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Iran : Le Bazar est en grève dans 5 grandes villes !
28.09.2010

Depuis hier, les Bazars de plus de 8 villes d’Iran sont en grève. Alors que la nouvelle est en tête des unes de tous les sites d’infos en persan, on n’en voit trace dans les médias occidentaux. Les Etats Occidentaux qui cherchent une bonne entente avec ce régime censurent l’info comme au moment du soulèvement du peuple iranien durant l’été 2009.



Depuis plusieurs semaines, nous signalions un éloignement toujours plus important entre le Bazar et le pouvoir. C’est un fait important car le Bazar est l’allié historique du clergé et aussi un des artisans de l’accession au pouvoir des mollahs notamment grâce à ses grèves. La cause première de cet éloignement est le refus des mollahs de tout apaisement avec les Etats-Unis pour mettre fin aux sanctions de ce pays, sanctions qui ont ruiné l’Iran en général et les Bazaris en particulier. Le Bazar aurait aimé que le régime qu’il a toujours soutenu accepte une entente avec Washington, mais les mollahs ne peuvent pas accepter car l’évolution vers une république islamique au service des intérêts américains passerait nécessairement par un transfert de tous leurs pouvoirs entre les mains des pions islamo-fédéralistes de Washington. Pour les mollahs, tout apaisement est exclu et ils cherchent même depuis des années à neutraliser l’apaisement en se montrant très hostiles vis-à-vis des Etats-Unis. On ne sait pas si le Bazar a menacé ou pas les mollahs de les déstabiliser avec des grèves s’ils continuaient à refuser tous les compromis proposés par Washington, mais on peut le supposer car ces dernières années, Bazar a toujours eu de grands malheurs à moment précis où le régime était en train de refuser des offres publiques de réconciliation comprenant la promesse de la fin des sanctions.

Ainsi en octobre 2008 au moment où Téhéran était en train de refuser une incroyable proposition américaine de reconnaissance diplomatique, le Bazar s’est vu imposé des taxes très lourdes (73% de leurs bénéfices). Il a entamé une grève. Le régime a agressé les meneurs et a menacé les Bazaris de poursuites judiciaires lourdes avant d’annoncer un gel du projet et non l’abrogation exigée par les grévistes. Le Bazar avait alors reculé, mais il a pris sa revanche en 2009.

Au cours de l’été 2009, le régime a décidé d’organiser une fausse révolution de couleur sur le thème de retour aux valeurs fondamentales de la révolution islamique (c’est-à-dire le refus de toute réconciliation avec les Etats-Unis) afin de donner une légitimité démocratique à son refus de compromis. Il avait alors besoin d’avoir du monde dans les rues pour la mise en scène de sa révolution d’opérette appelée la Vague Verte, mais le Bazar qui représente 5 millions de personnes n’a pas participé à l’aventure. Le régime a dû inciter les Iraniens à manifester via les médias d’opposition qu’il détient à l’étranger. Il a ainsi attiré le peuple dans les rues, mais le projet a viré au cauchemar pour le régime car les Iraniens ont profité de l’occasion pour scander des slogans hostiles à son égard. Ce soulèvement n’a pu renverser le régime car les Etats-Unis et leurs alliés Européens ne l’ont pas soutenu. Les premiers parce qu’ils veulent une alliance avec un Etat islamiste pour agiter les musulmans chinois et les seconds pour les contrats très avantageux signés avec les mollahs. Les Iraniens réprimés ont abandonné la rue pour continuer leur contestation par un boycott du régime et son Mouvement Vert. Le Bazar aurait alors pu entrer en scène pour sauver le Mouvement Vert, qui le lui a demandé, mais il n’a pas bougé. De fait, on peut dire qu’il est resté neutre en ne prenant ni sa partie, ni celle du peuple. Il s’est alors positionné comme une force d’opposition dormante. Le même comportement a été observé chez les jeunes miliciens du Bassidj chargés de la sécurité urbaine.

