La victoire de la force tranquille des mollahs | Depuis des mois, Washington propose le dialogue aux mollahs et court après un compromis avec eux. Il n’est pas amoureux de leur barbe, il a besoin du pétrole et du gaz iraniens, de l’Iran comme couloir d’accès vers l’Asie Centrale et le Caucase qui regorgent de gaz. Et enfin, il entend utiliser les mollahs qui sont les idoles de la rue musulmane pour embrigader les musulmans de ces régions et en chasser les concurrents pétroliers déjà sur place. Washington voit dans les mollahs la clef d’une mainmise absolue sur le marché pétrolier mondial, ce qui explique la main tendue par Obama ! On pourrait penser que les mollahs affairistes n’ont que des bonnes raisons d’accepter cette main tendue, mais cela n’est pas possible car une entente obligerait les mollahs à se mettre aux normes américaines en autorisant des élections démocratiques ; occasion pour les Américains de placer au pouvoir des islamistes iraniens formés à Washington pour servir les intérêts américains à l’image de la bande à Maliki en Irak ou celle de Karzaï en Afghanistan.
Les mollahs ne peuvent même pas envisager une solution intermédiaire pour une entente à distance car ils sont officiellement les plus grands alliés de la rue arabe : le moindre apaisement avec un Etat protecteur d’Israël comme les Etats-unis les priverait du soutien de la rue arabe à la milice Hezbollah. Les mollahs seraient alors privés de leur pouvoir de nuisance régionale et sans ce pouvoir, ils devraient se soumettre en acceptant une entente totale synonyme d’une transition de pouvoir vers les islamistes bcbg de Washington. De fait, Téhéran n’a qu’un choix : refuser tout apaisement. C’est la base minimale qui convient à la rue arabe pour qui, quiconque ne dit pas mort à Israël, est un sioniste.
Ce refus de compromis prive Washington de son Graal pétrolier, mais aussi, il le met en position de devoir sanctionner plus durement les mollahs au risque de renverser ces futurs alliés plus qu’utiles. En 2009, pour éviter cette catastrophe dans ses projets d’hégémonie, Washington a misé sur une guerre d’usure économique et des invitations au dialogue, qui à défaut de piéger les mollahs dans l’apaisement, auraient contribué à améliorer leur image pour éviter les sanctions que Washington ne peut pas appliquer. Le projet central de cette année 2009 a été la restitution par l’Iran de stock d’uranium enrichi contre du combustible franco-russe pour mettre fin à la destination finale de l’uranium enrichi iranien. Cela aurait gelé la nécessité de nouvelles sanctions pour 1 à 2 ans. Téhéran a estimé qu’on lui demandait de se séparer d’un uranium potentiellement dangereux pour Israël pour se faire désavouer par ses seuls alliés et aussi pour permettre à Washington de rallonger sa guerre d’usure à son encontre ! Il a donc refusé en donnant la priorité à l’amplification de la crise pour une escalade rapide afin que la peur d’une guerre fasse reculer les Etats-Unis.
La solution idéale des Américains s’est transformée en cauchemar ! Washington devait sanctionner les mollahs ce qui comporte le risque de provoquer leur chute, une chute synonyme de la fin des projets Américains en Asie centrale et dans le Caucase. Pour éviter cette évolution définitivement contraire à ses intérêts à long terme, Washington a maintenu les pressions économiques en leur ajoutant des promesses d’investissements via le Brésil, la Turquie, le Pakistan et l’Inde, des partenaires qui dépendent de ses aides économiques pour se développer. Parallèlement, il a érigé la Turquie et le Brésil, qui siègent actuellement au Conseil de Sécurité, comme des opposants à toute sanction. Et enfin, après avoir incité ces deux Etats à prendre des positions très pro palestiniennes, il les a expédiés en Iran pour trouver un compromis sur son projet d’échange en marge du sommet du G15 (ci-dessous) : il fallait un accord - n’importe lequel – afin de valoriser l’approche Obama qui combine des sanctions et le dialogue.
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Le Brésil et la Turquie ont accepté un échange qui ne réduit pas le potentiel nucléaire militaire des mollahs. Washington leur envoyait des adversaires d’Israël pour leur proposer de préserver leur menace potentielle contre Israël ! Les mollahs étaient donc assurés de signer un accord où ils auraient le beau rôle : celui d’avoir fait reculer Israël et son plus grand protecteur ! Nos barbus ont signé en sachant d’avance qu’ils allaient parler de cette victoire sans concession en insistant sur la poursuite de l’enrichissement pour séduire encore plus la rue arabe. Ils n’ont pas lésiné sur les moyens et les photos pour montrer qu’ils avaient enfin gagné !
