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Iran-Otages : Visas « pour des raisons humanitaires » ! 21.05.2010 Trois américains entrés clandestinement dans la région sensible du Kurdistan iranien en juillet dernier sont retenus prisonniers dans l’attente de leur procès pour espionnage. Souvent annoncé, leur procès n’a jamais eu lieu. Les trois Américains vivent dans l’incertitude sur leur sort en véritables otages. Hier, « pour des raisons humanitaires », Téhéran a autorisé leurs mères à se rendre en Iran pour rencontrer les prisonniers. Le Kurdistan iranien est une région agitée. Depuis 2006, pour intimider les mollahs, Washington a donné des moyens logistiques et militaires aux guérilleros kurdes du PKK pour attaquer les postes frontalières tenus par les Gardiens de la révolution, miliciens chargés spécifiquement de la sécurité du régime. Le même genre de moyens a été mis à disposition des guérilleros baloutches du Jundallah à l’Est du pays. On peut considérer la région comme une zone de guerre. Rien ne justifie que l’on puisse s’y promener. C’est pourquoi les miliciens qui ont arrêté Josh Fattal (27 ans), Sarah Shourd (31 ans) et Shane Bauer (27 ans) le 31 juillet 2009 n’ont pas cru à leur histoire de « randonneurs perdus » et ont décidé de les incarcérer comme espions ou plutôt agents de reconnaissance.
Rétrospectivement, nous sommes tentés d’attribuer cette détention sans motif et en l’absence délibérée de toute médiatisation à la prise en otage avortée de Roxana Saberi. En effet, Téhéran, qui est un habitué des prises d’otage longues et surmédiatisées, avait, en mars dernier, arrêté une journaliste irano-américaine pour entraîner Washington dans une escalade durable, escalade qu’il juge utile pour faire reculer Washington par la peur d’une nouvelle guerre. Il n’y avait pas un jour sans un rebondissement dans l’affaire Saberi, mais Washington avait su éviter l’escalade en se tenant à l’écart, puis il avait forcé Téhéran à reculer en menaçant de condamner à une lourde peine de prison le principal comptable du régime aux Etats-Unis, ce qui aurait désorganisé les petites affaires des mollahs dans ce pays. Avec les trois randonneurs, Téhéran a initié une nouvelle prise d’otage (pour provoquer une escalade durable), tout en évitant de faire l’erreur de la surmédiatisation permanente. La médiatisation est cependant indissociable de ce genre de chantage. C’est pourquoi au cours des 10 derniers mois de détention des trois Américains, Téhéran a annoncé à plusieurs reprises l’ouverture de leur procès, mais sans mettre à l’exécution ces menaces. Cela n’a rien donné. En cherchant à éviter une surmédiatisation fulgurante, Téhéran s’est retrouvé avec trois otages inutiles. Profitant de l’effet médiatique de la libération de Clotilde Reiss, Téhéran vient de rompre avec cette mauvaise approche en autorisant, « pour des raisons humanitaires », les mères des trois prisonniers à les rencontrer. Comme on pouvait s’y attendre, les trois mamans ont imploré la libération de leur enfant. C’est une tentative réussie pour rappeler l’existence de ces otages afin d’encourager Washington à réagir. « Pour des raisons humanitaires », mais aussi pour plus d’efficacité émotionnelle, Press TV, la CNN des mollahs, n’a pas quitté les malheureuses d’une semelle.
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