Le régime n’a pas été sensible à cette double neutralité qui lui a évité sa chute, il a continué à multiplier les provocations pour neutraliser les chances d’un apaisement. Mais conscient du Bazar, en octobre 2009, au moment précis où il s’apprêtait à refuser l’offre nucléaire qualifiée de dernière chance, la section textile qui est la plus politisée du Bazar a pris feu et a brûlé pendant plusieurs heures par la faute d’une intervention tardive des pompiers de Téhéran, un service des Pasdaran. Il n’y eut alors aucune visite de courtoisie pour soutenir l’allié historique, mais le Bazar a encore brûlé la semaine suivante au moment de la confirmation de refus de la proposition et l’on a entendu les « pompiers » affirmer que le Bazar pourrait encore brûler.

Les relations entre les deux alliés se sont encore plus détériorées quand en janvier 2010 les Bazaris ont réalisé que le régime avait ponctionné leurs comptes bancaires pour compenser son manque de devises. La rupture a été scellée quand le régime a interdit aux victimes de fermer leurs comptes bancaires en les menaçant de poursuites judiciaires et d’expropriation.

En juillet 2010, le régime a annoncé l’entrée en vigueur du projet d’imposition qu’il avait gelé en 2008. Quand le Bazar s’est mis en grève, le Mouvement Vert (fausse opposition conçue par le régime) a appelé les Iraniens à manifester sous sa bannière en solidarité avec le Bazar. Les Bazaris ont compris qu’ils avaient été poussés à faire grève pour permettre au régime d’attirer les Iraniens dans la rue afin de simuler sa fameuse révolution verte qui doit légitimer le refus de dialogue avec les Etats-Unis. Les Iraniens n’ont pas été dupés par cette ruse, le régime a retiré son projet d’imposition, mais les Bazaris ont profité de l’occasion pour entamer une grève nationale. Elle a duré 20 jours car le régime n’a pas pu casser le mouvement faute de troupes favorables à cette répression. Durant ces 20 jours, le Mouvement Vert ne s’est plus manifesté. Cette grève aurait pu renverser le régime si le peuple avait bougé, mais ce dernier ne l’a pas fait d’une part parce qu’une grande méfiance règne en Iran, et d’autre part, le peuple n’a constaté aucun soutien de la part des Occidentaux. Ces derniers ont même focalisé avec l’aide des mollahs l’attention de leurs citoyens sur une affaire de lapidation pour les détourner de l’actualité politique du pays.

Quand la grève s’est essoufflée, Téhéran a classé l’affaire de la lapidation de Sakineh et il a décidé de punir le Bazar avec l’incendie du Bazar de Kermân et quelques expéditions punitives qui se sont soldées par la mort de plusieurs Bazaris à Machhad. Les Etats Occidentaux ont aussi cessé de parler de Sakineh en oubliant leur fameux attachement à l’abolition de la peine de mort car l’objet de leur opération n’était pas de parler de l’Iran, mais de redéfinir ses urgences.

À ce moment-là, dans nos émissions radiophoniques diffusées en Iran, nous avons appelé nos compatriotes à être sensibles à ce soutien passif et infaillible des Occidentaux aux mollahs, mais aussi à l’impossibilité pour le régime de rétablir l’ordre afin de considérer les Bassidjis et les Bazaris comme des alliés et en conséquence être prêts à envisager de les épauler pour renverser le régime sans l’aide de l’étranger avec des manifestations géantes quand l’occasion se présentera.

La mort de plusieurs Bazaris à Machhad a provoqué une nouvelle grève. Après l’adhésion de deux grandes villes à cette grève, le régime a eu peur d’être face à un mouvement national plus ample. Il a alors relancé l’affaire Sakineh pour accaparer l’attention de l’opinion occidentale. Les Etats Occidentaux ont à leur tour relancé l’affaire Sakineh sans parler de la situation au Bazar ainsi que des Bazaris tués pour redéfinir encore une fois les urgences iraniennes.Téhéran a été ravi par ce soutien passif qui prive ses ex-alliés d’un quelconque soutien occidental, mais le problème étant le risque réel d’un soulèvement populaire, il a évoqué sa disposition à dialoguer avec les Etats-Unis pour récupérer le Bazar et les Bassidjis qui lui demandaient une telle attitude pour en finir avec les sanctions qui les pénalisent.

