Iran – EU : Pas d’atomes crochus ! 11.02.2010 Espérant provoquer une escalade pour pousser les Américains à jeter l’éponge, Téhéran a commencé l’enrichissement d’uranium à un taux de 20% au prétexte d’avoir « un besoin urgent de produire des isotopes médicaux » pour détecter certains cancers. Souhaitant éviter l’escalade, Washington a proposé de lui vendre les isotopes dans les quantités demandées. Téhéran a rejeté l’offre qu’il trouve « illogique ». Washington avait certainement trouvé la faille du prétexte avancé par Téhéran : l’urgence médicale. Le processus de fabrication du carburant nucléaire étant long et complexe pour un pays qui ne maîtrise pas les étapes et les formules pour l’assemblage des divers composants, il devenait donc plausible d’accepter l’offre américaine d’un dépannage par l’urgence de sauver des vies. Les mollahs ont dit non parce que leur prétexte était évidemment faux, mais aussi parce que tout le problème est qu’ils ne veulent d’aucune forme d’amitié entre les deux Etats. Un rapprochement est synonyme d’une normalisation progressive des relations diplomatiques, une évolution qui les obligerait à autoriser le retour en Iran des ex-complices proches de Washington, intrus qui pourraient facilement gagner les prochaines élections iraniennes et leur ravir le pouvoir de manière démocratique et incontestable. Washington conserverait ainsi un régime islamique qui a fait ses preuves en matière d’agitation, mais en mettant ses responsables hautement qualifiés sous sa direction. Les mollahs n’apprécient guère le scénario car en plus ils perdront tous leurs privilèges et pourraient même être inquiétés pour leurs crimes passés s’ils manquent d’enthousiasme à servir les maîtres Yankees dotés d’innombrables ONG chargées de veiller aux droits de l’homme. C’est pourquoi tous les responsables du régime, mollahs et Pasdaran, font corps pour refuser ensemble toutes les offres susceptibles de déboucher sur une normalisation des relations qui enfantera infailliblement cette transition de pouvoir qui n’arrange pas leurs affaires. Dans le sens inverse, Washington doit au contraire parvenir à cette normalisation rejetée par Téhéran, ce qui nécessite des sanctions. Il a toujours été convenu que ces sanctions devaient affaiblir et non renverser les futurs alliés utiles, mais depuis un certain temps, Washington a été obligé de lever le pied car le régime a été économiquement trop affaibli. Pour éviter un effondrement du régime islamique qu’il veut s’approprier, dans un premier temps, Washington a renoncé à ses sanctions unilatérales pour s’orienter vers des sanctions onusiennes. Puis il a chargé certains alliés comme le Brésil ou la Turquie de jouer aux opposants aux sanctions au sein du Conseil et enfin dernièrement, il a autorisé l’Irak à injecter des dollars dans l’économie iranienne pour éviter le collapsus. C’est pourquoi nous n’avons vu aucune sanction en réponse au rejet des isotopes, mais nous avons eu droit à une annonce de Robert Gates évoquant des sanctions adoptées à l’unanimité par le Conseil de Sécurité dans plusieurs semaines, annonce suivie d’une intervention brésilienne contre toute sanction, et en faveur de la reprise du dialogue via Yukio Amano, le directeur pro-américain de l’AIEA. Téhéran qui avait refusé l’offre pour provoquer un clash pour finir son calvaire est penaud. Son adversaire qui a réussi son coup est aussi penaud car au-delà de la virtuosité de son approche, le résultat est absurde. Téhéran a rejeté l’offre pour manque de logique, mais c’est toute l’affaire qui est illogique.
Article complémentaire :
| Mots Clefs | Nucléaire : Crise & Escalade |
| Mots Clefs | Décideurs : Robert Gates |
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