Les mollahs ont d’abord diffusé les images de la signature des promesses d’investissements brésiliens (américains), puis ils ont diffusé les images de la signature de l’accord !
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Et 1, et 2, et 3… | et je signe et je lève les bras en l’air ! Téhéran est entré dans l’ère de la Victoire de la Force Tranquille selon le mot de Rahim-Mashaï, le conseiller d’Ahmadinejad, l’homme que le régime envisage actuellement comme son successeur. Ces images n’ont pas un grand intérêt en elles-mêmes sauf que l’on voit que l’accord n’a pas été signé en sortant d’une longue nuit de négociations ardues citées par la presse internationale, mais en même temps que la réunion des sommets des Chefs d’Etats de G15. En d’autres termes, il n’y a pas eu de négociations ardues : les choses étaient entendues.
Téhéran savait qu’il aurait une Victoire de sa Force Tranquille. Il se doutait cependant qu’elle serait de courte durée selon le délai choisi par Washington pour saluer l’accord avant de signaler la poursuite de ses sanctions. C’est pourquoi Téhéran s’est lancé dans une folle course d’évènements d’accompagnement propres à prolonger sa victoire afin de séduire ses fans de la rue arabe et préparer une escalade avant que le soufflet ne tombe. Le premier événement d’accompagnement a été l’organisation d’une manifestation de masse à caractère religieux alors que ses invités étrangers étaient à Téhéran. Le second événement d’accompagnement, prolongation de sa victoire, a été la libération de Clothilde Reiss présentée comme la libération d’un otage iranien retenu injustement depuis 18 ans par la France, un autre pays protecteur d’Israël. Puis, il a convoqué des mères des trois otages américains dans le but de les renvoyer chez eux sans leur enfant. Le régime a fini sa semaine de bravades avec l’organisation la première rencontre de la coalition des investisseurs iraniens basés à l’étranger qui vont neutraliser les sanctions américaines.
Ce programme de séduction de la rue arabe a plongé les photographes iraniens dans la peur de nouvelles sanctions. Ils ont laissé entrevoir leur désaveu en montrant le décor et aussi l’envers du décor des évènements organisés pour montrer la force tranquille du régime.
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Dimanche : le peuple engagé | Pour relier la victoire du régime dans le domaine nucléaire à l’islam militant, le régime avait organisé une manifestation religieuse (en mémoire du martyr de Fatima, la fille du prophète). L’idée était de montrer que le peuple n’est pas dissident ou hostile, mais présent à tous les appels du pouvoir. C’est ainsi que l’on a eu droit à des photos d’un rassemblement monstrueux. Le premier coup des photographes iraniens a été de montrer l’envers du décor : il s’agissait d’une fausse prétention, il n’y avait là que 2 à 3 milles personnes.
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Mardi : le retour du héros | Téhéran a fêté le retour en Iran d’Ali Vakili-Rad, l’assassin de Bakhtiar. Il a diffusé des images montrant qu’il avait été accueilli en héros avec un collier de fleurs. Grâce aux photographes iraniens, on peut voir que cet accueil a été moins glorieux que Téhéran ne le prétendait. Personne n’a couru pour saluer le héros à part l’ancien porte-parole de la diplomatie iranienne (en bas à gauche). Les Iraniens ne sont pas fans des assassins du régime des mollahs.
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Mercredi : l’humiliation des mères juives | Téhéran a appris que Washington avait parlé en faveur du maintien des sanctions. Il s’en doutait. C’est pourquoi il avait convoqué les mères des trois otages américains à Téhéran pour humilier l’Amérique. Les trois mères ont fait les frais de cette volonté de nuire à la main tendue par Obama.
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Il est important de préciser que les trois otages sont de confession juive. De peur de se retrouver avec une affaire nuisible au dialogue, Washington s’est précipité pour libérer deux agents des mollahs arrêtés en Irak. Mais le but des mollahs n’était pas un échange. C’est pourquoi Téhéran n’a pas accueilli ces autres prisonniers en héros. En l’occurrence, le but de l’opération était de mettre Washington mal à l’aise. Dans cette optique, le régime a retenu la diffusion des photos de retrouvailles. Il les a diffusées après le départ des trois malheureuses pour jouer les prolongements en rêvant de penalties gagnants. Mais Washington a comme toujours évité l’escalade par l’esquive.
