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Iran : La semaine en images n°193
31.10.2011

Au cours des cinq dernières semaines, le régime a constamment été confronté au boycott de ses cérémonies officielles à caractères militaires par les Pasdaran et les militaires de moins de 40 ans. Ses partenaires économiques, membres exécutifs des clans au pouvoir depuis 30 ans, ont paniqué et comme d’habitude, ils se sont mis à vendre leurs biens pour acheter de l’or et des dollars afin de pouvoir quitter le pays les poches pleines en cas d’une action plus dure de la part des jeunes Pasdaran en rupture avec le régime. Le régime n’arrivait pas à satisfaire la demande disproportionnée de ses associés et ne voulait pas le faire car il serait doublement perdant dans l’opération. D’une part, il devrait échanger ses maigres réserves en devises (nécessaires pour assurer l’approvisionnement en carburants) contre des rials iraniens qui ne valent plus rien et d’autre part, en satisfaisant la demande, il permettrait à ses associés de le lâcher et ainsi accélérer sa chute.

En conséquence, la direction du régime, c’est-à-dire le Conseil de Discernement dirigé par Rafsandjani, mais actuellement dominé par Ali Larijani a fait preuve de fermeté vis-à-vis des associés turbulents en inventant une histoire de fraude bancaire pour arrêter un certain nombre d’entre eux. Il a également limité la vente libre du dollar et de l’or pour rendre invisible la hausse donc la crise. En parallèle, il a mis l’accent sur les pendaisons et ses capacités de répression pour rassurer ses associés paniqués qu’il avait les moyens de rester au pouvoir et assurer leurs intérêts.

Mais personne n’y a cru car plus personne ne voit de déploiements massifs de troupes dans les rues. En dernière instance, le régime a programmé les pendaisons publiques de manière à viser ses associés devenus incontrôlables.

Cette dernière mesure a déplu à tous ses serviteurs, même les plus démunis, qui attendent de la protection de la direction et non sa punition face à leur crainte. Les serviteurs de base qui, deux jours plus tôt, avaient participé à plusieurs mises en scène pour simuler l’existence de troupes de réserves ont refusé de participer à une opération de propagande faisant état de l’utilisation des enfants comme mouchards des forces fidèles au pouvoir. Le régime qui assure sa survie grâce à ce genre de propagande a reculé : pour calmer le jeu, il a fait libérer la moitié des gens arrêtés pour fraude bancaire ; il a aussi cessé les annonces de pendaisons et enfin, pour rassurer il a mis l’accent sur sa popularité en évoquant des mobilisations importantes pour le voyage du Guide dans la région, réputée hostile, de Kermânchâh. Ce changement de propagande n’a pas rassuré les associés du régime car les habitants de la région ont boudé la venue du Guide, le premier jour, il n’y a eu que 800 personnes dans les rues, ce qui annonçait aussi un boycott interne de la part des serviteurs locaux du régime.

Au même moment, Washington, qui veut forcer les mollahs à transférer leurs pouvoirs à ses pions via une révolution de couleur, les a accusé de terrorisme, laissant supposer toutes sortes de menaces, frappes ou sanctions qui pourraient pousser les associés à fuir et le peuple à se soulever, pour que la peur d’une chute fatale incite la direction du régime à accepter sa révolution de couleur.

La semaine dernière, le régime a maintenu la propagande axée sur la popularité du Guide, mais Ali Larijani s’est envolé pour la Suisse pour raisonner Washington d’arrêter car son jeu pourrait être vu comme un feu vert à un changement de régime et inciter le peuple à se soulever. Washington a cessé ses interventions, mais il a passé le flambeau aux Saoudiens et aux Européens. Ces derniers actuellement mis en joue pour les histoires de notations ont accepté de durcir le ton vis-à-vis de Téhéran à la place des Américains en évoquant la possibilité de nouvelles sanctions, un malheur pour les transferts des dollars des associés du régime vers l’étranger. Au lendemain de l’annonce de la possibilité de nouvelles sanctions, l’or s’est à nouveau enflammé et a enregistré une hausse fulgurante de 13%, cette fois du côté du marché à terme des pièces livrables dans 6 mois.

