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Iran : La semaine en images n°113 18.04.2010 Il y a deux mois, Téhéran avait prévenu que le 10 avril, à l’occasion de la journée nationale de la technologie nucléaire, il annoncerait de grands progrès en matière d’enrichissement, mais en raison d’un article du New York Times remettant en cause l’authenticité des annonces, vendredi dernier, le régime a bâclé sa journée de la technologie nucléaire en annonçant des progrès négligeables. Il a ainsi donné l’impression de perdre ses moyens face aux Américains. C’est pourquoi le régime a passé une semaine testostéronée pour restaurer son image de méchant qui n’a pas peur des Américains. Dimanche, pan pan | Le premier acte pour restaurer l’image d’un régime fort qui n’a peur de rien a été l’annonce faite aux médias occidentaux que l’Iran avait mis au point une nouvelle DCA capable de repousser n’importe quelle attaque aérienne. Le général milicien Firouzabadi que l’on reconnaît à son tour de taille éléphantesque a même déclaré qu’aucun soldat américain envoyé faire la guerre en Iran ne reviendrait vivant chez lui. On peut en douter car les ingénieurs iraniens n’ont inventé aucune nouvelle DCA, le régime a uniquement repeint en deux jours des missiles Hawk achetés sous le Chah dans une couleur Kaki en les présentant comme une nouvelle DCA.
La peine capitale pour les démissionnaires n’est pas exagérée car par la faute des sanctions américaines, le régime n’a plus accès à des revenus en dollars, en conséquences, il ne peut plus approvisionner le marché intérieur notamment en carburant et s’attend à des pénuries (d’essence et d’électricité) suivies d’émeutes sur un fond d’anniversaire du soulèvement de l’été dernier. Le régime ne peut admettre que les officiers des Pasdaran le lâchent en ce moment comme l’ont fait les cadets du Bassidj en décembre dernier. En manque de confiance face à ces jeunes miliciens, le régime les avait affectés à des tâches non sécuritaires, il ne lui reste que les Pasdaran d’un âge plus mûr pour se défendre. Leur retrait ne peut que précipiter l’agonie du régime islamique. Pour réduire les risques de pénurie, le régime a adopté une loi de suppression des prix subventionnés pour ligoter le pouvoir d’achat, mais cela ne fera que retarder l’explosion sociale à moins qu’il ne la précipite, c’est pourquoi il a aussi repris dernièrement les pendaisons publiques pour intimider la rue. Le régime se voit en danger : il promet la mort à tous ceux qui contestent son autorité, officiers démissionnaires ou jeunes turbulents. © WWW.IRAN-RESIST.ORG
Cette semaine encore, on a entendu parler d’un report de la suppression des prix subventionnés car Washington avait autorisé son important partenaire commercial le Brésil qui fait pour son compte semblant d’être opposé à toutes sanctions d’envoyer une délégation diplomatico-commerciale à Téhéran. Le Brésil qui est un grand producteur de biocarburant, cela pourrait être le début de la fin des problèmes de pénurie des mollahs. Initialement, la délégation devait être menée par Lula, mais s’attendant à un nouveau refus des mollahs, Washington a préservé Lula pour une seconde tentative et a expédié en Iran une délégation de 250 investisseurs privés et publics sous la direction du ministre brésilien de l’économie. La première partie du voyage, à savoir l’accueil, s’est bien déroulée. Le ministre brésilien a fait des risettes à Ahmadinejad et lui a offert un maillot de Pelé !
Pour étendre le domaine de son intimidation, il a aussi décrété une semaine de la santé physique pour attaquer les fumeries de narguilé, lieux de rencontres de gens désoeuvrés qui l’été venu peuvent lui poser des problèmes. Comme toujours, les choses se passent en deux temps en Iran. Le lundi, on a eu droit à la création de cette journée de la santé : à cette occasion, on a vu le ministre du sport faire du sport peut être pour la première fois de sa vie.
Le lundi à l’autre bout du monde, quand Washington eut vent de l’échec de la mission de médiation brésilienne, il a vu rouge car les mollahs avaient dit non à des investissements et au soutien d’un Etat officiellement hostile à des sanctions. Washington a compris que le régime dirait non aux offres les plus alléchantes. Washington a vu rouge : il est entré en mode menace pour parler du terrorisme nucléaire, thème qui vise implicitement les mollahs et sous-entend que Washington pourrait un jour renoncer à son alliance avec les mollahs, ce qui équivaudrait à la validation du soutien américain à un changement de régime. En entendant parler du terrorisme nucléaire, même s’ils n’étaient pas nommés, les mollahs ont paniqué : ils ont reculé en se disant ouverts à un compromis, mais ils ont préféré faire un seul pas en avant pour voir si Washington était vraiment sérieux ou pas. Constatant que Washington n’était pas encore sérieux, Téhéran n’est pas allé plus loin dans l’apaisement. il a été rassuré à propos de l’absence de soutien aux opposants laïques, mais en même temps, il s’est retrouvé dans le cadre habituel de la guerre économique d’usure menée par Washington à son encontre pour le forcer à partager le pouvoir avec ses pions. C’est une situation désagréable car la Chine qui s’est longtemps opposée à des sanctions contre Téhéran a récemment réalisé que son veto contre des sanctions fortes permettait a Washington de maintenir à un niveau convenable sa guerre économique. C’est pourquoi, elle s’est déclarée en faveur d’une confrontation claire avec l’Iran pour casser la stratégie des Américains. De fait, quand Téhéran a retrouvé sa guerre d’usure avec les Américains, il s’est retourné vers la Chine pour l’encourager à ne pas être contre lui en faisant agiter la possibilité de lui proposer ses réserves pétrolières. La Chine n’a rien dit. Téhéran s’est vu doublement isolé. Le jeudi, dernier jour ouvré de la semaine, le régime a annoncé triomphalement que le Président et le Parlement étaient parvenus à un accord sur les modalités de l’application de la loi : les suppressions des prix subventionnés commenceront la semaine prochaine. Les miliciens n’étant plus fiables, l’application de cette loi nous promet d’autres pendaisons publiques ou d’autres opérations d’intimidation. Le régime sape lui-même ses bases. Conscient de sa fragilité, le régime a fini la semaine entre chien et loup, entre vocifération et apaisement. Par exemple, quand Obama avait annoncé sa conférence nucléaire avec la présence du Président chinois Hu Jintao, Téhéran avait annoncé une contre-conférence pour ce samedi avec Hu Jintao. A cette occasion, il s’est gardé de trop attaquer les Américains.
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Depuis cette mise au point, les images de qualité que nous avons détectées sur Mehr( et sur d’autres sites de photo-reportage) ont disparu pour laisser la place à de belles images de paysages. Cependant, il y a tellement de choses qui vont mal en Iran qu’il suffit de détourner sa caméra pour une autre mise au point. C’est pourquoi malgré les interdits, cet autre Iran qui va mal nous revient encore grâce à Mehr avec un reportage poignant sur les mineurs de Zarand à Kerman qui crèvent la dalle dans la région qui a fait la fortune de Rafsandjani, le patron du régime.
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