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Jeudi : Business day | Après l’humiliation des mères juives, le régime devait enfoncer le clou avec la première rencontre (à Chiraz) des investisseurs iraniens basés à l’étranger qui ont répondu positivement à l’appel du régime pour se réunir afin de neutraliser les sanctions qui privent l’Iran de tout investissement en dollars. Le décor était un grand show, un discours de Rahim-Masghaï -le nouveau chouchou du régime- et une salle comble.
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L’envers du décor est une vue aérienne où l’on voit que la salle comble était un trompe-l’œil. Il n’y avait que 5 rangés d’invités dans la salle dont un grand nombre des gens du régime ! Les rares étrangers sont des asiatiques, partenaires actuels du régime, qui défient les sanctions notamment en passant par des banques binationales créées dans les zones franches par les mollahs.
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Jeudi face B : un anniversaire encombrant | Cette semaine de démonstration de la force tranquille des mollahs, semaine de bravades et de bluffs destinées à provoquer une escalade, a coïncidé par le hasard du calendrier avec la semaine consacrée à l’anniversaire des combats qui ont donné au régime sa première victoire décisive pendant la guerre Iran-Irak : la reprise des territoires occupés par Saddam notamment la ville de Khorramchahr le 24 mai 1982. C’est un événement qui occupe les esprits, mais ne donne lieu à aucune célébration officielle car au lieu de mettre un terme à cette guerre sanglante à ce moment, le régime l’avait continuée pendant 6 années supplémentaires au nom de son idéologie en refusant tous les compromis proposés par le Conseil de Sécurité. En fait, les mollahs avaient continué pour s’enrichir grâce aux commissions qui leur étaient versées par les marchands d’armes pour continuer cette guerre destructrice. En cette semaine de bravades pour repousser tous les compromis, le régime a été obligé de se montrer encore plus discret à propos de l’anniversaire à venir de la libération de ses territoires occupés. En revanche, les photographes iraniens se sont focalisés sur cet événement tabou. C’est un sujet presque facile car les mollahs, qui se sont enrichis grâce aux commerces des armes, n’ont pas reconstruit ces territoires occupés.
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Pour relever le niveau des reproches, parallèlement à la diffusion de ces images, les reporters iraniens ont diffusé des photos de la zone périphérique de Tabriz, troisième ville du pays. C’est un bidonville qui abrite 500,000 personnes ! On est loin des images sucrées-salées des films iraniens présentés à Cannes par les cinéastes iraniens. La vérité est là. Ici, il n’y a pas eu de guerre, mais la mauvaise gestion du régime. Ici, on voit des paraboles à l’écoute des forces hostiles aux mollahs.
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Dans le même registre, l’agence Mehr a proposé un reportage sur le centre pétrochimique que le régime a commencé à construire en 2004 dans le nord du pays à Gorgan. Les travaux semblent avoir été arrêtés en 2005, c’est-à-dire dès le début des premières sanctions effectives dans le domaine pétrolier.
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À Téhéran, l’agence Mehr nous signale l’apparition d’un nouveau métier : le carwash humain. On voit des messieurs d’une quarantaine d’années laver des automobiles pour l’équivalent de 2,5 dollars ! Au prix de quelques courbatures, on peut se faire 350 à 500 dollars par mois, beaucoup plus que le salaire d’un directeur de banque ou d’un gardien de la révolution.
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Évidemment, le régime n’ignore pas cela. Il connaît aussi le risque d’une explosion sociale. C’est pourquoi il ne cesse de parler de l’état de ses forces de répression. Il a ainsi annoncé en fin de semaine un grand rassemblement d’entraînement de 575 nouvelles recrues de la milice urbaine. Cela a dû en surprendre plus d’un car en décembre dernier Téhéran a démantelé les troupes de jeunes chargés de la sécurité urbaine après leur refus de combattre pendant le soulèvement de l’été dernier. On était clairement dans l’intox. Nos amis, les photographes révoltés, ont été bien inspirés d’aller voir de plus près ce retour des jeunes dans les forces de répression. Ils ont découvert une quarantaine de petits jeunes peu disciplinés qui s’amusent à la vue d’un mollah tireur et non 575 féroces soldats.
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La fin de la semaine des bravades | Pour leur dernière mission que nous pouvons répertorier, les révoltés numériques devaient photographier la réunion extraordinaire du conseil de Discernement de l’Intérêt du Régime, organe qui décide de toutes les politiques du régime dans tous les domaines. Nos amis n’ont même pas eu besoin de braver l’info officielle en réalisant des images interdites : les visages des véritables dirigeants du régime suffisaient pour signaler la défaite de leur semaine de bravades censée provoquer une escalade salutaire. N’ayant cependant pas le choix d’un apaisement, ils devront continuer et continuer d’en subir les conséquences internationales et sociales.
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