Vendredi dernier, l’UE a adopté de nouvelles sanctions contre le régime. Il était clair que la semaine serait placée sous le signe d’une nouvelle panique et une nouvelle ruée vers l’or. Inquiet, le régime a renoué avec des annonces de pendaisons.

Cette semaine a effectivement connu une extraordinaire flambée de l’or, mais aussi du dollar et ce malgré les grandes restrictions imposées sur leurs transactions sur le marché libre. Mais alors que les associés du régime vivaient une nouvelle crise après les nouvelles sanctions, les médias du régime n’en parlaient pas : il n’y a rien eu sur les nouvelles sanctions et très peu sur la crise de l’or. En revanche, les médias du régime ont longuement évoqué la hausse des primes d’assurance auto !

Avec cette couverture médiatique disproportionnée pour une banalité, le régime a nié l’existence d’une intense crise économique et politique. Ce ne fut pas la seule manœuvre de diversion médiatique de la semaine. Celle-ci a été totalement submergée par des infos banales pour prétendre que tout était normal. Mais puisqu’il n’en était rien, en parallèle, le régime a programmé une pendaison publique pour mercredi (dernière journée de vente sur le marché à terme, donc le jour de toutes les hausses) et il a particulièrement soigné la banalité des gestes des bourreaux pour terroriser tous ses adversaires.

Cette semaine, le régime a aussi reparlé de la fraude bancaire, mais sans arrêter de nouvelles personnes. En niant la crise et en usant de la terreur au lieu de mesure coercitive forte contre ses associés, le régime a admis la force de ses nouveaux adversaires à sa survie. Les images d’une normalité ne laissent pas voir cette nouvelle réalité, mais les images glaçantes de la pendaison le permettent. Voici le récit en images d’une semaine qui n’avait rien de banal.



Retour sur les derniers évènements survenus en Iran | Il y a une semaine, le centre de l’actualité était la possibilité de nouvelles sanctions et le voyage de Larijani en Suisse pour l’empêcher. Ce voyage, qui avait été perçu par les associés du régime comme une bonne initiative, n’a rien donné. Vendredi, des nouvelles sanctions ont été adoptées par l’UE. Ces sanctions pourraient nuire au transfert vers l’étranger des capitaux des associés du régime, mais pire encore, elles pourraient aussi réduire les revenus en devises du régime, aggraver les pénuries existantes et créer les conditions d’une explosion sociale qui emporterait le régime avant que les associés n’aient le temps de faire leurs valises. Il était clair que dans ces conditions, samedi, premier jour de la semaine en Iran, serait une journée de panique, de ruée vers l’or et de crise interne. Le régime devait prendre des mesures pour l’éviter, mais le délai était court. Il a parlé de 8 pendaisons et le démantèlement du plus grand gang de « pilleurs de banques » à Mashad pour insister sur ses capacités répressives. Il était à la fois dans la logique de rassurer et intimider les associés paniqués. Cette mesure de propagande nous semblait bien faible.

Samedi 22 octobre (30 Mehr), le régime a renforcé sa propagande sécuritaire en annonçant que la veille, 3000 mollahs-guerriers de la Brigade indépendante « 83 » s’étaient réunis dans les environs de Qom pour célébrer le premier anniversaire du « voyage historique de Guide à Qom en octobre 2010 ».
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Il y a deux points dans cette annonce. Tout d’abord, l’info sur l’existence d’une brigade détachée des Pasdaran qui ont lâché le régime. Le régime reste dans son délire de l’existence de réserves de combattants capables de le sauver. Cela fait rire car les mollahs guerriers semblent avoir du mal à supporter le bruit des armes !
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L’annonce fait également référence au voyage de Khamenei en octobre 2010 à Qom, un voyage qui comme celui récemment programmé à Kermânchâh devait insinuer l’existence d’une grande réserve de partisans du régime. Mais à l’instar du récent voyage à Kermânchâh, ce voyage à Qom avait aussi été boycotté. Le régime avait alors diffusé des images truquées comme pour le récent voyage à Kermânchâh. En évoquant à nouveau ce voyage plutôt lointain et en le décrivant comme un succès, le régime tentait d’effacer son récent échec. Il a ainsi démontré qu’il entendait continuer sa dernière propagande, presque débile, qui consiste à mettre en avant une popularité à laquelle personne ne croit, afin de rassurer ses associés et ses serviteurs de base encore fidèles.

