Accueil > News > Iran : La contre-proposition inacceptable



Iran : La contre-proposition inacceptable
04.01.2010

Téhéran avait jusqu’au 31 décembre 2009 pour répondre positivement à l’offre qui lui avait été faite par les Américains via les Six d’échanger son stock d’uranium contre du combustible nucléaire franco-russe. Mais, non seulement, il n’y a pas répondu, mais il a inversé l’ultimatum en donnant jusqu’au 31 janvier aux Américains pour accepter sa contre-proposition. | Décodages |



proposition d’échange | Le 1er octobre dernier, lors de la conférence Genève 2 qui devait être la dernière tentative de réconciliation avec Téhéran, ce dernier s’est vu proposé par ses partenaires commerciaux européens, russes et chinois, un échange de 75% de son stock d’uranium déjà enrichi à 3,5% contre du combustible nucléaire franco-russe à base d’uranium enrichi à 20%.

Il s’agissait d’offrir aux mollahs l’opportunité de se séparer volontairement de la quantité d’uranium que Washington soupçonne d’être destiné à un usage militaire contre Israël ou les intérêts Américains. Téhéran confirmait ainsi qu’il n’a pas de visées nucléaires militaires, la crise nucléaire prenait fin et s’ouvrait une ère de confiance entre les deux pays pour la levée de toutes les sanctions, permettant comme le souhaite Obama de parvenir à une entente stratégique conforme aux intérêts mutuels des deux pays.

réponse de Téhéran | D’un point de vue tactique, l’intérêt de l’offre était que Téhéran ne pouvait pas refuser car sinon il admettait avoir des visées nucléaires militaires, ce qui pouvait l’exposer à des sanctions plus dures voire une intervention militaire. Malgré cette perspective déplaisante, Téhéran n’a pas accepté. Dans sa réponse très tardive et implicitement négative, il a même avoué que l’offre lui avait été déjà proposée directement par Washington de manière confidentielle en avril 2009. Si la réponse est restée la même malgré tout, c’est parce que Téhéran redoute en fait une entente avec les Etats-Unis.

Cette crainte est fondée sur deux raisons. Le régime des mollahs tire sa puissance de sa capacité de nuisance dans les Etats arabes pro américains du Moyen-Orient, capacité liée au soutien de la rue arabe à ses slogans sur la destruction d’Israël. Le moindre rapprochement avec les Etats-Unis serait synonyme de la fin de ce soutien au Hezbollah et la fin de la capacité de nuisance régionale du régime, sa seule arme contre les Etats-Unis. De plus, en cas d’entente avec les Etats-Unis, Téhéran devrait organiser des élections plus démocratiques (ouvertes à tous les Iraniens), ce qui permettrait à des candidats officiellement islamistes mais proches des Etats-Unis d’être élus face aux très impopulaires mollahs pour prendre le pouvoir de l’intérieur.

complications | Cependant, parce qu’un refus explicite aurait été synonyme de visées nucléaires militaires, il a dès avril dernier cherché des moyens détournés pour dire non. Il y a eu deux réponses, l’une date d’avril quand l’offre était confidentielle et l’autre de la fin du mois d’octobre, après qu’elle soit devenue publique.

En avril dernier, Téhéran a opté pour la création d’un mouvement populaire musulman et révolutionnaire hostile à toutes négociations ou entente des dirigeants avec les Etats-Unis afin de pouvoir écarter l’offre américaine au nom du respect pour la volonté souveraine du peuple iranien. C’est ce que nous connaissons sous le nom du Mouvement Vert, partisan de Moussavi, l’homme dont le programme était axé sur le refus idéologique de tout compromis. Cette approche a été un échec car malgré des annonces de répression, Washington d’habitude fan de révolutions de couleur n’a pas reconnu la légitimité de ce Mouvement. Téhéran a alors dû corser les annonces pour obtenir cette reconnaissance. Le Mouvement a failli échapper à son créateur ou du moins donner l’impression que le régime était très impopulaire, ce qui était à l’opposé des objectifs du Mouvement Vert.

C’est pourquoi, en octobre dernier, en parallèle avec le projet Mouvement Vert qui n’avait pas le succès escompté, Téhéran a répondu à l’offre d’échange qui était entre temps devenue publique par une contre-proposition évoquant un échange limité sans intérêt car il ne retire pas de la circulation le stock qui pose problème. En fait, cette contre-proposition avait été conçue pour être rejetée.

Le but était d’amplifier la crise : conduire l’Iran au bord d’une guerre afin que les Européens qui dépendent du pétrole du Golfe Persique intercèdent en faveur d’un arrangement au profit de Téhéran. Cette solution n’a pas non plus été couronnée de succès car les Américains ont esquivé cette provocation en accordant un très long délai de réflexion à Téhéran, jusqu’au 31 décembre 2009 cette fois.

Dans ce délai, Téhéran a joué toutes les cartes pour réussir via le scénario du Mouvement Vert au point de se retrouver avec un Mouvement qui lui échappait. Il a stoppé ce scénario avec une annonce de Moussavi acceptant la victoire d’Ahmadinejad et en conséquence, il relance son autre moyen détourné de dire non à l’offre que l’on ne peut pas refuser : la contre-proposition inacceptable agrémentée d’un ultimatum qui la rend encore plus inacceptable !

Il ne sert à rien d’accorder des délais à ce régime...

© WWW.IRAN-RESIST.ORG
Article complémentaire :
- Iran : La feuille de route des mollahs
- (8 OCTOBRE 2009)

| Mots Clefs | Nucléaire : Politique Nucléaire des mollahs |
| Mots Clefs | Institutions : Provocations |
| Mots Clefs | Institutions : Diplomatie (selon les mollahs) |

| Mots Clefs | Décideurs : OBAMA |
| Mots Clefs | Enjeux : Apaisement |