Iran : La Chine veut rompre le dialogue 01.04.2010 Selon l’agence britannique Reuters, la Chine qui s’opposait depuis toujours aux sanctions contre Téhéran aurait enfin donné son accord pour l’adoption d’une nouvelle résolution onusienne dotée de sanctions additionnelles contre Téhéran. Depuis des années, Washington accuse les mollahs d’être les banquiers du terrorisme, les sanctionne pour ce motif, mais en même temps (souvent en cachette) il leur propose de négocier pour résoudre leurs problèmes afin de normaliser leurs relations. Depuis cinq ans, il a ajouté des accusations de productions d’armes de destruction massive pour renforcer ses sanctions, mais il a redoublé d’efforts pour la normalisation des relations. Cela n’a pas échappé aux Chinois que les accusations de Washington étaient à géométrie variable et qu’elles n’étaient que des prétextes pour faire pression sur les mollahs afin de les attirer dans le camp américain. Cela ne convient pas à la Chine car les mollahs sont ses alliés économiques et politiques en Asie Centrale. Sur le plan économique, ils bloquent la construction de gazoduc subaquatique transcapien pour priver les Etats de l’Asie Centrale des marchés occidentaux, ce qui les oblige à vendre uniquement à la Chine ou à la Russie, à des prix inférieurs à celui du marché. Parallèlement à ce bienfait économique, les mollahs ne soutiennent pas les islamo-sépératistes ouïgours de la très riche région de Xinjiang qui bénéficient du soutien de Washington. Ils épargnent ainsi de graves problèmes économiques et politiques à la Chine. Ces bienfaits disparaîtraient si les mollahs changeaient de camp. C’est pourquoi la Chine s’est toujours opposée à l’adoption de toutes sanctions susceptibles d’affaiblir les mollahs aussi bien les sanctions américaines que les sanctions onusiennes. Pour justifier son approche, elle se faisait l’avocate du dialogue (le contraire de ce que demandait Washington). Les efforts chinois ont adouci les sanctions onusiennes, mais ils n’ont eu aucun effet sur l’adoption ou l’application des sanctions américaines. Pékin n’a pu nullement ralentir la guerre d’usure économique décidée par Washington. Il a en fait laissé Washington faire cavalier seul. Ce dernier a adopté ses sanctions et il a en toute quiétude manœuvré pour épuiser et isoler les mollahs, avant de ralentir pour ne pas renverser ses futurs alliés utiles. A cet effet, il a oublié son penchant pour des sanctions unilatérales pour devenir fan de sanctions onusiennes à l’unanimité des voix en comptant sur l’opposition chinoise. Pour plus de sécurité, il a aussi incité le Brésil et la Turquie, ses alliés qui siègent au Conseil de Sécurité, ou encore ses alliés Arabes à jouer les freins à toutes sanctions. Il est désormais dans une phase d’attente que son adversaire capitule en acceptant de s’asseoir à sa table des négociations. Ce n’est pas ce à quoi s’attendait la Chine en se faisant l’avocate du dialogue. Etant donné qu’elle n’a jamais été en faveur du dialogue, mais contre les manoeuvres américaines, elle a décidé un peu tardivement de faire le contraire de ce que veut Washington en allant vers plus de sanctions à un moment où Washington veut les éviter. A l’annonce de son adhésion à ces sanctions que Washington ne veut, Amano, le nouveau directeur pro-américain de l’AIEA, qu’il y a un jour encore était favorable aux sanctions quand cela était impossible sans la Chine, a changé d’avis pour se dire « hostile à toutes sanctions car cela pourrait nuire au dialogue ! » Supplément | Il est certain que la Turquie et le Brésil entonneront le même plaidoyer en faveur du dialogue… C’est drôle comme ceux qui parlent de dialogue ont toujours une autre idée derrière la tête. Le régime des mollahs qui a longtemps profité de ce genre de discours pour manœuvrer à son tour les Américains pour marchander son adhésion à leur camp a été déstabilisé par ce nouveau format de dialogue (pour faire durer son calvaire). Pour savoir ce qu’il l’attend, il a expédié le négociateur en chef du dossier nucléaire iranien Saïd Jalili à Pékin et son ministre des affaires étrangères Mottaki à Alger qui est le terrain neutre pour des négociations avec Washington.
| Mots Clefs | Décideurs : OBAMA |
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