Il était claire que la poursuite d’une propagande irréelle n’était pas en mesure d’empêcher la panique attendue à la suite de l’adoption de nouvelles sanctions, mais on n’a rien vu ni sur le marché libre, ni sur le marché à terme.

En revanche, la Banque Centrale Iranienne a relevé ses prix des pièces en or alors que le prix de l’or baissait sur le plan international. Rétroactivement, en prenant en compte les hausses extraordinaires annoncées à la fin de la semaine, le régime semble avoir décidé de bloquer l’info sur le prix de l’or libre tout en relevant sans cesse ses propres taux pour diminuer l’écart entre les deux chiffres afin de limiter le sentiment de dépassement des dernières semaines.

Dimanche 23 octobre (1 Âbân), au début de ce processus de normalisation médiatique de la situation ou de relativisation de la crise, le régime a également commencé à accorder des couvertures médiatiques disproportionnées à des événements insignifiants. Le premier événement du genre était l’exposition internationale de Téhéran sur les transports ferrés !
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Lundi 24 octobre (2 Âbân), le régime a mis en place un programme plus touffu avec une réunion de la commission Fashion du régime, présenté comme une énorme machine alors qu’il s’agissait d’une petite réunion insignifiante.
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Il a aussi annoncé la création d’un prix en mémoire d’un chef des Pasdaran mort en martyr lors d’un attentat du Jundallah, encore un petit rassemblement sans importance (au point qu’il n’a même pas diffusé une vue d’ensemble de la salle).
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Ce lundi, le régime a annoncé d’autres expositions sur le thème de la production de l’électricité ou la lutte contre les incendies de forêts, deux domaines où il brille par son incompétence. Nous avions sélectionné les images de ces non-événements bouche-trous, mais avons décidé de les oublier pour aller à l’essentiel : la crise en cours.

D’ailleurs, puisqu’il y avait une crise, notamment sur le marché à terme de l’or livrable dans 6 mois (en avril 2012), le régime est également passé à la vitesse supérieure en annonçant une rencontre entre les frères Larijani et Ahmadinejad, issu du clan Rafsandjani, pour mettre en avant l’unité des clans rivaux face à la crise. Le régime avait déjà joué la même comédie la semaine dernière. Cette fois, il a changé le lieu du rendez-vous. La rencontre au eu lieu chez Sadegh Larijani au siège du pouvoir judiciaire.
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Sur la forme, Ali Larijani qui a 53 ans semble avoir vieilli sous le poids des revers. Il ne reste plus rien du jeune homme qu’il était il y a deux ans quand il jouait avec les nerfs des Six dans les négociations avec El Baradai.

Sur le fond, il n’y a rien à dire car il n’y a eu aucune déclaration à l’issue de la rencontre. Les images nous montrent d’ailleurs que les trois hommes n’avaient visiblement rien à se dire, il devait montrer leur unité.
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Mardi 25 octobre (3 Âbân), alors que le régime évoquait la constance du prix libre en annonçant :
-environ 1275 tomans pour le dollar,
-environ 575,000 tomans pour la pièce en or (soit 3% de plus que leur nouveau taux) et
-environ 51,000 tomans pour le gramme d’or (qui est souvent importé et échappe à son contrôle) ;
les marchands d’or du nord de Téhéran se sont démarqués là où ils pouvaient agir, c’est-à-dire sur le marché de l’or en gramme en vendant ce produit qui échappe au contrôle du régime à 74,000 tomans soit +45% et ce, en rappelant qu’ils y avaient été contraints par la faute d’un dollar désormais à 1300 tomans sur le marché libre (son précédent record après le boycott par les Pasdaran de la journée de la défense de la révolution).

