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Iran : La semaine en images n°183 22.08.2011 La semaine dernière et la précédente, les deux premières semaines de Ramadan, le régime islamique a été incapable de remplir les mosquées : ce fait a confirmé qu’il ne recevait plus le soutien du peuple ou encore celui des Pasdaran, les religieux de base ou encore les Bazaris traditionnels. Le boycott des mosquées a convaincu les derniers partisans du régime qu’ils devaient penser à prendre leurs distances avec la caste dirigeante : ils ont à leur tour boudé les manifestations officielles. Pour récupérer ces gens dont la rupture équivaudrait à l’effondrement de leur régime, les mollahs ont montré les muscles et proposé des cadeaux sans parvenir à inverser la tendance. Cette semaine, la troisième semaine de Ramadan, leur anxiété est montée d’un cran car selon les légendes, la 19ème nuit du Ramadan, Dieu a inspiré le coran à Mahomet et les musulmans sont tenus de se rendre massivement dans les mosquées pour trois nuits de prières non-stop appelées, Nuits de gratitude. Les mollahs devaient venir à bout du boycott pour la première Nuit de Gratitude (qui avait lieu ce vendredi 19 août) car dans le cas contraire ils seraient des religieux à la tête d’un peuple qui ne l’est plus et ne pourraient réclamer le droit de rester au pouvoir. Le régime a cherché à regagner les alliés perdus ces dernières semaines en cherchant un sauveur ! Les images de la semaine nous mènent sur les chemins de cette quête impossible et vers les choix qui n’ont pas su convaincre leurs alliés perdus. On verra les manoeuvres des mollahs ainsi que leurs mensonges ou leurs mises en scène pour insinuer leur puissance et leur popularité. Les mollahs ont eu fort à faire et peu de succès. Voici une semaine riche en images et, encore une fois, placée sous le signe du surmenage et de l’épuisement. Un contexte défavorable (rappel des faits) | Il y a deux semaines, avant le début du Ramadan, le régime se doutait qu’il allait vers une période difficile car il sortait d’une suite déprimante de boycott de diverses manifestations religieuses. La période allait révéler son isolement et inciter ses associés affairistes à s’éloigner. Le patron politique du régime, Ali Larijani, qui a sa part de responsabilité dans ce fiasco, devait calmer le jeu, pour sauver le régime et son poste. Il a décidé de limiter le nombre de manifestations officielles pour éviter d’exposer la faiblesse du régime. Il a multiplié les récits de grands exploits policiers pour évoquer sa force et a incendié le plus grand entrepôt du Bazar pour intimider ses associés hésitants. Enfin, il a promis des cadeaux commerciaux aux associés fidèles. Il s’attendait à leur mobilisation pour remplir les mosquées. Ces choix n’ont pas amélioré la situation car les associés veulent que le régime se montre fort et non qu’il évoque des exploits policiers fictifs ou qu’il compte sur eux pour le défendre. Ils se sont éloignés au lieu de s’approcher. Par ailleurs, les puissants marchands de tissus n’ont pas aimé que le Bazar qui souffre de la concurrence déloyale des associés affairistes du régime soit sacrifié pour leur servir d’exemple. Ils se sont mis en grève arrêtant de facto les ateliers de confection et le secteur de l’habillement déprimant encore davantage les associés affairistes du régime. Larijani a compris son erreur : pour insinuer la puissance exigée par les associés économiques, il a annoncé l’unité des dirigeants avant de renforcer la propagande sur les capacités sécuritaires du régime et l’attachement du peuple à l’Islam. Mais en l’absence d’une vraie mobilisation populaire, rien n’a changé. Ainsi au début de la deuxième semaine, le régime n’avait organisé aucun grand rassemblement officiel et ses associés s’éloignaient. Au début de la deuxième semaine, le régime a enfin organisé un grand rassemblement des cadres dirigeants autour du Guide, mais ce rassemblement a été boycotté par la majorité des invités. Le régime a annoncé une nouvelle arrestation spectaculaire, peu convaincante et un autre grand rassemblement religieux populaire qui a mobilisé moins de 40 enfants. Il avait alors offert des cadeaux très alléchants à ses associés et des dîners géants aux indigents de Machad. Mais les pauvres ont refusé l’aumône d’un régime qui les maltraite à tous les niveaux. Le régime a alors annoncé la visite de milliers d’étudiants jeûneurs chez le Guide pour évoquer le soutien des jeunes, mais cela n’était pas vrai : les jeunes invités étaient peu nombreux, séparés du Guide par des barrières de sécurité. Par ailleurs, le Guide n’a pas mangé avec eux, mais avec ses gardes. Le régime n’avait pas de réserves. Il était alors en situation de faiblesse absolue, il ne pouvait pas convaincre ses collaborateurs, ses miliciens ou hommes d’affaires qui demeurent encore à ses côtés de se mettre en avant pour le défendre ou se mettre en danger pour assurer sa survie. Il a dû se contenter de manœuvres dans les casernes et sales coups fourrés comme un nouvel incendie contre le principal entrepôt deet de sales coups fourrés comme un nouvel incendie contre le principal entrepôt des marchands de tissus. Les Bazaris ont reçu le soutien d’autres commerçants et ont riposté en boycottant la Prière de Vendredi. Ce boycott a démoralisé le régime au point de provoquer de nouvelles ruptures du côté de l’association islamique des ingénieurs, une des principales composantes du pouvoir. Ce samedi, au début d’une nouvelle semaine, le régime devait réagir avec force pour arrêter les ruptures. Il a annoncé la création d’un commando anti-paraboles et diffusé des images de leur première opération : nous avons découvert que les commandos étaient en fait intervenus