeants devaient songer à accepter l’offre de Washington pour céder le pouvoir afin d’échapper à une fin terrible. Les cadres et les hommes d’affaires du régime qui allaient être sacrifiés dans le deal ont paniqué : les cadres du régime ont commencé à rompre et les hommes d’affaires du régime ont commencé à brader leurs biens pour acheter de l’or et des dollars afin de quitter le pays avant la débandade de leur dirigeants. La demande du dollar a fait augmenter le prix de la devise américaine sur le marché libre. Le taux du dollar est devenu l’indicateur de la chute de la confiance des derniers compagnons du Régime en leur avenir.

Ces ruptures et ces retraits de devises ont affaibli davantage le Régime (déjà très en difficulté). Larijani a alors accentué ses efforts pour écarter au plus vite Rafsandjani afin de contrôler le jeu des marchandages avec Washington. Il a ainsi admis la vulnérabilité du Régime, ce qui a créé une nouvelle source d’agitation interne.

En juillet 2012, Washington a imposé aux Européens de cesser leurs relations protectrices pour amener Larijani à accélérer sa guerre contre Rafsandjani afin de provoquer de nouvelles fracture au sein du régime.. il y a de nouvelles ruptures (les députés, puis les juges). Les Chinois ont estimé que le régime était fichu : prudemment, ils ont annoncé la diminution leurs investissements, puis ont suspendu leurs achats pétroliers. La peur de la banqueroute économique et de pénuries a envahi tout le monde provoquant une nouvelle grande ruée vers le dollar, mais aussi une ruée vers les produits alimentaires. Le pays tout entier a basculé dans la révolte avec une grande manifestation contre le Régime à Neyshabur, puis des appels à la grève générale au Bazar et plusieurs attaques contre la police des moeurs, dernière milice encore fidèle au Régime… Les Pasdaran ne sont pas intervenus, confirmant ainsi leur adhésion à la contre-révolution.

Le Régime a fait appel à ses 6000 nervis de base pour rassurer ses derniers compagnons. Mais il n’a pu mobiliser que 250 individus qui au fil du temps n’osent même plus sortir dans la rue et soutiennent le régime en se réunissant uniquement sur des sites sécurisés.

Rafsandjani a paniqué et a donné des signes de vouloir négocier rapidement avec Washington pour vendre le régime en échange de quelques garanties de sécurité pour lui-même qui avait été le grand manitou du terrorisme international.

Larijani a renforcé les accusations contre ses plus proches lieutenants. Mais il n’a pas réussi à le calmer. Les commandants des Pasdaran (qui sont en place grâce à lui mais pourraient être sacrifiés dans le deal à venir) ont rejoint le concert des accusations.

Rafsandjani a senti qu’il devait saisir toutes les occasions. Le voyage d’Ahmadinejad à NY pour l’Assemblée Générale de l’ONU était une occasion en or. Larijani a fait mine de vouloir arrêter Rafsandjani et aussi ses pions au gouvernement pour empêcher ce voyage et la possibilité de négocier. L’agence FARS dirigée par les commandants des Pasdaran a formulé d’autres accusations de corruption contre Rafsandjani pour le dissuader d’aller à ces négociations. Rafsandjani a rapatrié ses enfants Mehdi et Faezeh, laissant les Larijani les arrêter, pour les rassurer sur sa loyauté et les laisser partir son pion Ahmadinejad à New York. Mais contre toute attente, dès son arrivée à NY, Ahmdinejad s’est montré très charmant avec les Américains en leur proposant lors d’une interview télévisée la possibilité d’une normalisation des relations bilatérales ! Rafsandjani avait sacrifié ses enfants. Il devait estimer que le régime était fichu . La panique a de nouveau gagné tous les derniers compagnons du Régime : on a assisté à une folle ruée vers le dollar : en quelques heures, le dollar est remonté de 70% dépassant les 4000 Tomans.

Les Larijani ont placé Mehdi en isolement. Mais Rafsandjani a continué et il a ainsi déçu de nombreux proches par son cynisme. Ses amis ex-preneurs d’otages ou terroristes ont constaté qu’il pourrait facilement les sacrifier. Les Britanniques, alliés trahis, ont aussi demandé des sanctions supplémentaires pour intimider le Régime. Rafsandjani a dû reculer en faisant désavouer indirectement l’ouverture proposée par Ahmadinejad. Mais la panique a persisté car elle n’est pas seulement due à l’envie de fuite des dirigeants, mais à ce qui provoque cette envie, c’est-à-dire, la vulnérabilité du régime.

Le régime était de facto condamné. Rafsandjani devait continuer ses efforts pour assurer ses intérêts au-delà du régime. Pour cela, il avait besoin de tous alliés disponibles. Il a décidé de sauver le fils qu’il avait sacrifié pour rassurer ses fils spirituels. Il a alors a chargé Ahmadinejad de visiter la prison Evine de Téhéran au prétexte d’un rapport sur l’état des prisons. Les Larijani ont refusé la demande et ont même utilisé ce refus pour malmener le clan Rafsandjani et mettre en valeur son déclin.

Implosions en chaînes | Dans la foulée, le Régime devait organiser de nouveaux manoeuvres et défilés avec les Pasdaran. S’attendant à de nouveaux boycotts, le Régime redoutait une nouvelle panique ou un début d’exode de ses associés avec leurs fortunes reconverties en dollar. Ses dirigeants des deux clans ont cru judicieux de bloquer tous les comptes en devises. Cette mesure a encouragé ses compagnons à acheter davantage de devises, mais aussi de revenir à l’achat de pièces d’or. Le dollar et l’or ont atteint des sommets. Le régime a proféré des menaces à l’encontre des acheteurs qualifiés d’agitateurs financiers, mais en l’absence de troupes fidèles à ses côtés, il n’a pas pu les intimider. Il a alors incendié le Bazar pour forcer les revendeurs Bazaris d’arrêter les ventes. Les Bazaris, malmenés et ruinés par le régime depuis des années, ont baissé les grilles pour commencer une grève paralysante.

Sur les images de manifestations des Bazaris, on ne voyait aucun policier ou milicien fidèle au régime. Chacun a vu que le régime (et ses dirigeants) étaient dépassés et seuls. Ses compagnons ont aussi rompu les amarres et ont attaqué les banques pour libérer les devises bloqués sur leur compte. Le régime s’est ainsi retrouvé avec deux actions explosives susceptibles de précipiter sa chute. Il a tenté de contenir ces menaces en annonçant de grands rassemblements militaires autour du Guide dans la région de Khorâssân du Nord, mais les Pasdaran de cette région ont boudé le Guide.

Il y a un mois, dans ce contexte particulièrement défavorable, l’Europe a annoncé de nouvelles sanctions contre le régime. Le dollar a augmenté encore de 30% malgré les menaces d’arrestation et de pendaison proférées par le Régime. Humilié, le Régime, a alors annoncé la tenue de trois jours de manœuvres époustouflantes au cœur même de Téhéran avec 15,000 combattants de sa nouvelle milice anti-émeute. Mais les images ont montré une soixantaine de miliciens à ses côtés.

Par la suite, le Régime devait alors organiser des grandes prières publiques à l’échelle nationale à quatre occasions : la fête de Sacrifice, la « Semaine célébrant le Bassidj des Ecoliers » (Mobilisation de Ecoliers "prêts à se sacrifier pour la révolution"), l’anniversaire de la seconde révolution et enfin la fête chiite de Ghadir Khom (la naissance du chiisme) ! Tous ces événements politiquement importants avaient été sévèrement boycottés par le peuple et par les Pasdaran en 2011.

Pour s’épargner de nouveaux boycotts révélant son total isolement, le Régime a évoqué la possibilité d’établissement de coupons de rationnement pour ses partisans démunis. Pour obtenir le soutien de ses affairistes paniqués, il leur a proposé d’investir leurs dollars dans l’économie du pays en reprenant des grandes industries publiques. Les évocations de rationnement et de demande d’investissement ont convaincu out le monde que le régime était au bord de la faillite et de la pénurie : il y a une ruée vers le stockage des principaux produits de grandes consommations et en conséquence, le pays a été confronté à de grosses pénuries notamment d’essence (produit rationné depuis 2005).

Les frères Larijani devaient vite prendre le contrôle du régime et des négociations finales avec Washington pour pouvoir fuir en toute sécurité et avec leur fortune. Ils ont reparlé de la demande d’Ahmadinejad de visiter les prisons, la qualifiant de manœuvres médiatiques pour cacher la responsabilité d’Ahmadinejad dans la crise économique actuelle avant d’évoquer la "convocation d’Ahmadinejad devant les représentants du peuple pour des questions sur ses choix" afin de lui "retirer le vote de confiance du Parlement".

Les mollahs de l’Assemblée des Experts (le Sénat du régime) qui sont les complices politiques et économiques de Rafsandjani ont désapprouvé cette révolution du palais. Le clan Rafsandjani s’est senti protégé et s’est lancé dans des attaques contre ses adversaires. Par ce comportement, il a confirmé qu’il n’avait rien à faire de l’intérêt général, il oeuvrait pour ses intérêts car il considérait que la chute du régime était proche. C’est pourquoi les 200 à 300 nervis de base ont aussi boycotté la prière publique de la fête de Sacrifice.

Washington a été alarmé par ce déclin évident du régime islamiste en Iran. Il a demandé aux Argentins à trouver un compromis sur l’affaire Amia avec Rafsandjani (le principal accusé) pour obtenir un transfert pacifique de pouvoir vers ses pions avant la chute du régime islamique. Ce marchandage avec Rafsandjani a été vu comme une menace par les Larijani et aussi par Les commandants des Pasdaran, qui seront les grandes victimes d’un transfert des pouvoirs vers Washington.

Il y a eu deux réactions. Les Larijani ont confirmé la convocation d’Ahmadinejad mettant Rafsandjani et ses pions en situation de ne plus avoir le droit de négocier quoi que ce soit. Les commandants des Pasdaran ont aussi fait feu sur un drone américain pour bloquer le marchandage en cours à Buenos Aires. Washington a esquivé ce tir encombrant,. mais le clan Rafsandjani a eu peur de défier ses propres militaires a abandonné ces négociations incroyables. Le clan Rafsandjani a aussi lâché Ahmadinejad en pour ne pas couler avec lui. Il a enfin désigné comme son candidat pour les élections à venir : Rahim-Mashai, un islamiste qui se dit non hostile à Israël (pour jouer une nouvelle version d’apaisement avec Washington). Les Larijani ont torpillé ce candidat susceptible de relancer Rafsandjani en inculpant un de ses proches de détournement de fonds publics. Le régime était plus divisé que jamais allait à sa perte avec ses nouvelles querelles.

