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La Syrie : Les liaisons dangereuses de Bachar Assad
22.11.2005

Le 15 décembre prochain selon les termes de la résolution 1636 de l’ONU, la Syrie doit répondre aux exigences du Conseil de Sécurité et fournir toute l’information relative à l’attentat contre l’ex-Premier Ministre libanais Rafik Hariri.



Damas compte sur un blocage au sein du Conseil de Sécurité de la part de plusieurs pays, la Chine, la Russie et l’Algérie notamment.

Selon Intelligence Online, au lendemain de la résolution votée le 31 octobre, le régime des mollahs a mis au point un plan de soutien à Damas. Ce plan, validé à Téhéran le 2 novembre par Larijani et Agha Mohammadi, prévoit de créer un nouveau front en Palestine et de renforcer la guérilla en Irak, afin de resserrer l’étau autour de la Syrie.

En outre et toujours selon Intelligence Online, le régime des mollahs aurait répondu de manière favorable à une demande syrienne de missiles anti-aériens. Le général Assef Shawkat, chef des Renseignements militaires syriens, aurait effectué une visite secrète à Téhéran, à la mi-octobre, pour rencontrer le chef des Pasdarans, Rahim Safavi.

Il semblerait que l’objectif ne soit pas de « desserrer l’étau autour de la Syrie » mais de « créer un étau » autour de la Syrie et de l’enfermer derrière une ligne de terrorisme.

Si les mollahs sont très motivés pour défendre la Syrie, c’est bien parce que ce pays par son intéressante position géographique leur permet de contrôler le Liban et l’Irak. Les mollahs ne peuvent perdre la Syrie. Ils ne peuvent donc pas laisser la Syrie se réformer, s’ouvrir et changer de politique.

Le soutien au Terrorisme en Irak est la seule solution que les théoriciens du régime des mollahs ont trouvée pour neutraliser l’envie de revirement de Bachar Assad, leur allié stratégique. Mais pour y parvenir, ils comptent d’avantage sur les clans et l’oligarchie militaire que sur Bachar Assad.

Ils doivent entretenir les réseaux d’amitiés avec les généraux Syriens et mettre en place l’Etau anti-Assad. Les mollahs ne peuvent plus diminuer leur aide au terrorisme en Irak, au risque de voir la Syrie se détacher. L’Irak ne sera pas un second Liban, c’est-à-dire une aubaine pour les mollahs, mais une situation inédite où ils sont pris à leur propre piège.

La raison en est que l’Irak vient de demander l’aide de la Russie pour intercéder en sa faveur auprès des mollahs pour cesser leur ingérence en Irak. Les Russes et les Chinois ont besoin d’un Moyen-Orient serein pour fructifier les contrats gaziers avec la Syrie et éventuellement avec l’Irak. Si les mollahs cèdent à la demande des Russes, l’étau des mollahs autour de la Syrie se relâche et cette dernière doit changer de politique, s’adapter et s’ouvrir.

Les Syriens eux-mêmes ont conscience de la nécessité de sortir d’un schéma hérité de la Guerre Froide. Des réformes politiques et économiques s’imposent, mais elles rentrent en conflit avec les mafias de l’oligarchie militaire qui contrôle les activités les plus lucratives comme l’import-export.

Bachar Assad est victime du système qu’il dirige. Il ne peut compter que sur ceux qui ont réellement besoin de mettre fin au terrorisme, c’est-à-dire les Américains. La Russie, la Chine, l’UE et plus particulièrement la France s’opposent à la politique du Grand Moyen-Orient (moins despotique) et montrent qu’ils ne désirent ni isoler Bachar Assad ni imposer un changement de régime ou des réformes.

Bachar Assad n’a pas l’autorité nécessaire pour maîtriser cette oligarchie maffieuse et autonome. C’est pourquoi il tente de convaincre la population que tout cela découle d’une stratégie pour briser la Syrie et non pas seulement le régime, ce qui ne semble pas convaincre beaucoup de monde.

Au cours de l’été 2000, peu avant sa mort, Hafez Assad avait tenté de préparer sa succession. La disparition de son fils aîné a semé la confusion. La désignation de Bachar comme le successeur avait alors été acceptée comme un moindre mal. Bachar gère un consensus fragile. Il a des ennemis dans son propre camp en Syrie et en Iran.

Les Américains, qui souhaitaient un changement de régime et des élections libres, ont finalement accepté d’oublier ces projets trop utopistes dans le cas de la Syrie afin de barrer la route aux Frères Musulmans qui sont bien implantés dans ce pays.

La marge de manœuvre de Bachar Assad est plus que limitée et la France, qui pourrait en tirer profit pour recoller les morceaux avec les Etats-Unis, agit selon les intérêts des mollahs (et des Frères Musulmans) au détriment de l’indépendance du Liban, d’une paix durable israélo-palestinienne et de la lutte contre le Terrorisme Islamique Jihadiste.


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