Ce revirement du régime (à la veille du Ramadan) n’a pas provoqué les effets escomptés car la mobilisation a été nulle pendant la journée de Qods qui a lieu le dernier vendredi du Ramadan. Le régime a réuni environ 10,000 indigents pour donner l’illusion d’une mobilisation. Une semaine plus tard, il a appelé à une très forte mobilisation pour la fête de la fin du Ramadan : cette fois, il n’a même pas réussi à réunir ses 10,000 manifestants de la Journée de Qods, mais uniquement 3000 personnes. Le boycott a été plus fort quand il a appelé à des manifestations géantes contre le projet du Pasteur Jones de brûler le Coran. Le régime a alors réalisé qu’il avait définitivement perdu le Bazar et les Bassidjis. Il a incendié une partie du Bazar de Machad avant de se lancer dans une politique de provocations lourdes pour casser la possibilité de toute entente.

L’une des pistes a été la libération mouvementée de Sarah Sourde, une américaine détenue en Iran pour espionnage. Washington s’était empressé d’insister sur le caractère bienveillant du régime. Les mollahs avaient compris que Washington cherchait à améliorer leur image pour ne pas nuire à l’entente. Le régime a alors décidé de tenir des propos choquant pour devenir si politiquement incorrect qu’Obama ne puisse envisager un apaisement. Pour empêcher les Américains de faire semblant de n’avoir rien entendu, le régime a balancé son discours vénéneux le jeudi 23 septembre à l’occasion du discours d’Ahmadinejad lors de l’Assemblée Générale de l’ONU à New York. Obama a parlé des propos inexcusables.

Le régime des mollahs a ainsi privé Washington de l’entente qu’il souhaite lui imposer depuis plus de 15 ans avec des sanctions économiques. Désormais, Washington ne pourrait parvenir à cette entente qui lui assurerait une hégémonie absolue sur la planète que s’il accepte de composer avec les mollahs, ce qui le conduirait à revoir sa politique générale au Moyen-Orient sans avoir la moindre garantie d’une coopération des mollahs.

Cette position forte qui offre au régime les moyens de marchander a fait sursauter les Russes : au nom de la menace nucléaire iranienne, ils ont déclaré qu’il fallait sanctionner les mollahs alors que la veille quand le régime était leur chose, ils avaient évoqué l’absence de preuve sur l’existence d’un programme nucléaire militaire en Iran. Cette position forte qui permet au régime d’enquiquiner Washington a aussi fait sursauter nos Bazaris : ils y ont vu également la possibilité de nouvelles sanctions américaines. Ceux de Machhad ont commencé une grève dès jeudi après le discours d’Ahmadinejad.

Le coup de Jarnac des mollahs à l’ONU a provoqué une réaction forte de la part des Etats-Unis. Mais au lieu de parler de nouvelles sanctions, le président Américain a laissé entendre que son pays allait aider l’opposition. Les sections des marchants de métaux, de l’or et du textile du Bazar de Téhéran ont boycotté la Prière de Vendredi pour commencer à faire grève (comme on peut le voir sur ces vidéos).
© WWW.IRAN-RESIST.ORG


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Les Bazaris grévistes de Téhéran ont été agréablement surpris par l’adhésion des Bazars de Shiraz, Qom, Ghazwin, Neyshabour, Torbat-Heydarieh, Sabzevâr… Hier, les commerçants de Téhéran ont commencé à manifester aux abords du Bazar en appelant les commerçants des autres sections à se joindre à leur mouvement.
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Le régime a été surpris. 5 jours après le début de la grève, il a annoncé qu’il interdisait deux partis soi-disant modérés de sa fausse opposition interne pour laisser supposer un lien entre ces partis et ces grèves afin que les Occidentaux n’y voient pas un soulèvement et que les Iraniens assimilent ces grèves à une opération du régime pour la promotion du Mouvement Vert et n’y participent pas. C’est une manœuvre hasardeuse car les trois guignols qui dirigent le Mouvement Vert (Moussavi, Karroubi et Khatami) devront appeler le peuple à manifester : les Iraniens trouveront une occasion pour manifester alors que le monde entier observera le pays comme en juin 2009. Ils pourraient alors renouveler leur exploit de l’été 2009, mais cette fois en ayant le Bazar à leur côté.