La base devait paniquer en se ruant vers l’achat de l’or, du dollar... Mais le régime a alors suspendu les licences de 99,7% des agents de change, puis a interdit l’exportation de la moindre gramme d’or du pays, confirmant ainsi sa faillite ! Le régime a également annoncé le rationnement de 50 produits de base, y compris des produits industriels comme l’acier, confirmant l’existence d’une grande pénurie générale. La base privée d’une porte de sortie et sans cesse méprisée par des dirigeants (qui sont uniquement soucieux de leurs intérêts) a confirmé sa rupture par le boycott massif de l’anniversaire de la seconde révolution et de Ghadir, l’anniversaire de la naissance du chiisme !

Après ces deux boycotts symboliquement forts, les deux clans devaient rétablir la confiance avec les gens de la base pour arrêter leur envie de fuir. Les Larijani ont seulement cessé leurs pressions sur Mehdi Rafsandjani. Les gens de la base n’ont pas aimé ce faux apaisement sans effet sur la politique générale du régime. Dans le même temps, les Pasdaran ont craint une alliance dans leur dos. Pour casser toute possibilité de deal avec Washington, ils ont tiré sur un drone américain et ont annoncé la création d’une base de missiles à proximité du détroit d’Ormuz. Le régime est ainsi passé de 2 à 3 clans en guerre ! Cette nouvelle querelle a davantage démoralisé les compagnons économiques du régime. Ces gens pouvaient aller plus loin en se ralliant à l’opposition notamment à Reza Pahlavi qui prône une amnistie globale.

Il y avait les ingrédients nécessaires pour un soulèvement. Le régime a paniqué : il a tenté de donner une actualité à ses faux opposants internes comme Sotoudeh pour islamiser toute agitation à venir. Mais il n’y est pas parvenu. Il a alors annoncé la mort sous torture de Sattar Beheshti, un militant très musulman, très respectueux de la révolution et membre de sa fausse opposition, partisan du maintien du régime et par hasard, très hostile à Reza Pahlavi et ses initiatives anti-régime !

Les Larijani utilisaient le Mouvement Vert (de Rasandjani) qui n’avait pas pu canaliser les mécontentements et avait même failli accélérer la chute du régime. Les gens du régime ont compris que l’union entre les deux clans ne serait pas synonyme d’une solution. C’est pourquoi ils n’ont pas joué le jeu et ont continué à boycotter les rassemblements officiels, mais aussi les rassemblements propres à chaque camp.

La semaine dernière | Les nantis du régime avaient cessé de croire. L’union entre les deux clans a alors explosé. Le Clan Rafsandjani qui se sentait désavoué par le rejet interne du Mouvement Vert a décuplé d’efforts pour discréditer le clan Larijani afin qu’il ne puisse pas profiter de sa perte de crédibilité. Le Clan Rafsandjani a notamment accusé les Larijani d’avoir mal géré le meurtre (factice) du faux opposant Sattar Beheshti ! Les Larijani ont jeté la faute sur leurs nouveaux amis les Commandants des Pasdaran ! Le régime n’en finissait d’imploser !

Les Américains ont encore envoyé des émissaires en Iran pour savoir si l’un des deux clans était prêt à déposer les armes contre quelques garanties de sécurité. Les Pasdaran ont évoqué des missiles capables de frapper les bases américaines en Europe pour casser les marchandages, mais Washington les a ignorés. Ce marchandage a finalement échoué car le pouvoir est trop divisé et un seul clan ne peut décider pour tout le monde.

Les Pasdaran ont compris qu’ils devaient avoir un vrai clan politique pour peser sur l’échiquier politique iranien. Ils ont tenté une alliance avec les mollahs exclus du jeu par Rafsandjani.

Au même moment, une grande région d’Iran a été sévèrement touchée par des inondations, les dirigeants qui étaient occupés à sceller des alliances pour s’assurer leur avenir ont oublié d’y envoyer des secours comme après le grand tremblement de terre qui a dévasté une grande partie de l’Azerbaïdjan. Par ailleurs, les habitants de ces régions qui vivent sans aucun secours ont été frappés par une vague de froid prématurée. Téhéran est une ville peuplée d’Azéris. Les gens du régime ont eu peur que les problèmes d’Azerbaïdjan en s’ajoutent aux problèmes de pénurie et ne provoquent un soulèvement. Par ailleurs, quelques 88,000 ouvriers des aciéries d’Ispahan ont annoncé qu’ils n’étaient plus payés depuis plusieurs mois. il y avait aussi un risque de soulèvement de cette seconde grande ville d’Iran. Le régime était face à une multitude crise, Il pouvait aussi sombrer dans une grève générale et fatale.

Jugeant la situation explosive, les amis nantis du régime se sont précipités sur le réseau informatique interbancaire de transfert de fonds pour sortir le contenu de leurs avoirs vers leurs comptes à l’étranger afin de fuir le pays avec leur famille. Le régime a bloqué ce réseau, puis il a accusé ces gens de fraudes et a évoqué la peine de mort pour les forcer à s’arrêter. En l’absence de résultats, il a multiplié par 3 les prix de billets d’avion vers l’étranger notamment vers Beyrouth et vers la Malaisie, son paradis bancaire, pour empêcher les familles de ses amis de quitter le pays !

Cette première tentative d’exode collectif a mis les deux clans le régime face à un effondrement bancaire qu’ils redoutent et jugent fatal.

Le régime et ses dirigeants isolés étaient alors à quelques jours 2 rendez-vous importants : le mois saint de Moharram qui doit être marqué par des dizaines de rassemblements et des processions religieux fanatiques pendant 10 jours et aussi par des rassemblements paramilitaires car cette décade fervente donne lieu à une Semaine de Bassidj (général) ou la Mobilisation "de tous les Jeunes" pour la préservation de la révolution islamique.

Etant certains du boycott de ces événements, les ayatollahs basés à la ville de Qom, siège du clergé, ont lancé une fatwa interdisant toute procession ! Puisqu’ils ne pouvaient pas aussi trouver un moyen pour débarrasser le régime de son programme politique, les deux clans devaient accélérer leurs efforts pour sauver leurs peaux.

Chacun a tenté de pactiser avec les Pasdaran pour neutraliser leur opposition. Les Commandants des Pasdaran et leurs dernières troupes, c’est-à-dire les nervis du régime, ont choisi le clan Larijani car Rafsandjani qui fut leur mentor est en déclin et ses solutions sont usées n’ont plus aucun soutien interne.

Rafsandjani, exclu du jeu et condamné à rester et périr en Iran, a tenté de bloquer toute négociation en évoquant des progrès du régime dans le domaine du nucléaire militaire.

Les Russes qui ont besoin du régime islamique des mollahs pour arrêter l’avancée de Washington dans région n’ont pas aimé cette provocation susceptible de donner un prétexte à Washington pour renforcer ces sanctions. Ils ont privé les mollahs du gaz turkmène en espérant que le risque d’un soulèvement force Rafsandjani à se montrer moins agité. Cette semaine, on a aussi appris qu’ils avaient sortie les combustibles du coeur du réacteur de Bouchehr.

Au même moment, à Gaza, une frappe israélienne a éliminé Ahmad Jaabari, chef de la branche armée du Hamas, un des meilleurs alliés du régime au sein du Hamas qui s’est opposé au rapprochement avec le Qatar qui est un alignement sur le nouvel islamisme "pro-américain" des Frères Musulmans sous la direction de Morsi. Un site du régime nommé Iran-Âbad a laissé entendre que la direction du Hamas avait livré les coordonnées géographiques de Jaabari aux Israéliens (comme elle leur avait aussi livré, dès le rapprochement avec le Qatar, les coordonnées de l’usine du régime au Soudan qui fabriquait des roquettes pour cette organisation). Le régime était dépité de voir que la direction Hamas avait choisi de se débarrasser de ses partisans avec l’aide d’Israël.

Le régime s’est gardé de le dire officiellement car c’était là reconnaître la preuve de la fin de son influence dans cette région. Mais on n’a également pas vu le régime tirer des missiles longue-portée vers Israël ou d’y envoyer ses drones bombardiers de longue portée. On n’a également pas vu des dizaines de milliers d’iraniens dans les rues ou encore des centaines de Kamikazes prêts à donner leur vie pour le Hamas. La frappe a israélienne a permis de mettre en valeur l’impuissance du régime. Les associés du régime ne pouvaient qu’accélérer leur fuite. Cette affaire a encore limité l’espérance de vie du régime.

Dépité le régime a chargé ses lobbyistes en Occident d’affirmer que son inaction était la preuve qu’il n’était pas impliqué dans le terrorisme, mais un mauvais accueil de ses associés à cette explication et le besoin de s’affirmer sur le plan national l’a amené à changer de position au grand désarroi de ses larbins en col blanc.

A la fin de la semaine, commençaient le mois saint de Moharram et la semaine de mobilisation pour la préservation de la révolution islamique alors que régime était plus faible que jamais. Leur situation risquait de s’aggraver...

De fait, cette semaine, le régime et ses dirigeants isolés devaient continuer à se battre tout en simulant une bonne participation de leurs troupes désormais imaginaires aux programmes très chargés de cette "semaine de ferveur religieuse et politique".

De fait, nous avons eu une semaine de guerre interne et de propagande (une semaine de coups bas et de slogans inconséquents qui n’ont rien résolu). Voici le récit et les images d’une semaine de dépressions pour les mollahs et surtout pour leurs derniers associés !


12 - 19.12.2012
Iran : La semaine en images n°252

intro de base pour comprendre la situation,
mise à jour chaque semaine avec de nouveaux éléments après ce module [+].
Avec une nouvelle analyse inédite des événements de la semaine précédente.
En rouge : les éléments qui, cette semaine, ont été d’actualité.

Le signe § donne droit à des tiroirs d’infos.

Origines de la crise. Il y a 33 ans, en 1979, les mollahs, alliés historiques de Britanniques et exclus du jeu par la dynastie progressiste des Pahlavi, ont pu revenir dans l’arène politique quand les Américains ont décidé de renverser le Shah (coupable entre autre d’avoir modernise le pays, stabiliser la région et aussi d’avoir créer l’OPEP) avec l’intention d’installer à sa place leurs pions islamo-fédéralistes de NEHZAT AZADI (Mouvement pour la liberté), d’ex-pions britanniques du parti islamo-nationaliste JEBHEH MELLI qui sous la direction de Mossadegh avaient quitté le camp britannique pour joindre le camp américain.

NEHZAT AZADI avait aussi créé une branche armée islamo-marxiste, les MODJAHEDIN KHALGH (OMPI) pour dévaliser le parti communiste Toudeh (officiellement communiste, mais pro-britannique au niveau de sa direction). Les membres de cette branche armée clairement djihadiste devaient former les Gardiens de la Révolution islamique pour exporter l’islam révolutionnaire en Asie centrale alors soviétique, pour déstabiliser cette région et la remodeler selon les intérêts pétroliers américains.