Les marchands d’or du quartier Karim Khan ont révélé l’existence d’une censure imposée par les dirigeants sur le marché libre pour masquer leur échec face à la réalité économique et leur impuissance : la crainte de frapper les éléments turbulents par peur que cela accélère l’effondrement du système et donc la fin du régime.

Le régime était démasqué et dévalorisé, il avait peur de la réaction négative de ses serviteurs de base, derniers policiers et nervis qui lui sont fidèles, mais néanmoins très attentifs à la crise actuelle.

Par le passé, dans le même genre de situation, le régime avait puni les commerçants qui avaient osé le défier ou encore perturber ses plans, mais cette fois, il n’y a rien eu de ce genre. En fait, par le passé, ce genre de menaces n’avait pas été très efficace et avait révélé sa détresse. Cette fois, il a agi plus discrètement. Tout d’abord, il a tenté de noyer l’info pour détourner l’attention de l’opinion publique, mais aussi de ses serviteurs de base. Pour les induire en erreur, il a pris trois initiatives médiatiquement bruyantes.

1ère initiative de diversion | Le régime a d’abord parlé d’une importante révision des taux d’assurance auto sans donner les chiffres. Ses médias ont commencé un ramdam sans nom en confondant délibérément les rials et les tomans (10 rials) évoquant une multiplication par 10 ou 20 des cotisations alors que la hausse ne sera que de 2,5%.

2nde initiative de diversion | Le régime a lancé le salon de la presse inondant ses médias pendant une semaine avec les nouvelles complètement inintéressantes sur les histoires internes de ses très nombreuses agences de presse ou journaux. Pourtant dès le premier jour, le salon a été un fiasco avec zéro visiteur !

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3ème initiative de diversion | Le régime a envoyé Ahmadinejad dans plusieurs petites villes de Khorassan du nord, une région peu peuplée et en difficulté, pour occuper le reste des colonnes de ses journaux avec une actualité économique détachée de Téhéran en crise. Il espérait également une mobilisation massive des habitants des villages visités pour affirmer qu’il avait des réserves de partisans prêts à le défendre.
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Mais la mobilisation annoncée et attendue n’a pas été au rendez-vous, le régime a été embarrassé car il devait publier les images du triomphe qu’il avait annoncé. Il a alors truqué rapidement certaines images, on voit des contradictions dans la série, par exemple sur ces deux premières photos.
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On a aussi revu le défaut habituel de ses trucages : les têtes de grosseurs différentes alors qu’elles sont à une même distance de la caméra.
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La plus grande photo de la journée a été celle-ci où la foule est autour du 4X4 présidentiel, au fond, on voit une circulation normale. Cette foule est une tricherie car la taille des individus a été réduite en largeur pour augmenter la densité de la masse.
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Il faut prendre pour référence le nombre d’individus dans les deux premiers rangs. En prenant en compte cette donnée ainsi que le nombre d’automobiles dans le convoi, mais aussi l’espace devant le 4X4 présidentiel, on peut estimer qu’il s’agit d’un tronçon de 45 mètres de profondeurs dans une rue qui est large de 10 mètres. En éliminant la surface occupée par le convoi, on arrive à 360 m² soit de quoi réunir au maximum 240 personnes.

Lors de ce genre de voyage, le président doit aussi faire un discours dans un stade. Là, la foule n’est pas identique d’une photo à l’autre.
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Il n’y avait vraisemblablement personne pour écouter le représentant du régime. Tablant sur le même genre d’accueil dans les autres villes, le régime a incité ses médias à assurer un service minimum pour la couverture du reste du voyage d’Ahmadinejad et le président a été un peu oublié cette semaine alors qu’il avait une belle actualité et a fait de nombreux discours.

