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Iran : La semaine en images n°180 31.07.2011 La grande actualité de la semaine a été le bombardement du Kurdistan irakien par les mollahs. Cet acte de guerre n’a guère provoqué de réaction à Washington ou dans notre vieille Europe ou encore à Paris où le maire socialiste aime tant le Kurdistan. Ce silence n’est pas dû à un mépris soudain pour les Irakiens ou au surplus d’activités municipales pour cause de Paris plage, mais au fait que Téhéran cherchait à provoquer une escalade militaire avec les Américains afin que le risque d’une guerre dans cette zone très pétrolière oblige Washington (mais aussi ses alliés Européens tout aussi dépendants du pétrole) à cesser leurs sanctions à son égard. Le silence délibéré des Américains et de leurs alliés européens a anéanti toute possibilité de provoquer l’escalade tactique souhaitée par les mollahs. Ces derniers ont compris qu’ils ne parviendraient pas à se débarrasser des sanctions : ils ont intensifié les tirs de canon, mais ils ont aussi multiplié les rencontres avec leurs associés économiques pour diffuser une propagande financière et sociale rassurante insinuant que tout allait bien ! Les gens ciblés (les derniers remparts du régime) n’y ont pas cru : les images de la semaine nous montrent des conférences dépeuplées et des dirigeants blêmes de constater que leurs derniers remparts et partenaires ne les voient pas capables de surmonter les problèmes et de garder le pouvoir. Voici les images d’une semaine de déceptions bilatérales. Le contexte précédent | Les dernières semaines ont été très pénibles pour les mollahs. Les jeunes officiers de l’armée, du Bassidj et des Pasdaran ont sans cesse confirmé leur rupture avec eux en boycottant toutes les manifestations officielles aussi bien politiques que religieuses. Cette rupture a réduit le régime à ses dirigeants, leurs associés économiques et une poignée de nervis, un groupe de 25,000 hommes. Incapables de défendre le système, les composants économiques du groupe ont paniqué à l’idée de perdre leur richesse : ils se sont mis à brader leurs actions et leurs biens pour acheter de l’or et des dollars en vue de préparer leur fuite, vidant les maigres réserves de la banque centrale iranienne, déstabilisant davantage le régime. Pour apaiser les craintes si nocives de leurs associés paniqués, les mollahs devaient apporter la preuve qu’ils pouvaient mettre fin à la dissidence des Pasdaran ou mettre fin à la guerre d’usure économique américaine. Étant incapables de soumettre les Pasdaran dissidents, ils ont décidé de ternir leur image sociale pour empêcher leur rapprochement avec le peuple. Parallèlement, début juillet, les mollahs ont commencé à multiplier les provocations balistiques susceptibles d’embraser la région pour contraindre Washington à capituler. Mais Washington a ignoré ces provocations pour préserver sa stratégie de guerre économique. Les associés du régime ont été convaincus que le régime était perdu : ils ont accéléré la vente de leurs actions afin de disposer de plus de liquidités pour acheter des dollars ou de l’or. On vient d’apprendre que dans la même période, ils ont demandé et obtenu 89,000 milliards de tomans de prêts bancaires soit de quoi s’offrir 75 milliards de dollars américains ! La somme est énorme : les prêts ont même dépassé le volume des dépôts ! Le régime a décidé de troquer ses provocations pour de véritables déclarations de guerre : les associés n’ont pas apprécié car cela pouvait mettre en place un embargo au moment où ils espèrent quitter le pays avec leurs magots. Au lendemain de la déclaration de guerre du régime : ils ont vendu toutes leurs actions provoquant la chute de la bourse de Téhéran. Dernièrement, après un autre échec des mollahs d’engager Washington dans une escalade militaire dissuasive, les hommes d’affaires du régime ont acheté près de 30 milliards de dollars de lingots d’or en une seule journée. Le régime a encore tenté de provoquer Washington, mais il n’y est pas parvenu. Cette impuissance pouvait affaiblir davantage le régime. Washington qui souhaite la prise en main de ce régime islamiste et non sa disparition a alors autorisé les mollahs à attaquer les séparatistes kurdes qu’il entretient pour les laisser insinuer qu’ils étaient très forts et donc capables de neutraliser toute attaque tant iranienne qu’internationale. Les mollahs avaient profité de l’occasion pour parler d’une invasion du territoire irakien afin de provoquer enfin une escalade militaire inquiétante et dissuasive. Washington avait esquivé. Les mollahs devaient renforcer leur position, mais ils devaient aussi éviter des propos susceptibles d’agiter leurs associés déjà très énervés. Ce samedi (23 juillet/1er Mordad), les mollahs ont commencé cette nouvelle semaine en envoyant leur Guide suprême, commandant du Jihad, sur la principale base navale du pays pour parler de la force de frappe de leur régime dans le Golfe Persique. Le choix d’une déclaration de guerre sans se soucier de la panique de leurs associés insinuait qu’ils avaient atteint un niveau de crise bien plus élevé que la panique de leurs associés. Les images de la visite (ci-dessous & publiées la semaine dernière) ont cependant révélé une marine délabrée et confirmé la rupture des soldats et des jeunes officiers puisque l’on a seulement vu un petit groupe d’officiers bedonnant et vieillissant réunis en l’honneur du chef spirituel du régime. Le malaise était par ailleurs visible sur les visages des commandants fidèles au régime.