Le projet appelé Arc de Crise allait mettre fin à 100 ans de domination britannique du marché pétrolier mondial. Les Britanniques ont demandé à leurs pions encore fidèles à savoir les mollahs influents, les Bazaris et leurs nervis, les cadres du TOUDEH et de JEBHEH MELLI d’intervenir pour mobiliser le peuple afin de jouer un grand rôle dans le projet américain puis d’évincer les pions de Washington et prendre le pouvoir dans le nouveau régime islam. Ce coup d’Etat interne a été réalisé Rafsandjani, le demi-frère et fondé de pouvoir de Khomeiny, en assassinant les pions religieux de Washington, puis en coupant le cordon ombilical entre Washington et la révolution islamique par l’attaque des "étudiants islamiques" contre l’ambassade américaine et la prise en otage des diplomates américains.

En échange de ces bons et loyaux services et cette Seconde révolution islamique, Rafsandjani a été autorisé à écarter des mollahs plus hauts placés comme Mottahari (le protecteur des Larijani), mais aussi d’autres pions de Londres comme ceux de TOUDEH et de JEBHEH MELLI pour accéder à tous les postes clefs comme le ministère de l’intérieur, les services secrets des Pasdaran ou encore le ministère de guerre qui ont fait de lui le patron non officiel du régime et de tous les bons business (pétrole, automobile, le secteur alimentaire). Avec le soutien des jeunes mollahs ambitieux et évidement le soutien tacite des Britanniques, Rafsandjani a aussi été chargé de verrouiller le système en diabolisant les Etats-Unis et en attaquant ses intérêts et ses alliés régionaux pour ne laisser aucune chance de retour de ses pions dans le jeu.

L’Etat américain a alors commencé à sanctionner les mollahs pour provoquer des pénuries et un risque de soulèvement pour forcer Rafsandjani et ses complices à cesser leur diabolisation, d’accepter un apaisement, puis la normalisation des relations pour qu’il puisse revenir en Iran avec ses pions et reprendre le pouvoir via une révolution de couleur.

Rafsandjani et ses complices ont alors accentué les actions terroristes contre les intérêts américains et ont dû sacrifier la production nationale pour importer tout d’Europe afin d’acheter la protection diplomatique des Européens. Cela et la guerre contre Saddam ont rapidement ruiné le pays et sa force de production : les ouvriers ont perdu leurs emplois, les Bazaris qui vivaient de la vente des produits nationaux ont été ruinés. Le pays était aussi en guerre. Beaucoup de jeunes Pasdaran contactaient Reza Pahlavi pour exprimer leurs regrets de tout ce qui avait été perdu par leur faute. La révolution islamique a très vite perdu ses enfants et très vite, le régime s’est retrouvé en danger. Mais il n’est pas tombé car Washington n’a jamais aidé les opposants, le peuple et les dissidents de peur que le modèle islamique nécessaire à ses projets régionaux ne disparaisse. Par ailleurs Washington a également souvent laissé ses partenaires stratégiques contourner ses sanctions pour adoucir leur effet quand il estimait qu’elles pouvaient dépasser leur objectif et entraîner la chute du régime islamique qu’il veut récupérer.

En agissant ainsi, Washington a rallongé l’agonie du régime et a amplifié la dissidence ou encore les querelles internes entre Rafsandjani et tous ceux qu’il avait été écartés du pouvoir notamment le clan Larijani. Rafsandjani s’est senti en danger. En 1989, après la mort de Khomeiny, il a trafiqué de testament de ce dernier pour écarter l’arrivée au pouvoir des hauts membres de clergé qui pouvaient limiter ses pouvoirs. Il a aussi placé le nom de son ami Khamenei dans le testament. Ce dernier, élu comme Guide, a transféré par un référendum presque tous ses pouvoirs politiques illimités au Conseil de Discernement créé par Rafsandjani. Le Conseil de Discernement est devenu le vrai gouvernement du régime et Rafsandjani est devenu le patron officiel, incontestable et inamovible du régime, ce qui a attisé les hostilités internes à son égard.

Mais l’incapacité de Rafsandjani à mettre fin aux sanctions ont remis en cause sa survie. Des mandats d’arrêts internationaux le visant ont donné de l’espoir à ses rivaux. Pour ne pas sauter, il a acheté la loyauté de certains de ses rivaux en leur octroyant des sièges au Conseil de Discernement, des postes clefs et aussi une partie de ses monopoles économiques. .

Après cela, Rafsandjani a tenté de mettre fin aux sanctions par une fausse modération et faux apaisement sous la direction de Khatami, un ex-responsable d’assassinats des opposants exilés recyclé en doux agneau.

[§.1]

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Pour réussir, le régime a simulé une libéralisation politique avec des étudiants appartenant à la sinistre milice universitaire.
Rafsandjani a fait appel aux vieux pions gauchisant de JEBHEH MELLI. Mais pour éviter de leur accorder une part du gâteau économique, il a finalement créé un parti imitant JEBHEH MELLI (Front National) sous le nom de JEBHEH DEMOCRATIC (Front démocratique). Le parti était animé par les faux étudiants de la milice universitaire (club des futurs cadres du régime). La direction du parti a été confié à un certain Tabarzadi, un étudiant milicien de 48 ans, proche de Rafsandjani. Ce personnage compromis par son passé s’est dit plutôt « ouvert au rétablissement des relations avec les Etats-Unis, mais à certaines conditions » (ce qui est la position officielle du régime). Puis ce personnage a été soi-disant mis en prison pour que l’on l’imagine comme un futur Gorbatchef et qu’il obtienne le soutien de Washington. Mais Washington a vite compris qu’il s’agissait d’une ruse pour l’amadouer avec une promesse de démocratisation afin de le mettre en situation de ne plus pouvoir continuer ses sanctions. Il a continué ses sanctions.

Le régime a alors accordé des visas à ses faux dissidents estudiantins pour aller aux Etats-Unis et faire de la pub pour Tabarzadi. Pour relancer le jeu, le régime a aussi fait appel à des avocates (Shirin Ebadi -alors inconnue- et Nasrine Sotoudeh - une des représentants du régime à cour internationale), afin que leurs cris de femmes indignées créent une synergie autour de Tabarzadi, mais les Américains n’ont accordé aucune attention à cet agent du régime. Finalement Washington s’est même fâché et en 2000, il a évoqué la "menace nucléaire des mollahs" dans Iran Non-proliferation Act pour les sanctionner encore plus durement.

Après l’échec du projet de la fausse dissidence et du faux apaisement, Rafsandjani était encore en difficulté. Pour demeurer au pouvoir, il a offert des postes importants à Ali Larijani, ses frères et ses lieutenants. Puis il a remplacé le « modéré Khatami » par Ahmadinejad, un autre ex employé de ses services secrets. Il l’a entouré des pires racailles des services secrets (comme Mottaki, Najjar, Vahidi) pour tenter de faire reculer Washington avec toute sorte de menaces. Mais Washington a utilisé ces menaces pour renforcer ses sanctions et même parler de frappes préventives !

En 2007 quand Washington a impliqué le Conseil de Sécurité de l’ONU pour cautionner ses sanctions et ses menaces de frappes, la dissidence interne s’est amplifiée : on a assisté à d’importants boycotts des manifestations officielles par les de Pasdaran de base, les Bazaris ou des mollahs de base.

En 2008, après l’adoption des premières sanctions bancaires, Rafsandjani, ses complices et ses adversaires unifiés au sein du Conseil de Discernement ont décidé de limiter le pouvoir d’achat des Iraniens pour brider la consommation afin de préserver les stocks et aussi habituer les Iraniens à vivre de très peu pour diminuer le risque de soulèvement provoqué par la faim. Le plan prévoyait la suppression de tous les prix subventionnés, mais par peur d’une émeute générale, le régime a d’abord gelé les salaires de ses propres employés les mieux payés, les agents sécuritaires : Ces derniers ont été très déçus et ont aussitôt pris leur distance bien qu’ils ne puissent pas aller vers la dissidence en raison de leur passé criminel.

Cette nouvelle rupture était terrible. Le régime était menacé en cas d’un soulèvement. Rafsandjani devait songer à une éventuelle négociation avec Washington pour pouvoir quitter le pays avant la chute du régime : il a alors exclu Ali Larijani du poste clef de négociateur nucléaire lui donnant accès au dialogue avec les Américains. Mais pour ne pas l’avoir contre lui, via a les élections factices du régime, il lui a offert la direction de la majorité législative (la chefferie du Parlement) : un titre et une tribune plus qu’un vrai pouvoir car le Parlement n’a aucun rôle décisionnaire dans le système actuel ; il ne fait que suivre les avis du Conseil de Discernement. Ali Larijani a alors révélé par l’intermédiaire de l’un de ses pions au sein du Pouvoir Judiciaire la corruption de Rafsandjani et de ses alliés afin de les éliminer tous du jeu et devenir celui qui négocie la fin du régime pour bénéficier des mêmes garanties.

Rafsandjani s’est vu menacé par les sanctions, le risque de pénuries et d’émeutes, la dissidence interne ou encore par les dossiers d’Ali Larijani : en juin 2009, il a tenté de sauver le régime et surtout sa situation avec le Mouvement VERT, une fausse révolution de couleur de l’Islam, partisane de la ligne (anti-américaine) de Khomeiny, mené par ses ex-amis (les étudiants islamiques preneurs d’otages de l’ambassade américaine). Mais le peuple a agi avec bon sens, il n’est pas tombé dans le panneau et a profité de l’occasion pour crier sa haine du régime et les Pasdaran ne sont guère intervenus pour réprimer cette contre-révolution.

[§.2]

Rafsandjani qui avait failli renverser le régime a dû offrir le Pouvoir Judiciaire à Sadegh Larijani, le frère cadet d’Ali Larijani, pour acheter la loyauté de cette famille.

[§.3]

Rafsandjani offrait plus de pouvoirs à ses ennemis (les Larijani), mais avec un risque limité car le maître des accusations, procureur Ejéi (un ex-patron des services secrets) était un de ses pions et par ailleurs, le tribunal spécifique au clergé ou encore l’inspection générale interne étaient dirigés par ses pions : les mollahs Razini et Pour-Mohammadi. Rafsandjani devait cependant faire vite avant que les Larijani nomment leurs pions. Il a alors tenté de duper le peuple avec de nouveaux slogans moins mièvres et en faisant passer d’ex-agents secrets enrôlés dans le ministères des affaires étrangères et aussi ses enfants Mehdi et Faezeh pour des opposants.

