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Iran : Une crise de confiance interne déstabilise le régime
12.04.2011

Au cours des dernières semaines, les Iraniens ont contesté le régime islamique en célébrant publiquement et joyeusement les rituels non islamiques et interdits de Norouz. Les forces de l’ordre ne sont pas intervenues pour réprimer cette contestation confirmant leur absence de soutien au régime et ses dirigeants. Ce double désaveu a paniqué les derniers serviteurs du régime. Le pouvoir devait se montrer fort pour les rassurer. Ses derniers efforts de la semaine dernière dans ce domaine ont été un échec : la base a paniqué en se précipitant sur l’achat d’or. On en sait un peu plus aujourd’hui grâce aux mesures d’apaisement annoncées par le régime montrant une certaine incapacité à calmer la situation.



Tout a commencé il y a trois semaines avec la célébration de la Fête du Feu par des rassemblements dansants publics et mixtes pour contester et défier le régime islamique. Les forces de l’ordre n’étaient pas intervenues. Le régime a attribué la contestation à son opposition officielle hostile à tout changement pour convaincre le peuple qu’en continuant il allait cautionner cette fausse opposition. Le régime a aussi annoncé l’enrôlement de nouveaux miliciens et la création de nouveaux corps de police. Ces mesures dissuasives n’ont pas calmé les ardeurs des Iraniens qui ont recommencé à danser le samedi 2 avril à l’occasion d’un autre rituel festif de Norouz. Cela était la preuve que le régime n’avait pas les forces policières qu’il avait annoncées. Il était sans défense en cas de danger.

Dès le lendemain de son échec face à la contestation dansante, pour rassurer ses derniers collaborateurs, le régime a montré pendant trois jours l’allégeance des officiers supérieurs, des ministres et des députés au système. Mais on n’a vu aucune foule autour de ces serviteurs du régime. Ces gens ne pouvaient donc être vus comme un rempart contre un soulèvement.

A l’issue de ces trois jours, le mercredi 6 avril, les collaborateurs de base avaient paniqué et s’étaient rués sur l’achat d’or. On sait à présent que cela a été accompagné par une activité frénétique à la bourse de Téhéran : les gens du régime vendaient leurs actions pour acheter de l’or.

1er train de mesures | En réponse, le jeudi 7 avril, le régime a pris deux mesures : il a augmenté l’offre d’or et il a fait état d’un rassemblement spontané de dizaines de milliers de personnes autour d’Ahmadinejad lors d’un voyage à Kermânshâh. Mais le régime n’a pu diffuser d’images confirmant cette annonce, ce qui a amplifié les achats d’or.

2nd train de mesures | On était alors à la veille de la fermeture hebdomadaire des commerces donc des bureaux de change. Le régime allait avoir un répit d’un jour. Il en a profité pour annoncer une marche de 4500 personnes qui assistent à la Prière du Vendredi pour faire état d’une base solide au moins à Téhéran. Il a aussi annoncé des soldes de lingots dès la reprise du travail le samedi pour rassurer les gens paniqués et recommencer une nouvelle semaine sur de bonnes bases.

Mais la marche de vendredi a été un fiasco. La semaine ne pouvait que démarrer sur une hausse de la panique.

3ème train de mesures | Le régime a mis plus d’or à la disposition des agents de change. Il a également annoncé une vente exceptionnelle de lingots à prix cassé à la Banque Centrale.

Parallèlement, il a annoncé des grands progrès nucléaires pour pousser Washington à évoquer des frappes afin de provoquer un sursaut de défense patriotique en sa faveur.

Mais samedi, la suractivité à la bourse a continué, l’or a aussi continué de monter, ce qui était le signe d’une hausse de la demande. Il fallait d’autres mesures. Par ailleurs Washington n’a pas tiqué sur le nucléaire. Il fallait aller plus loin dans la provocation. Les choix du régime sont fort intéressants.

4ème train de mesures | Ce même samedi, la première mesure du régime a été de destituer le commandant en chef des forces armées qui a été incapable de garder l’armée à côté du régime. Il sera sans doute remplacé par un élément plus fidèle. Nous parlerons de ce remplaçant dès sa nomination. Le même jour, le régime a nommé une femme à la direction des sites historiques à la place de son ancien directeur, Baghaï, un milicien intégriste issu des services secrets, rendant ce dernier disponible pour un poste sécuritaire. On dirait le début d’un remaniement pour créer une cellule de crise.