Samedi dans l’après-midi, il a annoncé l’assassinat de l‘un de ses savants nucléaires devant sa porte par deux tueurs à moto, un fait impossible en raison de l’hébergement des savants sur des bases militaires. Il s’agissait plutôt de mettre en garde les candidats à la fuite en éliminant un élément dissident tout en profitant de l’occasion pour accuser Washington dans l’espoir de provoquer l’escalade qu’il souhaite. Washington est évidemment resté zen. Le régime a alors changé son récit des faits : le savant nucléaire s’est transformé en un simple étudiant. On peut envisager qu’il a eu peur d’aller plus loin dans un contexte intérieur difficile, mais vraisemblablement, en étant dans une logique de recherche d’un arrangement pour mettre fin aux sanctions, il ne voulait pas s’embarrasser d’un cadavre qui n’avait pas pu lui offrir cet arrangement et allait devenir un obstacle. Ainsi, au premier jour de la semaine, le régime était en difficulté et empêtré dans une nouvelle complication, loin de l’escalade qu’il souhaite organiser avec doigté et maîtrise pour parvenir à l’arrangement qu’il espère. Pour ne pas montrer sa déception, le régime a annoncé l’organisation d’un mariage de masse :
Washington n’a pas bougé, mais il a envoyé ses séparatistes kurdes attaquer les postes-frontières iraniens. Le régime a été éloigné de son projet de frappes provocatrices pour une confrontation fulgurante et dissuasive avec Washington pour se retrouver engagé dans une vraie petite guerre contre l’Irak à quelques semaines de l’anniversaire de la très sanglante guerre Iran-Irak qui avait commencé presque de la même manière pour durer 8 ans et détruire 1 million de vies et plusieurs villes prospères. Pour atténuer le souvenir douloureux de cette guerre et les effets désastreux du brasier idiot qu’il venait d’allumer, le régime ne pouvait pas organiser un simple mariage. Il lui fallait promouvoir le contraire de la guerre : le bien-être et la prospérité. Lundi (le bonheur est dans le pré), au second jour de la nouvelle guerre contre l’Irak, le régime a choisi « le ciment » pour incarner et symboliser le bien-être économique iranien car tous les associés du régime sont aussi des spéculateurs fonciers et des constructeurs de logements cheap. Il a annoncé le démarrage d’une nouvelle usine polluante dans le nord du pays qui est resté à l’abri des bétonneurs.
Pendant cette 1ère journée axée sur le bien-être, le régime a certes privilégié l’argent, mais aussi la religion et la politique en couvrant largement l’accueil exceptionnel accordé à Ali Larijani (l’actuel patron politique du régime) par les mollahs venus du monde entier.
Conclusions | Au début de la semaine, le régime avait déclaré la guerre à Washington pour provoquer une escalade dissuasive afin de se libérer des sanctions. Mais en agissant inconsidérément, il s’est retrouvé en guerre avec les Irakiens, s’exposant à la colère de tous les Iraniens qu’ils soient riches ou pauvres. Il a aussi pris en pleine figure les statistiques officielles de l’ONU révélant ses mensonges rassurants évoquant les investissements chinois en Iran. Il est passé du chaud bouillant à la douche froide, de la puissance à l’impuissance. © WWW.IRAN-RESIST.ORG
Washington est aussi passé à l’offensive en stigmatisant les liens entre les mollahs et Al Qaeda (la branche armée des Frères musulmans). Le régime a annoncé la reprise du procès des deux Américains détenus à Téhéran pour espionnage, une accusation passible de la peine de mort. Le régime semble engagé dans une fuite en avant. Il est conscient qu’il incite ses derniers alliés à s’enfuir car il vient d’incendier un autre entrepôt du bazar de Téhéran, désormais le centre de ses soucis, pour montrer sa capacité de franchir les murs très hauts pour anéantir qui il veut au cœur des ténèbres.
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