Mais en juin 2010, au bout d’un an d’insuccès, Rafsandjani, le Garcimore de la stratégie politique, s’est éclipser et Larijani a commencé à s’occuper des activités qu’il menait au sein du régime. Rafsandjani qui avait perdu le soutien et la confiance de ses pairs avait été discrètement remplacé par Larijani, mais les gros bonnets du régime n’ont pas osé officialiser ce dernier, ne lui ont pas permis de virer les pions de Rafsandjani et de nommer ses pions car il avait des dossiers compromettants contre tout le monde et pouvait en se renforçant s’en prendre aussi à eux. De fait, en juin 2010, le régime est devenu bicéphale.

On est alors entré dans un enchaînement continu de boycotts des Pasdaran et de panique des éléments encore fidèles au régime. Le régime a sans cesse perdu ses fidèles. Larijani a alors accentué ses efforts pour discréditer le Gouvernement des pions de Rafsandjani pour prendre le pouvoir afin de s’asseoir à la table des négociations et obtenir sa part de garanties de sécurité. Rafsandjani a aussi accéléré ses démarches pour parvenir à un accord avec Washington pour être le grand gagnant des marchandages avec Washington.

En agissant ainsi, Rafsandjani et Larijani privilégiaient leurs propres intérêts personnels au lieu de trouver un compromis global pour sauver leurs associés et collaborateurs. Ce comportement méprisant des chefs a encouragé l’envie de fuite de leurs derniers collaborateurs. Les gens ont continué à convertir leurs avoirs en dollars pour pouvoir quitter le pays avant qu’ils soient sacrifiés par leurs chefs. Le dollar n’a cessé d’augmenter malgré des baisses de prix imposées arbitrairement par la Banque Centrale Iranienne (BCI). Ces achats de dollars ont ruiné le régime et réduit ses chances de survie. Des pénuries se sont amplifiées.

Les deux dirigeants ont chacun tenté avec leurs moyens légaux de combattre cette fuite des capitaux et l’agitation de leurs collaborateurs : Rafsandjani a demandé à son pion, Bahmani, le directeur de la BCI, de ponctionner les comptes bancaires des gens pour compenser les pertes de réserve en devises. Le Pouvoir Judiciaire des Larijani a qualifié les acheteurs des fraudeurs chargés de nuire à l’Etat en combinaison avec Washington, un délit passible d’expropriation et de pendaison, mais la menace suprême de mourir par la main du peuple a été plus forte que toutes les menaces sous-jacentes du régime uni sur ce point : l’achat du dollar pour fuir le régime agonisant a continué. Au final, le régime a dû interdire à ses proches de quitter le pays en famille, puis il a bloqué les comptes en devises, il a aussi fermé tous les agents de change privés, il a enfin fermé le réseau de transfert interbancaire pour empêcher les gens de sortir leurs avoirs d’Iran et a multiplié par 2 puis par 3 le prix de billets d’avion pour l’étranger.

Le régime a également sans cesse promis des actions de répression et des manoeuvres militaires ou paramilitaires pour intimider ses collaborateurs ou aussi pour contenir le peuple, mais il n’a jamais pu tenir sa parole : au fil des promesses, il est devenu très évident qu’il n’avait plus aucun appui au sein des forces armées. Le régime s’est retrouvé affaibli. Washington qui a besoin d’un Iran islamisé a demandé à l’Argentine de blanchir Rafsandjani dans l’affaire d’Amia. Les Commandants des Pasdaran ont eu peur d’hériter de la responsabilité de ce crime, ils sont sortis de leur relative neutralité politique et ont enchaîné les menaces contre Washington afin de bloquer d’avance les marchandages en cours ou à venir. Le régime est passé de 2 clans à 3 clans.

Les Commandants des Pasdaran ont tenté de former un clan avec les religieux exclus par Rafsandjani, avant de s’approcher de Larijani dans l’espoir d’obtenir des garanties de sécurité par son biais aux dépens des membres du clan Rafsandjani. Mais Washington n’a pas daigné dialoguer avec Larijani car il n’a rien de très grave à lui reprocher et ne peut l’intimider correctement pour l’amener à se soumettre.

Ce choix de Washington a exclu Larijani du jeu et il a aussi désigné Rafsandjani comme un maillon faible. Les Pasdaran ont alors l‚ché Larijani pour devenir des électrons libres au sein du régime en agonie. Le pouvoir était éclaté et aucun clan n’avait les moyens pour s’imposer. Les gens de la base ont paniqué. Les deux dirigeants rivaux se sont rapprochés et ils ont uni leur force pour inventer la figure de Sattar Beheshti, (faux) opposant interne "mort sous la torture", pour mobiliser le peuple derrière la fausse opposition interne afin de pouvoir contenir tout risque de soulèvement.

Mais le peuple n’a pas donné de crédit à cette option pro-régime et les collaborateurs de base ont jugé très risqué de miser sur la recette ratée du Mouvement Vert. Sans ce joker, le régime était perdu. Rafsandjani a accusé les Pasdaran et les frères Larijani du meurtre de cet opposant factice. Larijani a accentué ses accusations contre Ahmadinejad pour lui retirer le vote de confiance du Parlement, le renverser et prendre sa place via des élections présidentielles anticipées. Afin qu’il emporte les élections, il devait retirer au gouvernement le privilège d’organiser les élections, il a annoncé une réforme de la loi électorale permettant au pouvoir législatif et le pouvoir judiciaire de participer à l’organisation des élections. Rafsandjani a fait bouger sa pièce maîtresse à savoir le Guide pour désavouer la révocation d’Ahmadinejad. Puis, il a pris une décision incroyable : il a demandé à ses faux opposants de crier "Mort à la Révolution Islamique" pour s’approcher de l’opposition avec une solution de réconciliation nationale de type Khmers rouges pour avoir la vie sauve. Il pouvait aussi barrer la route aux Américains et préserver les intérêts de leurs adversaires afin de préserver ses avoirs dans ces pays.

Ce revirement pragmatique très rusé, survenu il y a 2 semaines, n’a provoqué aucune agitation : la base y trouvait son compte, mais pas Ali Larijani car ses frères ont piloté les répressions du grand soulèvement de l’été 2009. Ali Larijani a accéléré ses efforts pour asseoir son pouvoir : il a adopté sa loi électorale, il a aussi reparlé de la révocation du président en affirmant que le Guide avait reporté mais pas annulé son initiative et il a annoncé sa candidature pour le poste du président. Les Pasdaran qui avaient d’abord bien accueilli la proposition pragmatique d’une réconciliation nationale ont aussi renouvelé leurs menaces anti-américaines pour s’approcher de Larijani au cas où il emporterait la partie.

Ainsi la proposition intéressante d’une réconciliation nationale s’est retrouvée menacée par deux des trois clans qui partagent le pouvoir. Mais ces clans étant tous dépourvus de militants actifs, aucun de deux camps (pour ou contre l’arrangement) n’a pu s’imposer.

Par ailleurs, le régime devait aussi organiser un rassemblement pour ses faux opposants à l’occasion de la Journée de l’Etudiant islamiste et n’a pu réunir que 30 personnes contre 100 en 2011.

L’indécision sans issue à propos de la solution idéale d’un arrangement national et aussi le constat de la dissolution de l’opposition interne a encore paniqué les collaborateurs de base, ils se sont à nouveau rués sur le dollar pour partir le régime agonisant et incapable d’accepter un compromis.

Cette semaine, les deux camps (pour ou contre l’arrangement) devaient calmer ce feu en rassurant ou intimidant la base. Par ailleurs, ce mardi, il y avait l’anniversaire de la libération par le Shah de l’Azerbaïdjan occupée par les Soviétiques, un des événements majeurs qui établissent la popularité de la dynastie Pahlavi. Les Azéris très fidèles au Chah, mais maltraités par le régime, pouvaient manifester. Le régime devait passer ce cap dans énerver le peuple. Voici le récit et les images d’une semaine de dure labeur pour des dirigeants acculés cherchant à contenir les leurs et le peuple.


12 - 12.04.2013
Iran : La semaine en images n°268

intro de base pour comprendre la situation.
mise à jour chaque semaine en rapport avec l’actualité
mais aussi avec de nouveaux éléments sur le passé.
Le tout en gardant une longueur raisonnable
(afin de limiter les fautes dues au manque de temps pour tout relire).

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Origines de la crise : une guerre de 100 ans | La politique iranienne est passée sous la domination anglaise (ou britannique) au milieu du 19e siècle après l’alliance des Britanniques, des mollahs, des grands propriétaires terriens et du Bazar. Les Britanniques ont aussi pris le contrôle du pétrole en 1905. Les Américains, rivaux des Britanniques dans le domaine pétrolier, se sont rapidement intéressés à l’Iran, mais leur champ d’action restait imité. En 1925, la figure politique montant, le Général Reza Shah, alors Premier ministre fonda une nouvelle dynastie hostile aux Britanniques et engagea le pays dans une nouvelle voie : laïque, patriote, progressiste et emprunte de l’identité non islamique iranienne. Il y avait une ouverture pour Washington. Mais Reza Shah ne souhaitant remplacer un occupant économique par un autre a opté pour la diversité engageant les relations avec les Allemands, les Français et surtout les Belges. Un peu plus tard, les Américains se sont alors alliés aux Britanniques pour envahir l’Iran au prétexte d’aider la Russie alors en guerre alors que il y avait une route beaucoup plus courte : la Turquie. Les deux rivaux -alliés se sont associés aussi pour déposer Reza Shah au faux prétexte de sympathie pro-Nazi les contrats irano-allemands avaient été signés avec la république de Weimar et que sous Reza Shah, les juifs iraniens vivaient enfin une existence protégée grâce à laïcité et l’anti-islamisme de Reza Shah.

Après l’exil forcé de Reza Shah, son fils Mohammad-Reza Shah accéda au pouvoir avec la ferme intention de continuer à moderniser le pays et développer ses ressources selon la même politique de diversité diplomatique. L’idée de la révision du contrat d’exclusivité pétrolière des Britanniques était très en vogue. Washington n’a alors pas soutenu le jeune Shah dans ce projet ce qui aurait exclu les Britanniques et lui aurait ouvert une partie du marché pétrolier iranien. Washington a soutenu un vieux adversaire des réformes progressistes des Pahlavi, le vieux prince pro-britannique Mossadeg, le plus grand propriétaire terrien iranien, qui était en déclin politique. Washington a en quelque sorte volé un vieux pion des Britanniques pour développer un réseau parallèle comprenant aussi des islamistes non cléricaux très intégristes. Washington l’a encouragé Mossadegh à refuser tous les compromis proposé par Londres entraînant par son intermédiaire le pays sous les sanctions et dans la ruine. Washington a également laissé Mossadegh pactiser avec le Parti communiste Toudeh alors que les communistes au pouvoir parlaient de recours à une invasion soviétique. En fait, en soutenant cette solution néfaste, Washington espérer renverser la monarchie patriote des Pahlavi et créer les conditions afin d’intervenir au nom de la lutte contre le soviétisme pour annexer le pays, placer au pouvoir ses propres pions et créer une base arrière pour agiter et annexer le Caucase et l’Asie Centrale, deux régions musulmanes qui sont aussi dotées d’importants ressources pétrolières.

