La Proposition Russe est la réplique de l’Accord de l’Eurodif en 1976 29.11.2005 En 1974, la France, l’Allemagne et les Etats-Unis ont accepté de vendre à l’Iran du Shah des centrales nucléaires. La France vend à l’Iran des centrales américaines Westinghouse (via l’entreprise Framatome) et divers équipements. En parallèle, l’Allemagne vend elle aussi des centrales américaines à l’Iran. Les Etats-Unis s’engageront un peu plus tard à en livrer « 6 à 8 » au Shah. Le programme iranien devait porter sur une vingtaine de centrales. Par ailleurs, l’Iran entre auprès de la France dans le capital d’Eurodif, le consortium européen d’enrichissement de l’uranium de Pierrelatte. L’Iran obtenait de ce fait le droit d’enlever 10 % de la production de l’usine (soit à elle seule 1/3 des besoins mondiaux). L’Iran prête 1 milliard de dollars à la France, par le canal du Commissariat à l’énergie atomique (CEA). Le remboursement de cette somme doit commencer l’année de la mise en service d’Eurodif, en 1981. Autrement dit, la France aurait pris en charge la phase de l’Enrichissement de l’Uranium pour l’Iran. Le Shah a été parmi les premiers chefs d’Etat à signer le TNP (le Protocole Additionnel n’existait pas l’époque). En tant que première puissance militaire conventionnelle de la région, le Shah désirait préserver le Moyen-Orient et le Golfe Persique de la course à la prolifération nucléaire. Par ailleurs, il estimait que le pétrole ne devait pas être utilisé comme combustible mais plutôt réservé à la pétrochimie. Dans ce dessein, il décida de doter l’Iran de centrales nucléaires pour la production d’électricité. La décision de confier l’Enrichissement à un état tiers confirmait son aversion pour la prolifération nucléaire. La Proposition Russe de délocaliser l’enrichissement est une réplique de cette idée centrale de l’Accord de l’Eurodif. Aujourd’hui, un homme nommé Akbar Etemad, ancien responsable du nucléaire avant la révolution islamique, fait un intense lobbying en France afin de faire croire que déjà bien avant les mollahs, le régime du Shah avait l’intention d’avoir la bombe atomique. Évidemment, l’Accord de l’Eurodif dément les propos de Akbar Etemad. C’est pourquoi ce dernier, qui s’est rapproché du régime des mollahs depuis quelques années, défend cette nouvelle thèse qui n’est étayée par aucune preuve : le régime du Shah aurait tenté d’acheter une usine de retraitement des déchets radioactifs afin de récupérer de l’uranium hautement enrichi et de fabriquer clandestinement une bombe !!!! Et le Shah aurait acheté cette usine à la France avec l’accord de Raymond Barre !
Évidemment, on comprend mal pour quelle raison la France aurait cédé une telle usine à l’Iran en 1976 et pourquoi les mollahs ne l’auraient pas exigée depuis ce temps ? Si un tel accord existait, il est évident que les mollahs l’auraient révélé depuis longtemps, exigeant ce qui leur revenait de droit. Tout porte à croire que Etemad et ceux qu’il représente cherchent à brouiller les cartes et faire monter les enchères ou engager la France dans un faux débat. Il n’en reste pas moins que l’Iran (du Shah) a signé l’accord du TNP en 1970, acceptant la discrimination volontaire entre les EDAN (état doté d'armes nucléaires) et les ENDAN (état non doté d'armes nucléaires). Il n’en reste pas moins que le régime impérial, pro-occidental, ami d’Israël, partie prenante dans les négociations de Paix de Camp David, signataire de l’Accord d’Alger avec l’Irak [1], n’avait aucune envie de posséder l’arme atomique et afin de prouver sa bonne foi, il a fait le choix d’accepter la prise en charge complète de l’Enrichissement par un pays ami que prétendait être la France. Cette prise en charge comprenait la livraison par la France de l’uranium faiblement enrichi et la restitution de combustible pour un retraitement en France. Les mollahs ne sont pas de bonne foi :
« La Proposition Russe » est la réplique de l’Accord d’Eurodif, mais sans les Français et avec des Russes. L’Accord de Paris aurait été le renouvellement du contrat d’Eurodif remis au goût du jour avec la participation des Français, mais aussi avec des Allemands et des Britanniques. Les mollahs n’en ont pas voulu ! Pourquoi voudraient-ils de cet ersatz de l’Accord de Paris avec un partenaire commercial beaucoup moins performant que l’UE ? Visiblement, les mollahs cherchent à gagner du temps et ils y arrivent avec brio. Des pantins comme Akbar Etemad les aident, mais au final, si les mollahs annonçaient l’existence de leur première bombe, l’ensemble des prévisions européennes deviendrait caduc. Les Européens ont été bernés et ne veulent pas reconnaître la faillite de leur approche. Ils ont été utilisés pour neutraliser l’Amérique. Les Russes feront la même expérience vue qu’ils empruntent les mêmes chemins de travers que les Européens en offrant des compensations commerciales aux mollahs plutôt que de se montrer fermes et appliquer les règlements. Finalement, les Européens ont préféré soutenir la Proposition Russe plutôt que de transférer un partenaire commercial de premier plan au Conseil de Sécurité. Au lendemain du Conseil des Gouverneurs de l’AIEA et de la reculade Européenne, la Russie se disait intéressée pour prendre part à la construction du gazoduc transnational Iran-Pakistan-Inde ! Les mollahs connaissent bien cet argumentaire et savent que la Russie a besoin d’eux plus qu’eux n’auront jamais besoin de ce pays. Les Européens doivent accepter leurs erreurs, aussi bien leurs erreurs de 1979 que leurs politiques crédules et suicidaires avec les mollahs. Les Français en particulier rêvaient d’une reprise d’Eurodif afin de fournir le combustible à ce régime sanguinaire et terroriste ! Les Européens doivent reconnaître l’erreur qui est d’avoir tout misé sur Khatami. Et il serait judicieux qu’ils ne recommencent pas à se fourvoyer avec les dissidents du régime des mollahs ou les différents artisans vieillissants de la révolution islamique de 1979. Ne vous trompez pas ! Nous n’exigeons pas d’excuses de l’Europe ou de la France. Certes, leurs erreurs ont détruit de nombreuses vies et la possibilité d’un avenir équitable pour les Iraniens, mais il faudrait au moins que l’Europe et la France fassent un pas et reconnaissent leurs erreurs afin de changer de politique et de limiter les dégâts. Sur ce point, l’Europe a d’énormes progrès à faire. La solution à cette crise se trouve du côté de l’Europe et non du côté des mollahs. Les mollahs ont choisi leur voie et restent fermes. Le peuple iranien a choisi, mais il est isolé et désemparé et constate avec amertume que les Occidentaux préfèrent les affaires. Ils ne semblent guère prêts à s’engager au côté du peuple iranien pour chasser un régime qui finance le terrorisme et ensanglante le Liban, Israël, l’Irak et occasionnellement le continent Européen. Les composants pour rebâtir l’Iran existent. L’Europe doit choisir. [1] -Accord d’Alger- |