Parallèlement à ces deux mesures politiques, le régime a tenté de calmer sa base déstabilisée par des annonces économiques rassurantes. Il a ainsi fait état d’une baisse des prix des denrées de base comme la viande rouge, les œufs, le riz, le thé et le sucre.

Cette baisse est une modification importante car le régime avait récemment gelé les salaires et augmenté les prix afin de brider la consommation pour habituer les Iraniens à vivre avec très peu de choses afin que sa difficulté à approvisionner le marché ne dégénère pas en pénurie et en émeutes. Cette hausse avait provoqué des émeutes passagères, mais avait bien peiné les serviteurs du régime. Le régime a tenté de diminuer leur peine sans aller à l’encontre de son plan anti-pénurie. Le régime est allé plus loin encore en rétablissant les coupons d’aide alimentaire pour le riz sur une durée de trois mois.

Le régime a enfin annoncé que la Banque Centrale Iranienne avait imité les Caisses islamiques de Prêts sur l’Honneur en procédant à sa première loterie bancaire destinée à choisir les gens méritants et allait donc distribuer 5 millions de tomans (18 mois de salaire d’un fonctionnaire) à 1307 personnes, une manière de faire espérer les éléments dévoués sans aller à l’encontre de son plan de rigueur anti-pénurie.

Enfin, le régime a diffusé un grand nombre d’articles pour faire passer la suractivité à la bourse pour un succès de l’économie iranienne !

En revanche, le régime s’est abstenu de reparler de ses progrès nucléaires car le thème qu’il utilise pour pousser Washington à l’attaquer afin de provoquer un sursaut de patriotisme chez les Iraniens pourrait donner lieu à des annonces de sanctions qui provoqueront plus de panique.

Résultats | Ces choix ponctuels (les remaniements politiques, les mesures de distribution d’argent et la pause diplomatique) n’avaient pas de message précis. De plus, le régime reculait au lieu de s’affirmer. Il n’a pas réussi à rassurer ses derniers. La demande de l’or a continué : son prix a augmenté. Le Dollar, la Livre Sterling et l’Euro ont également chacun augmenté d’au moins 10% ! Ce qui veut dire que les gens achètent désormais tout ce qu’ils trouvent.

Dimanche, le régime s’est ainsi retrouvé plus bas qu’avant ses choix d’apaisement. Il a décidé d’aller dans le sens contraire en provoquant Washington. Pour cela, il avait parlé de progrès nucléaires, mais il avait peur des effets indésirables de l’affaire : il a remplacé « sa menace nucléaire » par la réactivation de Moqtada Sadr. L’or a battu un nouveau record !

En conclusion, on peut dire que le régime peine à s’imposer sur les plans intérieur et extérieur. Il ne sait plus s’il devrait reculer ou prendre des mesures radicales. S’il hésite à prendre des mesures, il provoquera une plus grande panique chez ses derniers partisans. Le régime est face à une crise de plus en plus sérieuse.


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Article complémentaire sur la situation économique du pays :
- Iran : Le bilan effarant d’un mois de prix libres
- (26 JANVIER 2011)

| Mots Clefs | Résistance : Menace contre le régime |

| Mots Clefs | Instituions : Politique Economique des mollahs |

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NB | Le régime perd pied, mais cette situation ne dégénère pas car au lieu d’aider le peuple et de vrais opposants, l’Occident, en particulier l’Europe a décidé d’aider de soi-disant opposants, le « Congrès des Verts Démocrates », qui ne demandent pas un changement de régime, mais des élections libres avec la participation des gens du régime. Le seul réconfort est la fadeur des participants qui entraînera l’échec de ce projet. Nous attendons la suite des évènements en ayant la certitude qu’ils entraîneront la chute des mollahs et aussi la chute des clowns verts que l’on veut nous imposer à leur place.

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Article complémentaire sur la situation de l’opposition :
-  Iran : Un petit rapporteur pour de minis droits de l’homme
- (25 MARS 2011)

| Mots Clefs | Resistance : FAUSSE(s) OPPOSITION(s) |

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