Mais ce plan très logique a échoué car le clergé inféodé à Londres a lancé a encouragé ses gros bras à renverser Mossadegh et la direction de Toudeh était entre les mains de princes Qajars inféodés à Londres n’a pas demandé l’intervention soviétique. Cependant à l’issue de la crise, le contrat d’exclusivité des Britanniques a cédé sa place en août 1954 à un nouveau contrat de 25 ans obligeant l’Iran à vendre son pétrole en exclusivité à la hauteur de 40% aux Américains, 54% aux Britanniques et 6% aux Français selon un prix constant fixé par ce consortium.

Très rapidement, le Shah a tenté d’émanciper le pays de ce contrat en signant d’abord des contrats de Mattei, puis en créant l’OPEP pour faire fixer le prix non par les compagnies mais par les producteurs. Washington a alors décidé de reprendre ses complots pour l’annexion de l’Iran et de la région. Pour y parvenir, sans être gêné par le clergé et les faux communistes de Toudeh, il a financé la création d’un parti révolutionnaire islamo-fédéralisto-gauchiste nommé Nehzat Azadi (mouvement pour la Liberté) dont le programme stipulait un soutien actif à tous les pays musulmans opprimés ! Cela désignait les républiques soviétiques du Caucase et de l’Asie Centrale, mais aussi les pétromonarchies arabes créées par les Britanniques.

En 1973, quand le Shah a annoncé qu’il ne reconduirait plus le contrat du consortium, les Britanniques, les Américains et les Français (les trois actionnaires du Consortium) ont lancé par l’intermédiaire d’Amnesty International dans une campagne internationale sur la torture en Iran. Le Shah a ouvert les prisons iraniennes à la Croix-Rouge qui a librement interviewé les sans découvrir le moindre cas de torture. Mais aucun des médias occidentaux n’a répercuté cette info.

Washington a aussi mis ses pions de Nehzat Azadi dans le jeu pour utiliser cette fausse affaire de torture pour renverser le Shah, mettre en place son projet islamisante pour agiter et annexer le pays du Golfe Persique, du Caucase et de l’Asie Centrale. Ce projet a été baptisé Ceinture Verte et justifié par le géo-stratégicien Brzezinski comme une nécessité contre la montée de la Chine en Asie Centrale afin de convaincre les décideurs américains de lâcher le Shah (qui était un élément de stabilité dans la région). Les Britanniques dont les intérêts étaient menacés ont intégré Brzezinski dans l’infrastructure d’Amnesty International pour mener un projet commun afin d’intégrer leurs pions dans le jeu dont notamment Khomeiny, son demi-frère Rafsandjani et son gendre Montazéri (une véritable petite dynastie religieuse secrète). Les Britanniques ont ainsi pu participer la révolution qui devait les anéantir et ont même réussi à renverser le jeu provoquant un conflit par la prise en otage de l’ambassade américaine. Ils ont ainsi déstabilisé et isolé les pions de Washington, les poussant à démissionner, laissant le pouvoir à leurs pions, les mollahs du clergé. Ces derniers ont complété leur coup d’Etat anti-américain en adoptant la doctrine de la Tutelle d’un Grand Ayatollah, plaçant la République Islamique (de Washington) sous la tutelle de leur clergé afin de bloquer le retour des islamistes non cléricaux de l’Amérique !

Khomeiny devint le mentor spirituel et politique du régime, son demi-frère Rafsandjani obtint les postes clefs notamment les services secrets pour le protéger et diriger le régime, Montazéri devint le dauphin, un Guide en réserve pour éviter la vacance de pouvoir. Le système était irréprochablement verrouillé.

Washington a alors commencé une véritable guerre d’usure économique contre les mollahs dirigeants pour les affaiblir économiquement, les mettre devant un risque de soulèvement populaire afin de les amener à rétablir les relations bilatérales et permettre à ses pions de participer aux joutes politiques pour reprendre le pouvoir via des élections du régime (une révolution de couleur).

Mais 1 an après cette révolution doublement manipulée, les jeunes engagés dans la révolution ont compris qu’ils avaient été dupés. Ils ont pris leur distance avec le régime. Ceux qui s’étaient engagés dans les Pasdaran ont aussi montré leur mécontentement en prenant contact avec Reza Pahlavi, le fils du Shah. Henry Precht, responsable du bureau iranien du Département d’Etat et proche collaborateur de Brzezinski, a alors émis une directive interdisant à la dynastie Pahlavi toute activité hostile au régime islamique sous peine d’expulsion des Etats-Unis, anéantissant ainsi toute possibilité pour les Iraniens de se défaire de ce régime infernal. Washington a aussi décidé d’alléger ses sanctions pour éviter de balayer le régime. C’est pourquoi il a souvent laissé ses partenaires critiquer ses sanctions et les contourner. Washington est également resté dans des accusations floues contrebalancées par des rapports et des contre-expertises officielles pour désactiver à sa guise des sanctions trop périlleuses pour le régime islamique utile à des projets régionaux.

Face à cette guerre d’usure économique lente mais implacable, Rafsandjani (l’homme des Britanniques) s’est lancé dans une politique de l’amplification délibérée de la crise afin de forcer Washington à capituler (par peur d’un grand conflit régional). Il a eu un recours immodéré au terrorisme anti-américain au Moyen-Orient ou par la guerre contre l’Irak pour perturber l’approvisionnement pétrolier de l’Amérique. Mais ses actions terroristes au Liban et ses coups de canons contre les pétroliers américains n’ont pas su faire capituler Washington.

Les rivaux internes de Rafsandjani étaient alors en but de le virer pour occuper sa place chez les Britanniques. Il a profité de la disparition de son demi-frère Khomeiny pour contrefaire le testament de ce dernier et inclure le nom de l’un de ses propres alliés Khamenei qui lui a immédiatement transféré l’ensemble de ses pouvoirs. au Conseil de Discernement dirigé par Rafsandjani faisant de lui de facto le patron absolu et officiel du régime. Washington a alors placé Rafsandjani sous mandat d’arrêt international pour l’assassinat des leaders kurdes iraniens à Berlin. Rafsandjani a dû acheter le soutien des adversaires (comme les frères Larijani) en leur octroyant quelques sièges du Conseil de Discernement. Rafsandjani a aussi acheté la protection des Européens en leur bradant le pétrole iranien. Il a également acheté le soutien des hommes d’affaires issus du régime en leur offrant des dollars bon marché ou des prêts illimités en rials. Il a aussi tenté la modération avec Washington, d’abord directement, puis via Khatami, un collaborateur issus des services secrets et chargé de l’épuration des universités et d’assassinat des opposants.

Mais ce faux apaisement a fâché Washington L’Etat américain alors dirigé par Clinton a évoqué la possible menace nucléaire pour justifier des sanctions plus lourdes. Le ton a durci avec l’arrivée de Bush. Rafsandjani a alors remplacé Khatami par Ahmadinejad (un autre ex-collaborateur des services secrets) pour renouer avec la politique de l’amplification de la crise et forcer Washington à capituler. Dans ce jeu, Rafsandjani a confié la direction des négociations à son jeune rival, l’ultra intégriste Ali Larijani, pour avoir son soutien.

Ce retour à la confrontation a déplu aux miliciens de base, qui étaient conscients de la faiblesse militaire du régime. Le choix suicidaire a aussi déplu aux Bazaris, conscients de la faiblesse économique du pays. Les deux groupes piliers du régime ont manifesté leur rejet par le boycott des manifestations officielles.

Le retour à la confrontation a également été un mauvais calcul car il seulement a permis à Washington d’impliquer le Conseil de Sécurité en 2007 et d’engager un grand nombre de pays à participer à ses nouvelles sanctions bancaires destinées à épuiser toutes les ressources en dollar du régime déjà ruiné par les choix clientélistes de Rafsandjani.

En 2008, le régime déjà très endetté a été confronté au manque de devises pour assurer l’approvisionnement du marché intérieur. Rafsandjani et Larijani (devenus collègues) ont fait le choix de geler les salaires de leurs collaborateurs les mieux payés et relever les prix des produits de grande consommation pour diminuer la consommation et ainsi gagner du temps dans l’espoir de parvenir à faire capituler Washington. Ce choix a plongé les bons serviteurs sécuritaires du régime dans la même misère que le peuple. Ils ont aussi rompu avec le régime en boycottant ses manifestations officielles.

La caste dirigeante a vite réalisé son isolement et sa vulnérabilité en cas d’une révolte : ses membres devaient négocier des garanties de sécurité avec Washington pour fuir avant que le système rongé de l’intérieur ne s’effondre. Pour avoir le monopole des marchandages, Rafsandjani, le patron du régime, a alors écarté Ali Larijani du Conseil iranien de Sécurité, organe chargé des négociations avec Washington.

Larijani a commencé à diffuser des dossiers de la corruption de Rafsandjani et tous ses alliés politiques pour les écarter du pouvoir. Rafsandjani a neutralisé Larijani en éliminant son principal lieutenant politique.

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En 2008-2009, on est ainsi passé d’une Guerre pour être le sauveur du régime à une guerre pour l’accès aux marchandages avec Washington !


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En juin 2009, Rafsandjani a tenté un dernier joker : le Mouvement Vert, une fausse révolution de couleur (uniquement hostile à son propre pion Ahmadinejad) pour duper Washington et l’entraîner à abolir ses sanctions. Larijani a soutenu ce projet insensé qui lui semblait efficace. Mais, le peuple autorisé à manifester a révélé son hostilité au régime tout entier des cris de Mort à la république islamique. Par ailleurs, les Pasdaran de base ont laissé faire le peuple montrant leur soutien tacite à un changement de régime.

Les Américains n’ont pas aidé cette contre-révolution contraire à leurs plans régionaux. Ils ont même participé aux rumeurs diffusées par le régime pour intimider le peuple et mater leur révolte. Ce qui a brisé le cœur des Iraniens et leur envie de lutter.

Mais le régime était condamné. Larijani, mais aussi les chefs Pasdaran qui craignent l’Amérique et le peuple, se sont mis à critiquer Rafsandjani pour l’écarter et accéder aux marchandages avec Washington et garantir leur survie au-delà du régime.

Rafsandjani, menacé de toute part a divisé la coalition informelle à son encontre en offrant le pouvoir judiciaire aux Larijani, puis a tenté un nouveau Joker : relancer son Mouvement Vert pour aller vers une nouvelle république islamique hybride formée par ses dirigeants, les pions de Washington et de nouveaux pions venus de Londres.

