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Iran : La semaine en images n°122 20.06.2010 Le 12 juin dernier devait avoir lieu l’anniversaire du Mouvement Vert partisan de Moussavi qui prône le retour aux valeurs de la révolution islamique, c’est-à-dire le refus de tout compromis avec l’Occident. Ce Mouvement soi-disant démocratique a été inventé par le régime pour donner une légitimité populaire au refus de tout dialogue ou apaisement avec les Américains. Il y a un an, les Iraniens qui connaissent bien le passé de Moussavi n’étaient pas descendus dans les rues à l’appel de ce mouvement le représentant, ils ont agi de même cette année. En revanche, l’année dernière, les Iraniens avaient profité de l’autorisation de manifester accordée à cette fausse opposition pour descendre massivement dans les rues le 15 juin. Cela avait donné lieu à un soulèvement qui avait duré 10 jours faisant des centaines de morts. Cette semaine, pressé par une nouvelle résolution, Téhéran devait absolument réanimer ce Mouvement Vert de repli islamique. Il a donc déployé des trésors d’efforts indirects pour encourager une mobilisation à l’occasion de l’anniversaire du soulèvement du peuple iranien. Ces efforts ont été un échec : il n’a pas pu entrer dans l’ère de refus légitime qui neutraliserait les résolutions onusiennes et leurs lots de sanctions qui visent les Pasdaran, milice islamiste mais aussi pilier économique du régime. De fait, il s’est retrouvé en prise directe avec les sanctions qui le visent. La semaine a été une suite d’efforts discrets pour la réanimation du Mouvement Vert et de discours dynamiques faisant état de sa capacité à surmonter toutes les sanctions et leurs promesses de difficultés économiques. Lundi 14 juin | La semaine dernière avait été terminée sur l’échec de mobilisation du Mouvement Vert, c’est pourquoi Téhéran a commencé celle-ci par une déclaration forte sur sa capacité à résister aux sanctions. Cela a été fait par le général milicien Salami lors d’une conférence sur le rôle des jeunes miliciens dans la sauvegarde des valeurs des Pasdaran…
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Les déclarations agressives font partie du paysage médiatique de la crise nucléaire iranienne. On les a entendues tout au long de la crise quand les Américains annonçaient de nouvelles sanctions, mais aussi par la suite en 2009, quand il n’y a eu aucune nouvelle sanction américaine, mais beaucoup d’efforts de dialogue de leur part. Cela est dû au fait que ces offres de dialogue n’ont pas été pas synonymes d’un gel des sanctions existantes. Téhéran a été sanctionné durement tout au long de cette année d’apaisement. L’annonce de l’apaisement a permis à Washington qui a besoin d’une entente avec les mollahs de repousser l’adoption de nouvelles sanctions fatales à ses futurs alliés utiles sans inquiéter son opinion publique qui le presse d’agir. Washington a aussi profité de son apaisement feint pour bombarder Téhéran d’offres d’investissements assujettis à un compromis bilatéral, offres stériles qui ont surtout fait rager les mollahs. La dernière en date est la signature cette semaine d’un accord de vente du gaz naturel au Pakistan (ci-dessous), accord qui n’apporte rien aux mollahs tant qu’ils seront sanctionnés par les Etats-Unis.
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Si la double guerre d’usure américaine (économique et morale) n’a pas réussi à faire plier les mollahs, elle a en revanche inquiété leurs partenaires commerciaux et adversaires économiques des Etats-Unis. N’étant pas rassurés par la capacité des mollahs à résister, ces Etats qui besoin des mollahs pour stopper l’expansion régionale des Etats-Unis ont rejoint le camp des sanctions pour faire à leur tour pression sur les mollahs afin de les empêcher de céder aux Américains. Le plus actif de ces Etats n’était pas la Russie ou la Chine, mais la Grande-Bretagne car elle est la principale adversaire des Etats-Unis sur le marché pétrolier depuis 1936. En cette année 2009 de faux apaisement mais vraies pressions américaines, la Grande-Bretagne a infligé deux grosses punitions aux mollahs : l’interruption d’investissement dans les mines d’or iraniennes du Kurdistan – qui ont provoqué la fermeture des mines- et l’arrêt des livraisons d’essence qui ont poussé les mollahs à réduire la consommation de 30%... Téhéran a été incapable de redémarrer l’exploitation de ses mines d’or et aussi il a été incapable de trouver de nouveaux fournisseurs d’essence ou de renforcer ses capacités de raffinage. Pour un Etat privé de devises par des sanctions pétrolières et bancaires américaines, cela a un nom : insolvabilité. Cette semaine, Téhéran a oublié les menaces en se concentrant sur la capacité de résistance des Pasdaran car il entendait neutraliser tout soupçon d’insolvabilité de la part de ses divers fournisseurs. On peut aussi préciser que le discours était doux car il ne s’adressait pas aux Etats-Unis ou aux Européens (amis d’Israël), mais au reste du monde. Mardi 15 juin | 24 heures après cette annonce teasing, le mardi 25 juin, Téhéran a annoncé l’extraordinaire vente à des sociétés appartenant aux Pasdaran de plusieurs blocs du champ gazier Pars Sud qui ne trouvaient pas de preneurs occidentaux. La vente a eu lieu sur le site en chantier des installations du bloc 24.
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L’une des photos prise sur le site où a eu lieu la vente montre un détail encore plus intéressant : le logo de l’une 4 des compagnies non fictives (IOEC) déjà sur les installations du chantier, ce qui laisse supposer que le régime a commencé le développement de ces champs par ses propres compagnies bien avant l’annonce conçue pour évoquer la solvabilité des Pasdaran.
Cet appel a été censuré pour éviter tout escalade. Le régime a alors tenté sa chance avec Ahmadinejad qui attire facilement les journalistes : lors d’un voyage régional, il a promis de punir les Occidentaux avant d’accepter le dialogue à certaines conditions. Ce discours étant du genre normal (c’est-à-dire agressif), il a été écourté et purgé pour devenir : l’Iran, accepte le dialogue à certaines conditions. Ce qui est une approche très « normale » depuis quelques mois. Du fait de sa normalité, le discours n’avait pas d’importance particulière. Il a cependant été dit lors d’une sortie régionale qui, elle, a été un nouvel échec de mobilisation pour le président du régime (issu non pas d’un coup d’Etat, mais d’élections bidons boycottées par le peuple depuis de très nombreuses années). On le voit ici à son arrivée, sur le trajet et devant ses admirateurs (gonflés à coup de Photoshop).
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La récupération des opposants morts sous l’appellation islamistes de Martyr avait commencé le 13 juin par le Mouvement Vert après son échec de mobilisation le 12 juin. Mais devant la gravité de la situation nécessitant la réanimation du Mouvement Vert de repli, le régime a consenti à publier des articles pour en parler dans tous ses journaux. Le jeudi 27 juin, le régime a même réuni les responsables des médias, qualifiés de vrais combattants d’Islam, pour les encourager à agir (photos 1,2 & 3), mais cela n’a rien donné : personne ne s’est déplacé. Dépité, Téhéran a parlé d’une mobilisation à l’échelle des quartiers ! Les images diffusées sont lamentables !
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