Nous rappelons que ce jour (mardi 25 octobre / 3 Âbân), le régime avait été dénoncé pour avoir censuré l’info sur la crise et avoir triché sur les chiffres, une attitude de déni de crise susceptible de mettre en cause sa capacité à gérer la crise : il était face à une nouvelle crise de confiance et donc face à une seconde vague de panique. C’est pourquoi parallèlement à ses diversions médiatiques destinées à détourner l’opinion de cette crise, il devait aussi intimider la partie adverse.

Le régime a annoncé la confiscation de 90 tonnes de tissus de contrebande destinés au Bazar, une information bizarre car les marchands de tissus du Bazar et les ateliers de confection sont en grève depuis près deux mois après la décision du régime d’incendier les entrepôts des marchands de tissus pour illustrer sa capacité de frapper ses propres associés. Dans ce contexte de frappes par ricochets ou de frappes porteuses d’avertissements, l’annonce de la confiscation des tissus de contrebande est de notre point de vue un avertissement lancé aux marchands d’or qui importent de l’or sans passer par le régime et ont souvent été accusés de contrebande. Le régime a laissé supposer qu’il pouvait saisir leurs stocks.

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Par ailleurs la contrebande arrive toujours dissimulée dans un emballage ne permettant pas de deviner les produits. On n’a rien vu de tel. Il n’y a eu par ailleurs aucune info sur l’origine des tissus et les intermédiaires. De fait, la cargaison confisquée peut aussi être une saisie des réserves des marchands de tissus en grève pour permettre au régime de relancer le marché de l’habillement en arrêt par la faute de cette action tout en punissant les grévistes qui participent à la montée du mécontentement dans un contexte particulièrement dangereux pour le régime.

Ce même mardi d’avertissement, le régime a annoncé une pendaison publique pour le lendemain matin à Varâmine, petite ville proche de Téhéran.

Mercredi 26 octobre (4 Âbân) | Ce jour de la semaine est celui de la fermeture de la bourse des pièces livrables dans 3 à 9 mois. Le régime s’attendait à une hausse record. C’est sans doute pourquoi il avait programmé sa pendaison pour ce jour à l’aube et pourquoi il a aussi diffusé pour la première fois le rituel abject de la vérification du décès pour glacer le sang de ses adversaires.

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Pour bien faire les choses, le régime a aussi parlé d’un succès populaire, mais les images nous montrent qu’il y avait là deux petits groupes distincts. Il y avait d’un côté, une petite vingtaine de gens munis de portables derniers cris (gens aisés issus du régime) qui filmaient la scène sans sourciller. Un peu plus loin, il y avait une dizaine de femmes sans portable avec des mines tristes, peut-être étaient-ils des parents ou les voisins du jeune qui a été pendu ce mercredi dans un show abject pour des raisons purement politiques.

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La mort de ce jeune inconnu n’a rien changé à la crise de confiance entre le régime et ses associés, cette pendaison a même confirmé la faiblesse du régime et son incapacité à calmer la crise économique. Sur la base d’informations officielles publiées tardivement à partir de vendredi, la pièce en or livrable ce mois si est arrivé à 604,000 tomans donc bien au-dessus du prix que le régime souhaitait imposer avec ses restrictions pour priver la crise interne de confiance avec ses associés de toute visibilité. Sur la base de mêmes infos tardives, la pièce en or livrable en avril 2012 est arrivée à au moins 734,000 tomans soit +8% par rapport à la semaine dernière et +25% par rapport au prix actuel de la pièce selon le régime. Cela veut dire que le prix de base en avril 2012 sera au moins de 734,000 tomans car ce prix sera sans cesse revu à la hausse sous la pression de la demande.