Le peuple n’a pas cautionné cette solution hybride. Mais il a au même moment manifesté massivement en mémoire de Reza Shah, l’homme qui a fondé l’Iran moderne et redonné aux Iraniens la fierté de leur identité. Les Pasdaran de base ont encore laissé faire le peuple, montrant leur envie d’un retour l’ère glorieuse de Reza shah.

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Les hommes d’affaires du régime ont paniqué : ils ont commencé à brader leurs avoirs boursiers et immobiliers pour acheter de l’or et des dollars afin de fuir le pays. Rafsandjani a alors oublié ses amis britanniques et a décidé de négocier avec Washington via ses pions gouvernementaux afin d’obtenir des garanties de sécurité pour quitter le pays sans être poursuivi pour son passé terroriste ! Le régime a alors été malmené par les Britanniques.

Les Larijani et de nombreux chefs Pasdaran exclus des négociations avec Washington ont décidé de renverser Rafsandjani. Leurs médias ont évoqué des cas de corruption du clan Rafsandjani et de ses enfants. Puis les Larijani, maîtres du Pouvoir Judiciaire, ont commencé des procès contre les pions gouvernementaux chargés des négociations à savoir Ahmadinejad, son ministre des affaires étrangères Salehi ou encore le négociateur nucléaire Jalili, mais aussi son fils Mehdi… Mais les frères n’ont jamais osé appliquer les verdicts annoncés de peur de provoquer une fuite massive des capitaux, susceptible d’entraîner la banqueroute, puis la chute du régime. Le clan Rafsandjani a donc continué à glisser vers Washington. Chaque clan manoeuvrait pour ses intérêts au mépris de l’intérêt commun de tous les serviteurs du régime. Cette désunion a provoqué de nouvelles ruptures internes dans le cercle restreint des responsables de seconds plans comme les inspecteurs, les juges, les députés, les préfets, les officiers supérieurs.

Washington a alors forcé l’Europe à cesser ses relations commerciales avec les mollahs pour amplifier la crise interne du régime et amener ses dirigeants à capituler. Les hommes d’affaires ont accéléré leurs achats d’or et du dollar. La panique a touché le secteur alimentaire. Sous l’effet des achats frénétiques, le pays a basculé dans pénurie. Les gens ont manifesté aux cris de « mort à la république islamique ». On n’a alors vu aucun policier ou milicien du régime charger la foule hostile, ni aucun juge condamner les manifestants ce qui confirma la rupture des policiers et des juges et l’isolement des Larijani et des Chefs Pasdaran, les derniers défenseurs du régime.

Dès lors, les Larijani et les Chefs Pasdaran ont sans cesse annoncer des manœuvres sécuritaires grandioses pour insinuer l’existence de troupes fidèles, mais l’absence de troupes fidèles visibles a sans cesse confirmé leur impuissance et l’impuissance du régime.

Washington a alors commencé à négocier avec Rafsandjani à propos de l’accusation de crime contre l’humanité pour sa participation à l’attentat anti-juif d’Amia en Argentine. Mais en décembre 2012, à l’issue d’une offre américaine d’un semi-arrangement, Rafsandjani a été convaincu qu’il n’obtiendrait rien de concret des Américains. Il a aussi chargé ses pions Verts à scander « Mort à la République islamique ». Il a commencé à parler d’« Elections Libres ». Ses adversaires ont compris qu’il entendait dévier de la ligne officielle et changer de bord. Quand ses pions gouvernementaux ont annoncé de nouvelles anxiogènes de hausses de prix, ses adversaires ont été convaincus qu’il entendait provoquer un soulèvement afin de s’y engouffrer par « amour du peuple » : devenir (malgré le risque évident d’y rester) l’instrument d’un changement radical (pro-laïque) qu’il ne peut éviter espérant bénéficier d’un pardon en Iran.

Cette solution permettait de bloquer le retour aux affaires des pions islamistes de Washington et satisfaire les intérêts pétroliers de la Grande-Bretagne. Rafsandjani et ses complices pouvaient en échange être certains de garantir leurs avoirs financiers placés principalement dans les pays dépendant de l’Empire britannique. La participation des médias persanophones britanniques dans la promotion de cette solution montra que Londres était dans le coup, peut-être même à l’origine de cette solution dite de Réconciliation Nationale.

Les Nantis du régime ont évidemment apprécié cette solution. Mais les Chefs Pasdaran du Bassidj et de la Police dont les noms restent associés à toutes les répressions et les Frères Larijani complices de leurs derniers forfaits n’ont pas cautionné cette solution car ils ne peuvent bénéficier d’aucun pardon. Ces insolvables ont refusé bruyamment cette solution déviationniste. ont créé une coalition contre Rafsandjani et ses complices, mais en l’absence de troupes actives, leur fronde est restée une nuisance purement politique, bloquant néanmoins le bon déroulement de la solution Britannique qui semble être de la seule issue possible pour tous.

Le clergé, allié historique des Britanniques, a alors boycotté l’anniversaire de la révolution islamique, laissant présager la possibilité d’une Fatwa de sa part contre le régime. L’avertissement a poussé Rafsandjani à accélérer ses manœuvres pour provoquer la crise de panique interne nécessaire pour son scénario de sortie du régime sous sa direction. Mais Larijani a aussi multiplié les annonces judiciaires menaçantes mais en évitant de provoquer une crise institutionnelle et aider son adversaire. Washington a aussi alterné les menaces et les cadeaux pour trouver un interlocuteur favorable en Iran. On est entré dans une nouvelle routine.

Ce train-train ennuyeux a été perturbé fin février 2013 par une action contestataire forte et inattendue : les paysans ruinés et affamés d’Ispahan se sont révoltés, molestant les maigres troupes anti-émeutes dépêchés sur place, puis déferlant dans cette seconde grande ville du pays pour incendier les mosquées afin de montrer que leur constatation ne se limite pas à des revendications professionnelles. Il n’y a eu aucune punition de la part du régime : ce qui a confirmé son manque de troupes fidèles et son extrême vulnérabilité.

Rafsandjani et ses complices n’ont pas cautionné cette révolte car ils ne veulent pas un vrai changement, mais un changement sous leur direction. Mais Rafsandjani a seulement accéléré ses plans en recyclant des pions islamistes comme Ahmadinejad et Mashai en grands partisans de l’identité iranienne et de changements politiques. Puis, le clan Rafsandjani a affirmé un lien avec le 1er congrès des opposants (pro-américains) qui se tiendra fin Avril à Paris. Larijani devait accélérer ses plans, mais il n’a su trouvé un moyen discret pour contraindre Rafsandjani à reculer ! Washington a aussi tenté une ouverture en autorisant un grand contrat gazier entre les mollahs et le Pakistan, mais il n’a rien obtenu en échange, il est alors opté pour des menaces d’une intervention militaire d’ici un an.

Il y a 15 jours, le peuple a défié le régime en célébrant Norouz, expression de son attachement à son identité non islamique, par un grand rassemblement à Persépolis aux cris pro-monarchiste d’Iran est notre partie, Cyrus est notre père !


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La semaine dernière, on a une nouvelle évolution forcée : le régime devait aussi organiser de grands rassemblements pour le Deuil de Fatemeh, mais il a été massivement boycotté. Les foules étaient à Persépolis ou autour du tombeau du poète anti-clérical et libertin Hafez. De plus, lundi, les paysans d’Ispahan se sont encore révoltés violemment sans que l’on ne voit un policier ou un milicien.

Le Clan Rafsandjani a alors laissé entendre qu’il acceptait de négocier avec Washington. Londres a officiellement accusé le régime de terrorisme pour ne laisser aucune possibilité au dialogue. Washington a demandé à ses alliés le Yémen et l’Arabie Saoudite de revoir à la baisse leurs précédentes accusations de terrorisme pour échapper l’impasse souhaitée par Londres. Il a aussi publié un sondage évoquant la baisse de soutien à une guerre contre le régime. Washington a ainsi montré son souhait de nouer le dialogue ! Mais le clan Rafsandjani n’a pas fait plus de déclaration dans le sens attendu par Washington démontrant qu’il avait opté pour l’ouverture comme une option d’extrémité.

Ali Larijani a alors menacé Washington et attaqué Ahmadinejad pour virer son gouvernement et éliminer cette option, prouvant par son choix qu’il jugeait le régime acculé et contraint de capituler. En revanche, Mohsen Rezaï, le 1ier chef des Pasdaran, qui hésite entre Rafsandjani et Larijani, a tenu des propos insinuant son soutien à ce dialogue final (sans doute sur le même constat d’agonie du régime). Jaafari le chef des Pasdaran a également affirmé que le régime n’avait de guerre avec personne, pour montrer son soutien à ce dialogue. Parmi les Pasdaran, seulement, le chef de la police de Téhéran, Radan, a pris position en faveur de la survie du régime. Il nous est paru qu’on assistait à une fracture générationnelle, les plus vieux avaient choisi le dialogue supputé par Rafsandjani, les plus jeunes avaient choisi la bagarre.

Washington a fait un geste supplémentaire en direction des mollahs en focalisant ses médias sur un livre évoquant la puissance militaire du régime et la nécessité d’un arrangement…


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Cette semaine, le régime avait beaucoup de foyers de tension. Le lundi 1er avril, le régime redoutait un boycott pour l’anniversaire du référendum qui a mis fin à la monarchie et établi la république islamique, il devait trouver un moyen pour faire diversion et zapper ce boycott qui est un référendum à l’envers des siens contre sa légitimité. Le mardi 13 avril, il y avait la fête non islamique de 13 Beh Dar, concluant la fin de Norouz, fête marquée par des rassemblements mixtes interdits par la charia. Le régime craignait que les Iraniens agissent à leur guise mettant en valeur son manque de puissance policière. Enfin, le gouvernement des pions de Rafsandjani devait répondre aux avances de Washington dans le cadre de la reprise des négociations via les 5+1. Un accord aurait enflammé les jeunes récalcitrants, un refus auraient agité les vieux paniqués. Voici le récit en images d’une semaine encore une fois agitée, images d’un régime usé, mais pas à bout d’idées pour diviser ses adversaires, notamment le peuple, afin de continuer à survivre malgré ses difficultés grandissantes.


12 - 16.05.2013
Iran : La semaine en images n°273

intro de base pour comprendre la situation.
mise à jour chaque semaine en rapport avec l’actualité
mais aussi avec de nouveaux éléments sur le passé.
Le tout en gardant une longueur raisonnable
(afin de limiter les fautes dues au manque de temps pour tout relire).