Les Iraniens pourraient passer de la contestation passive à base de boycott des manifestations du régime à une contestation active avec des marches pacifiques, mais aussi des grèves dans la fonction publique ou les usines du régime.

Les choses iraient tellement plus vite si les Etats Occidentaux cessaient de censurer la nouvelle. Cette grève est bien la preuve que l’on ne peut pas étouffer une contestation en la censurant.

Notre peuple paierait un prix moins élevé si l’Occident laisser choir ce régime mourant. Nous appelons l’Etat Français à prendre l’initiative en ce domaine en cessant vainement à détourner l’attention avec Sakineh, Hossein Derakhshan et à présent le Ver informatique pour parler de la situation et apporter son soutien officiel au leader spirituel de l’opposition laïque favorable à un changement de régime, le prince Reza Pahlavi [1].


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| Mots Clefs | Résistance : Grèves |
| Mots Clefs | Enjeux : Changement de régime |

| Mots Clefs | Résistance : Menace contre le régime |</font

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[1Décodages de la popularité de Reza Pahlavi en Iran | Il faut préciser que sous le règne de son grand père, Reza Shah, l’Iran a commencé à s’industrialiser avec des revenus pétroliers inexistants.

Pendant les 57 ans de règne des deux monarques Pahlavi, l’Iran a rompu avec un passé guerrier et au lieu de faire des conquêtes, il travailla dur. Il le fallait car durant ces 57 ans, le pays a eu en tout 123 milliards de dollars de revenus pétroliers dont la majeure partie de 1973 à 1978. Ce pays a en fait était bâti sans les revenus pétroliers, mais avec de la volonté et une bonne gestion des affaires.

Quand le Chah se retira pour éviter un bain de sang et confia le pouvoir à un gouvernement composé de ses opposants, les caisses de l’Etat étaient pleines et excédentaires de près de 13 milliards de dollars (l’équivalent de 3 mois d’exportations), l’Iran possédait également des avoirs aux Etats-Unis et ailleurs (Eurodif, 12,5 % des parts de Mercedes Benz, 25% de Krupp, mais aussi des raffineries de pétrole en Inde et en Afrique du Sud).

Mais après 29 ans de pouvoir mafieux des mollahs, l’Iran prétend avoir gagné plus de 1000 milliards de dollars de revenus pétroliers et on sait qu’il a plus de 1500 milliards de dollars de dettes ! La monnaie vaut 1/1000 du temps du Chah. A l’époque de ce dernier, les femmes étaient libres et actives, les minorités jouissaient des libertés de confession, on pouvait changer de religion, depuis le milieux des années 60, les jeunes intellectuels de gauche travaillaient au sein d’une cellule pour apporter leurs idées et compléter les réformes décidées par le Chah dont l’une des mesures imposait la redistribution de 20% des bénéfices des sociétés aux employés et aux ouvriers. A cette époque incroyable, l’Iran importait même des travailleurs en attendant de former plus de spécialistes.

Mais la révolution mit brutalement fin à tous ces élans, à tous les grands travaux, Khomeiny plébiscita une guerre qui détruisit les industries et élimina près de 40% des ces jeunes qui allaient être les maîtres du monde dans un pays riche et travailleur. Que reste-t-il aujourd’hui de l’Iran : 85% des jeunes sont sans emploi, l’économie est morte, la jeunesse désoeuvrée, déprimée et défoncée, et le pays qui est si riche n’exporte que des chômeurs ou des prostitués. Le fric va aux mollahs et ce sont les Iraniens qui vivent les dettes et la déchéance.

Reza Pahlavi est très populaire car c’est un démocrate, mais aussi parce que sa famille a bâti l’Iran malgré l’opposition de ces mêmes mollahs jusqu’au-boutistes et retors ainsi que leurs différents alliés iraniens ou étrangers.
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