Si le début de la semaine était placé sous le signe du déni de la hausse des prix du dollar et de la pièce en or, dès mercredi, face à la fixation du prix des pièces livrables actuellement à 604,000 tomans, le régime ne pouvait plus nier les faits. Il avait alors trois problèmes : gérer la transition de ses prix virtuels vers les prix réels fixés par le marché, faire oublier l’échec de son plan débile de limitation de la diffusion des pièces sur le marché pour geler la hausse et trouver le moyen de nier la gravité de la situation pour rassurer ses serviteurs de base embarqués dans ses malheurs.

Pour le premier problème (gérer la transition de ses prix virtuels vers les prix réels fixés par le marché), le régime a commencé à relever le prix attribué au marché libre à 590,000 tomans puis à 595,000 tomans en attribuant la hausse à la hausse de l’or dans le monde et la fin de la crise en Europe ! Il a aussi annoncé la hausse du prix de l’or livrable en avril 2012 par paliers : d’abord à la fin de la semaine, à 710,000 tomans, puis au début de la nouvelle semaine, à 734,000 tomans, une gestion qui révèle sa peine à admettre son échec.

Enfin, il a redoublé d’effort pour donner l’impression que tout était normal. On a alors eu droit à la rumination de ses trois initiatives de diversion médiatique du début de la semaine : la hausse de l’assurance auto, le salon de la presse et le voyage d’Ahmadinejad dans le Khorassan du Nord. Mais le salon restait vide et Ahmadinejad bien peu entouré…

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Le régime était battu sur tous les plans. Notons que le 4 Âbân était l’anniversaire du Chah d’Iran dont aujourd’hui chacun des spécialistes économiques du régime admet la grande dextérité pour avoir embelli l’économie iranienne bien avant la hausse de ses revenus pétroliers grâce à son idée de créer l’OPEP. Le régime ne pouvait pas ignorer qu’il y avait là un petit clin d’œil de l’histoire.

Le régime a alors décidé de cesser toute agitation et toute action politique pour donner l’impression de normalité qu’il recherchait. Il a aussi rempli ses médias notamment la presse économique avec un nombre impressionnant d’articles économiques sur tous les sujets pour étourdir l’Iranien moyen.

Le thème commun à tous les articles était une certaine stabilité avec de légers déficits, mais aussi des réussites exemplaires pour faire dégager une impression de normalité équilibrée.

Cet exercice inédit a drainé des informations qui sont souvent censurées : on a ainsi été informé que cette année, il y a eu deux fois moins de dépôts dans les banques iraniennes. Ce qui laisse supposer que 50% des revenues des associés du régime va au financement de leur fuite prochaine.

Un autre article faisait état de l’embellie du marché immobilier avec des ventes en hausse de 20% sur le marché du neuf qui est dominé par les associés du régime très portés en général sur la promotion immobilière. On a compris qu’ils vendaient beaucoup.

Mais l’article précisait que la hausse des ventes était due « à la hausse disproportionnée des pré-ventes », l’équivalent de la vente sur plan. L’article expliquait que le succès de ce genre de ventes était dû « au prix habituellement bas du m² dans ce genre de vente ». On a compris que les associés du régime vendaient à perte pour financer leurs achats d’or.

Mais l’info selon laquelle le prix au m² était habituellement plus bas dans ce genre de vente était inexacte. Ce système de vente est devenu un des modes d’acquisition vers 1991, quand grâce à l’apport des investissements européens l’économie et l’immobilier étaient en plein boom. Il s’agissait alors de percevoir 30 à 50% du prix de l’appartement fini sur quelques lots pour financer d’autres projets, mais aussi pour faire habiter l’immeuble et ainsi passer devant les concurrents. Le prix du m² en vente sur plan était alors égal ou supérieur aux prix du marché du neuf fini car on pouvait demander des options ou réserver les étages nobles. Selon nos recherches, la baisse des prix au m² en vente sur plan est récente. Elle est apparue après le soulèvement de 2009. Elle était d’abord de 15 à 20%.

