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Iran : la guerre des clans n'aura pas lieu 02.07.2006 Le journal anglais The Guardian s’est fait l’écho des efforts du clan Rafsandjani pour reprendre en main la politique iranienne et notamment faire main basse sur le Parlement de la même manière que son clan s’est déjà accaparé des pans entiers de l’économie de la république islamique. The Guardian écrit qu’il s’agit d’une véritable guerre sanglante qui est en voie de se développer entre les diverses factions du régime. Selon le journal anglais, après l’arrivée au pouvoir de Ahmadinejad, Rafsandjani aurait été plutôt écarté des décisions politiques et s’est retrouvé isolé et il déploierait aujourd’hui des efforts pour obtenir le poste clef de président de l’Assemblée des Experts. Il ne faut pas oublier que ce poste est d’autant plus important que c’est cette institution qui sélectionne (élit ?) les personnes les plus importantes du régime. Rafsandjani qui a 72 ans sait qu’à ce poste, en cas de besoin, il sera dans une position idéale pour remplacer le guide suprême de la révolution Khamenei [1] (on le dit malade et il pourrait être remplacé avant sa mort). Cette assemblée est constituée de 80 religieux siégeant pour 8 ans. Les élections (internes) au sein de cette Assemblée des Experts doivent normalement intervenir en Octobre et selon The Guardian, ces élections risquent fort de tourner à la guerre ouverte entre les puissants du régime. The Guardian estime que ce sera une guerre entre le clan Ahmadinejad (et les pasdarans) et le clan Rafsandjani présenté comme plus pragmatique [2] Rafsandjani roulerait pour les membres de sa famille alors qu’Ahmadinejad roulerait pour les pasdarans...
Depuis les années Khatami [3], de nombreux journaux occidentaux se complaisent à imaginer l’existence d’un clivage gauche/droite dans le régime des mollahs. La différence entre ces clans ou même les prétendus clivages politiques est en fait minime malgré tout ce que l’on peut lire ici ou là. Il existe de nombreux clans au sein de la république des mollahs, mais l’approche du Guardian est erronée : le régime des mollahs préfère délibérément donner l’impression qu’il existe une guerre interne au sommet du pouvoir. Cette mise en scène renforce l’image d’un pays divisé régi par plusieurs centres de pouvoir et permet au régime de tenir simultanément plusieurs discours diamétralement opposés sans paraître contradictoire. Ceci est visible dans le dossier nucléaire : le régime n’a pas de stratégie et change continuellement de cap. Il aimerait utiliser la crise pour contraindre les USA à négocier directement avec lui afin que les Américains proposent un arrangement pour mettre un terme à la crise. Pour y arriver, le régime des mollahs amplifie la crise et s’allie avec les ennemis des USA : Chavez, Mugabe, Castro et évidemment Kim jong il de la Corée du Nord etc… Sa politique d’amplification de la crise mécontente la Chine qui s’inquiète pour ses approvisionnements qui transitent par le Golfe Persique… Ses tentatives pour s’approcher des USA mécontentent la Russie : à défaut d’avoir une stratégie claire et puissante, le régime des mollahs doit sans cesse contenter tout le monde en enchaînant les provocations et les arrangements. Il ne peut que tenir des discours changeants et contradictoires. Les querelles internes et la dispersion des centres de pouvoir facilitent l’application de cette chaîne ininterrompue de provocations, d’arrangements et de démentis. La querelle entre les clans (bien qu’elle existe) est un faux problème car la viabilité du régime est liée à cette dispersion apparente des centres de pouvoir. Cette dispersion n’est qu’apparente : le pouvoir présidentiel est inexistant pourtant Ahmadinejad occupe le devant de la scène comme autrefois le souriant Khatami. L’apparente dispersion permet uniquement de régler la chorégraphie savante des différents intervenants de cette présentation. WWW.IRAN-RESIST.ORG Pour en savoir + sur les mécanismes du régime :
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[1] À la mort de Khomeiny, les hauts responsables du régime se sont réunis pour décider de sa succession. Peu avant sa mort, Montazéri avait été écarté par Khomeiny, mais il restait le plus qualifié d’entre tous. Certains penchaient pour une solution différente et voulaient créer un Conseil (de trois ayatollahs) qui assumerait le rôle du Guide de la Révolution. Rafsandjani a falsifié avec l’aide d’Ahmad, le fils de Khomeiny, un testament dans lequel Khomeiny avait nommé comme son successeur Khamenei. La participation d’Ahmad a été décisive car ce dernier était le secrétaire particulier de Khomeiny. Khomeiny dictait ses ordres et Ahmad transcrivait : ainsi la totalité des documents attribués à Khomeiny vers la fin de sa vie avaient été rédigés de la main même de son fils Ahmad. Hojjat-ol-Eslam Rafsandjani (il n’est pas ayatollah) et Ahmad ont rédigé « le nouveau testament » au moment même où on s’acheminait vers la Création du « Conseil à trois ». Le texte stipulait que le fondateur de la République Islamique avait choisi Khamenei. Ce qui fit clore les débats et plaça un homme mou du giron de Rafsandjani à la fonction suprême de la république des mollahs. [2] Rafsandjani, actuel Chef du Conseil de Discernementest sous mandat d’arrêt International (depuis 1997) suite à l'affaire de la Tuerie du MYKONOS en 1992 (du nom d'un Restaurant Berlinois). Le mandat d'arrêt international de l'interpol empêche ce dernier de voyager hors d'Iran et de ce fait, il est réduit à occuper des fonctions occultes. Il ne fait aucun doute que l'approbation de la candidature de Khatami à la présidence n'avait pas été sans rapport avec les sanctions internationales contre Rafsandjani. Entre autre, l'étiquette politique du Khatami a donné un éclat politiquement correcte à la république islamique qui n'avait eu nul besoin de cette condamnation humiliante de Rafsandjani. Selon le Ministère allemand des Affaires Etrangères, le jugement rendu en avril 1997 dans le procès relatif à l'attentat du restaurant Mykonos, dans le cadre duquel un tribunal de Berlin a constaté que les autorités iraniennes avaient été impliquées dans un autre attentat perpétré en 1992, a déclenché une crise prolongée. Il a fallu attendre 2000 pour que les relations retrouvent une base solide. La visite du Président Khatami en Allemagne en juillet 2000 a entraîné une augmentation sensible du nombre de visites dans chacun des deux pays.
[3] L’ancien président Réformateur Khatami (Biographie sommaire) | |