Iran : Les derniers souffles de l’islamisme 07.12.2010 Nous sommes le 7 décembre. A cette date, avant la révolution, les islamistes iraniens se réunissaient en mémoire de trois étudiants « tués par les soldats du Chah », mais en fait, trois islamistes tués par des gens de leur camp pour accuser le pouvoir en place. Après la révolution, cette date a reçu le nom de la Journée de l’étudiant et devint un rendez-vous annuel de la milice estudiantine chargée de promouvoir l’islamisme à l’université. Depuis l’année dernière, cette journée a été confisquée par le Mouvement Vert, la fausse opposition interne pleinement islamiste. Etant donné que personne ne veut plus de l’islamisme, en prévision d’un boycott mémorable confirmant le rejet du régime dans sa totalité, du côté de Téhéran, on assiste à un festival de mises en scène ou d’excuses invraisemblables comme la pollution de l’air pour expliquer l’absence de manifestations pro-Vert. Il y a une semaine, le régime devait organiser des grandes manifestations à la gloire du Bassidj, sa milice chargée de la répression urbaine, force dont le nom doit tenir les opposants à distance. Mais les jeunes qui formaient cette milice essentielle pour la sécurité du régime ont rompu avec lui au moment du soulèvement du peuple iranien en juin 2009 et boycottent depuis cette date toutes ses manifestations. En leur absence, le régime se sent menacé par le peuple. Deux semaines avant la tenue des manifestations qu’il ne pouvait pas organiser, le régime avait annoncé la tenue d’un très grand rassemblement de 110,000 miliciens à Téhéran pour sauver la face et intimider le peuple, mais à trois jours du rassemblement, il l’avait annulée pour cause de pollution de l’air à Téhéran ! Il avait ainsi retenu les Iraniens chez eux et loin de ces témoins de son isolement, en interne, il avait organisé un rassemblement sur un terrain vague près de Qom avec quelques 4000 figurants. Puis ces médias (y compris ceux de sa soi-disant opposition) avaient évoqué la mobilisation 110,000 miliciens prêts à mourir pour le guide. Cette semaine, avec l’obligation politique et propagandiste d’organiser dignement la Journée (très islamiste) de l’Etudiant, le régime s’est retrouvé dans une situation similaire que pour la célébration du Bassidj car depuis des années la mobilisation pour cette journée du 7 décembre ne dépasse guère la barre des 2000 à 3000 manifestants (en fait, les membres de la milice universitaire BCU qui sont les futurs cadres du régime). Devant ce nombre insuffisant, le premier réflexe du régime a été de jouer une variante de la solution préconisée pour la célébration du Bassidj. C’est pourquoi depuis deux semaines, les médias de son opposition interne, le Mouvement Vert, ont évoqué une forte mobilisation du peuple dans sa totalité. Puis dimanche, à trois jours de la manifestation, le régime a annoncé un pic mortel de pollution et a interdit toute sortie pour tenir les curieux éloignés et aussi pour expliquer l’absence des Iraniens (soi-disant acquis à la cause islamiste) aux abords du campus l’université de Téhéran. Le principal site du Mouvement Vert a bien évidemment évoqué le problème sans remettre en cause son authenticité !
Face à ce problème logique, le régime et son Mouvement Vert ont fait appel à la prestidigitation (de presto digiti qui signifie agilité des doigts) : un sacré tour de passe-passe basé sur la rapidité des actions ! 1 | Avant-hier soir, les animateurs du Mouvement Vert et le régime lui-même ont mis en avant la présence d’un important dispositif sécuritaire autour des campus pour empêcher toute manifestation débordant dans les villes. Mais étant donné que le régime manque de personnel sécuritaire depuis la rupture des Bassidjis, ces annonces ne pouvaient être accompagnées de preuves en images. Il n’y a pas eu d’images vidéo. Nous avons cru que le régime avait fait une erreur. C’est nous qui étions dans l’erreur. 2 | Hier matin, le régime a fourni l’image du dispositif sécuritaire. En fait, en l’absence effective des troupes évoquées, le régime a abandonné l’idée d’un reportage montrant ce dispositif sécuritaire en choisissant de le suggérer via une vidéo amateur très floue d’un partisan du Mouvement Vert. Le résultat est assez comique : en fait, on ne voit rien que 3 ou 4 soldats, mais selon le modèle narratif affectionné par les Verts : un type chuchote pour évoquer la présence de centaines de soldats armés jusqu’aux dents.
Et 1 et 2 et 3, dans l’opération, on a zappé le campus ! L’opération permet aussi de cacher la chute du nombre des participants : malgré le son évoquant des centaines de personnes, selon les images signées par les manifestants, ils n’étaient en fait qu’une cinquantaine ! Le régime a aussi perdu cette milice universitaire qui a toujours été le bastion de ses éléments les plus fidèles au modèle islamiste !
| Mots Clefs | Resistance : Boycott (du régime ou du Mouvement Vert) | | Mots Clefs | Réformateurs & faux dissidents : Le Mouvement Vert |
|