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Origines de la crise : une guerre de 100 ans | L’enjeu iranien est avant tout le pétrole. La politique iranienne est passée sous domination britannique dès 1850 grâce à un réseau de princes Qadjar et de princes féodaux ambitieux recrutés par les loges maçonniques et aussi grâce à la prise en charge des mollahs alors socialement très influents dans un pays arriéré et rongé par l’obscurantisme. Les Britanniques ont renforcé leur influence en finançant la création d’un clergé hiérarchisé pour veiller à cet obscurantisme. Puis les Britanniques ont organisé une révolution constitutionnaliste menée par ce clergé organisé et plaçant le pouvoir politique sous sa tutelle. Les mollahs, mais aussi les féodaux ont aussi été affectés à jouer les députés. Leur premier acte d’allégeance a été d’accorder aux Britanniques l’exclusivité du pétrole iranien pour 100 ans. Mais ce système corrompu formé d’affairistes a vite sombré dans le désordre. L’Iran avait besoin d’un homme fort pour ne pas se disloquer. Londres s’est intéressé à un militaire issu du peuple et connu pour la qualité de son commandement. Il s’est avéré un génie politique car il a pu berner tous les étrangers et pu instaurer sous le nom de Reza Shah Pahlavi une monarchie axée sur l’identité iranienne, la modernité et la laïcité pour émanciper le pays et le libérer des mollahs et des Britanniques.

Reza Shah a remis en cause le contrat britannique sur le pétrole et pu améliorer les droits de l’Iran, puis il s’est tourné vers d’autres pays pour réduire la présence britannique en Iran. Les Américains qui étaient déjà en quête de pétrole à travers le monde n’ont pas alors aidé Reza Shah car ils ne voulaient pas être des partenaires mais des maîtres absolus du pétrole iranien. Ils ont commencé à monter leur propre réseau d’influence avec des gens négligés par les Britanniques, des intégristes non cléricaux. Puis ils se sont associés aux Britanniques pour envahir le pays, renverser le Roi dans l’espoir que l’accession au pouvoir de son fils inexpérimenté leur offrirait une opportunité pour imposer leurs pions.

Au début des années 50, sous la direction du jeune roi, le pays cherchait à faire réviser encore le contrat avec Londres pour obtenir un partage à 50-50 et utiliser cette manne pour former les ingénieurs pour pouvoir envisager une nationalisation complète les industries pétrolières appartenant aux Britanniques. Les Américains n’ont alors pas soutenu le Shah pour ce projet, mais le prince Qadjar Mossadegh, ex-agent britannique, 1er propriétaire foncier en Iran, avec un projet irréaliste de nationalisation immédiate qui plaçait l’Iran (qui n’avait alors aucun ingénieur pétrolier) en position de signer avec les compagnies pétrolières américaines. Washington a également laissé Mossadegh pactiser avec le Parti communiste pour déstabiliser la monarchie patriote des Pahlavi, créer les conditions d’une intervenir au nom de la lutte contre le soviétisme et annexer de facto le pays pour placer au pouvoir ses propres pions et créer une base arrière pour agiter et annexer le Caucase et l’Asie Centrale, deux régions musulmanes qui sont aussi dotées d’importants ressources pétrolières.

Mais ce plan très logique a échoué car la direction du parti communiste irnaien, Toudeh, était entre les mains de princes Qajars inféodés à Londres. Ils n’ont pas demandé l’intervention de l’URSS. Par ailleurs, le clergé inféodé à Londres a encouragé ses gros bras à renverser Mossadegh. Cependant à l’issue de la crise, le contrat d’exclusivité des Britanniques a cédé sa place en août 1954 à un nouveau contrat de 25 ans obligeant l’Iran à vendre son pétrole en exclusivité à la hauteur de 40% aux Américains, 54% aux Britanniques et 6% aux Français selon un prix constant fixé par ce consortium.

Très rapidement, le Shah a tenté d’émanciper le pays de ce contrat en signant d’abord des contrats de Mattei, puis en créant l’OPEP pour faire fixer le prix non par les compagnies mais par les producteurs. Washington a alors décidé de reprendre ses complots pour l’annexion de l’Iran et de la région. Pour y parvenir, sans être gêné par le clergé et les faux communistes de Toudeh, il a financé la création d’un parti révolutionnaire islamo-fédéralisto-gauchiste nommé Nehzat Azadi (mouvement pour la Liberté) dont le programme stipulait un soutien actif à tous les pays musulmans opprimés ! Cela désignait les républiques soviétiques du Caucase et de l’Asie Centrale, mais aussi les pétromonarchies arabes créées par les Britanniques.

En 1973, quand le Shah a annoncé qu’il ne reconduirait plus le contrat du consortium, Washington a activé son réseau islamo-fédéralisto-gauchiste (Nehzat Azadi+OMPI). Les Britanniques dont les intérêts étaient menacés ont participé à ce projet avec leurs pions habituels dont Khomeiny, son demi-frère Rafsandjani, son gendre Montazéri et son neveu Kianouri (dernier patron du Toudeh). Cette véritable petite dynastie secrète a renversé le jeu en provoquant un conflit avec Washington par des slogans anti-américains et surtout grâce à la prise en otage de l’ambassade américaine (sous la direction de Rafsandjani). Les composants religieux de la clique des Britanniques ont complété leur coup d’Etat anti-américain en adoptant la doctrine de la Tutelle d’un Grand Ayatollah, plaçant la République Islamique (de Washington) sous la tutelle de leur clergé afin de bloquer le retour des islamistes non cléricaux de l’Amérique !

Washington a alors commencé une véritable guerre d’usure économique contre les mollahs dirigeants pour les affaiblir économiquement, les mettre devant un risque de pénuries et de soulèvement populaire afin de les amener à rétablir les relations bilatérales et permettre à ses pions de participer aux joutes politiques pour reprendre le pouvoir via des élections du régime (une révolution de couleur).

Mais 1 an après cette révolution doublement manipulé, les jeunes engagés dans la révolution avaient compris qu’ils avaient été dupés. Ils ont pris leur distance avec le régime. Ceux qui s’étaient engagés dans les Pasdaran ont aussi montré leur mécontentement en prenant contact avec Reza Pahlavi, le fils du Shah. Henry Precht, responsable du bureau iranien du Département d’Etat, a alors émis une directive interdisant à la dynastie Pahlavi toute activité hostile au régime islamique sous peine d’expulsion des Etats-Unis, anéantissant ainsi toute possibilité pour les Iraniens de se défaire de ce régime infernal. Washington a aussi décidé d’alléger et moduler ses accusations et même de contourner indirectement ses sanctions via ses alliés pour éviter de balayer le régime rapidement essoufflé.

Face à cette guerre d’usure économique lente mais implacable, Rafsandjani (l’homme des Britanniques) s’est lancé dans une politique terroriste et militaire de l’amplification délibérée de la crise afin de forcer Washington à capituler (par peur d’un grand conflit régional perturber son approvisionnement pétrolier). Mais ces actions n’ont pas su faire capituler Washington.

Les rivaux internes de Rafsandjani attendaient la mort de son demi frère Khomeiny pour le virer. Le système était en danger. Rafsandjani a renforcé son pouvoir et le système en s’arrangeant pour faire nommer son ami Khamenei à la succession de Khomeiny. Ce dernier a immédiatement demandé une modification constitutionnelle pour transférer l’ensemble de pouvoirs politiques du Guide à un organe nommé Conseil de Discernement dirigé par Rafsandjani faisant de ce dernier de facto le patron absolu et officiel du régime. Le chef du Conseil des Experts, Jannati, et Moussavi (alors 1er Ministre et par ailleurs neveu de Khamenei) ont donné leur accord et ont été remerciés par des sièges à vie au sein du Conseil (plénipotentiaire) de Discernement.

Washington a alors placé Rafsandjani sous mandat d’arrêt international pour l’assassinat des leaders kurdes iraniens dans l’espoir de provoquer son éviction.. Rafsandjani a dû acheter le soutien des adversaires (comme les frères Larijani) en leur octroyant quelques sièges du Conseil de Discernement. Rafsandjani a aussi acheté la protection des Européens en leur bradant le pétrole iranien. Il a également acheté le soutien des hommes d’affaires issus du régime en leur offrant des dollars bon marché ou des prêts illimités en rials, ruinant l’économie du régime. Il a aussi tenté la modération avec Washington, d’abord directement, puis via Khatami, ex-collaborateur chargé de l’épuration des universités et d’assassinat des opposants.

Mais ce faux apaisement a fâché Washington. L’Etat américain a évoqué la possible menace nucléaire pour justifier des sanctions plus lourdes. Rafsandjani a alors remplacé Khatami par Ahmadinejad (un autre ex-collaborateur des services secrets) pour renouer avec la politique de l’amplification de la crise et forcer Washington à capituler. Rafsandjani a aussi confié la direction des négociations à son jeune rival, l’ultra intégriste Ali Larijani, pour avoir son soutien.

Ce retour à la confrontation a déplu aux miliciens de base, qui étaient conscients de la faiblesse militaire du régime. Le choix suicidaire a aussi déplu aux Bazaris, conscients de la faiblesse économique du pays. Les deux groupes piliers du régime ont manifesté leur rejet par le boycott des manifestations officielles.

Le retour à la confrontation a également été un mauvais calcul car il seulement a permis à Washington d’impliquer le Conseil de Sécurité en 2007 et d’engager un grand nombre de pays à participer à ses nouvelles sanctions bancaires destinées à épuiser toutes les ressources en dollar du régime déjà ruiné par les choix clientélistes de Rafsandjani.

[Fait d’actu à l’honneur cette semaine] En 2008, le régime déjà très endetté a été confronté au manque de devises pour assurer l’approvisionnement du marché intérieur. Rafsandjani et Larijani (devenus collègues) ont fait le choix de geler les salaires de leurs collaborateurs et relever les prix des produits de grande consommation pour diminuer la consommation et ainsi gagner du temps dans l’espoir de parvenir à faire capituler Washington. Ce choix a plongé les bons serviteurs sécuritaires du régime dans la même misère que le peuple. Ils ont aussi rompu avec le régime en boycottant ses manifestations officielles.

[Fait d’actu à l’honneur cette semaine] La caste dirigeante a vite réalisé son isolement et sa vulnérabilité en cas d’une révolte : ses membres devaient négocier des garanties de sécurité avec Washington pour fuir avant que le système rongé de l’intérieur ne s’effondre. Pour avoir le monopole des marchandages, Rafsandjani, le patron du régime, a alors écarté Ali Larijani du Conseil iranien de Sécurité, organe chargé des négociations avec Washington.

Larijani a commencé à diffuser des dossiers de la corruption de Rafsandjani et contre tous ses alliés politiques pour les écarter du pouvoir et passer un deal avec Washington. Rafsandjani a neutralisé cette menace car il métrisait le pouvoir judiciaire, il a aussi reçu le soutien de Londres éliminer le principal lieutenant politique de Larijani. Mais Grâce à ses dossiers, Larijani restait une menace.

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En 2008-2009, on est ainsi passé d’une Guerre pour être le sauveur du régime à une guerre pour l’accès aux marchandages avec Washington !