Après le refus des Pasdaran de participer à la commémoration de la révolution islamique en début de cette année, la baisse est passée à une fourchette de 20 à 40%. Cela était accompagné d’une baisse de la mise du départ à 30% et un assouplissement pour le paiement du reste par une mensualisation au lieu des paiements échelonnés sur l’achèvement des travaux avant la livraison. Cette double baisse était synonyme d’une braderie pour écouler des biens avant qu’il ne soit trop tard.

L’article sur l’embellie du marché immobilier avait omis ces détails et surtout le fait qu’à présent, le prix au m² en vente sur plan est en moyenne 50% du prix normal et la mise exigée au départ est tombée à 20% ! Le gain immédiat pour le vendeur est de 10% du prix fini. On ne peut pas parler d’une embellie mais d’une braderie géante de promoteurs associés au régime qui ne croient pas à la survie du régime avant la fin de leur chantier ! Ils bradent tout pour grappiller quelques millions pour financer leurs achats d’or ou de dollars.

Dans le même esprit, d’autres associés ont cessé depuis près de deux ans de payer les employés de leurs usines et entreprises, ce qui est actuellement à l’origine de plus de 300 grèves dans le secteur des PME très réputés en Iran.

La panique actuelle des associés du régime et leur envie de déserter le navire ont donc des conséquences graves sur la vie économique et l’emploi. C’est pourquoi parallèlement à l’inaction politique feinte pour nier la gravité des faits, le régime a aussi commencé à reparler de la fraude bancaire, mais mollement pour ne pas alerter sa base, renouant discrètement avec l’insinuation que l’Etat pouvait s’en prendre ses associés, qui le défiaient et qui par leur comportement font le lit d’un nouveau soulèvement.

Jeudi 27 octobre (5 Âbân), le régime est resté silencieux pour simuler la normalité, mais il a reparlé de la fraude, dénonçant via d’éminents économistes (donc encore mollement), la nécessité d’assainir l’économie iranienne pour laisser supposer des peines lourdes à l’encontre de ses associés turbulents.

Il a aussi annoncé la baisse de l’enveloppe de devises destinée aux voyages et la fin de l’attribution de lettres de crédit en dollars à ses hommes d’affaires, deux mesures dont la combinaison empêche les hommes d’affaires iraniens de voyager à l’étranger au prétexte d’achats destinés à l’importation pour y transférer leurs valises d’or et de dollars. Dans la journée, il a également annoncé de nouvelles mesures pour compenser l’échec de son plan de limitation des hausses du marché libre, secteur qu’il a au passage qualifié de marché noir pour le relier à la corruption qu’il veut éradiquer. Mais il n’a pas donné des détails de ses projets. En restant flou, il a à la fois menacé les acteurs du marché tout en zappant son échec grâce à l’annonce de nouvelles mesures. En gros, il a mis en place de petites mesures punitives et il a fait de la « com » alors qu’il devrait agir pour empêcher une explosion sociale.

Vendredi 28 octobre (6 Âbân) | Ce jour est normalement marqué par un seul événement : la Prière du Vendredi : vitrine des soutiens grâce auxquels le régime demeure au pouvoir. Les Bazaris et les gens en froid avec le régime boudent l’événement. Le terrain de foot couvert de l’université de Téhéran converti en mosquée attitré de ce show politico-religieux est à présent peuplé de vieux indigents payés par le régime pour dissimuler des pertes qui confirment sa faiblesse. Chaque semaine, le régime tente de minimiser cette faiblesse en mettant bien en vue quelques miliciens en tenue de combats pour insinuer le soutien des jeunes, le renouvellement des troupes.

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On pourrait penser que le régime pourrait habiller toute la salle ainsi, mais il ne le peut pas et ne le fait pas car le milicien doit avoir moins de 25 ans et il ne dispose que de vieux figurants dans sa salle.

