![]() | |
Iran : La semaine en images n°142 07.11.2010 Il y a un mois, le Bazar de Téhéran s’est lancé pour la seconde fois cette année dans une très longue grève hostile aux mollahs. Cette grève a paralysé des secteur-clefs de l’économie comme la spéculation, la construction ou encore la confection… Le régime a tenté de la casser, mais il n’y est pas parvenu. Cela a confirmé l’absence de soutien de ses miliciens, une absence déjà remarquée tout au long de l’année pendant les grandes manifestations emblématiques du régime. La grève du Bazar a remis en cause l’autorité et la capacité de répression du régime. De peur que cela n’encourage le peuple à le contester, le régime s’est lancé dans des mises en scènes axées sur la force et la fidélité de ses miliciens pour intimider les Iraniens ou du moins les démoraliser. Cette semaine, le régime s’est montré plus méchant car il devait selon sa tradition organiser un grand défilé de ses « miliciens fidèles » pour l’anniversaire de la prise d’otages des diplomates américains. (vous pouvez cliquer puis zoomer sur les images pour les agrandir une ou deux fois) Le 4 novembre 1979, les étudiants partisans de Khomeiny ont escaladé le mur de l’ambassade américaine à Téhéran. Ils se sont alors emparés des archives secrètes de l’ambassade qui faisaient état de soutiens financiers américains à de nombreux révolutionnaires islamistes qui insultaient Washington ! En effet, ce dernier avait financé la révolution islamique pour créer un Etat islamiste apparemment hostile à ses intérêts pour agiter l’Asie Centrale sans être soupçonné. Les étudiants partisans de Khomeiny ont publié des morceaux choisis des documents trouvés qui révélaient des aides financières à Nehzat Azadi, parti islamo-fédéraliste dont les membres formaient le gouvernement provisoire, car l’opération était un règlement de compte. Khomeiny, le doyen des islamistes iraniens, connaissait ce financement occulte et en profitait lui-même. Ses relations avec Nehzat Azadi étaient d’ailleurs bonnes au point d’accepter que les membres de ce parti soient ses lieutenants à Paris. Mais à la victoire de la révolution islamique en février 1979, ces fameux lieutenants se sont emparés de tous les leviers du pouvoir en écartant Khomeiny et ses proches. Washington s’était servi d’eux pour placer au pouvoir des pions d’apparence anti-américains. Le 4 novembre 1979, Khomeiny et ses partisans se sont emparés des archives pour divulguer les liens cachés entre Washington et le gouvernement provisoire de Bazargan, le fondateur de Nehzat Azadi. La révélation de cette imposture a discrédité Bazargan : son gouvernement a donné sa démission. Khomeiny et ses partisans ont alors pu prendre le pouvoir. Ils ne cherchaient pas à nuire aux projets américains, mais à avoir leur part du butin. De fait, le 4 novembre 1979 est le véritable anniversaire de leur victoire. Ils l’appellent même la seconde révolution islamique ou encore Youm Allah, la Journée de Dieu ou la Journée de la victoire divine. Mais étant donné que depuis cette date, Washington utilise divers moyens assez violents pour les forcer à restituer le pouvoir à ses pions de Nehzat Azadi, la journée du 4 novembre doit être célébrée avec faste pour montrer la popularité absolue du régime ! Pour illustrer cette popularité victorieuse, le régime a fait du 4 novembre ou 13 Âbân la Journée des Collégiens. Les enfants iraniens étant enrôlés d’office dans la milice bassidj, cette journée a été pendant des années celle de la relève islamiste parfaitement endoctrinée prête à tuer pour la sauvegarde du régime. Mais l’année dernière, en regardant les images de cette fête, nous avons remarqué que l’on ne voyait aucun jeune de la milice bassidj. Ils avaient en fait rompu avec le régime en juin 2009, pendant le soulèvement du peuple iranien en refusant de participer à la répression. Leur boycott de la journée emblématique de la seconde révolution a excédé les mollahs : ils ont d’abord été désarmés, puis le régime a démantelé leurs brigades qui étaient en charge de la sécurité de la capitale et des dirigeants. Leur désarmement a été un tournant car le régime a été privé de sa relève. Il a alors renoncé à ses défilés en armes pour intimider le peuple. Puis en mars dernier, on a vu des miliciens trentenaires défiler en armes. Mais peu de temps après, nous avons entendu parler d’une vague massive de démissions parmi ceux-là et parmi les quadras au point que le régime a même dû publier une circulaire pour interdire ces démissions. Depuis, il n’y a pas eu de grands déploiements urbains de la milice. Les deux grandes grèves du Bazar ont démontré que les mollahs n’avaient plus de troupes, mais uniquement des gradés d’une cinquantaine d’années. Cet été, le régime a touché le fond avec la mobilisation de 3000 civils pendant la journée de Qods qui doit être la vitrine du soutien de la milice. Les semaines suivantes, sa capacité de mobilisation a encore baissé de même que sa capacité de recrutement. Il ne pouvait que mal aborder l’idée d’organiser un défilé majestueux devant l’enceinte de l’ambassade américaine. Craignant qu’un échec ne contribue à mettre en exergue son isolement, au début de la semaine, le régime a organisé des manifestations de puissance. Le samedi 30 octobre, 1er jour de la semaine en Iran, la première manifestation de ce genre a été l’annonce que le régime a une réserve en devise supérieure à 100 milliards de dollars. En d’autres termes, le régime affirmait qu’il pouvait résister aux sanctions, mais aussi payer les salaires de ses miliciens. Peu de gens ont cru à cette annonce car le pays importe plus qu’il n’exporte et par ailleurs pour résister aux sanctions, le régime a décidé de supprimer les prix subventionnés pour augmenter les prix afin de limiter la consommation des Iraniens et donc ses dépenses pour approvisionner le marché. L’annonce n’a donc pas suffi. Dimanche, second jour de la semaine en Iran, le régime a envoyé son président, Ahmadinejad, à la Télévision pour convaincre les Iraniens que tout allait bien ! Cela se voit à sa tête !
Ce jeudi, il n’y a pas eu de défilé car le régime avait disposé la tribune et sa zone VIP en plein milieu de voie du défilé : l’avenue Taleghani ! Grâce à cette disposition, il avait mis ses rares derniers fans masculins d’un côté de l’enclos des VIP (qui est presque vide) et les femmes de l’autre côté de cet enclos. (vous pouvez cliquer puis zoomer sur les images pour les agrandir une ou deux fois)
<br /
|