Iran : La semaine en images n°161 20.03.2011 Contextes et enjeux de la semaine | L’événement central de la semaine a été la célébration le mardi soir de la Fête du Feu, coutume ancestrale iranienne interdite par le clergé et le régime. Elle coïncidait cette année avec l’anniversaire de la naissance de Reza Shah, le fondateur de l’Iran laïque. Il y a près d’un mois, après avoir constaté l’absence des forces armées du régime à ses côtés lors de la célébration de l’anniversaire de la révolution, nous avions appelé nos compatriotes à manifester à cette date doublement symbolique pour expliciter leur rejet du régime islamique. Nous pensions alors que ce mardi 15 mars pourrait être le début d’une vague de contestation capable de renverser le régime. Consciente de la popularité des objectifs, l’opposition officielle a alors inventé les mardis de la contestation pour s’attribuer les « manifestations » du 15 mars. En fait, elle cherchait à prendre la direction de la contestation avant cette date. Mais le peuple a boycotté cette initiative les mardis 1er et 8 mars. L’opposition officielle n’a pas réussi son coup, mais de plus soulignons qu’en vertu de son initiative des mardis de la contestation, dès le 8 mars, elle s’est retrouvée obligée de cautionner la soirée du 15 mars. Prise au piège, l’opposition officielle a oublié ses mardis de la contestation, elle a appelé le peuple à participer à la Journée des Morts instaurée par le régime avant de s’éclipser pour ne pas expliquer son choix. Ses milliers de sites et blogs ont également cessé leur agitation virtuelle pour éviter tout débat. Les dirigeants du régime qui avaient ainsi perdu leur joker ont également cessé de paraître en public pour ne pas provoquer la rue. L’ensemble du personnel du régime (dirigeants et soi-disant opposants) ont refait surface le samedi 12 mars avec un plan simple : laisser les gens chanter et danser, mais neutraliser les effets de leur action en diffusant des vidéos où les gens célèbrent cette fête avec des cris d’Allah Akbar et des slogans favorables à la fausse opposition officielle et islamiste. Comme d’habitude, les images sont floues, on ne voit personne, mais on entend les slogans chers au régime. Il y a aussi des vidéos floues où le sous-titre et la bande son évoquent des affrontements avec les miliciens pour montrer qu’il existe des troupes fidèles afin de pouvoir intimider le peuple et le dissuader d’autres actions de ce genre. Le régime et sa fausse opposition continuent d’ailleurs dans cette voie car la participation a été géante. Les Américains, qui ont besoin d’un régime islamique en Iran pour agiter l’Asie Centrale et ne peuvent cautionner la demande d’un régime laïque, ont aidé le régime en diffusant un pot-pourri de vidéos concoctées par la bande de Moussavi sur leurs télévisions dont VOA-Farsi. Ils ont également réduit au maximum la visibilité des vidéos envoyées par les anonymes iraniens vers leurs correspondants qui ont un compte Youtube afin de marginaliser la danse contestataire. Pour ne laisser aucune chance aux Iraniens, les Américains et leurs collègues européens ont également banni de leur média toute référence à la célébration de la fête du feu dans les autres pays ou régions persanophones. Par la suite, pour entériner et officialiser la vision déformée par les Américains, d’autres employés de la fausse opposition ont rediffusé les vidéos islamistes favorisées par Youtube tout en citant les vidéos de danse comme des choses marginales et sans importance. Mais grâce à l’assiduité de quelques collaborateurs zélés, nous avons retrouvé plus d’une dizaine de vraies vidéos de la soirée avec des images claires, le vrai visage de l’Iran : des gens qui dansent sans peur car le régime a perdu le soutien des forces armées. Les autres photos de la semaine confirment ce fait et donnent toute une force inouïe à la contestation du mardi 15 mars 2011. Les voici. Elles vous permettent de jauger nos troupes et les leurs, notre vérité et leur propagande. Avant de voir ces images qui couperont l’appétit des larbins du régime, revenons un peu en arrière vers le mardi 8 mars. Le régime était alors perdu car le peuple venait de boycotter la seconde et dernière date des mardis de la contestation privant la fausse opposition, le joker du régime, de toute chance de se mêler à la contestation pour amortir la chute du régime. Ce boycott avait contribué à une baisse du nombre des partisans du régime car personne ne veut être du côté des perdants surtout des perdants criminels. Ainsi diminué, le régime avait d’abord tenté de montrer les dents avant de sombrer dans le silence. En l’absence des vrais dirigeants, la scène a été occupée par des sous-fifres comme le maire de Téhéran. Ce dimanche, du moment que le régime a trouvé la solution pour contrer le peuple, le maire bouche trous a cessé de se mettre en avant, le vrai patron du régime, Larijani, a pris le relais, mais dans une action très significative : en présidant un grand sommet des commandants de la milice, des acteurs de la résistance passive. Autrement dit, les renseignements et la répression préventive, une manière d’insinuer la force de résister pour intimider le peuple et rassurer les derniers partisans du régime à l’heure de la faiblesse et d’un possible danger.
Puisque cette base lui fait défaut, le régime a choisi l’insinuation en enchaînant des annonces sur le succès des caravanes de pèlerins sur les lieux de mort des commandants de la milice tombés en martyrs sur le front de la guerre Iran-Irak. Il a aussi évoqué le recrutement des milliers d’enfants pour assister la police et fait état de la tenue d’une grande manœuvre policière et des diverses cérémonies avec les forces armées. Mais, cela n’a pas convaincu car les images n’ont pas été à la hauteur des insinuations. Il y avait très peu de personnes lors des journées de mémoire organisées par le régime en l’honneur des martyrs de la guerre, moins d’une centaine de fillettes qui ne semblent pas au courant de ce que l’on attend d’elles et enfin les manifestations militaires de la semaine faisaient encore une fois appel à des écoliers.
Voici dans l’ordre les images que nous avons trouvées : 6 rassemblements dansant à Téhéran suivis d’un concert de klaxons à Rasht, 2 rassemblements dansant à Ispahan dont un sous les arcades du Pont Khajou, un lieu très populaire, 1 rassemblement à Chiraz, un à Bandar Pahlavi et un dernier très explosif à la ville soi-disant très religieuse de Machhad.
Jeudi, la fausse opposition devait réunir ses partisans dans le grand cimetière de Téhéran, mais la fête géante a dû les démoraliser car il n’y a eu aucun attroupement. La fausse opposition a fait état d’une présence massive de miliciens au cimetière pour empêcher ses partisans de manifester, mais les photos montrent un cimetière quasiment vide : non seulement, il n’y avait pas là les troupes annoncées, mais encore les visiteurs habituels ont évité de s’y rendre pour ne pas être comptés parmi les partisans d’une entité pro régime. © WWW.IRAN-RESIST.ORG
Vendredi, conscient des effets de cette défaite, le régime a tenté d’organiser une nouvelle manifestation sur la Place de la Révolution avec les gens qui assistent à la Prière de vendredi. Le régime a évité les prises de vue du haut des immeubles et les photos font état de l’occupation d’¼ de la place, soit au plus 2000 personnes.
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