Le défi est même de l’ordre de l’impossible et mine l’esprit des serviteurs aujourd’hui âgés du régime car à présent, à quelques exceptions près, le régime n’a plus aucun soutien parmi les jeunes. Conscient qu’il ne pourrait jamais rassurer les siens avec une salle entièrement bleue, le régime a utilisé cette séance de Prière du Vendredi pour mettre en avant le mollah Mostafa Pour-Mohammadi (le premier enturbanné ci-dessous à droite), un des tortionnaires du début de la révolution qui après un long passage au ministère de l’intérieur a été chargé de l’inspection générale, un poste chargé entre autres de la lutte contre la corruption, le nouveau dada du régime. Il est donc resté dans l’insinuation et non dans l’action car il redoute l’explosion du système.

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Ainsi à défaut d’améliorer l’offre de la protection de ses serviteurs, il a indirectement mis en avant la possibilité de sévères punitions à l’encontre de ceux qui l’affaiblissent davantage pour diminuer leur agitation qui l’entraîne vers le néant.

Ce même jour, le régime a aussi annoncé la tenue de la grande conférence annuelle de Tahkim Vahdat, milice islamiste universitaire chargée de fusionner les universités et les écoles coraniques. Nous rappelons au passage que les cinéastes du régime comme Jafar Panahi et des gens présentés comme des militantes des droits des femmes viennent uniquement de cette milice dont les membres sont formés pour théoriser le régime et façonner l’opinion publique à ce sujet. Il s’agissait de rappeler l’existence de jeunes très efficaces engagés à ses côtés. Dans son annonce, le régime a évoqué la présence à la conférence de deux ex-membres, l’actuel ministre de l’intérieur, mais aussi l’intellectuel soi-disant modéré, Sadegh Ziba-Kalam, pour afficher l’union des extrémistes et modérés issus du tronc commun révolutionnaire islamiste afin de rassurer doublement sa base.

Fort heureusement, dans la situation de crise actuelle et suite à ses nombreux mensonges, le régime doit publier des images pour confirmer ses annonces. Les photos de cette conférence ont été bien décevantes : on y voit peu de participants dans une petite salle ce qui confirme la rupture de milliers de membres de cette milice.

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Nous avions d’ailleurs constaté cette rupture en novembre dernier grâce à la faiblesse de la participation à leur manifestation annuelle. Cette dernière initiative de propagande du régime a clos une semaine chargée d’échecs sur un revers de plus.

C’est pourquoi, ce samedi 29 octobre (7 Âbân), avant la reprise des activités du marché et une nouvelle hausse sur le marché à terme de l’or livrable en avril 2012, le régime a sorti la grosse artillerie avec des photos des grandes figures du Conseil de Discernement : Ali Larijani et Rafsandjani côté à côte, deux rivaux qui se détestent unis dans la crise.

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Le régime diffuse des images de ce genre quand il veut montrer que la direction est présente. Là, il a mis en avant Larijani et Rafsandjani (qui se haïssent en ne cessent de se nuire) en pleine discussion pour évoquer l’unité et la concertation face à la crise. Il a également mis à l’honneur le mollah Mostafa Pour-Mohammadi en train de remettre un dossier à Rafsandjani pour insister sur la possibilité de punitions lourdes à l’encontre des associés turbulents.

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En diffusant ces images codées qui se veulent intimidantes et rassurantes, le régime a admis qu’il était en crise avec ses éléments turbulents, mais aussi avec ses serviteurs de base. Cette sortie médiatique des ténors du régime peut être expliquée par un calendrier de manifestations officielles révolutionnaires chargé dont le boycott prévisible par les bassidjis et les Pasdaran peut confirmer l’isolement et la faiblesse du régime. Le régime a mis ses commandants sur le pont pour rassurer des troupes tentées par la fuite.

En somme, le régime a vécu une semaine bien peu banale et il est face à une tempête qui sera amplifiée par la crise de l’or d’autant qu’il n’a aucune solution sinon que de faire les grands yeux et d’afficher l’unité de ses dirigeants vieillissants. Les visages de ces chefs donnent la mesure de la crise et du désastre qui les attend. De la part de nos compatriotes, nous leur disons : « Khoda bad-tari bedeh » (que Dieu vous accable davantage) !