sur les toits de leurs propres domiciles. Les derniers espoirs du régime avaient montré de la réticence à agir en terrain non conquis pour aider le régime désormais très affaibli des mollahs. Ils ne voulaient pas prendre de risque pour le secourir ! La semaine commençait mal. La réticence des miliciens fidèles à s’engager sur le terrain ne pouvait que démoraliser les autres éléments fidèles au régime notamment les associés affairistes peu doués pour la castagne. Le régime devait montrer qu’il était puissant pour retenir ses maillons faibles. Il devait inspirer la terreur, mais il ne l’a pas fait : il a choisi de palier au manque inquiétant qui venait de se déclarer en rassurant les gens paniqués par la présence apaisante, mais ferme des personnages capables d’incarner le pouvoir et le business qui caractérisent le régime. Son objectif était encore de rassurer pour encourager ses brebis à marcher droit vers les mosquées pour inverser la tendance baissière de sa cote. Ali Larijani, qui par sa gestion a généré des tensions, a disparu de la scène (il s’est écarté ou il a été écarté, les choses ne sont pas très claires). Le Guide qui a également été constamment boycotté incarnant bien malgré lui l’échec est devenu beaucoup moins visible. Ahmadinejad qui dans son rôle d’agitateur peut provoquer des tensions est également devenu moins visible. Le premier personnage mis en avant par les médias a été Mahdavi-Kani : un proche de Khomeiny, un des fondateurs du régime, un personnage trop criminel pour accepter un deal… par ailleurs, patron de la franc-maçonnerie du clergé, donc proche des Britanniques… de surplus, président l’Assemblée des Experts, organe qui regroupe les grands ayatollahs qui se partagent l’économie iranienne, en d’autres termes, le patron des patrons économiques du régime donc très à même de gérer les problèmes des associés du régime ! Pour le régime, le vieux Mahdavi-Kani était l’homme de la situation. Le sauveur est entré en scène samedi après-midi, quelques heures après la panique provoquée par la réticence des derniers miliciens à s’engager sur le terrain pour sauver le régime. Pour le symbole, le vieux mollah rassurant devait présider une rencontre avec les jeunes orphelins dans une démarche symbolique de dialogue humaniste entre les générations de la révolution. Le résultat n’a pas été terrible. Le remède anxiolytique a vite déprimé par le nombre très faible de participants.
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Dimanche, en attendant de trouver cet oiseau rare, dans un réflexe conditionné, le régime a mis en avant sa capacité policière. Il a annoncé une importante prise de Métamphétamine ainsi que le démantèlement du réseau de distribution de cette drogue comme il avait parlé d’une importante prise d’opium et l’arrestation de ces trafiquants lors de la première semaine puis d’une importante prise d’héroïne et l’arrestation de ces trafiquants lors de la seconde semaine.
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Mais cette stratégie est loin d’être productive, le régime ne pouvait être certain de l’accueil réservé à son homme providentiel. Il n’a pas pris de risque : il a programmé un retour à l’occasion d’un dîner religieux entre les membres du Conseil du Discernement. Larijani ne s’y trouvait pas (ce qui pouvait insinuer son éjection). Rafsandjani qui avait été éjecté du pouvoir par ce dernier, il y a un an, avait retrouvé le sourire. Pensant qu’il avait une occasion de restaurer son autorité, il a pu oublier son rôle d’outsider pour endosser celui du grand fédérateur.
Moscou a également vu le retour de Rafsandjani comme un retour des pires provocations. Il a aussi vu l’extension de la grève comme une menace pour le régime qui par son anti-américanisme lui est utile : il a immédiatement expédié le secrétaire du Conseil de sécurité russe Nikolaï Patrouchev en Iran pour relancer sa proposition d’apaisement pas à pas afin d’engager le régime dans la voie des concessions et des arrangements avant qu’il ne soit trop tard. Mais tout arrangement passe par une réconciliation avec Washington : les mollahs seraient alors obligés d’autoriser le retour en Iran des pions américains qui sont formés pour prendre le pouvoir de l’intérieur. Tout arrangement sera suivi d’une purge. Le mot « arrangement » provoque de facto des tensions surtout au sein des collaborateurs du régime qui pourraient être sacrifiés à la place des dirigeants. Le mot « arrangement » incite les plus inquiets à laisser tomber le régime et à s’enfuir. A un moment où l’envie de fuir est forte, la proposition russe a accablé la caste dirigeante au lieu de la soulager. Elle devait dire non (pour elle-même et pour rassurer ses collaborateurs qu’elle veut récupérer), mais elle devait refuser avec souplesse pour ne pas s’attirer de nouvelles sanctions : le régime a promené Nikolaï pendant deux jours pour l’épuiser. Le Russe a vu beaucoup de monde, mais jamais Larijani ou Rafsandjani ou un autre du Conseil de discernement, le seul centre de décision du régime. Il a bien souffert dans cette visite qui n’a permis d’avancer sur aucun point. Mardi, il est reparti en obtenant la promesse d’une visite de son homologue non-décideur à Moscou.
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Si l’objectif était clair, le moyen d’y parvenir semblait insaisissable avec les échecs de la semaine dernière, l’indifférence des associés et la haine de la rue au retour de Rafsandjani dans le rôle de l’homme providentiel. Le régime était embêté : il a esquissé un pas vers le Bazar en proposant une rencontre sous l’égide d’un des commandants des Pasdaran. La salle est restée vide : la rencontre a été boycottée.
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