Ahwaz : 6 morts, 90 blessés
15.10.2005 ( infos complémentaires & commentaires )
Deux bombes déclenchées à quelques minutes d’intervalle ont fait six morts et une centaine de blessés à Ahwaz, dans le sud-ouest de l’Iran, annoncent les autorités locales.
Le ministère de l’Intérieur a déclaré que les deux déflagrations avaient été provoquées à cinq minutes d’intervalle près d’un centre commercial du centre d’Ahwaz.
Nul n’a revendiqué jusqu’ici ces explosions, les dernières d’une série d’attentats et d’actes de violence perpétrés cette année dans la province du Khouzestan (Khouzistan), bastion de l’industrie pétrolière iranienne.
« Les bombes se trouvaient dans deux poubelles distantes de 50 mètres », a précisé de son côté, adjoint du gouverneur d’Ahwaz. « Sic personnes ont été tuées et plus de 90 ont été blessées ». Mais selon des témoins, les explosions ont été le fait de véhicules piégés et la deuxième bombe a explosée alors que les gens se précipitaient pour venir en aide aux victimes de la première explosion, augmentant encore le nombre de celles-ci.
« C’est un acte terroriste », a-t-il affirmé à l’antenne de la télévision d’Etat.
Le Khouzestan, qui jouxte l’Irak, abrite la plus grande partie de la minorité arabophone d’Iran.
Les autorités imputent les violences à des groupes séparatistes et laissent entendre que ceux-ci ont pu recevoir un entraînement en Grande-Bretagne, ce que Londres dément.
Des violences avaient éclaté en avril au Khouzestan, où cinq personnes au moins devaient trouver la mort en plusieurs jours de manifestations antigouvernementales. Une série d’attentats à la bombe avaient ensuite eu lieu un peu avant les élections nationales de juin, faisant sept morts à Ahwaz.
Par le passé, le régime des mollahs a eu recours à de « faux attentats » afin de discréditer ses adversaires.
19 août 1978, quelques mois avant la Révolution Islamique, les adeptes de Khomeiny voulaient radicaliser leur lutte. Ils organisèrent l’incendie du Cinéma Rex dans la ville pétrolière d’Abadan : 400 personnes sont mortes carbonisées dans les flammes [1].
Les portes de la salle avaient été bloquées de l’extérieur. Une fois leur forfait accompli, les mollahs se sont emparés des prêches pour accuser le Shah. Le lien entre le Shah et les ouvriers du pétrole se rompit et la ville d’Abadan, et les ouvriers fidèles à la monarchie basculèrent dans l’opposition.
Autre cas célèbre ; le 20 juin 1994, une bombe explosait dans le Mausolée de l’Imam Reza, à Meched, faisant 25 morts : cet attentat a été attribué aux Moudjahiddines du Peuple afin de lancer une nouvelle vague de répression.
C’est le choix d’un site civil qui rend les deux bombes d’Ahwaz suspectes. Les minorités arabophones n’ont pas intérêt à viser un Centre Commercial, à tuer des civils de leur propre communauté et de discréditer ainsi un mouvement de protestation sociale.
Idée reçue : les iraniens arabophones sont des séparatistes. Quand Saddam Hussein a attaqué l’Iran le 22 septembre 1980, il comptait sur la sympathie de ces Iraniens arabophones. « Contrairement à ce que pensait Saddam Hussein, l’Iran lui a opposé une résistance surprenante, à commencer par les Arabes Iraniens du Khouzestan qui ont défendu leur patrie à mains nues contre un ennemi impitoyable » [2]. Saddam a durement châtié cette communauté fidèle à l’Iran : les troupes de Saddam ont violé et décapité les femmes de cette communauté.
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