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Saddam et la Politique Arabe de la France ! 18.10.2005 Le Quai d’Orsay éclaboussé par des tâches de pétrole
Le dernier en date vaut le détour. Jean-Bernard Mérimée, ambassadeur de France aux Nations unies de 1991 à 1995, et ambassadeur de France à Rome de 1995 à 1998, a été mis en examen mercredi 12 octobre par le juge d’instruction Philippe Courroye pour « trafic d’influence » et « corruption active d’agent public étranger » dans l’enquête française sur d’éventuels détournements en marge du programme de l’ONU, « pétrole contre nourriture ». Il s’agit de la deuxième mise en cause d’un diplomate français de haut rang, un mois après celle de Serge Boidevaix, ancien secrétaire général du Quai d’Orsay. Onze personnalités françaises ont été désignées dans les annexes du rapport établi par l’ONU quant aux scandales ayant entouré ce très contestable programme d’aide humanitaire à l’Irak. Jean-Bernard Mérimée est soupçonné d’avoir bénéficié de larges sommes du régime de Saddam Hussein sous forme de bons de pétrole cédés ensuite à Fenar Petroleum, société agréée par l’ONU. Il aurait ainsi reçu en 2001 l’équivalent de 2 millions de dollars en baril de pétrole. D’autres personnalités sont également poursuivies dans ce dossier. La France, championne du monde de la croisade anti-américaine lors de l’intervention militaire en Irak, arguant alors de prétextes bassement financiers pour justifier la décision du Président Bush, vient ainsi de se faire prendre la main dans le sac. Il est des ironies dont seule l’Histoire a le secret. Alors bien sûr, les Autorités françaises ont d’emblé cherché à atténué le scandale, ou du moins à le relativiser. Le porte-parole du Quai d’Orsay a précisé que les deux hommes « font l’objet d’une procédure judiciaire au titre de leurs activités privées, engagées après leur départ à la retraite ». Il a en outre rappelé que « les autorités françaises ont pleinement coopéré et continuent de coopérer, en toute transparence, aux enquêtes menées ». Interrogé lors de la séance des questions au gouvernement à l’Assemblée nationale, le ministre de la Justice Pascal Clément a souhaité que « toute la lumière soit faite et que l’aide internationale puisse garder toute sa crédibilité dans le monde entier ». Il est d’ailleurs intéressant de souligner que la presse et les médias français sont restés étrangement silencieux sur cette affaire. Mais de qui se moque-t-on ? Voilà des personnalités de premier plan du Quai d’Orsay soupçonnées d’avoir trempé jusqu’au cou dans des scandales de corruption et de détournement de fonds avec les autorités irakiennes menées alors par Saddam Hussein, jusqu’à la veille même de l’intervention américaine. Or il est difficile de penser que des dirigeants aussi hauts placés de la diplomatie française aient pu élaborer et mettre en œuvre de tels circuits de financement et de tels schémas de détournement de façon totalement isolée. Mais quand bien même, si tel avait été le cas, ces négligences de la part de leurs supérieurs hiérarchiques, et ils ne sont pas si nombreux à la tête de l’Etat, vaudraient aujourd’hui à ces derniers des sanctions tout aussi exemplaires. Dans les deux cas, la complicité ou l’ignorance, la chaîne de responsabilité doit monter plus haut. Ces deux hommes ne doivent pas servir de fusibles, comme c’est si souvent le cas dans les scandales de tout ordre révélés au sein des autorités politiques françaises. Plus grave encore, cette sale affaire démontre si besoin était que la politique arabe de la France telle qu’elle existe depuis de nombreuses décennies ne repose pas uniquement sur des fondements idéologiques. Les intérêts financiers, qu’ils soient officiels ou occultes, jouent un rôle clé dans l’un des axes les plus forts de la politique étrangère de la France. Le soutien et la défense par le Quai d’Orsay de la plupart des régimes arabes de la planète s’appuient certes sur des motivations politiques et historiques, mais également sur des enjeux financiers que ces messieurs en costumes gris de notre diplomatie ont de plus en plus de mal à cacher. Pour un scandale qui arrive au grand jour, combien de sombres affaires sont laissées dans l’ombre et passent à travers les filets de la justice ? |