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En juin 2009, Rafsandjani (épaulé par la BBC) a tenté un dernier joker : le Mouvement Vert, une fausse révolution de couleur (uniquement hostile à son propre pion Ahmadinejad) pour duper Washington et l’entraîner à abolir ses sanctions. Mais, le peuple autorisé à manifester a révélé son hostilité au régime tout entier des cris de Mort à la république islamique. Par ailleurs, les Pasdaran de base ont laissé faire le peuple montrant leur soutien tacite à un changement de régime.

Les Américains n’ont pas aidé cette contre-révolution (car contraire à leurs plans régionaux). Ils ont même participé aux rumeurs diffusées par le régime pour intimider le peuple et mater leur révolte. Ce qui a brisé le cœur des Iraniens et leur envie de lutter.

Mais le régime était condamné. Larijani, mais aussi les chefs Pasdaran qui craignent le peuple, se sont mis à critiquer la corruption de Rafsandjani pour l’écarter et accéder aux marchandages avec Washington et garantir leur survie au-delà du régime.

Rafsandjani, menacé de toute part, a divisé ses adversaires en offrant le pouvoir judiciaire aux Larijani, avant de tenter de les doubler tous par une nouvelle version de Mouvement Vert axé sur une nouvelle république islamique hybride formée par ses dirigeants, les pions de Washington et de nouveaux pions venus de Londres.

Le peuple n’a pas cautionné cette solution hybride. Mais au même moment, il a manifesté massivement en mémoire de Reza Shah, l’homme qui a fondé l’Iran moderne et redonné aux Iraniens la fierté de leur identité. Les Pasdaran de base ont encore laissé faire le peuple, montrant leur envie d’un retour l’ère glorieuse de Reza shah.

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Les hommes d’affaires du régime ont paniqué : ils ont commencé à brader leurs avoirs boursiers et immobiliers pour acheter de l’or et des dollars afin de fuir le pays. Rafsandjani a alors oublié ses amis britanniques et a décidé de négocier avec Washington via ses pions gouvernementaux afin d’obtenir des garanties de sécurité pour quitter le pays sans être poursuivi pour son passé terroriste ! Le régime a alors été malmené par les Britanniques.

[Fait d’actu à l’honneur cette semaine] Les Larijani et de nombreux chefs Pasdaran exclus des négociations avec Washington ont décidé de renverser Rafsandjani. Leurs médias ont évoqué des cas de corruption corruption de Rafsandjani, ses enfants (Mehdi, Faezeh, Mohsen et Yasser) et ses divers pions. Puis les Larijani, (enfin) maîtres du Pouvoir Judiciaire, ont commencé des procès contre les pions gouvernementaux chargés des négociations à savoir Ahmadinejad, son ministre des affaires étrangères Salehi ou encore le négociateur nucléaire Jalili, mais aussi son fils Mehdi… Mais les frères Larijani n’ont jamais osé appliquer les verdicts annoncés de peur de provoquer une fuite massive des capitaux susceptible d’entraîner la banqueroute, puis la chute du régime. Le clan Rafsandjani a donc continué à glisser vers Washington. Chaque clan manoeuvrait pour ses intérêts au mépris de l’intérêt commun de tous les serviteurs du régime. Cette désunion a provoqué de nouvelles ruptures internes dans le cercle restreint des responsables de seconds plans comme les inspecteurs, les juges, les députés, les préfets, les officiers supérieurs.

Washington a alors forcé l’Europe à cesser ses relations commerciales avec les mollahs pour amplifier la crise interne du régime et amener ses dirigeants à capituler. Les gens du régime ont paniqué. Sous l’effet des achats frénétiques, le pays a basculé dans la pénurie. Les gens ont manifesté aux cris de « mort à la république islamique ». On n’a alors vu aucun policier ou milicien du régime charger la foule hostile, ni aucun juge condamner les manifestants ce qui confirma l’isolement des dirigeants du régime.

Dès lors, les Larijani et les Chefs Pasdaran ont sans cesse annoncé des manœuvres sécuritaires grandioses pour insinuer l’existence de troupes fidèles, mais l’absence de troupes fidèles visibles a sans cesse confirmé leur impuissance et la vulnérabilité du régime.

[Fait d’actu (très) à l’honneur cette semaine] Rafsandjani a alors commencé à négocier avec les Américains à propos de l’accusation de crime contre l’humanité pour sa participation à l’attentat anti-juif d’Amia en Argentine. Mais en décembre 2012, à l’issue d’une offre américaine d’un semi-arrangement, Rafsandjani a été convaincu qu’il n’obtiendrait rien de concret de leur part. Il a a chargé ses pions Verts à scander « Mort à la République islamique ». Il a commencé à parler d’« Elections Libres ». Ses adversaires ont compris qu’il entendait dévier de la ligne officielle et changer de bord. Quand ses pions gouvernementaux ont annoncé de nouvelles anxiogènes de hausses de prix, ses adversaires ont été convaincus qu’il entendait provoquer un soulèvement afin de s’y engouffrer par « amour du peuple » : devenir (malgré le risque évident d’y rester) l’instrument d’un changement radical (pro laïque) qu’il ne peut éviter espérant bénéficier d’un pardon en Iran.

Cette solution permettait de bloquer le retour aux affaires des pions islamistes de Washington et satisfaire les intérêts pétroliers de la Grande-Bretagne. Rafsandjani et ses complices pouvaient en échange être certains de garantir leurs avoirs financiers placés principalement dans les pays dépendant de l’Empire britannique. La participation des médias persanophones britanniques dans la promotion de cette solution montra que Londres était dans le coup, peut-être même à l’origine de cette solution dite de Réconciliation Nationale.

Les Nantis du régime ont évidemment apprécié cette solution. Mais les Chefs Pasdaran du Bassidj et de la Police dont les noms restent associés à toutes les répressions et les Frères Larijani complices de leurs derniers forfaits n’ont pas cautionné cette solution car ils ne peuvent bénéficier d’aucun pardon. Ces insolvables ont refusé bruyamment cette solution qualifiée de déviationniste et ont créé une coalition semi-officielle contre Rafsandjani et ses complices, mais en l’absence de troupes actives, leur fronde est restée une nuisance purement politique, bloquant néanmoins le bon déroulement de la solution Britannique qui semble être de la seule issue possible pour tous les derniers collaborateurs du régime.

Le clergé, allié historique des Britanniques, a alors boycotté l’anniversaire de la révolution islamique, laissant présager la possibilité d’une Fatwa de sa part contre le régime. L’avertissement a poussé Rafsandjani à accélérer ses manœuvres pour provoquer la crise de panique interne nécessaire pour son scénario de sortie du régime sous sa direction. Pour une transition rapide, l’intégriste Ahmadinejad a été mué en « quasi-opposant déviant » et le clergé complice de Londres n’a évidemment pas protesté. Larijani a essayé coincer le Guide ou le Howzeh. Il n’est pas arrivé. Il a tenté contenir son adversaire en multipliant les annonces judiciaires menaçantes, mais il n’a pas osé aller très loin de peur de provoquer une crise bénéfique à son adversaire. Washington a aussi alterné les menaces et les cadeaux pour trouver un interlocuteur favorable en Iran, mais sans réussir : on est alors entré dans une nouvelle routine sans issue.

Mais la situation a évolué grâce à suite ininterrompue de contestation populaire et réelle : Tout d’abord, les paysans d’Ispahan se sont révoltés en incendiant les mosquées de la ville et le régime n’a annoncé aucune arrestation. Puis, le peuple tout entier a défié le régime en célébrant Norouz, expression de son attachement à son identité non islamique, notamment par un grand rassemblement à Persépolis aux cris pro-monarchiste d’Iran est notre partie, Cyrus est notre père ! Puis, les Pasdaran de base ont boycotté l’anniversaire du référendum (abolissant la monarchie et établissant une république islamique), ainsi que la journée de l’armée islamique et l’anniversaire de Khomeiny. D’importantes fêtes religieuses ont également été boycottés à 100% par le peuple, les Pasdaran de base, mais aussi les mollahs de base. Tous ont aussi rejeté la déviation opportuniste de Rafsandjani et ses lieutenants. Le pays tout entier disait non à la république islamique et à l’Islam !

[Fait d’actu (très) à l’honneur cette semaine] Les gens du régime ont paniqué. Rafsandjani a craint que ses lieutenants le lâchent ou le sacrifient, il a décidé d’intervenir directement en se représentant aux élections avec l’arrière pensée qu’il peut dans ce rôle, négocier directement avec Washington pu dévier d’une manière opportuniste ! Ses adversaires, les Larijani, ont annoncé le début prochain du procès de son fils, pendant la semaine de l’ouverture des inscriptions (la semaine présente).


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La semaine dernière, le pays a connu une nouvelle vague de contestation avec un important soulèvement paysan dans le sud et des grèves gigantesques. Les gens ont même attaqué et molesté Ahmadinejad pendant un voyage pour la promotion de la solution opportuniste de déviation. La police et les Pasdaran de base ont laissé faire. Les collaborateurs du régime ont compris que le système était condamné. Ils ont déserté les événements officiels et se sont mis stocker des vivres et des dollars : le régime a sombré dans la pénurie de vivres et du dollar !

Washington a envoyé des émissaires vers le clan Rafsandjani pour savoir s’il renonçait à son projet de déviation et acceptait de se rendre. En l’absence d’une réponse positive, Washington a puni le régime par des frappes humiliantes contre ses intérêts en Syrie. Les dirigeants devaient y répondre.


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Cette semaine, les dirigeants devaient y répondre, mais ils n’ont pas pu trouver des volontaires. Plus affaiblis que jamais, ils se sont battus et entre-déchirés pour l’accès à leurs sélections présidentielles. Washington a encore envoyé des émissaires et a encore puni leur refus reddition. Les opposants internes ont aussi tourmenté le régime. Voici le récit en images d’une semaine d’explosions au propre comme au figuré !


12 - 29.06.2018
Iran : Contestation générale J+7 !

Le régime a menacé ses riches compagnons de mort s’ils continuaient à aggraver la situation en cherchant à acquérir ses réserves d’or et de dollar. Mais le danger vient de la rue, de ceux qui ne peuvent pas acheter une bouteille de lait pour leur enfant, car celle-ci coûte 26,000 tomans alors que leur seul revenu est une allocation de 42,000 tomans. Les policiers escortent les gens qui chantent : Reza Shah, que ton âme soit beni ! Les policiers divulguent les adresses des Safe houses du régime et donnent des conseils pour attaquer les convois de miliciens fidèles au régime.

Les images arrivent lentement, car le régime a évidemment diminué la vitesse de connexion à internet. Mais l’espoir grandi, car on trouve même des pages Instagram en faveur d’un changement de régime et en faveur du Prince de l’Iran sur le réseau internet russe !

Voici quelques images de la contestation en son 7e jour.




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